Le genre parodique de La Flamme, reflet de l’esprit de distinction que Canal+ cultive à la télévision et en ligne 

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La réplique de la structure du Bachelor

Dans un premier temps, avant de se livrer à une étude approfondie des signes communs au parodié et parodiant, il convient de dresser un état des lieux plus général sur les similitudes structurelles entre les deux programmes. Ces dernières sont notamment identifiables dans le découpage même des épisodes, notamment les premiers des saisons, régis par les mêmes six séquences fortes : la présentation du bachelor, l’homme célibataire de la saison ; la présentation de ses prétendantes ; son arrivée à la villa et la rencontre avec le présentateur ; le défilé des candidates ; la session de ce que nous appellerons speed datings entre le bachelor et toutes les candidates ; et enfin, la cérémonie finale d’élimination. L’importance de ces séquences clés est aussi soulignée dans le découpage du contenu annexe à la série en soi, le making of de La Flamme. Divisé en huit parties, il dédie notamment un épisode entier à la séquence de présentation du bachelor33 ; un autre à l’arrivée des prétendantes34 ; en enfin, un aux cérémonies des billets, l’équivalent de la célèbre Rose Ceremony dans Le Bachelor.35 Le découpage des épisodes de La Flamme, redoublé par le découpage de son paratexte, le making of, est ainsi en grande partie identique à celui du Bachelor.

Le portrait du bachelor

Le premier épisode de La Flamme s’ouvre en effet sur un récapitulatif de la saison précédente (fictive) ; si cette séquence est absente du premier épisode de la saison 20 du Bachelor, celle qui suit est commune aux deux. Il s’agit du portrait mélioratif au possible du protagoniste principal – Ben pour le Bachelor et Marc pour La Flamme. Par un montage alternant discours en plan américain face caméra et mise en situation en plan d’ensemble dans son lieu de vie ou de travail, cette séquence donne à voir les caractéristiques du bachelor que le téléspectateur va suivre tout au long de la saison. L’enjeu est grand : tout en dégageant les traits saillants de la personnalité et du vécu du bachelor, il s’agit aussi de créer chez le spectateur un sentiment d’empathie, qui le motivera à suivre le personnage dans sa quête maritale.

Le portrait des prétendantes

La séquence clé suivante du programme est la présentation des prétendantes. En termes proportionnels, La Flamme reflète l’asymétrie du temps de parole dédié au bachelor et à ses candidates dans The Bachelor – nous reviendrons plus tard aux implications sous-jacentes de telles inégalités de traitement entre les genres présentés dans les dating shows. Si la présentation du premier participe à sa mise en valeur avec des plans travaillés dont les valeurs varient (gros plan sur le visage, serrés sur la main droite enclenchant la manette des gaz de l’avion, plans américain lors de la présentation face caméra et plans d’ensemble lors de la mise en situation de sa vie quotidienne), la présentation des secondes est bien plus expéditive. Les candidates apparaissent l’une après l’autre à l’écran, se présentant rapidement face caméra dans le même plan américain, puis apparaissant quelques secondes seulement dans un plan d’ensemble mettant en scène leur vie quotidienne.

L’arrivée du bachelor sur les lieux

La troisième séquence représentant une composante essentielle à toute structure de programmes dans le style de La Flamme, est l’arrivée du bachelor, la plupart du temps de nuit, sur les lieux de l’émission – une bâtisse luxueuse et imposante la plupart du temps, mais nous reviendrons sur ce détail un peu plus loin. Débarquant en limousine (comme dans The Bachelor) ou carrément en bateau-péniche (comme dans La Flamme), le célibataire découvre et prend possession des lieux. À travers les yeux du protagoniste principal, le téléspectateur découvre l’environnement qui servira de huis-clos tout au long de la saison, à l’image d’un lecteur prenant connaissance de l’environnement et des personnages d’un récit lorsque ce dernier expose la situation initiale. Dans cette séquence, le bachelor rencontre également le présentateur qui restera à ses côtés tout au long de la saison. Figure d’encadrant et d’adjuvant, ce dernier annoncera les différentes étapes de l’épisode mais aiguillera aussi le bachelor dans ses prises de décision. Historiquement, sa figure incarne la fiabilité et garantit la ”vérité objective” à la télévision36. L’échange entre les deux hommes est donc placé sous le signe de la cordialité et de la complicité, le présentateur expliquant à son interlocuteur les grandes lignes de ce qui l’attend : la rencontre avec les candidates.

L’arrivée des prétendantes sur les lieux

C’est en effet la quatrième étape structurant le programme, mettant en scène l’arrivée de chaque candidate sur les lieux selon un protocole très précis, identifié et reproduit par La Flamme. Les candidates s’avancent chacune à leur tour vers le bachelor, échangent quelques phrases avec ce dernier puis rentrent dans la villa. Toutes vêtues de robes, à l’exception d’une candidate déguisée en panda, elles s’improvisent mannequins, mais aussi actrices. C’est en effet un texte bien précis, préparé à l’avance, qu’elles récitent à Marc. Il repose sur sur un aspect de leur vie ou de leur personnalité, esquisse des tentatives d’humour – ratées : l’échec de la blague d’Anne dans La Flamme, “J’ai une maladie très grave : j’adore regarder le foot à la télé”37 fait écho à celui de Jami dans The Bachelor lorsqu’elle annonce à Ben : “On m’a dit que tu avais un très, très gros… coeur »38, performances en tout genre… Une variété de présentations que les créateurs de La Flamme avaient à cœur de reproduire, pour coller au plus près du Bachelor. “Dans les téléréalités, dans le Bachelor, c’est fou ce qu’elles font les filles quand elles se présentent”, avait confié Jonathan Cohen. “Il y en a qui présentent des petits spectacles, qui arrivent avec des citations, qui arrivent en larme, donc il fallait qu’il y ait cette même richesse”39. C’est une séquence clé, puisqu’elle initie un premier rapport entre le bachelor et chacune de ses prétendantes, suggérant au téléspectateur d’éventuelles affinités amenées à se créer au fil de l’aventure.

la ronde des discussions

Ces dernières seront ainsi éprouvées, confirmées ou infirmées lors de la cinquième étape majeure de la structure de l’épisode : la ronde des candidates, s’apparentant à s’y méprendre à un speed dating géant. Le bachelor se laisse alors porter de candidates en candidates, qui bataillent chacune pour obtenir “un moment privilégié”40 avec lui. Chaque micro-échange est encore une fois très protocolaire : une candidate en déloge une autre pour s’isoler avec Marc, discute brièvement avec lui à propos de ses attentes amoureuses, avant d’être interrompue par une autre. S’ensuivent alors les deux mêmes répliques : du côté de la candidate “délogeuse”, la fameuse question – rhétorique – adressée à la délogée : “Je peux te l’emprunter ?”, calqué sur le “Do you mind if I borrow him?”41 dans The Bachelor, suivie de la déclaration de Marc concluant systématiquement l’échange de la même manière : “On se voit un peu plus tard” ?42.

