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Les principes de la morale sociale
Le dรฉsordre รฉtabli a une morale sociale pour origine. Cette morale sociale est caractรฉrisรฉe par une morale capitaliste qui se dรฉfinit comme une morale qui prรดne essentiellement les systรจmes socio-รฉconomiques basรฉs sur la propriรฉtรฉ privรฉe des moyens de production ainsi que dโรฉchange. Cette morale a causรฉ le dรฉsordre du fait quโelle se fonde authentiquement sur les trois principes comme suit. Dโabord, le primat de la production.
On appelle production lโacte de produire ou lโacte de crรฉer des biens de consommation ou des richesses รฉconomiques. Elle est donc englobรฉe dans le domaine รฉconomique.
Mais, quand Mounier parle du primat de la production, il faut retenir avec attention cette affirmation: ยซ Ce nโest pas lโรฉconomie qui y (dans le primat de production) est au service de lโhomme,cโest lโhomme qui y est au service de lโรฉconomie ยป19
Cette affirmation qui se prรฉsente sous lโaspect de chiasme nous montre que dans la sociรฉtรฉ capitaliste, il nโy a pas non plus de rรจglement de la consommation sur une morale des besoins de vie humaine. Mais ce quโelle rรจgle, cโest que lโรฉthique des besoins de la vie sur une production sans mesure. Tout cela signifie quโelle subordonne lโรชtre humain ร lโรฉconomie. Par la suite, lโhomme nโy est quโun moyen, un objet manipulable alors que lโรฉconomie est posรฉe comme une valeur, une fin. Ainsi ยซ Il nโy a plus de choses dรจs lors, pour lui, il nโy a que des marchandises, plus de besoins, mais seulement un marchรฉ, plus de valeurs aimรฉes, mais seulement des prix ยป20 Cela veut dire quโau lieu de valoriser son existence, lโรชtre humain la dรฉvalorise. Car lโessentiel, pour lui, ร cause du rรจgne de la production, nโest que lโรฉlรฉvation de lโรฉconomie par lโentreprise des marchandises.
Puis, le primat de lโargent. On sโaperรงoit que la sociรฉtรฉ ou la morale capitaliste accorde une suprรฉmatie ร lโargent. Cette suprรฉmatie se voit dans tous les domaines, notamment dans les domaines de travail et de lโรฉconomie. Dans ces deux domaines, cโest lโargent qui est au sommet. Cโest lui qui est ยซ La clรฉ des postes de commande ยป21.
Il se prรฉsente comme un but, but vers lequel sโorientent ร la fois le travail et lโรฉconomie. Cette suprรฉmatie se dรฉploie par le jeusur le capital, par le rรจgne de la spรฉculation. Ce jeu et ce rรจgne sโexpliquent clairement par la puissance de lโargent. En dโautres termes, cโest lโargent qui est ร la base du mal. Cโest lui aussi qui est ร la racine de toutes les calamitรฉs. Il est source de toute dรฉgradation. Il est source dโempoisonnement des cลurs humains puisque c โest au cลur de lโhomme quโil ne cesse dโinstaller le vieux rรชve divin de l a bรชte. Il est aussi source dโexpulsion car selon Mounier.
ยซ Il expulse lโhomme de lui-mรชme et y installe lโรฉgoรฏsme. Il expulse la communautรฉ des rapports humains [..] ยป22
Ainsi donc, le rรจgne de lโargent ne fait quโinstaller le grand dรฉsordre dans le monde, et a fortiori dans la vie humaine. Voilร ce qui concerne le primat de lโargent, mais analysons enfin le dernier primat, le primat du profit.
Quand on parle du profit dans le rรฉgime capitaliste, il sโagit de lโart dโutiliser le capital dans le cadre รฉconomique. Il sโagit รฉgalement de lโeffet efficace du jeu propre de lโargent. Voilร pourquoi jamais il ne concerne la rรฉmunรฉration des services rendus. Par contre, il se prรฉsente comme un gain acquis sans service rรฉel, sans travail. A noter, ensuite, que la sociรฉtรฉ capitaliste donne la valeur au profit dans la mesure oรน de ce profit dรฉpend nรฉcessairement le dรฉveloppement de lโรฉconomie.
Pour autant, cette valorisation du profit provoque des troubles aussi bien au sein de la sociรฉtรฉ quโau sein de la vie parce que outes les valeurs humaines telles que lโamour du travail et de la matiรจre, le sens du service sont rejetรฉes par elle. Cโest ainsi quโapparaรฎt le dรฉsordre excessif. Cependant, celui-ci a dโautre source. Cette source nโest rien dโautre que les rรฉgimes politiques existant durant la civilisation moderne.
