Le français scientifique et le FOS
La didactique du FOS
La didactique du français comme langue étrangère a connu des développements originaux par rapport à la didactique des autres disciplines en se distinguant par la spécificité de son public visé, qui n’est pas forcément scolaire. Dans beaucoup de cas, elle n’est pas contrainte à travailler sur des programmes et des examens officiels, elle s’efforce d’orienter ses modèles vers les différents problèmes posés par l’enseignement/apprentissage des langues dans les différentes situations. L’enseignement du français vise un public d’apprenants pour qui le français n’est toujours pas la langue maternelle (LM) ou langue première. Il peut constituer, pour d’autres, une langue étrangère ou seconde. Cette variété du public a donné naissance à deux sousensembles de la didactique du français : La didactique du français langue maternelle (DFLM) et la didactique du français langue étrangère et seconde (DFLES). Un autre public récemment pris en compte dans la didactique du français langue étrangère concerne les adultes souhaitant acquérir ou perfectionner des compétences en français pour une activité professionnelle ou pour suivre des études supérieures en filières francophones. De là est né le français sur objectifs spécifiques (FOS), calqué sur le terme anglais English for specific purpose. Il s’inscrit dans une démarche fonctionnelle de l’enseignement et d’apprentissage : l’objectif de la formation linguistique n’est pas la maîtrise de la langue en soi mais l’accès à des savoirs faire langagiers dans des situations dûment identifiées de communication professionnelles ou académiques.
Perspectives historiques du FOS : émergence d’un enseignement spécifique
Les limites des modèles audio-visuels constituent l’un des premiers facteurs à l’origine d’une nouvelle perception de cet enseignement. Ce modèle qui ne s’adaptait toujours pas aux besoins langagiers précis de son large public, connaissait la pauvreté et la monotonie des échanges langagiers qui ne sont pas centrés sur l’instauration d’une communication véritable. En outre, le volume horaire accordé au parcours d’apprentissage était excessivement long, ce qui ne permet pas de passer rapidement à des aspects plus spécifiques de l’utilisation de système de la langue dont le public a réellement besoin. Le deuxième facteur central est relatif aux nouveaux publics qui n’ont plus les mêmes attentes et les mêmes attitudes à l’égard de l’apprentissage des langues. Apprendre une langue n’est plus considéré comme un objectif recevable en soi et en vue d’accéder à une culture étrangère lui permettant de passer à une autre vision du monde mais plutôt dans le but de bénéficier d’une formation linguistique plus déterminée qui pourrait répondre à des attentes particulières du public. Ce dernier n’est plus susceptible de se satisfaire d’un programme sans visées langagières spécifiques.
Des les années 1950, les besoins d’apprentissage en français langue d’échanges commerciaux et industriels ou langue d’accès aux savoirs scientifiques et techniques commencèrent à se manifester vivement. D’où la nécessité d’organiser des cours de français commercial par l’Alliance française et d’autres programmes relatifs à l’enseignement du français scientifique au profit des étudiants étrangers. Vers la fin des années 1960, la notion de « français instrumental » est apparue en Amérique du Sud et a été reprise ensuite dans certains pays européens Elle redéfinit la langue non seulement par rapport à un type de savoir à exprimer mais en tenant compte également du contexte d’apprentissage (ce qu’il peut avoir de spécifique) et l’usage que le public d’apprentissage compte faire de la langue. Le français instrumental vise prioritairement le public étudiant ayant à développer une compétence de lecture de texte spécialisé. L’appellation y est employée dans un sens très particulier : » ce n’est pas la langue qui est instrumentale mais son enseignement »(G.Alvarez, 1974) L’idée principale de ce type de français consiste à considérer le français comme un « instrument » visant à faciliter la compréhension des documents spécialisés. Autrement dit, il s’agit d’un enseignement fonctionnel du français concernant un public bien défini (les doctorants et les universitaires) dans le but d’accéder au savoir scientifique. Il doit prendre en compte les données individuelles de chaque apprenant (la personnalité, ses connaissances préalables..) qui conditionnent la compréhension de ce type de textes.
Profil du public à besoins spécifiques en français scientifique :
Les non francophones concernés par le français langue de formation scientifique peuvent être, d’une part, des scientifiques attestés qui ont besoin de la langue pour communiquer les contenus scientifiques avec les francophones ou des étudiants, relevant de différentes disciplines scientifiques, qui viennent poursuivre leurs études en français mais qui ont déjà un niveau de connaissance plus ou moins approfondi de leur discipline. Il peut s’agir d’étudiants qui vivent dans des pays où la langue française est la langue d’enseignement et d’accès aux études supérieures. Cette diversité du public convoque des outils pédagogiques différents pour l’acquisition de cette langue en fonction des besoins de chaque public que nous détaillerons plus tard. Des formations en français permettant l’accès aux informations scientifiques, peuvent avoir lieu en France ou dans le pays d’origine pour ceux qui ont une langue maternelle autre que le français. C’est pourquoi, Eurin Balmet et Henao de Legge (1992) distinguent deux types de public en fonction de l’environnement: environnement francophone et environnement non francophone.