La cérémonie éliminatoire

Le sixième et ultime moment clé dans ces premiers épisodes type The Bachelor est quant à lui dédié à la fameuse cérémonie d’élimination qui clôt le programme à chaque fois. Le principe est d’éliminer une ou plusieurs candidates, selon la volonté du bachelor. Ce dernier procède à l’élimination en se tenant debout face à toutes les prétendantes regroupées face à lui, selon un protocole là encore bien défini, reposant sur l’exclusion. Il donne en effet à chaque candidate un objet. Sa nature varie du Bachelor à La Flamme ; pour le premier, il s’agit d’une rose, qui donne d’ailleurs le nom à ce rituel : la Rose Ceremony, la cérémonie des roses tandis que pour le second, il s’agit d’un billet doré, aux allures de ticket de transport. Mais leur valeur symbolique reste la même : la garantie de continuer l’aventure, mais le nombre de ces mêmes totems symbolique est inférieur à celui des jeunes femmes en lice. Après avoir donné le dernier objet à une candidate, le bachelor a donc opéré une désignation implicite de celles qui quittent le programme, restant debout face à lui. Les éliminées saluent Marc, sont filmées quittant les lieux et repartant chez elles, concluant l’épisode.
Nous avons donc dégagé six étapes clé, indissociables du déroulement des épisodes initiant les saisons de programmes de téléréalité de rencontre type The Bachelor : la présentation du bachelor puis des candidates, l’arrivée de ces derniers sur les lieux de l’intrigue, leur rencontre, leurs échanges express et enfin, l’élimination par le premier des deuxièmes. Elles révèlent l’aspect extrêmement codifié et protocolaire du programme, se déroulant systématiquement selon ces mêmes règles. Une structure rigoureuse, respectée et reproduite à l’identique par les créateurs de La Flamme, dans un souci de réalisme certain. En dégageant ainsi les points saillants du Bachelor, La Flamme a confirmé son statut de véritable format télévisuel. Ce dernier se caractérise en effet par trois éléments essentiels : un concept, une promesse et une structure reconnaissable.43 Identifiée en amont par la série parodique originale Burning Love, cette structure réapparait dans La Flamme est confère au Bachelor et tous les programmes qui en découlent, un statut de format. La Flamme approfondit même cette caractérisation de façon plus subtile, en émaillant ses épisodes de références sémiologiques au Bachelor. Au-delà de l’identification d’un format, c’est une véritable typologie du Bachelor qu’elle livre aux yeux du spectateur, comme le démontre notre analyse des signes présents dans les épisodes de La Flamme et The Bachelor.

Le recours à la sémiologie du Bachelor

Dans un deuxième temps, il s’agit en effet de se rapporter à une analyse sémiologique comparée des objets audiovisuels que représentent la série La Flamme et The Bachelor. À l’image des ressemblances iconiques, plastiques et acoustiques identifiées entre The Bachelor et son alter-ego parodique, la série originale Burning Love, cette relation d’imitation entre The Bachelor et La Flamme révèle ce qui constitue l’essence même se dégageant le Bachelor : le luxe, la grandiloquence et l’invraisemblable. Comme précisé plus haut, cette analyse porte conjointement sur les premiers épisodes de la saison 1 de La Flamme et de la saison 20 de The Bachelor.

Le décor

Le décor constitue un premier élément sémiologique commun entre The Bachelor et La Flamme, en des termes iconiques comme plastiques. Côté iconique, comme décrit un peu plus haut dans cette partie, il déborde de couleurs, d’éléments visuels surchargeant le champ. Relevant du domaine de la direction artistique, cette esthétique a été savamment imitée, comme le rappelle Jonathan Cohen : “Pour nous la DA était très, très, très, très importante, on voulait que ça ressemble au Bachelor américain, dans l’imagerie, dans la DA…”.44 Parmi eux, on retrouve des décorations flambant (littéralement) neuves : bougies placées dans un coin du confessionnal, braseros illuminant le jardin… Les premières confèrent à l’intérieur des lieux les traits d’un boudoir, une atmosphère douillette, intimiste et chaleureuse, tandis que les seconds en imposent, encadrant le décor extérieur de leur élégance. Au confessionnal, justement, on retrouve aussi des motifs alambiqués et colorés qui alourdissent le cadre : rideaux de velours rouge écarlate, paravents en délicat fer forgé ou encore vitraux détaillés. Ce souci du détail dans les éléments du décor traduisent le raffinement de l’environnement et, plus généralement, l’importance de l’apparence dans la série. Pas n’importe quelle apparence : ici, tout ce qui est vu est luxueux et abondant. Un topos lui aussi très classique et historique chez les programmes du Bachelor. Comme l’explique Amy Kaufman, l’origine de cette téléréalité de rencontre réside dans une autre, Who Wants to Marry a Multi-Millionnaire?.45 Lancée en 2000 par Mike Fleiss, créateur du Bachelor, son principe annonçait celui du Bachelor : la recherche de la femme parfaite à épouser. À un détail près : non seulement la présentation de l’homme à marier vantait ses mérites physiques (grand et beau), mais aussi… son compte bancaire, promettant carrément à l’heureuse élue un titre de “Mrs. Multi-Millionnaire”.46 Si les bachelors actuels ne mettent pas en avant une quelconque aisance financière aujourd’hui, la notion même de richesse se retrouve toujours, transposée aux éléments du décor du programme.
Au jardin des villas, toujours présentés de nuit, l’opulence de végétation est notoire : palmiers, plantes grimpantes et autres végétations exotiques évoquent la présence d’un climat chaud, propice à tous les émois. Une symbolique érotique du végétal déjà bien inscrit dans d’autres productions culturelles telles que la littérature ; en témoigne cette scène mémorable des retrouvailles de Renée et Maxime dans La Curée d’Émile Zola. Dissimulés sous les feuillages de la serre, les deux amants sont emportés par “ces noces puissantes de la terre”, où les feuilles des palmiers prennent “des apparences confuses et équivoques, que leurs désirs fixaient en images sensuelles”47. La puissance lascive des plantes, enfermées sous une serre ou à l’air libre d’une chaude soirée, n’est plus à prouver. Côté plastique, les mouvements de caméra employés pour présenter le décor aux yeux du téléspectateur renforcent son caractère à la fois luxueux et érotique. Après les traditionnels retours sur les saisons précédentes (réelles pour The Bachelor, fictive pour La Flamme), le teasing des protagonistes et intrigues à venir, la chronologie des épisodes comprend en effet une séquence incontournable : l’apparition du présentateur au beau milieu du jardin de la villa que nous évoquions plus tôt, incarné par Vincent Dedienne. Ce dernier, et tous les présentateurs des saisons de The Bachelor avant lui, souhaitent la bienvenue aux téléspectateurs et introduisent la saison à venir. Plantés au centre du cadre, ils divisent l’espace en deux parties égales et confèrent une harmonie visuelle, un équilibre au plan d’ensemble présenté. La caméra, légèrement en plongée, panote de haut en bas en une courbe fluide et maîtrisée, zoomant du même coup sur le présentateur. Ce mouvement tout en subtilité reflète l’élégance excessive que revendique le programme ; ce zoom courbé enfin, qui choisit de rapprocher l’individu en lui tournant légèrement autour plutôt que de façon frontale, n’est pas sans rappeler les mouvements d’un prédateur rôdant autour de sa proie. Signe plastique évoquant une traque calculée, une métaphore de la séduction qui prévaut tout au long des épisodes et des dating shows en général. Comme l’explique Jost, la préoccupation principale des émissions ayant pour thème l’amour est en effet “la séduction homme-femme dans des décors réservés aux riches, qu’il s’agisse de somptueuses villas, de châteaux ou d’îles exotiques”48. Le décor du Bachelor, reproduit à l’identique dans La Flamme, en est la preuve parfaite.