Les rรฉgimes politiques
Il faut dรฉclarer que le dรฉsordre รฉtabli, tel que Mounier le conรงoit, trouve aussi sa source dans les rรฉgimes politiques, notamment le capitalisme, le fascisme et le marxisme. Pour commencer cette analyse, essayons dโรฉlucider le capitalisme et sa relation avec le dรฉsordre รฉtabli.
Parler du capitalisme, en premier temps, cโest se souvenir de la parole de Guissard Lucien, un des commentateurs de Mounier qui a dit : ยซ Le capitalisme nโa pas instituรฉ un ordre ยป23
Cela signifie que le capitalisme est un des moteurs du dรฉsordre parce quโil se dรฉfinit comme un rรฉgime politique dans lequel le pouvoir est aux mains des dรฉtenteurs des capitaux. Autrement dit, ce sont les propriรฉtaires bourgeois qui y assurent, de leur grรฉ, le gouvernement de lโEtat. Au lieu dโรชtre des hommes dโaccueil, ces dirigeants sont des hommes bourgeois, des hommes รฉgoรฏstes, des hommes injustes, des hommes cupides. Parce quโils prรฉconisent de faรงon sensuelle lโinstinct de domination sur les biens matรฉriels. Parce quโils nโont dโautre objectif que dโรฉlargir le champ de leur avoir et non pas de leur รชtre. En ce sens, le capitalisme a pris le visage dโun rรฉgime corrompu, dโun rรฉgime politique dans lequel rรจgnent lโรฉgoรฏsme comme le mobile du dรฉsordre, et le tyran de lโargent.
En second temps, il faut prรฉciser que dans le rรฉgime capitaliste, lโEtat accepte et prรดne ce quโon appelle libรฉralisme au profit des dirigeants de lโEtat. Ce libรฉralisme se conรงoit comme une doctrine qui tient compte des libertรฉs politico-religieuses du peuple, de la libertรฉ de lโentreprise privรฉe, et valorise le libre-รฉchange des marchandises tout en estimant la non-intervention de lโEtat dans la vie รฉconomique du pays. Parce quโil accepte la libertรฉ de lโentreprise privรฉe, lโEtat ne dรฉnonce pas la libertรฉ de la concurrence. Pourtant, ici, sa dรฉcision parasite les milieux sociaux รฉtant donnรฉ que la loi de la concurrence due ร la libertรฉ de lโentreprise privรฉe entraรฎne la faiblesse des entreprises, dโun cรดtรฉ et la pauvretรฉ, de lโautre. Cโest ce qui pousse Mounier ร dire : ยซ Il (Le capitalisme) a dissout la personne patronale dans la sociรฉtรฉ anonyme irresponsable soumise au pouvoir anonyme de lโargent. Il a opprimรฉ toute lโentreprise sous cette dictature ; expropriant les salariรฉs, il les dรฉsintรฉressent de leur tรขche, et esl livrait soit ร la haine, soit au dรฉsir dรฉsespรฉrรฉ de se hisser ร leurplace. ยป24
Par lร , il est assez indรฉniable que la loi de la concurrence provoque, au fond, la division de la sociรฉtรฉ. Cette division sociale reflรจte lโhiรฉrarchie des classes puisque cโest les plus puissants qui dominent la sociรฉtรฉ. Ils dรฉpossรจdent entiรจrement et oppriment les plus faibles. Ce qui veut dire que la sociรฉtรฉ devient oppressive et agressive. Elle a perdu le sens de la vรฉritable communion. Vue cette dรฉcadence de la sociรฉtรฉ, on peut constater que ce sont lโoppression, le mรฉpris total de la personne ou le dรฉtournement du spirituel qui sont au cลur du capitalisme.
Cโest ainsi quโil reprรฉsente complรจtement le rรฉgimetyrannique, le symbole du dรฉsordre qui est bien perรงu dans le fascisme. Mais en quoi consiste-t-il vraiment ? Le fascisme consiste en le rรฉgime de dictature dont lโobjectif nโest rien dโautre que la glorification de la nation. Ensuite, quand on parle du fascisme, il ne faut oublier de parler, dโune part, de Mussolini puisque cโest lui qui instaura ce rรฉgime en Italie en 1922 et, dโautre part, Hitler puisquโen gouvernant lโAllemagne , Hitler, lui aussi, ร son temps, pratiquait un rรฉgime fasciste, un rรฉgime dictatorial. A cet รฉgard, on comprend alors que le rรฉgime fasciste est un rรฉgime qui se caractรฉrise par la dictature. Plus prรฉcisรฉment, cโest un rรฉgime dans lequel un homme ou un groupe dรฉtient effectivement la totalitรฉ du pouvoir, et lโexerce sans aucun contrรดle, et souvent de maniรจre brutale et tyrannique. De ce fait, affirmer ce rรฉgime, cโest valoriser รฉvidemment la puissance.
