Le football, un défi pour l’enseignement scolaire 

Etat des lieux du football en France

A mon entrée en master 2, je me suis inscrite dans le séminaire « corps, éducation et santé » proposé au premier semestre, ce qui m’a permis de découvrir de nombreux ouvrages sur le thème de ma recherche. « La revue EPS n°370 » propose un dossier spécial sur le football en lien direct avec l’organisation de l’événement phare « La coupe d’Europe 2016 ». L’article d’introduction de cette revue affirme que « Incontournable, le football est un phénomène planétaire dont la médiatisation et les représentations sociales ne peuvent laisser indifférents ».
En effet, le football et l’engouement qu’il suscite touche les cinq continents de notre planète, ce divertissement à vocation universelle ou virtuelle rassemble de façon ponctuelle des milliards d’êtres humains favorisant un métissage de cultures, religions, langues et coutumes.
Ce phénomène qui n’était autrefois qu’un simple divertissement est devenu une pratique sportive de masse, une culture à part entière. Dans son ouvrage « le football dans nos sociétés », Yves Gastaut annonce que le professionnalisme du football s’est développé avec la création de la « Coupe du monde » en 1930 par la FIFA. Selon lui, l’instauration de championnats, de coupes et de rencontres éliminatoires entre équipes à incontestablement modifié le statut des joueurs et des supporters. Ainsi, les footballeurs professionnels sont vus comme des investissements dont la rentabilité et le profit du gain sont inéluctables.
Michel Aman et Emmanuel Audusse dans « football, un terrain pour l’éducation » affirment que le calendrier de jeu des joueurs est très chargé au détriment de la formation ce qui induit parfois un jeu négligé sur le terrain. Du coté des supporters, l’Euro 2016 fut un sujet d’intérêt général, « un moment de fête, de beau jeu et de bonnes attitudes de la part des équipes… et des publics ! » , cet événement a engendré un véritable sentiment d’appartenance national pour l’ensemble des français. Plus qu’un sport, une passion, chaque but compte, garantissant le suspens et l’intensité des matchs dans l’enceinte du stade ou lors de la diffusion des matchs sur le petit écran. Les auteurs ajoutent que « Le football est l’un des rares phénomènes au monde, peut-être le seul, à battre en brèche l’hégémonie américaine » . Objet d’une médiatisation de plus en plus poussée, le football génère une économie incroyable. Tel un buisness, des budgets colossaux apparaissent pour la sélection et la formation des joueurs établissant un retour sur investissement indéniable de la part des dirigeants. Les auteurs baptisent le football « d’usine à rêve », il fait rêver les enfants, les hommes et les femmes « Il est devenu le moyen le plus simple pour atteindre la gloire et faire fortune ».
Cependant, depuis quelques années, le football est victime de sa popularité, à tel point qu’argent et football sont devenus synonyme en laissant place à de nombreux scandales. Bernard Pascuito déclare que « La vérité, c’est que c’est un sport auquel on ne pardonne rien parce qu’il est l’activité humaine le plus scrutée ».
A ses débuts, l’univers du football ressemblait au monde du travail, les footballeurs étaient liés à un club comme à un patron par un contrat exclusif jusqu’à leur retraite. Désormais, à l’heure du XXI ème siècle, les footballeurs jouissent d’une plus grande liberté d’engagement nationale ou internationale caractérisée par des contrats à plus courte durée. Cette libre circulation au sein de l’union européenne est venue altérer les rouages du football avec l’avènement des agents sportifs ainsi que l’augmentation des salaires et les promotions versées pour le transfert des joueurs. Face à ce tournant, « L’argent s’accumule, pourrit souvent les uns et les autres : corruption, racket, chantage, détournements, tricheries, tout y passe » , l’image et les valeurs inculquées par le jeu ont laissé place aux rumeurs, injures, à la violence et l’arrogance sur le terrain et dans la vie privée des joueurs.