Le sensationnalisme

Outre les sanglots, provoqués par de la joie, du bonheur, de la tristesse, du regret, ou un peu tout cela à la fois, un autre élément indispensable pour pouvoir rythmer comme il se doit les épisodes de dating shows est le sensationnalisme. Dans The Bachelor comme dans La Flamme, le scandale, l’explosion des sentiments, est porté à l’écran selon des codes bien précis qui, une fois scrutés, révèlent à quel point ces imprévus sont en réalité bien ficelés et répondent à une mise en scène millimétrée. Dans The Bachelor, cet élément perturbateur intervient dans le dernier tiers de l’épisode 1 de la saison 20. Après la première cérémonie des roses, alors que les prétendantes trinquent au champagne avec Ben, une des candidates, Lace, lui demande : “Est-ce que je peux t’embêter et te parler deux secondes ?”50. Surpris, le jeune homme accepte et Lace s’isole avec lui, rompant le sacro-saint protocole du déroulement des rituels “bacheloriens”. En seulement cinq plans, tous les signes iconiques et plastiques présents laissent à penser que cette initiative n’était pas prévue, et mettent en avant le caractère imprévu, inédit, de la scène. Du côté de l’iconique, c’est l’apparition répétée et fugitive dans le champ des éléments de la réalisation, des caméras, qui attire l’œil. Lors du premier plan d’ensemble en plongée, on remarque en effet une caméra sur trépied et son cadreur dans le coin inférieur gauche ; au troisième, un autre cadreur et sa caméra portée apparaît aussi dans le champ ; au plan suivant, un troisième cadreur et un perchiste font leur apparition, tous partant à la poursuite du duo qui s’éloigne du lieu de tournage initial, le salon. Du côté des signes plastiques, ce sont les mouvements de caméra qui traduisent cette impression de panique, avec des panoramiques rapides et zoomés, donnant à voir un rendu flou, des cadrages saccadés, mettant le téléspectateur à la place du cadreur parti suivre le duo. La focalisation passe du point de vue neutre à un point de vue incarné. Tous ces codes sont imités dans La Flamme, notamment dans l’épisode 6 où Marc annonce vouloir quitter l’aventure suite à la nouvelle “choc” : la prétendante Chataléré a forniqué avec une petite dizaine de membres de l’équipe de tournage. La mise en scène du “scandale” est strictement identique à celle du Bachelor : caméra apparentes, mouvements brusques de caméra, tout est fait pour donner l’impression d’un bazar général. Le suspense est à son comble, Marc ne cessant de faire des allers-retours, oubliant quelque chose à chaque fois qu’il s’apprête à partir pour de bon, offrant “l’une des meilleures scènes de l’Histoire de la télévision française “ selon le média digital Topito.51 Ces procédés, typiques des émissions de téléréalité, jouent en fait à briser une fausse quatrième mur, rajoutant une couche d’illusion plutôt qu’elles ne la brisent. Umberto Eco évoque en cela une véritable “illusion de réalité”52 télévisée orchestrée par un réalisateur. De par le caractère différé de sa diffusion (le programme n’est pas retransmis en direct) et le montage découpant son unité, ce type de situation fait lui aussi partie de la mise en scène. Et si, comme le précise Eco, “la télévision veut disparaître en tant que sujet de l’acte d’énonciation, sans pour autant tromper son public”53, dans le cas particulier de la téléréalité, la télévision se met au contraire en avant en tant que sujet de l’acte d’énonciation pour tromper son public et lui faire croire qu’il assiste à une scène extraordinaire. “Ces programmes mettent en scène l’acte même de l’énonciation, à travers des simulacres de l’énonciation, comme lorsqu’on montre les caméras qui filment les événements. Toute une stratégie complexe de fictions se met au service d’un effet de vérité.“54 Un procédé ingénieux, propre aux dating shows, que La Flamme a très clairement identifié et reproduit.

Reproduction des biais identifiés dans le Bachelor

Dans un troisième temps, en prolongeant nos analyses structurelles et sémiologique, nous constaterons en effet que La Flamme reproduit (intentionnellement) plusieurs schémas discriminants que l’on retrouve quasi-fréquemment au sein de divers programmes de dating shows. N’en déplaise à François Jost, selon qui le concept du Bachelor “n’est pas une question de sexisme”56 sous prétexte que son équivalent féminin la Bachelorette existe, il existe pourtant bel et bien des biais sexistes au fondement même du Bachelor, et des dating shows en général. La NOW (National Organization for Women ou “Organisation nationale pour les femmes”), organisme féministe américain fondé dans les années 1960, a d’ailleurs attribué la pire note de son barème au programme, pointant du doigt son “exploitation sexuelle” et sa “ responsabilité sociale”.57 La Flamme imite tout autant qu’elle critique la façon dont ces programmes reflètent et construisent une vision patriarcale et hétéronormée de l’amour, banalisant la masculinité toxique et le culte de l’apparence.

