Le fondement de l’ideal du beau a travers la theorie platonicienne de l’amour dans « le banquet »

La quasi-totalité des œuvres de PLATON sont écrites sous forme de dialogues destinés à l’éducation du grand public. Son enseignement est dispensé oralement, où les dialogues sont généralement menés par SOCRATE qui incarne, pour PLATON, le philosophe. Ce dernier est un homme libre, animé du désir de savoir, vouant un véritable amour à la vérité et aux vertus.

Tout au long de ces dialogues, des idées philosophiques sont avancées, discutées et critiquées dans le cadre d’une conversation sur la base de la maïeutique socratique, associée à l’ironie dont la quête obéit à l’injonction du « connais-toi toi même ». Un souci anime ainsi SOCRATE dans sa quête de la vérité : étendre, «aux autres domaines, la connaissance distincte de ce qui est parfait de chaque objet et [qui] est beau corps plus évident » [Théétète : 206b2]. La connaissance la plus achevée résulterait ainsi de l’adjonction au jugement vrai accompagné de sa justification. Ainsi, naît la dialectique platonicienne, méthode consistant à élever l’âme vers la sphère des Idées intelligibles, reléguées au-delà du monde des réalités sensibles.

PLATON étend sa théorie au – delà du champ des mathématiques. En particulier, elle joue un rôle important en éthique. La théorie des Idées a pour but d’expliquer comment le même terme universel peut se rapporter à tant de choses et d’événements particuliers. Le terme de Beauté, par exemple, peut se définir à une infinité des formes particulières, parce que ces formes ont quelque chose en commun, à savoir leur ressemblance ou leur participation à « la Beauté » comme Idée. Un objet est beau, aux yeux de PLATON, dans la mesure où il participe à l’Idée ou à la Forme de la beauté.

LES CARACTERISTIQUES DE L’AMOUR

De la conception vulgaire à l’amour de la vertu

Le statut de l’amour semble nous présenter un double aspect : d’un coté, l’amour traduit la précarité des relations sexuelles ou de l’amitié entre les individus ; de l’autre, l’amour de la vertu, qui s’oppose au premier, est la plus pérenne. Voilà pourquoi SOCRATE estime que l’amour, pris sous cet aspect, mérite les louanges des dieux puisqu’il est céleste comme l’affirme PLATON dans le texte suivant du Banquet. Ce philosophe de l’amour le caractérise par sa double signification. C’est pourquoi, dans un passage du Banquet, il confirme la distinction radicale qui situe sa théorie de l’amour « servant » :

« Nous savons tous, en effet, qu’Aphrodite et l’amour sont inséparables. Si elle était une, l’amour serait un ; puisqu’elle est double l’amour sera double aussi. Personne ne niera, en effet, qu’il y a deux Aphrodites : l’une, l’ainée, je crois, fille du ciel mais sans mère, que nous dénommons céleste, l’autre, la cadette, fille de Zeus et de Dionée, notre Aphrodite vulgaire. D’où s’en suit nécessairement une distinction entre leurs deux servants : l’amour vulgaire et l’amour céleste. Et je veux bien qu’il faille louer tous les deux ; mais sachons au moins ce qui leur revient à chacun ».

Dans ce paragraphe, l’amour tel que PLATON l’expose, est double. L’amour céleste n’est pas engendré puisqu’il est « sans mère ». Cela lui confère encore une valeur spirituelle. Et, aux yeux de PLATON, cet amour céleste (ouranien) nous semble être le plus noble puisqu’il mérite toute célébration par sa constance et sa pérennité. Voilà pourquoi SOCRATE l’estime en lui attribuant la valeur de vertu. De ce fait, cet amour est philosophique grâce à l’élan de l’âme vers la divinité, l’immuable. Par contre, l’amour vulgaire ne dure pas : il unit deux individus mortels par un lien précaire. Il s’agit d’un amour qui incite à tirer du profit chez autrui. C’est la source des erreurs, de tromperie et des maux. De ce fait, l’amour vulgaire n’est pas reconnu par le gouvernement de la raison, car il se mesure par la beauté sensible qui n’a pas de base stable. On remarque aussi que, dans une perspective logique, l’amour céleste se traduit par le passage de l’ignorance au savoir, ce dernier prescrivant à l’homme d’adapter la bonne conduite due à la connaissance de soi. Par lui-même, il est lié à la sagesse et considéré par Socrate comme la vertu primordiale. Soulignons que, dans ce cas, la relation amoureuse se pose en termes d’échange où se trouvent transmises les valeurs susceptibles de contribuer à l’acquisition d’une bonne conduite par l’éducation.