Le football, un défi pour l’enseignement scolaire

Une activité souvent utilisée mais rarement enseignée

Face à cet état des lieux, je me suis rendue compte de la complexité pour les élèves de se représenter le football en tant que pratique sportive et également de la difficulté pour l’enseignant à mettre en œuvre cette discipline en tant que démarche éducative. Le football est un loisir très largement pratiqué dans la cour de récréation, entre camarades, au sein d’une association, d’un club fédéré mais cela reste une pratique très peu enseignée dans le cadre scolaire. La raison principale réside essentiellement du fait de son fulgurant essor et de sa très forte médiatisation qui rendent sa pratique spécifique et donc difficile à enseigner. Le premier obstacle réside dans la gestion de l’hétérogénéité des élèves face à la pratique du football. JFGréhaigne affirme que « Certes dans une même classe, les écarts de niveaux footballistiques entre élèves sont fréquents, parfois très prononcés, souvent renforcés entre garçons et filles » ,en effet, nombreux sont les élèves à jouer au football à l’extérieur de l’école et à arriver avec des capacités et des connaissances parfois expertes en ce domaine. Cette réalité rend la conception des séances complexe à réaliser pour l’enseignant qui doit jongler avec les niveaux de jeu de chacun.
De plus, une autre difficulté en lien direct avec le sujet de ce mémoire vient s’imposer dans la construction de l’enseignement de cette discipline. Il s‘agit des représentations sociales et de la conception que les élèves se font du jeu, certains sont impatients, d’autres réfractaires, un prise immédiate de position qui impacte sur le pouvoir d’action de l’enseignant. Puis, malgré, l’essor du football féminin, la question de la mixité de la pratique reste problématique, considérée comme une activité masculine, la présence des filles sur le terrain dérange. Selon la théorie des rôles sociaux, les filles sont davantage invitées à développer des capacités relevant de l’expressionnisme et l’émotionnel. Comment l’enseignant peut-il construire cet apprentissage en tenant compte des représentations et des attentes de chacun ?

La richesse éducative et pédagogique du football

Le sport collectif se définit de la façon suivante : « C’est résoudre à plusieurs et en actions, par des attitudes d’aides et d’oppositions, des problèmes posés par le déplacement de mobiles. »
Le football demande aux élèves une technique particulière et plus importante que celle des autres sports collectifs. En effet, il ne s’agit pas d’un simple jeu de circulation, pour jouer au football, l’enfant doit coordonner les actions de ses membres inférieurs pour se déplacer et maintenir le ballon ce qui demande une double concentration. L’élève peut avoir différents statuts, en tant qu’attaquant, il doit progresser vers le but en conservant le ballon ou le passer à un partenaire. En tant que défenseur, l’élève doit essayer de reprendre le ballon et de gêner la progression de son adversaire. La tâche de conservation et de transmission de la balle est complexe notamment pour le joueur débutant qui utilise déjà toute sa concentration et son attention à la tenue du ballon, pour lui, un temps supplémentaire sera nécessaire pour la prise d’information. Philippe Roy dans le dossier EPS n°68 déclare que l’objectif de l’enseignant est « de favoriser l’acquisition d’une culture de sports collectifs la plus complète possible, tout en respectant les particularités du football. On peut distinguer trois axes de formation respectivement centrés sur le savoir-être ; le savoir et le savoir-faire » . Quelques soit le niveau de pratique, cette activité développe également des attitudes morales et civiques en veillant à ce que les élèves adoptent un jeu courtois et en respectant ses adversaires et ses partenaires. Le savoir regroupe l’ensemble des connaissances à acquérir pour se situer dans le jeu. L’élève doit apprendre à repérer, à sélectionner des informations visuelles, à agir et à réagir vite pour prendre des décisions et surtout connaître les règles de jeux. Le savoir-faire lui, renvoie aux acquisitions techniques, l’élève apprend à mettre en œuvre des capacités d’adresse (passer, recevoir, tirer), d’équilibre en changeant d’appuis, de direction mais également de vitesse et de coordination (dribbler, tirer…). Petit à petit, les élèves construisent la notion d’action collective, ils passent d’actions individuelles à des actions collectives avec un puis plusieurs partenaires. Ils acceptent de tenir plusieurs rôles, attaquant, défenseur, arbitre, observateur, maitre du temps… Les élèves évoluent dans leur jeu en respectant des règles et la sécurité des autres. Entre les visées éducatives prônées par l’école et les problématiques propres à la pratique du football, des incertitudes et des questionnements demeurent quant à la construction de son enseignement.