Le mariage comme seule issue heureuse

Car le principe de La Flamme reste le même que celui du Bachelor ; comme nous le mentionnions plus tôt, il s’agit de “proposer à un célibataire de 25-30 ans de choisir sa future compagne parmi 20 candidates accueillies dans une somptueuse villa”58. Au-delà de la séduction, c’est aussi l’amour et le mariage qui sont au cœur du programme, présentés comme l’ultime étape de cette série de séquences clé, la conclusion logique cherchée par les deux parties : le bachelor d’un côté, les candidates de l’autre. Si ni The Bachelor ni La Flamme ne montrent à l’écran la cérémonie du mariage en elle-même, elles accordent en revanche toutes deux une grande importance au rituel à la demande de fiançailles, se terminant l’une comme l’autre sur cette séquence. Les éléments qui la composent font d’ailleurs partie intégrante de l’intrigue, tout au long des programmes : dans The Bachelor, les dernières candidates restantes ne cessent de mentionner la fameuse bague, qu’elles vont parfois même choisir et essayer chez le bijoutier. Dans l’épisode 9, Marc demande même à Anne ce qu’elle pense de la bague qu’il a choisie, insistant sur l’importance symbolique et significative d’un tel élément pour l’aboutissement de l’aventure. La gestuelle est aussi d’une importance capitale : Ben comme Marc s’agenouillent dans les règles de l’art pour demander l’ultime candidate restante en mariage (Lauren pour Ben, Orchidée pour Marc). Encore une fois, La Flamme manifeste une économie de l’utilisation symbolique de la rose ; si Ben demande à Lauren d’accepter sa rose, la dernière qui lui est dédiée59, Marc présente carrément la bague de fiançailles à Orchidée en mettant genoux à terre. Le montage participe à la construction d’une conception faussement logique d’étapes et procédés aboutissant aux fiançailles. Avec des cuts francs, parfois agrémentés par un carton-titre ou un plan de drone pour aérer le découpage, La Flamme imite la dialectique sophistique propre aux dating shows selon laquelle une suite d’événements aboutit sans encombre au mariage. Si François Jost a surtout analysé le montage télévisuel à la lumière des programmes d’information et la façon dont ils participent à la déformation de la réalité, il s’est aussi penché sur celui des programmes de fiction tels que La Flamme. Selon lui, les journalistes opérant au sein de telles productions “ont pour mission de reconstituer le récit d’une journée, ordonnant les faits et gestes des candidats en une chaîne de causes et d’effets. […] La télé-réalité pousse à l’extrême cet écart entre le volume des matériaux disponibles et le matériau monté”.60 En ce sens, il souligne la façon dont le montage permet de reconstruire la réalité de ce qui s’est passé tout au long du tournage, écartant tout événement anecdotique inutile à la compréhension générale de l’histoire, mais dissimulant aussi toute incohérence qui perturberait le fil conducteur du programme vers une conclusion heureuse, une fin sous le signe du mariage. En portant aux nues les rituels de fiançailles, annonciatrices du mariage, ces dating shows mettent en avant une conception idéaliste et unilatérale du couple, dont seul le mariage permet de concrétiser véritablement les fondations. Ils prolongent ainsi la longue tradition de contes de fées où les princesses finissent par épouser leur prince à la fin de l’histoire, selon la fameuse formule “Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. Participant au conditionnement dès le plus jeune âge d’une vision unique de l’amour, où le mariage et la procréation deviennent une fin en soi, ces contes se retrouvent donc prolongés avec ce type de dating shows actualisés et adaptés pour le public ayant grandi depuis. Selon Jonathan Cohen, le Bachelor “raconte encore cette histoire sempiternelle des contes de fées, de l’homme idéal et de la femme idéale“61. Cette exigence maritale est d’ailleurs inégalitaire : si, pour les bachelors tels que Marc, il s’agit de se faire séduire, d’attendre que “la bonne” vienne à eux, niant toute origine de leur célibat comme étant l’affaire de leur propre responsabilité, les femmes célibataires font au contraire l’objet d’une culpabilisation assumée. Dans The Bachelor comme dans La Flamme, les candidates qui se présentent mettent leur célibat sur le compte de leur propre “faute”, leur propre erreur même, et une situation amoureuse à éviter et combler à tout prix par la recherche d’une âme sœur. L’heureuse élue choisie par Ben à l’issue de la saison 20 avait ainsi décrit son quotidien comme rythmé par son travail, mais dont la solitude à son retour chez elle lui pesait. “Je suis tellement célibataire… C’est trop triste !”, avait-elle résumé lors de la séquence de présentation des candidates.62 Un point de vue reproduit par le personnage de Valérie dans La Flamme, pour qui l’aventure est la “dernière chance” de trouver l’amour. En clair, ces programmes sont présentés par La Flamme comme glorifiant le célibat du protagoniste principal et culpabilisant au contraire les femmes n’étant pas en couple. Une représentation classique des méfaits du célibat, et donc par opposition des bienfaits de l’amour, fidèle à celle que l’on retrouve dans ce genre de dating shows. Selon Virginie Spies, les chaînes qui en diffusent donnent à la quête amoureuse « une place de choix dans la quête du bonheur à la télévision »63.

Une conception patriarcale de l’amour

Sorte de “harem moderne”64, ce type de programme donne une seule et unique injonction aux prétendantes : celle de soigner leur apparence, leur langage et leur attitude, dans l’unique but de plaire à un homme pour l’épouser. Une conception patriarcale de l’amour qui annonce aux femmes que leur valeur dépend du regard d’un homme. Cette conception est même poussée plus loin en mettant en compétition ces femmes qui doivent se battre pour séduire, redoublant de stratagèmes et dévalorisant leurs concurrentes. Ce deuxième aspect est notamment illustré par le passage que nous citions plus haut lors de l’énumération des séquences clé du programme : l’arrivée des prétendantes. Une fois après s’être présentées au célibataire, elles se regroupent dans le salon de la villa, centre névralgique des actions et scandales du Bachelor. En attendant la venue progressive de toutes les candidates, elles se jaugent du regard, se jugent, et n’hésitent pas à livrer des remarques et critiques acérées au confessionnal. Idem pour l’étape suivante, la série de speed datings où chacune s’emploie à dévaloriser le discours d’une autre pour s’attirer les faveurs du bachelor et espérer obtenir un court tête à tête avec lui. Ces deux exemples théorisent parfaitement le concept de misogynie intériorisée, qui semble être un argument vendeur pour ce type de programme, la clé de fortes rivalités entre les candidates garantissant la promesse de rebondissements et péripéties captivantes pour le téléspectateur.
Si, d’un côté, les candidates s’écharpent donc entre elles tout au long du programme, face au bachelor, elles débordent au contraire d’affection et d’attention, répondant à son moindre désir. Elles s’exclament ainsi avec force d’enthousiasme lors de chaque apparition de Marc, même si ce dernier n’était parti que quelques minutes loin d’elles. Chacune des arrivées du bachelor est accueillie de fébriles applaudissements et de cris hystériques clamant son nom ou de simples onomatopées, et ce dès l’épisode 1 de La Flamme. Ce comportement exagéré des candidates n’est autre que le reflet d’une mise en scène classique des dating shows, où le groupe de prétendantes est systématiquement représenté comme validant et encourageant avec emphase les moindres faits et gestes du protagoniste principal, telles de véritable groupies. Dans The Bachelor, on remarque en effet que dès l’arrivée des jeunes filles à la villa en limousine dans l’épisode 1, elles s’exclament “BEN !” en cœur, éclatant ensuite de rire en même temps avant de le couvrir de compliments. “Le monde s’accorde aux désirs du candidat. Il a fait ce rêve étrange et pénétrant d’une ‘femme inconnue’ qu’il aime et qui l’aime… que le producteur lui a fournie ! Cette facilité à voir les désirs se réaliser nous situe dans l’univers du rêve enfantin et d’un univers magique, où rien ne vient faire obstacle à la réalisation des souhaits.”, résume François Jost à propos du principe de ces émissions type The Bachelor.65 Car dès le premier épisode de La Flamme, il est explicité que les femmes figurant dans l’émission ont triées sur le volet par la production : “Il y a une ou plusieurs candidates qui sauront vous plaire”66, avance le présentateur lors de son premier échange avec Marc, ce à quoi son interlocuteur rétorque “J’espère, je suis quand même là pour ça”,67 présentant ses goûts comme la condition sine qua non de sélection des candidates en amont. Un critère confirmé par le présentateur, qui lui répond : “Sinon c’est qu’on a raté complètement le casting”68, mettant en perspective les impératifs orchestrant la préparation de tels programmes. Selon Jost, de tels formats jouent sur le principe de réalité et le principe de plaisir, proposant une conception du monde utopiste et finalement profondément inégalitaire et plaçant la volonté de l’homme sur un piédestal du début à la fin. “C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les votes sont si nombreux dans ces émissions : du voeu au vote, nous rappelle l’étymologie (votum = ‘voeu’ en latin), il n’y a qu’un pas. Dans cet univers, les désirs sont des ordres”69. Un point de vue que La Flamme entend donc bien reproduire pour le critiquer : ”il y a au final une critique d’un certain regard d’un homme”70, reconnaissait Jonathan Cohen. Le bachelor, incarné par Ben, Marc, et tous ceux placés au centre de tels dating shows, est donc au coeur de l’attention, le protagoniste principal.
En témoignent d’ailleurs toutes les illustrations et vignettes accompagnant le discours propre aux programmes : La Flamme comme The Bachelor donnent à voir des visuels où, en termes de composition, les candidates sont réparties harmonieusement autour du candidat de la saison, l’encadrant pour mieux le mettre en valeur et le placer au centre de l’image, à l’image de la façon dont elles le placent au centre du programme tout du long. Toujours dans le paratexte, si les titres des épisodes de La Flamme sont simplement numérotés, ceux de la première série à avoir parodié The Bachelor, Burning Love, portent chacun un intitulé unique. Celui du premier épisode annonce la couleur : “Meet Mark Orlando & the Ladies”. Non seulement le bachelor est placé au début du titre, mais la mention de ses prénoms et noms de famille tranchent avec la généralisation des candidates, indistinctement réunies sous l’appellation “the Ladies”, les femmes. L’homme est individualisé tandis que les femmes sont réduites et essentialisées à un simple groupe, dont le titre n’est autre que le mot désignant leur genre. Comme mentionné plus haut, si les candidates accueillent avec enthousiasme chacune des paroles ou actions du bachelor, c’est de concert, de la même voix, comme si elles avaient perdu toute individualité en participant au programme et se comportaient comme un groupe soudé. On retrouve cette asymétrie dans la place accordée au discours du bachelor et ses prétendantes de La Flamme ; une véritable économie temporelle et audiovisuelle est observée du côté des présentations des prétendantes, face au long portrait hautement laudatif de Marc. En termes d’images, les jeunes femmes sont la plupart du temps réduites à un seul plan ou deux. Tout au long des épisodes, leur psychologie n’est que très peu abordée ou approfondie, restant à la surface et les réduisant à un stéréotype la plupart du temps. Un parti pris pour les créateurs de La Flamme : celui de reproduire les effets d’essentialisation des personnages féminins dans les dating shows, “comme ils le font dans les téléréalités”71, expliquait Jérémie Galan, co-auteur et réalisateur de La Flamme. “Dès qu’ils comprennent le trait d’un candidat, ils vont le pousser, ils vont le mettre en avant, ils vont le monter d’une certaine manière pour qu’on ne voit que ce trait-là de cette personne”. Cet aspect dans la conception des personnages se retrouve aussi du côté du jeu, de la direction des actrices incarnant les différentes candidates de La Flamme : selon Géraldine Nakache, il s’agissait de “coller de façon assez basique à un seul adjectif, à une seule typologie. C’est exactement l’opposé d’un personnage classique de film classique ou de série classique, où on va chercher des couches, et on met des couches, des couches…”72. Si toute la complexité de la psychologie du bachelor est donc développée au fil des épisodes, Marc ayant même le droit à une histoire secondaire inédite ne figurant ni dans The Bachelor ni dans Burning Love, ses prétendantes sont au contraire les plus stéréotypées possible.