«L’un est en mesure de contribuer à l’acquisition de la sagesse et de la vertu en général ; l’autre éprouve le besoin d’acquérir l’éducation et la sagesse en général».

Contrairement à l’amour céleste, l’amour vulgaire repose sur notre préoccupation à l’égard du sensible au détriment de toute aspiration de l’âme à l’intelligible : il en est ainsi des relations sexuelles et de l’amitié non durable, et caractéristiques des relations qui unissent les jeunes. Voilà pourquoi leur conduite, le plus souvent puérile, se traduit par la tromperie puisqu’ils se contentent des objets sans valeur. La réalisation de leur action s’effectue sans tenir compte des résultats durables.

« Nulle action en soi n’est belle ni laide, ainsi, de tout ce que nous sommes en train de faire, boire, chanter ou converser, il n’est rien qui soit beau en soi : car la valeur d’une action dépend de la manière dont elle est accomplie ».

Il semble que nos activités quotidiennes reposent sur des principes qui ont permis leur réalisation. Mais elles ne sauraient être qualifiées de belles que si elles sont éclairées par la pensée, c’est-à-dire accompagnées de l’opinion droite. C’est seulement en ce sens que l’amour consolide, chez PLATON, la Beauté qui lui assigne sa valeur éthique. Ce que SOCRATE désigne par « l’amour bien réglé ».

SOCRATE : l’amour bien réglé 

Dans la théorie platonicienne de l’amour, l’auteur du Banquet semble nous présenter un statut particulier. De l’avis de SOCRATE, personnage central du dialogue, l’aspect sensible de l’amour est assimilé à l’Eros, caractérisé par son intrépidité et son humeur changeante. Dans cette même perspective, un passage du Banquet éclaire tout ceci :

« Vous avez pu constater par vous-même la passion de Socrate pour les beaux garçons : toujours à leur tourner autour, il semble leur être fort sensible, avec ça, si l’on en croit les apparences, monsieur ignore tout, monsieur ne sait rien ! Cela n’est-il pas très sélénique ? Et comment !

Ce sont les dehors dont il s’enveloppe à l’instar des silènes sculptés ; mais quand il s’ouvre, messieurs les convives, vous n’avez pas l’idée de la sagesse qui déborde de lui ! Sachez-le : pas plus qu’il se soucie de la beauté d’un homme, pour laquelle son mépris est à peine croyable, il ne s’inquiète de sa richesse ou d’aucun de ces honneurs dont rêve le vulgaire, considérant que tous ces biens n’ont aucune valeur et que nous même ne sommes rien : tenez-vous-le pour dit ! Il passe son temps à faire le naïf et le gamin avec les gens ; mais quand il s’ouvre et devient grave, je ne sais si personne a jamais vu les statuettes cachées dedans ; moi je les ai vues, un jour, et elles m’ont semblé si précieuses, si divines, si parfaitement belles et si merveilleuses que, du coup, j’en ai perdu le pouvoir de m’opposer dès lors un seul instant à aucune de ses volontés ! » .