La construction du module d’enseignement en football

La place du football dans les programmes officiels

Afin de vérifier la cohérence de ma recherche avec les instructions officielles, j’ai dû me référer aux nouveaux programmes de cycle 2, cycle de consolidation. Le bulletin officiel n°11 du 26 novembre 2015 précise en ce qui concerne l’éducation physique et sportive pour le domaine conduire et maitriser un affrontement collectif ou interindividuel : « Tout au long du cycle, la pratique d’activités collectives doit amener les élèves à se reconnaitre comme attaquant ou défenseur, développer des stratégies, identifier et remplir des rôles et des statuts différents dans les jeux vécus et respecter les règles. »
Grâce à la pratique de jeux collectifs, l’enfant va pouvoir se construire par la relation à l’autre, développer ses capacités de perception, d’anticipation et de décision. Une bonne reconnaissance et utilisation des règles du jeu ainsi que le développement des qualités physiques et psychologiques permettront à l’élève de progresser dans son jeu. L’activité d’EPS permet également de construire des compétences transversales appartenant aux cinq domaines du socle commun de connaissances, compétences et cultures évaluées en fin de cycle 2 :

Concevoir et mettre en œuvre un module d’enseignement de football

Jean-Francis Gréhaigne, professeur d’université en STAPS cite que : « La programmation du football en EPS dévoile un certain nombre de paradoxes. Reconnu pour son universalité, son inscription dans les cursus scolaires invite à envisager un enseignement compréhensif plutôt que transmissif. »
Il s’agit d’un modèle pédagogique où les élèves sont acteurs de leur apprentissage et donne du sens à leurs actions. Les élèves apprennent à comprendre en se rapportant à leurs connaissances, leur vécu et en communiquant, avec d’autres camarades pour répondre et construire une compréhension collective. Il suggère que chaque séance d’apprentissage soit construite à partir d’une situation d’opposition ce qui permettrait de développer des compétences essentiellement motrices puis de proposer des ateliers de jeu hors opposition où serait travailler la technique, les gestes. L’auteur affirme que : « Permettre aux élèves de profiter des expériences menées et de construire des connaissances nouvelles suppose de laisser une place au tâtonnement, à la découverte guidée et de faire toute sa place à une conception inductive de la transmission des connaissances » . En effet, les élèves ont besoin d’une liberté de jeu pour apprendre car c’est en manipulant et en faisant que le savoir se construit. Cela demande du temps et l’instauration de cycles d’apprentissage assez rapprochés pour qu’ils puissent fixer les notions apprises et les réinvestir dans le futur. Pour l’enseignant, la mise en place de cette pédagogie leur permet d’apprécier les attitudes, les capacités et les connaissances que ses élèves ont du jeu. Ce modèle inductif est un bon point de départ pour mon sujet de recherche, il incite à comprendre les représentations et les perceptions des élèves lors des situations de jeu. L’intérêt de cette approche réside dans la possibilité pour l‘enseignant de modifier la configuration de jeu des élèves en utilisant les relations déjà existantes entre eux afin de transformer leurs représentations.
Venant d’entrer dans le métier, l’organisation de ce cycle d’apprentissage m’est apparue assez complexe, j’ai alors décidé de m’appuyer sur le dossier EPS n°68 « Enseigner le football en EPS » de Philippe Roy ainsi que sur un document de proposition d’enseignement en sport collectif réalisé par mon directeur de mémoire Mr Thépaut.

