Le gaz naturel comme carburant
La Route bleue
L’entreprise Gaz Métro qui opère sous la tutelle de la Régie de l’énergie distribue du gaz naturel au Québec et au Vermont. Dans la province, l’entreprise dessert quelques 195 000 clients. Gaz Métro détient de nombreuses participations financières dans des compagnies de transport, d’entreposage, dans le domaine gazier et dans le souterrain. De plus, elle est active dans le domaine des centrales de chauffage urbain, dans l’entretien et la location d’équipement énergétique et même dans l’énergie éolienne. La Route bleue est un projet piloté par Gaz Métro Solutions Transport (GMST), une filiale de Gaz Métro non réglementée par la Régie de l’énergie. Le but visé par la Route bleue est la conversion au GNL des camions lourds roulant normalement au diesel. Gaz Métro cherche à déployer un corridor de ravitaillement au GNL le long des autoroutes 20 et 401 qui relient la région de Québec à la région de Toronto. Cet axe routier constitue une voie importante de transport avec quelques 48 000 déplacements de camions lourds effectués chaque semaine.
Jusqu’à présent, l’initiative de la Route bleue a permis la construction de stations de ravitaillement privées directement sur les terrains de compagnies de transport. Ces stations sont privées dans la mesure où elles sont à l’usage exclusif de la compagnie grâce à un partenariat avec Gaz Métro. Trois stations ont été construites chez Transport Robert, une entreprise active dans l’entreposage, la distribution et le transport de marchandises. Elles sont situées à Lévis, à Boucherville et à Mississauga. Éventuellement, Transport Robert pourrait très bien permettre l’accès aux stations construites sur son terrains à d’autres usagers. La station de Boucherville, la première construite, a été inaugurée en 2011. En octobre 2014, Transport Robert comptait 125 camions roulant au GNL, soit le dixième de sa flotte. Outre les stations privées, GMST a aussi construit trois stations publiques à Cornwall (Ontario), à Lévis et à Sainte-Julie. Ces stations sont publiques puisque leur usage n’est pas exclusif à une seule entreprise. En marge de la Route bleue, Gaz Métro développe également le gaz naturel comprimé (GNC), un carburant mieux adapté au transport régional. Trois stations privées ont été bâties chez Transport Robert (Boucherville), chez Transport Roger Boivin (Saint- Félicien) et chez Groupe Gaudreau (Québec). De plus, GMST et La Coop fédérée se sont associées pour mettre sur pied des stations-services multiénergies qui offrent du GNL, du GNC et dans certains cas du diesel, de l’essence, du propane, du biocarburant et de l’électricité. Le prix à la pompe du carburant suit, de façon générale, les fluctuations des prix de la matière première sur les marchés financiers ou les fluctuation du prix du gaz de réseau de Gaz Métro. Contrairement aux autres carburants, ce prix n’est pas réglementé puisque la Régie n’intervient pas pour tout ce qui est en aval du compteur de gaz naturel.
Le marché des véhicules au gaz naturel
Le gaz naturel comme carburant est un phénomène marginal au Québec et au Canada. À preuve, le diesel et l’essence comblaient 99% des besoins énergétiques du secteur des transports canadien en 2010 contre seulement 0,5% pour le propane, 0,1% pour l’électricité et 0,1% pour le gaz naturel. Au Québec, le gaz naturel prenait un peu plus de place et comblait 0,8% des besoins en énergie de ce secteur 1. Avec une aussi faible représentation dans les transports, l’adoption à grande échelle du gaz naturel comme carburant dans la province et dans le reste du pays s’accompagne de défis importants. Cette section présente le marché des véhicules au gaz naturel ainsi que les défis liés à son expansion. Actuellement, quelques 16 millions de véhicules fonctionnent au gaz naturel dans le monde 2. Ce chiffre ne représente qu’un faible pourcentage de l’ensemble du parc automobile mondial, mais l’utilisation du gaz naturel comme carburant a crû de plus de 15% par année depuis le début de l’an 2000 3.
La majorité des 21 292 stations de ravitaillement recensées en 2012 offraient du GNC, mais de plus en plus d’initiatives impliquent maintenant l’utilisation du GNL. Bien que le gaz naturel comme carburant soit majori- les transports maritime et ferroviaire. Selon des données de l’année 2013 tirées de la Natural Gas Vehicle Knowledge Base, le pays avec le plus grand nombre de véhicules au gaz naturel est l’Iran (3 00 000 véhicules ou 18,8% du parc automobile mondial) suivi de près par le Pakistan (2 900 000 véhicules – 18,8%), l’Argentine (2 140 000 véhicules – 2,5%), le Brésil (1 739 676 véhicules – 11.2%) et la Chine (1 577 000 véhicules – 6,6%). Dans cette liste, le Canada se trouve au 29e rang avec 12 500 véhicules au gaz naturel. En 2012, le pays comptait quelques 41 stations de ravitaillement au GNC 4, ce qui est relativement peu. La plupart de ces points de ravitaillement se présentent comme des stations d’essence et de diesel classiques dans lesquelles un îlot séparé offrant du GNC a été ajouté.