L’appel aux stéréotypes

La Flamme illustre alors tout un aspect de la production des médias de masse : le stéréotype, “la représentation d’un groupe social identifiable de façon à ce que les membres de ce groupe soient constamment investis de certains traits de personnalité et d’activité sociales”73. Selon Turow, les stéréotypes sont une composante essentielle de programmes télévisés, qui ont dévalorisé toute une série de groupes et de communautés dans la culture populaire au fil du temps.74 La raison de la pérennisation de tels procédés est selon lui la garantie d’un “travail bien fait, efficace, avec un risque d’échec individuel moindre que d’autres”.75 Ici, le groupe identifié et réduit aux stéréotypes est bien celui englobant toute la gente féminine. Chacune des prétendantes présente dans La Flamme incarne elle-même une minorité stéréotypée, à l’image des clichés véhiculés dans de nombreux dating shows sous couvert de “diversité et d’inclusivité’. Comme l’expliquait Jonathan Cohen, “il y a la fille parfaite, il y a la dingue, il y a la fille qui est en fait un garçon, il y a la vieille, la nymphomane, l’insécure émotivement, la lesbienne invisible…”.76 Autant de stéréotypes économiques – l’une des candidates, Manon, est sans-abri -, psychologiques (Alexandra est psychopathe), de genre (Orchidée est une transgenre), d’âge (Claude est plus âgée), de handicap (Émilie est une personne non-voyante) et de sexualité (Marina est lesbienne et Chataléré est nymphomane) qui, tous réunis et condensé au sein d’une même saison, reflètent les approches parfois (très) maladroites de ces programmes reposant sur des critères d’appréciation d’ordre majoritairement physiques.
La mentalité de Marc lui-même est celle d’un personnage sexiste, mais aussi raciste. Dès le premier épisode, lors d’une discussion sur ses désirs et ses attentes avec le présentateur, le bachelor confie ne l’avoir “jamais fait avec une noire”77; ce à quoi le présentateur répond immédiatement que “le terme, c’est femme de couleur”. Mais Marc ne se corrige pas et récidive lors de la séquence de l’arrivée des prétendantes, se disant à lui-même “J’espère que la prochaine sera noire” avant de s’exclamer en apercevant Anne, déçu “Oh non, elle est blanche… Tu es très blanche”78. Ces passages mettent en lumière une forme particulièrement perverse du racisme, celle de la fétichisation raciale. Car ces critères physiques tels qu’ils sont formulés par Marc font écho au regard post-colonialiste de certaines émissions sur les personnes de couleur. Comme l’indiquait Frantz Fanon, psychiatre, essayiste anticolonialiste et fondateur du courant de pensée tiers-mondiste, la civilisation blanche a construit un véritable « schéma historico-racial qui consiste en un folklore exotique »79 que plusieurs productions médiatiques reflètent encore aujourd’hui de façon très problématique. Ce qui est présenté comme une simple préférence ou curiosité sexuelle par Marc, ou les émission de téléréalité de rencontre en général, est en réalité le résultat d’une intériorisation d’un regard colonisateur, selon lequel les personnes blanches seraient la norme par rapport aux personnes noires, alors déshumanisées, réduites à leur corps et la couleur de leur peau. En faisant de Marc un bachelor raciste, La Flamme pointe du doigt la fétichisation subie par plusieurs communautés de femmes, essentialisées et présentées de façon stéréotypée dans les dating shows. On retrouvait déjà cet aspect dans Burning Love, où Mark confiait au présentateur vouloir rencontrer “an African-American woman”80, une femme Afro-américaine, s’affichant tout aussi raciste que son alter ego dans La Flamme.