Méthodologie de recueil de données

Présentation et justification de la méthode de recueil de données

Afin de recueillir des données relatives à ma recherche et de pouvoir les interpréter dans les meilleures conditions possibles, je me suis renseignée sur les diverses méthodes possibles et envisageables utilisées pour recueillir les représentations sociales des élèves.
Dans son ouvrage, Pratiques sociales et représentations , JC Abric évoque dans le chapitre 3 spécifique au recueil de données diverses méthodologies et procédures tels que l’observation, le questionnaire auprès des élèves et l’entretien auprès d’enseignant et en explique l’intérêt et les limites. J’ai alors décidé de vous présenter chacun des procédés et de justifier mon choix de travailler ou non à partir de ces méthodes.
Tout d’abord, la première méthode de recueil de données que propose JC Abric est l’observation des élèves. Cette procédure permet de recueillir de précieuses informations sur le comportement verbal et non verbal des élèves lors des phases de jeu. Le principal avantage de ce procédé est l’enregistrement et la retranscription des séances qui permettent à l’enquêteur d’analyser finement le comportement des joueurs. L’observation est une méthode efficace pour une recherche dont le sujet porterait sur la collaboration entre pairs à travers un sport collectif.
Il serait possible d’apprécier sur le terrain, le nombre de passes faites aux joueurs, d’analyser si les élèves coopèrent et discutent entre eux sur les différents rôles. Toutefois, ma priorité dans ce mémoire était de faire émerger les représentations sociales des élèves relatives au football soit avant la pratique, j’ai alors décidé de mettre de côté cette méthode et me m’intéresser davantage au recueil par questionnaire. Le questionnaire doit être conçu avec rigueur, ne pas être trop long afin d’éviter la lassitude des élèves et d’engendrer des réponses au hasard, être anonyme et constituer de questions claires et précises. JC Abric affirme que le questionnaire permet de « repérer l’organisation des réponses, de mettre en évidence des facteurs explicatifs… d’opérer une sélection » mais qui « suppose un choix, une sélection opérée par le chercheur lui-même concernant le thème abordé » qui inévitablement « limite l’expression des individus ». En effet, le questionnaire est un excellent outil de quantification même si les questions fermées fournissent peu de liberté à l’interviewé à cause des réponses prédéfinies.
L’ajout de questions ouvertes peut également accentuer la spontanéité des personnes interrogées mais l’exploitation de ce type de recueils de données trop directif, ne me semblait pas approprié à l’émergence des représentations initiales des élèves.
N’ayant pas trouvé de recueil de données assez pertinent, je me suis questionnée sur ce que je voulais recueillir auprès de mes élèves et de quelle manière est-ce que je pouvais y arriver. J’ai alors eu l’idée de m’inspirer de ma propre pratique de classe pour concevoir un outil de recueil de données adapté à mes besoins.

Analyse et interprétation des données

Analyse et interprétation de la photo n°1 : coopération entre pairs, mixité de l’équipe

Lecture des représentations

En consultant, les productions des élèves, j’ai pu constater que certaines expressions étaient plus présentent soit chez les filles ou les garçons. J’ai alors décidé d’analyser la première photo du roman en catégorisant filles et garçons.
Pour rappel, cette première photo présente une situation où une fille demande à un garçon de venir joueur avec elle au football. Chez les filles, cette situation est très ancrée dans les mœurs et reste très familière. En effet, elles affirment demander souvent à leur « ami », « copain » comme elles le désignent, de jouer avec elles. Les expressions « ami » et « copain » soulignent un lien affectif important, fondé sur des croyances profondes où ici les élèves partagent réciproquement les mêmes valeurs, état d’esprit et voir même leur différence. Ces deux termes sont accompagnés du déterminant « mon » affirmant la possessivité et la complicité instaurée entre les élèves. Une élève sur douze mentionne que « les filles jouent avec les garçons dans les clubs », cette représentation sociale peut être inspirée par la récente féminisation de la pratique du football dans les clubs fédérés. Enfin, une seule élève affirme ne jamais avoir demandé à un camarade de jouer au football avec elle au football.
Chez les garçons, le recueil de donnés fournit des informations assez divergentes de celles de filles. En effet, deux élèves ne prennent pas position et décrivent simplement l’image : « la fille demande au garçon de joueur avec lui » et à l’opposer d’autres insistent sur la notion amicale du jeu avec un fort attachement affectif en employant le mot « j’aime » : « j’aime jouer avec mon amie ». J’imagine que leur représentation sociale est influencée par leur vécu et leur pratique de jeu en général, ces enfants doivent avoir l’habitude de jouer ensemble lors des récréations ou se mettre dans la même équipe lors d’activités sportives. Toutefois, quatre élèves associent à cette photo, les expressions suivantes : jouer avec « papa », « mon copain »,« Mathys », « frère » exprimant une pratique du football largement masculinisée. Enfin, deuxélèves évoquent les mots « finale » et « victoire » à la vue de cette photo, le rapport à lacompétition est relativement plus explicite chez les garçons que chez les filles.