Le FOS, un sous -champ du FLE
La perspective de l’enseignement du FOS, à caractère intensif, modifie largement le rôle de l’enseignant qui devient un concepteur d’un matériel pédagogique nouveau et d’un programme de formation portant sur des contenus strictement déterminés par les objectifs visés. Il est appelé à rentrer dans un domaine qui lui est étranger ou peu connu, contrairement à l’enseignement du français général dans lequel les situations de communication et les discours lui sont familiers. Cependant, Chantal Parpette1 confirme que cette convergence dans la conception et le choix des contenus des programmes ne peut nier l’existence des fondements méthodologiques communs entre le FLE et le FOS. En effet, la démarche du FOS est déterminée par le même principe régissant depuis les années 70 l’enseignement du FLE, à savoir le fondement de l’approche communicative. En effet, toute la réflexion porte sur les situations de communication dans lesquelles les apprenants seront amenés à utiliser la langue. Dans l’enseignement du français général, l’intérêt est pour les différentes situations de vie quotidienne dans lesquelles peut se trouver tout apprenant non francophone, ainsi que les comportements langagiers des locuteurs francophones. L’enseignant du FLE peut travailler sur les situations de contacts administratifs, amicaux, commerciaux, recherche de logement, achats, loisirs, découverte de faits culturels, petits incidents etc. De même pour la démarche du FOS, ce principe se manifeste fortement dans l’étape de l’analyse des besoins. Chantal Parpette2, explique que le concepteur du programme, à côté de l’inventaire des différentes situations de communication possibles qu’il doit élaborer, se voit dans l’obligation, d’une part, de se déplacer inhabituellement vers le champ professionnel ou académique, et d’autre part, de déterminer d’une façon stricte les objectifs de la formations en fonction des besoins antérieurement déterminés.
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Table des matières
Introduction :
Définition du sujet –cadre général – définition des concepts – limites du sujet – problématique – questions de départ – le plan du mémoire.
Cadre théorique et choix méthodologiques
Chapitre 1: le français scientifique et le FOS
1- Les langues de spécialité : tentative de définition
1.1 Qu’est ce qu’un français scientifique et technique ?
1.2 – Distinction entre français scientifique et français technique
2 – La didactique du FOS
2.1. Perspectives historiques du FOS : émergence d’un enseignement spécifique
2.2. Le public dans la didactique FOS : profil d’apprenants
2.2.1. Profil du public à besoins spécifiques en français scientifique
2.3. Le FOS, un sous -champ du FLE
3.Les étapes de la démarche FOS
3.1. La commande (demande)
3.2 Analyse des besoins
3.2.1. La classification des besoins
3.2.2. Identification des besoins
3.2.3. Les systèmes d’analyse des besoins langagiers
3.2.3.1. Pourquoi l’analyse des besoins langagiers n’est pas suffisante ?
3.2.4. Les outils de l’analyse des besoins
3.2.5. les besoins d’un public scientifique étudiant
3.3. La collecte et le traitement des données
3.3.1 Analyse de discours
3.3.1.1. L’apport de l’analyse du discours à la didactique du FOS
3.4 Elaboration des activités des cours du FOS
Chapitre 2: La compréhension orale d’un discours scientifque pédagogique
1. La didactique entre langues de spécialité /discours scientifique
2.Le discours scientifique pédagogique
2.1. Le discours scientifique pédagogique : discours oralographique
3.Compréhension d’un discours scientifique pédagogique oral
3.1 La compréhension orale du français langue étrangère (FLE)
3.1.1. Le processus de la compréhension orale sous l’angle psycholinguistique
3.1. 2 L’apport de la pragmatique à la compréhension orale
3.1.3 L’apport de l’approche paysagiste de l’oral dans une langue étrangère
3.2 La compétence de compréhension orale : processus d’enseignement /apprentissage
3.2.1 La démarche didactique de la compréhension orale en FLE
3.2.1.1. Documents supports authentiques
4.Le fonctionnement discursif d’un discours scientifique pédagogique
4.1 La description de l’organisation discursive
4.1.1. Le métadiscours du locuteur
4.1.2. Discours des mathématiques : exemple d’un discours scientifique pédagogique
4.2 Les phénomènes discursifs et la compréhension orale d’un discours scientifique pédagogique
4.3 Quelques applications au développement d’une compétence de compréhension orale
5.la compréhension et la prise de notes
5.1. Pourquoi s’intéresser à la prise de notes ?
5.2. Les difficultés de la prise de notes à partir d’une source orale ?
5.3. Les méthodes de prise de notes
5.4. Le rôle de l’enseignant dans la prise de notes des étudiants
5.5. L’effet de la prise de notes sur le discours de l’enseignant
6.L’enseignant de FOS devant un discours scientifique pédagogique
La mise en oeuvre de la démarche FOS
Chapitre 3: analyse des besoins et collecte des données
1 – Le contexte
1.1 Le profil d’entrée des étudiants de première année tronc commun « sciences et techniques »
I.2 Le nouveau milieu d’enseignement /apprentissage : le cas des étudiants de Bejaia en Système LMD
1.3 Cursus et contenus d’enseignement en 1ère année ST
2.Analyse des besoins
2.1 Description générale de l’analyse des besoins
2.1.1 Premier outil d’analyse : les entretiens
2.1.1.1 Description générale des entretiens
2.1.2 Deuxième outil d’analyse : les questionnaires
2.1.2.1 Critères du choix de public échantillon
2.1.2.2 Description du questionnaire
2.1.2.3 Analyse et dépouillement des résultats
Constats
3.Le discours scientifique en situation didactique : description et caractéristiques
3.1 Situation de communication
3.2. Descriptions
3.2.1 Caractéristiques discursives
3.2.1.1 Fonction de communication
3.2.1.2 La fonction de structuration et d’étiquetage
3.2.1.3 Fonction de réflexion
3.3 Discours oralographique
3.4 Le cours scientifique : vocabulaire didactique/ vocabulaire spécialisé
3.4.1 Le métalangage : les articulateurs logiques
3.4.2 Vocabulaire spécialisé partagé
3.4.2.1 Langage mathématique
3.4.2.2 Lexique du raisonnement mathématique
3.4.2.2.1 Les verbes opérateurs dans le discours mathématique
Conclusions
Synthèse
Chapitre 4: élaboration des activités didactiques
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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