Le berbère/ tamazight
Le berbère appelé aussi tamazight, fait partie du groupe de langue Amazight est une des langues nationales en Afrique du Nord et plus particulièrement en Algérie. Le berbère est aussi plus vieux au Maghreb que l’arabe qui est la langue des premiers colonisateurs connus. Le mot berbère vient du mot barbare, barbarus en latin et bárbaros en grec ancien, ce qui signifie étranger . À l’origine, le mot barbaros n’avait aucune nuance péjorative et signifiait tout simplement une personne « non grecque ». Du point de vue historique, les Berbères ou les Amazighs sont des populations qui habitaient en Afrique du Nord. Ces populations, vivant dans des zones montagneuses, conservent leur langue malgré les différentes invasions qu’ils ont subies. Selon Queffélec et al (2002), la population berbère de l’Algérie se concentre essentiellement dans trois grandes régions montagneuses: Au nord de l’Algérie (Kabyle), au sud-est et enfin plus au sud (M’zab et le massif du Hoggar). Les Berbères se distinguent des populations arabes par leur langue ainsi que par leur culture et les conquêtes n’affecteront aucunement les traits culturels ni le type d’organisation sociale et économique […], [et ces berbérophones] ne se distinguent de la population arabophone que par l’utilisation vernaculaire du tamazight et par des pratiques culturelles spécifiques. (Queffélec et al, p. 31). La langue berbère appartient à l’une des branches de la grande famille chamito-sémitique appelée aussi afro-asiatique et compte à elle seule une trentaine de variétés. Contrairement au Mali et Niger où le berbère bénéficie du statut de langue nationale depuis les indépendances, ce n’est qu’en février 1995 que le berbère est reconnu comme langue nationale en Algérie après une pression du Mouvement culturel berbère (MCB). Ses militants exigent la reconnaissance institutionnelle du statut officiel et national de la langue berbère (…) [U]n boycott est engagé par le MCB en septembre 1994 et ne prend fin qu’en février 1995 avec reconnaissance par les autorités du statut de la langue berbère. (Queffélec et al, p. 31).
Les variétés de la langue française en Algérie
En Algérie, comme en Afrique et d’autres parties du monde, le français, langue des colons, rentre en contact avec les autres langues locales, ce qui a créé plusieurs variétés de français. La langue française en Algérie est une langue apprise à l’école en général et les Algériens ne parlent ou n’écrivent pas tous ce français de la même manière. La plupart des Algériens maitrisent plus ou moins cette langue de Molière. Il y a ceux qui maitrisent parfaitement la langue, il y a ceux qui ont un registre plutôt relâché ou moyen et il y a ceux qui ont une connaissance très limitée du français. Donc, en Algérie comme dans un bon nombre des pays francophones, on distingue trois catégories de locuteurs, en ce qui concerne l’usage la langue française. Il y a tout d’abord deux pôles opposés c’est-à-dire d’un côté, il y a les locuteurs, universitaires, écrivains, qui ont une maitrise parfaite de la langue française et qui parlent un français acrolectal, à l’autre pôle se trouve les locuteurs qui ont une connaissance très réduite de la langue française, un français basilectal. Entre ces deux pôles, il y a une troisième catégorie de locuteurs, ce sont les locuteurs du français mésolectal. Nous allons définir de plus près ces trois variétés dans les paragraphes suivants :
La variété basilectale : Dans ce groupe, il y a deux catégories de sujets parlants qui font usage de cette variété basilectale. Tout d’abord, nous avons un groupe de locuteurs qui n’ont pas été suffisamment scolarisés et ensuite nous avons les lettrés qui ont suivi leurs cursus scolaire en langue arabe. Commençons par la première catégorie de locuteur basilectal. La langue française reste une langue étrangère en Algérie, c’est une langue qui s’apprend généralement dans les écoles. Il existe toutefois, certains locuteurs qui parlent avec un français peu développé ou de type rudimentaire c’est-à-dire le français basilectal. Ces sujets parlants sont des adultes qui ont, pour une raison ou une autre, quitté les bancs de l’école très tôt, approximativement à un niveau de fin de