Interprétation

De façon générale, on peut constater qu’aucun élève de la classe n’a omit d’objection ou de contestation quant au jeu collectif. Toutefois, on peut remarquer que la mixité du jeu est largement favorisée par les filles, qui n’attribuent pas forcément le football à une pratique masculine. Parallèlement, les garçons ont une représentation solidement ancrée dans l’inconscient collectif où le football est une activité physique sportive davantage pratiquée par des personnes de sexe masculin. En autre, on remarque que les représentations sociales des garçons soulignent qu’ils sont davantage fermés à l’intégration de filles dans l’équipe, faitcertainement dû à leur pratique actuelle du jeu.

Analyse et interprétation de la photo n°2 : opposition, jeu collectif, compétition

Lecture des représentations

Les productions des élèves de la classe garçons comme filles, révèlent une représentation très positive de la pratique du football. Leurs remarques « je joue au football avec mes copains et mes copines » démontrent qu’ils prennent plaisir à jouer collectivement lors de cette activité. Dans le discours des élèves la notion de « match » est très présente, on la retrouve dans 17 productions sur 22, certains élèves insistent sur le fait que « j’aime marquer des buts ».
Effectivement, au football, le match est perçu comme une compétition où l’affrontement des deux équipes permettra de qualifier le vainqueur. Les élèves évoquent qu’ils doivent occuper l’espace mais que parfois, ils sont « encerclés par des joueurs », et qu’ils manquent de technique et de tactique « je n’ai jamais appris à shooter dans un but » pour remporter le match.

Analyse et interprétation de la photo n°4 : Opposition un contre un, une fille drible un garçon

Lecture des représentations

Dans toutes les représentations que j’ai pu lire, je remarque que le football n’est pas systématiquement perçu comme une pratique mixte. Beaucoup de stéréotypes interviennent notamment lors de la pratique du football pendant les temps de récréation, les élèves évoquent que ce sont les garçons qui jouent au foot et sont le plus performants. Malgré ces stéréotypes, la moitié des élèves de la classe avoue avoir joué avec une fille et s’être déjà fait « prendre le ballon par une fille ». Communément, les garçons prétendent péniblement avoir été mis en difficulté par une fille, un élève affirme que c’est « impossible » de se faire dribbler pas une fille. Leurs exemples sont issus de situations concrètes et vécues : « je n’aime pas quand ma sœur me prend le ballon », « un jour ma cousine m’a pris la balle », « une fois, une fille m’a pris la balle, j’étais fâché », « mon frère n’a pas aimé que je lui prenne le ballon ». Autant d’expressions, qui démontrent que ces expériences de jeu ont été vécues au sein du cocon familial entre flatterie notamment.

Interprétations

Le football est certainement l’un des sports où le stéréotype de genre est le plus ancré. C’est un milieu majoritairement masculin qui laisse peu de place aux filles. Pourtant, les nouvelles générations brisent les codes permettant l’émancipation du football féminin. A l’école, la mixité est largement favorisée notamment lors des activités sportives. Ici, l’intérêt est de partir des représentations des élèves pour promouvoir la mixité des équipes et permettre l’égalité des chances dans le jeu et les phases intermédiaires au jeu.