La toute-puissance divine du bachelor

Les désirs de Marc sont donc présentés comme des ordres, pour la production et les candidates. Tout le pouvoir de décision, le concept même d’agency défini comme “la capacité d’une personne à agir dans le monde, faire ses propres choix et/ou les imposer sur d’autres par la force ou la persuasion88, lui revient : ce ne sont pas seulement les règles propres à l’émission, mais bien son bon-vouloir, qui décident de l’élimination de telle ou telle candidate. Véritable maître tout-puissant de l’émission, il décide le début et la fin de tout, s’improvisant véritable entité créatrice et destructrice, quasiment divine. Cette pseudo-déification du bachelor est d’ailleurs soulignée par François Jost : les dating shows ont un certain fondement religieux, de par la nature sacrée de plusieurs de ses procédés – dont le choix éliminatoire du bachelor. “Les normes morales de la télé-réalité sont d’origine religieuse”89, écrit-il à propos du dispositif du confessionnal par exemple. Dispositif à dominance catholique, il démontre que cet espace et le choix de son nom font bien écho au confessionnal religieux “où, en principe, on se lave de ses fautes ou, plutôt, de ses péchés”90. Poussons donc la comparaison catholique encore plus loin, en étudiant le dispositif de la cérémonie éliminatoire clôturant chaque épisode : la cérémonie des roses ou des billets met en scène un individu au centre de tout, l’homme responsable de la survie médiatique des candidates. On ne peut alors ne pas voir l’allusion au Jugement dernier biblique où Dieu juge les femmes et les hommes sur leurs actes, paroles et intentions proférées tout au long de leur vie. Le bachelor offre béatitude aux jeunes femmes autorisées à continuer à vivre à ses côtés, et punit celles n’ayant selon lui pas assez fait d’effort, ou ne s’étant pas assez illustrées dans les différentes activités menées tout au long de l’épisode. Au-delà de la représentation d’un système patriarcal, La Flamme imite donc un véritable culte de l’homme au centre des dating shows.

Éloge de la masculinité toxique

Si ce type de dating shows est représenté par La Flamme comme dégradant ouvertement l’image de la femme, il n’épargne pas non plus la masculinité. The Bachelor, et La Flamme par imitation, sont le terreau fertile au développement d’une masculinité toxique à peine voilée. Par “masculinité toxique”, nous faisons référence aux aspects de l’hégémonie masculine qui sont socialement destructeurs et associés à un danger pour les femmes, la société et les hommes eux-mêmes.91 Dans The Bachelor, la masculinité toxique se développe dès le début de la saison, lorsque le nouveau bachelor rencontre trois anciens des saisons précédentes pour leur poser des questions et obtenir des conseils sur l’attitude à observer une fois à la villa. Adoptant les traits caractéristiques d’un “boy’s club”, ces groupes informels et amicaux exclusivement composés d’hommes, majoritairement créés dans la sphère professionnelle, imposant une certaine forme de domination masculine bourdieusienne toxique et sexiste92, cette séquence met en scène un groupe d’hommes qui parlent de femmes de façon parfois dégradante, adoptant un sexisme décomplexé. Ainsi, lorsque Ben demande aux trois “anciens” comment se comporter tout au long de l’aventure, l’un l’avertit : “Il ne faut pas embrasser une des candidates devant tout le monde”93. Ce à quoi rétorque un autre, provoquant l’hilarité général : “Ou embrasse-les toutes !”94. L’argument avançant un tel conseil résidant dans l’idée que, de toute façon, la future femme de Ben sera l’une des candidates qu’il rencontrera ; en les embrassant toutes, il n’en laisserait aucune de côté. Un raisonnement légitimant et perpétrant la masculinité toxique, qui encourage, et incite même, l’homme célibataire à considérer les prétendantes comme des objets à conquérir, à collectionner les unes après les autres sans aucun été d’âme. Cet aspect du Bachelor est ainsi mis en scène dans La Flamme, lorsque Marc, au fur et à mesure de l’aventure, vit plusieurs expériences charnelles, notamment avec la candidate Anne, en grande partie non pas parce qu’il l’apprécie mais pour rendre jalouse une autre, Marina. Cet esprit calculateur et froid peut faire écho avec celui exigé du bachelor dans le programme éponyme. C’est donc un environnement malsain pour les femmes comme pour les hommes impliqués dans le programme que l’imitation dans La Flamme dénonce : selon Morgane Perrolier, responsable projet fiction chez CANAL+ et accompagnatrice du développement de la série La Flamme, la série de Jonathan Cohen est “une manière de critiquer une certaine forme de masculinité […] et la déconstruction des clichés à travers le personnage de Marc”.95 Intention confirmée par le producteur de la série, Stéphane Drouet, qui explique avoir eu envie “de raconter les rapports hommes-femmes“ à travers « la caricature du macho que peut représenter le personnage de Marc »96. The Bachelor construit et prône en effet une vision irréaliste de la masculinité, imitée dans La Flamme avec le personnage de Marc. À lui seul, il incarne la notion de “face-off masculinity”97, qui définit l’idée selon laquelle des qualités telles que la force, le contrôle, la méfiance et l’imperturbabilité sont d’ordre masculin, opposant la masculinité à toute forme de vulnérabilité ou de passivité. Tout au long du programme, Marc enchaîne ainsi les démonstrations de force physique, se pavanant face aux candidates et jouant par exemple des muscles en maillot de bain à la piscine lors des “olympiades nautiques” (une balle au prisonnier) pendant l’épisode 3. Il refuse d’ailleurs toute critique, constructive ou non, sur sa propre personne. Ainsi, son manque d’auto-dérision est affiché et mentionné dès son premier échange avec le présentateur. Lorsque Marc confie en effet recherche une femme qui a de l’humour, qui le fasse rire, et que son interlocuteur rebondit en le questionnant sur sa propre capacité à rire de lui-même, le bachelor répond que non, il n’a aucune auto-dérision, écartant aussitôt le sujet pour revenir à son sujet de prédilection : lui-même. Lors de l’épisode 4, jour de la Jean-Guile (nous reviendrons sur cette spécificité un peu plus loin), tout le monde doit se déguiser et Victoire, une des candidates, décide de se grimer en Marc. Elle se moque de lui physiquement, mais aussi verbalement, scandant un “Qui veut des billets pour mon slip ?” caricatural et qui déplaît à Marc. Ce dernier décide alors de se venger en l’éliminant à la fin de l’épisode. Plus tard dans l’aventure, lorsqu’il emmène la prétendante Marina jouer avec lui au bowling au cours de l’épisode 2, elle le bat de loin et obtient ainsi un score nettement supérieur au sien. Se sentant attaqué dans son égo, furieux d’avoir été battu, Marc décide alors de l’éliminer aussi à l’issue de la journée. Lorsqu’il se sent menacé dans sa fierté, le bachelor fait usage de son statut de décideur tout-puissant, et se venge – assez futilement-en évinçant l’auteur de la moquerie l’ayant atteint. Une logique stricte, reflet de l’imperturbabilité qu’il tente d’afficher et autre aspect de la face-off masculinity qu’il incarne.