cycle primaire. Ils sont peu ou non alphabétisés et ils ont appris la langue française en rentrant en contact avec des francophones, c’est le cas par exemple des employés subalternes du secteur tourisme, les facteurs etc. Ces locuteurs se distinguent par un vocabulaire très pauvre, les constructions de leur phrase sont souvent erronées et ils ont un accent plus arabe que français comme telfizyûn pour télévision ou tilifûn pour téléphone. Ceci nous est précisé par Queffélec et al: Ces adultes ont été obligés de quitter l’école primaire souvent sans le certificat d’études primaires élémentaires, n’ont pas étés touchés par l’arabisation et conservent ainsi un savoir résiduel qui leur permet de réaliser quelques interactions à l’aide de la langue française. Ils se particularisent par la maitrise d’un vocabulaire de type rudimentaire. Ce sont des travailleurs subalternes, petits fonctionnaires, agents de guichet, appariteurs d’administrations diverses (2002, p. 119). À l’opposé de la première catégorie comportant des locuteurs peu alphabétisés ou illettrés, la deuxième catégorie de locuteurs de français basilectal sont des lettrés arabisés. Peu après l’indépendance, le gouvernement algérien met en place une politique d’arabisation. Il replace promptement le français par l’arabe classique. Les établissements de l’école primaire, secondaire et plus tard l’enseignement universitaire sont arabisés. Queffélec et al décrivent que « [C]omme la création de sections d’études arabisées à partir de 1975 dans le cycle secondaire, l’arabisation est intégrale en 1980 dans l’enseignement supérieur » (2002, p. 119). Cette politique d’arabisation a favorisé le jaillissement d’un français basilectal unique à cause de l’arabisation, il devient très basique, celui des lettrés qui ont fait leurs cursus en langue arabe. Ces personnages ont un contact irrégulier et presque inopérant avec la langue française, ce que précise Queffélec et al (2002): « Les seconds correspondent à une population dont la scolarité s’est surtout faite en arabe et dont le contact avec la langue française n’a été ni régulier, ni efficace» (p. 119). Leur français se signale par un lexique de français rudimentaire, et de calques sur l’arabe. Ces personnes sont généralement des cadres des fonctionnaires publics, par exemple dans les « wilaya, poste, télécommunications, finances etc. » (Queffélec et al, 2002, p. 119)
La variété acrolectale : C’est la variété de français qualifiée d’élitaire, elle s’emploie dans une situation de communication formelle. C’est une variété recherchée, parlée essentiellement par des locuteurs qui sont le plus souvent formés dans les universités françaises ou dans des écoles non-publiques à régime français. Ils maitrisent parfaitement la langue française et ils gardent un contact très régulier avec elle, et ils exercent, par exemple, des fonctions où le français sert de langue de communication. Ce français acrolectal reste fidèle au bon usage d’un français de type académique. Selon Queffélec et al, idéologiquement ces locuteurs préfèrent faire usage de cette variété acrolectale plus que des deux autres variétés, basilectale et mésolectale, pour se démarquer et montrer leur réussite sociale ou académique : Le français acrolectal (…) est le fait de l’élite francophone du pays et constitue dans la hiérarchie sociolinguistique un indice de la réussite sociale et économique. Les pesanteurs idéologiques (…) ont cependant incité les utilisateurs de cette variété à lui préférer le français mésolectal pour la plupart des interactions sociales. (Queffélec et al, 2002, p. 121) Avoir la maitrise parfaite du français coûte cher financièrement, car il n’y a que dans les écoles privées payantes que le français est mieux enseigné, en comparant avec les écoles publiques gratuites. Cela fait que le nombre de locuteurs de cette variété acrolectale ne cesse de diminuer depuis l’indépendance algérienne, par conséquent la variété mésolectale prend place et gagne de plus en plus de terrain. Aujourd’hui, certains locuteurs substituent la variété acrolectale à la variété mésolectale car cette dernière est beaucoup plus adéquate pour la réalité sociale, puisque plus des locuteurs parlent cette dernière.