Analyse et interprétation de la photo n°5 : Affrontement dualiste, fille / garçon

Lecture des représentations

La photo n°5 illustre une situation jouée qui propose un rapport d’opposition fille/garçon. En prenant en compte l’expression écrite des filles, j’ai pu constater que celles-ci avouaient « ne pas se laisser faire », « pousser leur copain », « se battre » pour avoir le ballon et marquer des buts. Du coté des garçons, certains évoquent qu’ils ne se sont jamais fait pousser par une fille bien qu’une fois une fille leur ai pris le ballon. A la vue de cette situation un élève évoque « j’aime quand je gagne des matchs » et un autre je cite : « je ne suis pas nul au foot » lorsquela fille le pousse pour prendre son ballon.

Interprétation

Une interprétation claire peut être effectuée à partir de ces représentations sociales : une fille n’est pas moins compétitive qu’un garçon. En effet, d’après les remarques des élèves, on peut reconnaitre que les filles et les garçons ont des attentes et des actions différentes lors de la pratique de sports collectifs. En générale, même si les filles aiment gagner, elles vont spontanément favoriser la coopération, l’échange et l’entraide. Les garçons, eux, sont beaucoup plus individualistes dans les phases de jeu et préfèrent la jouer « perso » pour gagner. Etre dribblé par une fille apparait difficilement concevable pour un garçon qui se sent tout de suite impuissant voir dévalorisé par cette opposition.

Analyse et interprétation de la photo n°6 : Affrontement dualiste, garçon/garçon

Lecture des représentations

La dernière photo représente deux élèves de sexe masculin se disputant le ballon pour marquer des buts. La photographie illustrant deux garçons, les filles ne se sont pas reconnues, de ce fait, huit filles sur douze n’ont formulées aucune représentation. Les quatre autres filles restantes, elles, ont traduit cette situation comme étant une dispute pour savoir lequel des deux enfants allaient marquer le premier. Puis, du côté des garçons, tous affirment s’être déjà fait prendre le ballon par un camarade ou son papa. Pour être plus précis, ils expliquent qu’ils n’aiment pas qu’on les pousse ou leur prenne le ballon, même si « c’est le jeu », cette situation les mets « très en colère ». Le lexique de la « dispute » apparait dans huit productions sur dix, les garçons affirment qu’ils se disputent pour « marquer des buts le premier ».

Interprétation

Les commentaires évoqués lors de ce recueil de données ne démontrent pas que les élèves aient une image négative ou des préjugés sur la réputation du football. En effet, les comportements évoqués par les élèves « se pousser » et « se disputer » attestent davantage d’une réelle envie de gagner le match et non de l’utilisation de gestes violents avérés. En toute franchise, c’est la compétition du jeu qui est à l’origine du développement de ces comportements. Effectivement, dans le monde du football, la compétition s’est peu à peu développée pour répondre à l’engouement des supporters et a fini par s’imposer comme une réalité de pratique. Ces pratiques collectives privilégient l’affrontement dualiste des équipes, ce qui a amené la codification du jeu et la précision de son règlement favorisant activement les stratégies et lacompétition du jeu.