L’hétéronormativité au coeur du concept

Outre les concepts de masculinité toxique, fétichisme raciale et la conception patriarcale de l’amour trop souvent croisés dans les dating shows, La Flamme met aussi en exergue un autre point saillant de ces émissions : l’hétéronormativité, qui peut être définie par “le système asymétrique et binaire, qui tolère deux et seulement deux sexes, où le genre concorde parfaitement avec le sexe (au genre masculin le sexe mâle, au genre féminin le sexe femelle) et où l’hétérosexualité (reproductive) est obligatoire, en tout cas désirable et convenable”.98 Comme le fait remarquer le présentateur lui-même, “L’émission ne tolère qu’un seul modèle d’amour : la monogamie hétéronormée”.99 Proposant un concept reposant sur l’union d’un homme et d’une femme, The Bachelor repose évidemment sur une vision très limitée de l’amour et purement représentée par les relations hétérosexuelles. Dans la perspective post-structuraliste de la notion de genre, on parle d’ailleurs d’une “matrice hétérosexuelle”100 normative et envahissante, laissant très peu de place pour plus de représentativité dans l’ensemble des productions télévisées. Seul le personnage de Marina, dont l’orientation sexuelle manifeste laisse à penser qu’elle est davantage venue dans l’aventure pour les prétendantes que pour Marc, offre un peu plus de diversité – mais sa présence ne suffit pas à remettre en question le système de genre régissant le programme. Son comportement est en effet représenté par un prisme hétéronormatif, son attitude étant considérée comme en marge du système, déviant, et sa personnalité, fortement caricaturale.
La Flamme ne se contente donc pas de délivrer une structure type et un ensemble de codes sémiologiques relatifs aux dating shows ; la série identifie et reproduit également toute une série de logiques et schémas discriminants sous-jacents dans le programme The Bachelor, qu’il s’agit de pointer du doigt pour mieux les déconstruire. La conception patriarcale et hétéronormée de l’amour, la discrimination physique, fétichiste et grossophobe, ainsi que la primauté de l’apparence sur tout le reste inhérents au programme sont la cause tout autant que la conséquence de la société réelle et contemporaine. « Le programme et ses fans savent que c’est grotesque. Ils savent que cette vision fantasmée de l’amour qui y est représentée est dépassée et sexiste. Ils savent que les politiques raciales de l’émission ne se sont pas tant améliorées que ça lorsqu’ils ont finalement eu une bachelorette noire (elle préférait les hommes blancs. […] L’amour y est montré comme douloureux et humiliant, mais il est aussi présenté comme étant la seule raison de vivre. »101, résume d’ailleurs Jane Feuer à propos du Bachelor.
Si La Flamme est le résultat d’une société des années 2020, le concept même du Bachelor qu’il imite remonte en revanche aux années 2000, vingt ans en arrière. Les mécanismes de ce dernier n’ayant que très légèrement évolué depuis son lancement, ils ne sont donc pas représentatifs de l’ensemble des productions réunies sous l’égide du dating show de toutes les époques. Certes, en imitant les codes fondamentaux de The Bachelor, La Flamme cristallise une certaine typologie des émissions de téléréalité. Mais cette typologie reste bien limitée dans le temps et ne s’applique aucunement aux nouvelles générations de programmes actuellement diffusés, qui tendent vers plus de représentation et de diversité : Dating Around, Love is Blind… On peut donc avancer pour nuancer notre hypothèse que La Flamme identifie bien les codes du programme The Bachelor, les reproduisant à la perfection. Mais ces codes ne sont pas ceux de toute la téléréalité de rencontre ; seulement celle que l’on pourrait qualifier de “première génération”, celle des années 2000, qui marquent la naissance du genre. Vingt ans plus tard, les valeurs et dispositifs mis en place dans ce type de format ont bien évolué. La Flamme représente alors une ancienne génération, imitant les codes « bacheloriens » des dating shows et montre qu’avec le temps et le recul, ses caractéristiques sont aujourd’hui éculées et archaïques. Cette prise de distance et de conscience sur le statut et l’évolution de tels programmes, La Flamme la manifeste par l’imitation, mais aussi la dérision.

De l’imitation à la dérision : l’humour parodique de La Flamme

Dans un quatrième et dernier temps, il nous faut en effet saisir La Flamme à sa juste valeur, comme une “série comédie parodiant les téléréalités de ‘dating’ popularisées par ‘le Bachelor’”102. Car la série constitue certes un pastiche admirable de The Bachelor, cristallisant les codes des dating shows, mais elle est aussi une parodie satirique, qui ne se contente pas de reproduire ces mêmes codes, mais va plus loin en les tournant en dérision. En suivant la définition de la parodie selon Genette, on peut distinguer deux formes de parodies à travers le discours de La Flamme.

Le « travestissement » à fonction dégradante de Genette

D’un côté, la série répond à une forme de “travestissement” à fonction dégradante103, c’est-à-dire la transposition d’une énonciation “noble” dans le registre du burlesque. L’absurde est en effet omniprésent dans toutes les situations, participant à la dérision de certains codes des dating shows. Parmi la multitude de ces travestissements, on retrouve ceux propres aux éléments d’habillage de la série, notamment les surtitres. Aiguillant le téléspectateur dans la compréhension de la série, ils sont extradiégétiques, et donc seulement visibles par lui. Si, dans The Bachelor, ils énumèrent avec sérieux l’âge et la profession de chacun des protagonistes à l’écran, leur existence est questionnée et tournée en dérision dans La Flamme. Ainsi, toutes les candidates sans exception ont 28 ans, y compris la doyenne du groupe. Du côté de la profession indiquée dessus, elle évolue au fil des épisodes, jouant avec les situations survenues. Ainsi, si Marc, 36 ans, est présenté au début comme le bachelor et pilote de ligne, cette description évolue déjà plusieurs fois au sein du premier épisode. Après sa première rencontre avec Orchidée, qui ne le laisse pas indifférent, on le retrouve au confessionnal, où il décrit ce qu’il a ressenti lors de cette interaction et explique avoir été “complètement chamboulé”. Et l’habituel texte “Pilote de ligne” du surtitre a été troqué contre “Chamboulé (Complètement)”. Plus tard, après la première cérémonie des billets, où il avait expliqué dans une boutade (un peu trop) alambiquée que ces tickets étaient un aller simple en direction de son coeur, via la compagnie “Marc Airlines”, on le retrouve une fois de plus au confessionnal… Et, surprise, une fois de plus, il n’est pas désigné comme “Pilote de ligne” dans les surtitres, mais carrément “Président De Marc Airlines”. Un élément qui se présente comme une moquerie aux surtitres à l’allure “noble” de la série The Bachelor, ultra officiels, pour les décoincer un peu. En plus des éléments paratextuels relatifs aux surtitres, les échanges mêmes entre Marc et ses prétendantes sont habités par le burlesque. On note par exemple le décalage entre la solennité de Valérie qui, après une première tentative plutôt infructueuse, réussit enfin à glisser à Marc la citation qu’elle avait oubliée sur fond de notes de piano émouvant ; et l’absurdité de cette citation en question – “Un homme sage a dit un jour : ‘la virginité, c’est comme une bulle : un petit coup et c’est fini’”104. La réaction de Marc est pourtant à la hauteur du sérieux de Valérie, la félicitant pour son aphorisme “sublime”. Ici, la série se moque de toutes ces candidates qui, dans The Bachelor, préparent à l’avance leur petit numéro pour les présentations, récitant parfois des citations qui se veulent philosophiques mais n’ayant en réalité ni queue ni tête. Une belle démonstration de l’importance du burlesque dans les dialogues mêmes de La Flamme.