Ces points de ravitaillement se situent principalement en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario. Le nombre de stations de ravitaillement devrait croître au Canada, notamment grâce au projet de Gaz Métro. Fait intéressant, l’offre de GNL au Canada est plus faible que l’offre de GNC. Ceci s’explique en partie par la vaste étendue du réseau souterrain canadien de gaz qui a favorisé l’utilisation du GNC puisque l’équipement de compression peut être installé partout où il y a un gazoduc. En contrepartie, l’emploi du GNL exige l’installation d’usines de liquéfaction. Il existe tout de même trois relais routiers d’importance commerciaux en Alberta qui proposent du GNL pour véhicules. Ces relais se situent à Calgary, à Edmonton et à Red Deer et sont opérés par Shell Flying J. La station de Westport Innovations à Vancouver et celle de Terasen Gas à Delta en Colombie-Britannique offrent elles aussi du GNL pour le transport lourd.
Le gaz naturel comme carburant
Le gaz naturel a moins d’énergie par volume que le diesel ou l’essence. Pour emmagasiner une même quantité d’énergie dans un espace restreint et obtenir une autonomie de route semblable au diesel et à l’essence, il est nécessaire de le comprimer ou de le liquéfier. Le GNC est obtenu en appliquant de fortes pressions (de l’ordre de 21 à 25 MPa) au gaz naturel. Cette opération réduit le volume du gaz d’un facteur de 300, permettant ainsi de le stocker dans un véhicule. Le principal avantage du GNC est d’être facilement accessible étant donné l’étendue importante du réseau gazier. Ce carburant est majoritairement utilisé dans les véhicules moyens tels les autobus et les camions à déchets qui circulent le long des routes secondaires. Le GNL, quant à lui, s’obtient en refroidissant le gaz naturel à une température de -162°C, ce qui en réduit le volume par un facteur de 600. Le GNL est plus concentré en énergie que le GNC, mais il demeure moins énergétique par volume que le diesel. À titre comparatif, il faut 1,7 litres de GNL pour avoir l’équivalent énergétique d’un litre de diesel. Le GNL s’emploie surtout dans les véhicules lourds qui parcourent de longues distances et permet une autonomie de route pouvant atteindre jusqu’à 1000 km par plein.
Le gaz naturel est liquéfié en usine avant d’être transporté par camions-citernes aux lieux de ravitaillement. La nécessité de liquéfier en usine rend le déploiement d’un réseau de stations-service plus complexe. C’est pour cette raison que le GNL est plus approprié pour des véhicules circulant toujours sur les mêmes axes routiers. Il devient alors stratégique de positionner les stations de ravitaillement desservies par les camionsciternes à proximité des voies importantes de transport. Le gaz naturel comme carburant n’est pas à proprement parler une nouvelle technologie au Canada. En effet, durant les années 1980 et 1990, des programmes de recherche fédéraux et provinciaux ainsi que des projets pilotes d’implantation ont favorisé son utilisation. Au cours de cette période, le parc canadien de véhicules utilisant cette technologie a atteint 35 000 unités. Ce parc était en majorité composé d’autobus urbains et scolaires, de voitures, de camions légers et de chariots élévateurs. Vers la fin des années 90, l’intérêt pour ces véhicules a décliné et ce, pour trois raisons. D’abord, l’effondrement des prix du pétrole sur le plan mondial est venu amoindrir l’avantage qu’avait jusqu’alors le gaz naturel sur l’essence et le diesel. Ensuite, le coût des véhicules a grimpé puisque la technologie requise pour satisfaire les exigences plus serrées en matière d’émissions d’échappement coûtait de plus en plus cher. Finalement, le choix limité de modèles de véhicules disponibles et la diminution de l’aide à la R&D ont nuit à l’émergence du marché du gaz naturel comme carburant.
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Table des matières
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
1 Introduction
2 La Route bleue
1 Le marché des véhicules au gaz naturel
2 Le gaz naturel comme carburant .
3 Enjeux liés à l’émergence du marché des véhicules au gaz naturel
3 Les marchés bifaces
1 Un aperçu
2 Théorie des marchés bifaces
3 Autres Stratégies
4 Contributions empiriques
4 Modèle théorique
1 Le modèle de Rochet et Tirole (2006)2 Les solutions multiples
2.1 Frais fixes nuls
2.2 Frais de transaction nuls
5 Étude de sensibilité
1 Barème
2 Profit maximal de l’entreprise
3 Profit maximal de l’entreprise avec frais de transaction non-nuls
4 Correspondance du modèle avec la Route Bleue
5 Conclusion
Bibliographie
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