La mise en œuvre du module d’enseignement

En tant que professeur des écoles stagiaire, j’ai décidé de prendre en compte les représentations initiales des élèves et de partir de ce constat pour bâtir ma séquence d’apprentissage. Le cycle d’apprentissage en football s’est déroulé de 3 janvier au 28 février soit 8 séances d’apprentissage au total. L’objectif général de l’activité de football est de permettre aux élèves d’utiliser toutes les actions motrices fondamentales qu’ils possèdent : marcher, courir, passer, esquiver … mais dans un contexte collectif. Par exemple, pour apprendre à réaliser des passes en déplacement, les élèves vont devoir faire progresser la balle vers la cible adverse. En d’autres termes, les élèves vont donc devoir développer une stratégie de jeu pour aller plus vite que leurs adversaires et organiser leur défense. Ils sont donc amenés à coopérer avec les autres et à s’opposer à eux dans des situations qui nécessitent la mise en œuvre de stratégies collectives. En effet, je souhaitais avant tout permettre à mes élèves de vivre une véritable expérience coopérative afin qu’ils puissent faire alliance et modifier leurs représentations sur le jeu souvent associées à la compétition. Utiliser les ressources de chacun des membres de l’équipe, sans exclusion, pour franchir des obstacles et gagner ou perdre, mais tous ensembles. L’ensemble de ces éléments, m’ont conduit à proposer un travail et une progression dans le cycle autour de l’amélioration du jeu d’équipe. C’est une occasion d’apprentissage à la citoyenneté, d’acquisition de valeurs de « faire ensemble » et de coopération pour l’ensemble des élèves.
N’ayant jamais conçu de cycle d’apprentissage en football, je me suis inspirée de la proposition d’enseignement que m’avait fourni Mr Thépaut, mon directeur de mémoire (annexe2). En premier lieu, je me questionnée sur la forme de groupement qui me semblait la plus appropriée pour favoriser l’appartenance des élèves à un groupe. En effet, la notion d’équipe est un concept peu évident à intégrer chez les élèves et demande du temps. J’ai choisi de développer l’appartenance à un groupe par la constitution d’équipes équilibrées entre elles, hétérogènes dans leur constitution et stables dans le temps. Ayant 24 élèves, j’ai décidé de composer des équipes à effectif réduit soit 4 joueurs. J’ai souhaité à ce que les équipes soient homogènes entre elles, c’est-à-dire avec un rapport de force équilibré permettant des rencontres assez riches. En effet, le degré d’incertitude de la situation de jeu permet de faciliter la motivation des élèves, à chaque match, il est possible de gagner ou de perdre. Pour aboutir à la constitution d’équipes fixent durant tout le cycle d’apprentissage, j’ai observé les matchs et effectué des changements de joueurs.
Chacune des actions entreprises ont été discutées, explicitées à l’ensemble de la classe développant ainsi une forte implication de la part des élèves. La première séance de ce cycle a débuté par une situation de référence à partir du jeu « la balle au capitaine ». Le terrain de jeu est divisé en deux demi terrain, sur chacun, deux équipes se rencontrent et la troisième arbitre.
Pendant un temps de jeu de 5 minutes, les élèves doivent se déplacer en gardant la balle au pied et passer le ballon à son capitaine placé derrière la ligne de fond du terrain adverse. L’équipe qui a réussi le plus de passes à son capitaine a gagné.
Les premières séances du cycle permettent aux élèves de se familiariser avec l’organisation des rencontres et le déroulement du jeu mais aussi avec les différents rôles sociaux engendrés.
Pendant le temps d’actions motrices, les élèves vont mobiliser de nombreuses ressources : perceptives, attentionnelles, décisionnelles, émotionnelles, énergétiques, motrices… dans un temps imparti qui va les obliger à anticiper les déplacements et les actions. A la fin d’un match, chaque équipe complète une feuille de match, le rapport entre possessions, pertes de balle et les tirs tentés ou réussis va permettre aux élèves d’identifier leur niveau de performance.

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Table des matières
I) Présentation de la thématique et du sujet
II) Définition du cadre théorique
2.1 Définition du concept de représentation sociale
2.2 Etats des lieux du football en France
III) Le football, un défi pour l’enseignement scolaire 
3.1. Une activité souvent utilisée mais rarement enseignée
3.2. La richesse éducative et pédagogique du football
IV) La construction d’un module d’enseignement en football 
4.1. La place du football dans les programmes officiels
4.2. Concevoir et mettre en œuvre un module d’enseignement en football
V) Méthodologie de recueil de données 
5.1. Représentation et justification de la méthode de recueil de données
5.2. Construction et passation du recueil de données
VI) Analyse et interprétation du recueil de données
VII) Mise en œuvre d’un cycle d’enseignement en football
7.1. Construction de la séquence d’apprentissage
7.2. La mise en œuvre du module d’enseignement
VIII) Evaluation de la séquence : effets sur les représentations des élèves
8.1. Effets et discussion sur les représentations sociales des élèves
IX) Conclusion 
Bibliographie
Annexes

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