Ce texte semble nous présenter un aperçu quasi global de l’amour vulgaire, opposé à l’amour céleste. Tout d’abord, SOCRATE le conçoit comme une image trompeuse, c’est-à-dire un masque qui cache la vérité, sa nature d’enchanteur divin. Son attachement aux jeunes et son comportement devant eux, reflètent une apparence trompeuse aux yeux des Athéniens. Il s’agit ici d’une assimilation de SOCRATE aux « silènes » dont le dehors masque la vérité intérieure.

De ce fait, « Eros » désigne l’éternel vagabond, en quête de la vraie beauté. SOCRATE à son tour, fait naître, dans l’âme des jeunes, l’aspiration à la beauté et au savoir. Cette personnalisation de l’amoureux évoqué par SOCRATE semble cacher la vérité de sa sagesse. C’est dans cette même perspective qu’il se déclare ne jamais connaître que les caractéristiques de l’amour: « Moi qui prétends ne rien connaître d’autre que les choses de l’amour.» .

Ceci semblerait manifester son attachement aux jeunes athéniens dont il cherche à accoucher l’esprit : il se déclare même être amoureux de tous « les beaux jeunes gens ». L’exemple le plus frappant est celui du Charmide, où SOCRATE avoue que tous les jeunes gens lui semblent beaux. Mais en les regardant dans les yeux, il s’étonne et finit par s’interroger, quand tout le monde vint se ranger autour de lui, qu’il perçoit la lumière du beau à l’intérieur de leurs manteaux. Enflammé de joie, son enthousiasme lui fait perdre sa maîtrise de soi. C’est ainsi que le passage suivant du Charmide reste significatif à cet égard :

« A ce moment, mon cher, je me sentis mal à l’aise et ne gardai plus rien de la belle assurance avec laquelle je m’étais promis de soutenir l’entretien. Puis, Critias lui disant que j’étais le possesseur du remède, quand il tourna vers moi un regard que je ne saurais dire et qu’il fit un mouvement comme pour m’interroger, quand tous les assistants vinrent se ranger en cercle autour de nous, alors, ô mon noble ami, j’aperçus dans l’ouverture de son manteau une beauté qui m’enflamma, je perdis la tête, et je songeai que Cydias était un grand maître en amour, lorsqu’il donnait cet avis à un ami à propos d’un bel enfant. » .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: DE LA MYSTIQUE DE L’AMOUR A SA CONCEPTUALISATION
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES DE L’AMOUR
I.1.1. De la conception vulgaire à l’amour de la vertu
I.1.2. SOCRATE : l’amour bien réglé
I.1.3. L’amour fondé sur la vertu
CHAPITRE II : L’AMOUR COMME ENTHOUSIASME DIVIN
I.2.1. De sa forme primitive à la recherche de sa moitié
I.2.2. Du fondement philosophico-spirituel de l’amour
I.2.3. L’amour démon dans l’âme amoureuse du divin
CHAPITRE III : LA MYSTIQUE DE L’AMOUR
I.3.1. Erôs et sensation érotique
I.3.2. L’amour spirituel, principe de la connaissance vraie
I.3.3. De l’herméneutique à une esthétique de l’amour
DEUSIEME PARTIE : L’AMOUR EN PROIE A LA BEAUTE EN SOI
CHAPITRE .I : L’AMOUR ET LA BEAUTE SOURCE DE L’AIMABLE
II.1.1. De la philia à l’idéal du Beau chez PLATON
II.1.2. L’âme vraie à la recherche du beau
II.1.3. Le Beau comme expression du vrai et du Bien
CHAPITRE II: DE L’AMOUR DU BEAU CORPS A L’AMOUR DES BELLES AMES
II.2.1. L’Amour du beau corps : une union avec le sensible
II-2-2. L’âme amoureuse comme principe du savoir
II.2.3. L’amour des belles âmes
CHAPITRE III : L’AMOUR DES BELLES ACTIONS
II.3.1. L’amour comme émulation liée aux belles actions
II.3.2. Le connaître détermine l’agir
II.3.3. L’amour – philosophe, comme expression d’une médiation logique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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