Les « charges », pastiches satiriques de Genette

Outre le burlesque typique du travestissement à fonction dégradante, une deuxième forme de parodie identifiée par Genette trouve également sa place dans La Flamme : les “charges”, pastiches satiriques où l’on imite un style en l’exagérant.105 Les hyperboles ahurissantes et autres excès en tout genre habitent l’univers de La Flamme tout au long de l’aventure ; à commencer par l’arrivée de Marc, non pas en limousine comme dans le Bachelor – ce qui est déjà, en soi, un moyen de locomotion plutôt fantasque – mais en bateau péniche dont la cabine luit d’un lavande de mauvais goût. La Flamme se moque clairement ici du fameux esprit de luxe flamboyant que nous évoquions plus haut dans cette partie, véritable marque de fabrique de la franchise du Bachelor. Selon Dominique Maingueneau, le concept de “charges” satiriques de Genette implique qu’un locuteur fasse “entendre à travers son énonciation une autre source énonciative qu’il pose comme ridicule, montrant par là même sa propre supériorité”106.C’est là tout le rôle du présentateur qui, comme nous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises, se positionne en seconde “source énonciative” pour donner son propre avis sur le programme et le décrédibiliser. Non seulement il occupe le statut de structurant et adjuvant, mais il est aussi l’élément permettant d’indiquer que La Flamme se positionne en parodie du dating show The Bachelor ; un des “indices de mise à distance qui permettent au co-énonciateur [ici, le public] de percevoir une dissonance”107. Par ses remarques multiples, il rappelle aux protagonistes, et par la même occasion au téléspectateur, que La Flamme est une parodie visant à révéler et tourner en dérision les mécanismes jalousement gardés des dating shows. Par exemple au début de l’épisode 1, alors que Marc croit que la villa somptueuse de l’émission lui était offerte, le présentateur le tempère et ajoute, en commentaire off : “Aucune émission n’offre de maisons avant même le début du jeu”108. Prenant immédiatement du recul sur les propos de Marc, il les replace dans un contexte plus large que celui circonscrit par La Flamme ; celui des productions télévisées en général.
Par les travestissements et les charges parodiques, La Flamme offre donc une réinterprétation de The Bachelor qui rit de ses codes et son protocole bien trop sérieux. L’efficacité de ce ton parodique revient à la justesse d’imitation de la série : reproduisant à l’identique les procédés les plus célèbres de The Bachelor, elle est identifiable par le plus grand nombre. Lorsqu’un locuteur parodie un auteur ou d’un genre (ici, celui du dating show plus précisément), celui qu’il ridiculise “est identifiable […], censé connu du public. […] Ce type d’énonciation n’est donc véritablement réussi que si le co-énonciateur [ici, le téléspectateur] est suffisamment familiarisé avec le discours parodié, ce qui renforce la connivence avec le parodieur, énonçait Maingueneau109. L’humour de La Flamme repose donc aussi sur une certaine complicité entre les protagonistes fictifs et le téléspectateur réel. Ce qui est, finalement, le propre du rire, social par excellence selon Bergson : “le rire cache une arrière-pensée d’entente, je dirais presque de complicité, avec d’autres rieurs, réels ou imaginaires”110. La qualité de dérision de La Flamme est donc aussi due à l’impression de proximité que la série dégage, par opposition au Bachelor, programme se présentant comme distant de son audience, codifié, sans aucun métadiscours sur son propre mécanisme. Grâce aux réflexions méta du présentateur, à l’absurdité des conversations entre protagonistes et au burlesque de situation, La Flamme non seulement imite, mais moque la rigidité, et le caractère presque pompeux et hautain de The Bachelor, proposant par là même une typologie de dating shows, bien que notre enquête nous ait prouvé que tous ces programmes de téléréalité de rencontre ne rentraient pas dans cette caractérisation, certains se distinguant par leur modernité, leur diversité et leurs valeurs bien moins conservatrices que The Bachelor. En adaptant la série parodique Burning Love, La Flamme identifie et moque bien les codes du programme The Bachelor et, dans une certaine mesure, de la téléréalité de rencontre : celle dite « bachelorienne ».
Grâce à son humour, son ton et son scénario inédits et décalés, La Flamme réussit également à dépasser son statut d’hypertexte parodique pour constituer une véritable unité fictionnelle en soi, indépendante de la série qu’elle parodie. Elle porte même le prestigieux label “Création Originale” de CANAL+, le groupe audiovisuel ayant participé à la production et la diffusion de ses contenus à l’antenne et en streaming. Le métadiscours parodique qu’elle formule sur les dating shows bacheloriens s’inscrit alors dans ligne éditoriale satirique de Canal, permettant à la chaîne de se distinguer sur le paysage audiovisuel et en ligne.

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Table des matières

Première partie – La Flamme, de l’imitation à la moquerie des codes des émissions de téléréalité de rencontre
A/ La réplique de la structure du Bachelor
1. Le portrait du bachelor
2. Le portrait des prétendantes
3. L’arrivée du bachelor sur les lieux
4. L’arrivée des prétendantes sur les lieux
5. La ronde des discussions
6. La cérémonie éliminatoire
B/ Le recours à la sémiologie du Bachelor
1. Le décor
2. La rose
3. Les larmes
4. Le sensationnalisme
5. L’habillage
C/ Reproduction des biais identifiés dans le Bachelor
1. Le mariage comme seule issue heureuse
2. Une conception patriarcale de l’amour
3. L’appel aux stéréotypes
4. Le culte de l’apparence
5. La toute-puissance divine du bachelor
6. Éloge de la masculinité toxique
7. L’hétéronormativité au coeur du concept
D/ De l’imitation à la dérision : l’humour parodique de La Flamme
1. Le « travestissement » à fonction dégradante de Genette
2. Les « charges », pastiches satiriques de Genette
Seconde partie : Le genre parodique de La Flamme, reflet de l’esprit de distinction que Canal+ cultive à la télévision et en ligne 
A/ La Flamme au coeur de la stratégie de distinction de la chaîne Canal+ à la télévision
1. La ligne éditoriale de Canal, modalisation goffmanienne du cadre primaire de La Flamme
2. La distinction par la programmation
3. La distinction par l’exclusivité de la diffusion
4. La distinction par l’offre des contenus
5. La distinction par la dérision
6. La distinction par la créativité de l’écriture
B/ Internet, lieu privilégié d’amplification et de perpétuation de La Flamme
1. Quand la communication digitale brouille les mondes
2. L’omniprésence de La Flamme organisée par Canal+ sur les réseaux sociaux
3. La réception et la réappropriation de La Flamme par les internautes pour les internautes
C/ Recommandations stratégiques et médiatiques
1. Le suivi de l’écriture et la présence aux tournages, les deux garanties d’un discours inclusif et respectueux de tous
2. Le subtile dosage de la communication digitale et son ciblage
Conclusion 

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