La variété mésolectale : La variété mésolectale est la variété intermédiaire, elle se situe entre le pôle basilectal et le pôle acrolectal. Cette variété est utilisée par des sujets ayant fait leurs études dans des établissements algériens et ayant eu une scolarité plus au moins longue ; un « parcours scolaire s’étendant jusqu’à la fin de cycle moyen et secondaire ». (Queffélec et al, 2002, p. 120). Ces locuteurs ont une bonne maitrise de la langue française mais pour donner une marque territoriale à leur français et pour s’approprier cette langue, ces locuteurs algériens enrichissent leurs français avec des emprunts aux idiomes locaux, avec des néologismes de toute catégorie. Queffélec et al (2002) explicitent ce refus d’utiliser le français standard comme suit : En net décalage par rapport à la norme exogène du français véhiculée par l’institution scolaire et universitaire, elle traduit l’attitude désinvolte du sujet parlant algérien à l’égard du français (p. 120). Un peu plus loin, Queffélec et al expliquent la dimension culturelle des choses : La proximité et le contact quasi-permanent avec l’arabe algérien et les autres variétés locales contribuent à lui donner une dimension algérienne qui tire sa substance des référents culturels et identitaires marquant la réalité quotidienne du sujet parlant » (p. 120) Cette variété endogène est principalement utilisée par la presse et les médias dans leurs différentes chroniques pour des lecteurs algériens, c’est aussi la variété des enseignants et des étudiants.
Néologisme
Le contact permanent de différentes variétés et l’adaptation aux réalités socioculturelles contribuent à la création d’un grand nombre de phénomènes linguistiques, entre autres le néologisme. Avant de donner quelques définitions du mot néologisme, il convient de donner une explication de l’étymologie du néologisme. Le mot néologisme est composé de deux lexèmes, neos et lagos. Ces deux lexèmes signifient respectivement récent/nouveau et discours rationnel (Adaci 2008, p. 33). Le dictionnaire linguistique définit le mot néologisme comme « une unité lexicale, nouveau signifiant ou nouveau rapport signifiant-signifié, fonctionnant dans un modèle de communication déterminé et qui n’était pas réalisée antérieurement». (Dubois et al, 1994) Tout nouveau mot ne doit pas être qualifié comme néologisme, mais par contre, pour qu’un mot puisse être qualifié de néologisme, il lui faut certaines conditions : Il faut que ce nouveau mot soit accepté, utilisé et compris par un grand nombre des locuteurs. Pour certains linguistes, un mot est considéré comme néologisme à partir du moment où le mot intègre le dictionnaire. En Algérie, le français est en confrontation directe avec les autres langues locales avec lesquelles il est en contact. Ce croisement fait que le français algérien s’écarte du français standard. Le néologisme algérien, entre autres, fait du français algérien une variété a part et différente du français dit standard.
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Table des matières
1. Introduction
1.1 But
1.2 Délimitation et plan de l’étude
2. Méthode et matériaux
2.1 Méthode
2.2 Matériaux
3. Etudes antérieures
3.1 Les langues présentes en Algérie et leurs statuts
3.1.1 Le berbère
3.1.2 L’arabe
3.1.3 Le français
3.1.4 L’anglais
3.1.5 L’espagnol
3.2 Les variétés de langue française en Algérie
3.2.1 Variété basilectale
3.2.2 Variété acrolectale
3.2.3 Variété mésolectale
3.3 L’alternance codique
3.3.1 L’alternance codique conventionnelle des bilingues
3.3.2 L’alternance codique conventionnelle des monolingues
4. Analyse : Les particularités du français algérien
4.1 Néologisme et emprunt
4.2 L’emprunt
4.2.1 Emprunts de nécessité
4.2.2 Emprunts facultatifs
4.2.3 Les causes des emprunts
4.2.4 Emprunts aux langues locales
4.3 Le néologisme
4.3.1 Néologie lexicale
4.3.2 Néologie formelle
4.3.3 Néologie sémantique
5. Discussion
6. Conclusion
7. Références
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