De plus, il accorde au collectif national une prรฉpotence ainsi quโร la Nation ou ร lโEtat la valeur primordiale et particuliรจre. En dโautres termes, le rรฉgime fasciste tend ร exalter extrรชmement lโEtat. Celui-c i y est considรฉrรฉ comme la vรฉritable rรฉalitรฉ de lโhomme particulier. Ce qui signifie que lโindividu, en tant que tel, ne peut pas vivre en dehors de lโEtat. Sa vรฉritable existence sโenracine profondรฉment dans lโEtat puisque Mussolini a proclamรฉ : ยซ Tout est dans lโEtat et rien dโhumain nโexiste et a fortiori nโa de valeur hors de lโEtat. ยป25
Dans cette perspective, cโest lโEtat qui garantit les besoins fondamentaux de lโhomme, parmi lesquels on peut citer ร la fois le besoin matรฉriel et le besoin spirituel. Ensuite, il est la fin de lโindividu. Ce qui veut dire que dans le rรฉgime fasciste, lโEtat est prรฉsentรฉ comme Dieu qui se fait. Par consรฉquent, il est bon de retenir cette double remarque : premiรจrement, le rรฉgime fasciste met en relief un vรฉritable panthรฉisme religieux. Deuxiรจmement, il peut รชtre considรฉrรฉ comme un rรฉgime antipersonnaliste dans le sens oรน lโon y voit un pseudo-humanisme, une conception nรฉgative de lโhomme. Cette conception nรฉgative de lโhomme se manifeste ร travers cette expression de Mounier : Cette conception nรฉgative de la personne humaine surgit รฉgalement dans le marxisme. Certes, le marxisme est, du point de vue historique, le fils rebelle du systรจme capitaliste ร cause de sa lutte contre le dรฉsordre dans les institutions et dans les choses, รฉtabli par le capitalisme. Pour autant, il faut รฉvoquer que ce marxisme valorise la matiรจre, et prรฉconise lโappropriation par la nation des grands moyens de production afin dโaboutir ร une sociรฉtรฉ sans classes. Ce qui veut dire que la doctrine marxiste ne nรฉglige pas lโรฉconomie pour atteindre la sociรฉtรฉ future. En ce sens, avec le rรฉalisme marxiste, lโhomme nโest quโun objet pour amรฉliorer la vie รฉconomique. Ensuite, elle embrasse un optimisme de lโhomme collectif. Plus prรฉcisรฉment, elle prรดne le collectivisme au plan social. Or ce collectivisme empoisonne et risque de tuer lโinitiative personnelle, et de crรฉer un conformisme. En dโautres termes, le marxisme mรฉconnaรฎt le spirituel, cโest-ร -dire la personne qui est la forme derniรจre de lโexistence spirituelle, qui a lโautonomie et la capacitรฉ de crรฉer et dโaimer. Il ne fait nulle place ร la rรฉalitรฉ de la vie personnelle. Il refuse lโexistence des valeurs transcendantes ร lโindividu. Il affirme, ainsi un rรฉalisme tronquรฉ qui sโoppose au rรฉalisme spirituel. Dโoรน le dรฉsordre.
Il nous reste ร expliquer la participation des chrรฉtiens du temps moderne ร ce dรฉsordre.
La participation des chrรฉtiens au dรฉsordre
Dans la civilisation moderne corrompue, les chrรฉtiens, eux aussi, participaient au dรฉsordre รฉtabli puisque lโesprit bourgeois, qui sโaffolait, arrivait aussi bien ร influencer quโร pรฉnรฉtrer la vie chrรฉtienne. Cette possibilitรฉ de pรฉnรฉtration peut sโexpliquer par le fait que la bourgeoisie ne cessait pas de diffuser autant que possible dans le peuple leurs aspirations. Puis, elle sโintรฉressait au dรฉveloppement de lโรฉconomie, et donc de lโavoir. Elle se contentait dโexalter lโargent tout en dรฉmoralisant la masse.
Ce qui est dangereux, cโest quโelle faisait sa chose de la religion chrรฉtienne. De ce fait, la vie chrรฉtienne, de son temps tombait en dรฉcadence. Cette dรฉcadence trouve ร proprement parler sa justification dans le fait que les chrรฉtiens sโacheminaient avant tout vers la quรชte incessante des intรฉrรชts personnels et de la jouissance. Ils mettaient en valeur le charnel. Pour ce faire, ils tentaient de considรฉrer la religion, notamment la religion catholique comme un moyen. Voilร pourquoi Mounier, dans Lโaffrontement chrรฉtien, ose dรฉclarer : ยซ Ils voudraient faire de lโEglise catholique et apostolique une arriรจre boutique,[โฆ] ยป27
Dans cette perspective, il y a donc une mauvaise conception de lโEglise. Celle-ci ne se prรฉsente plus, aux yeux des chrรฉtiens, comme un lieu sacrรฉ, un lieu de rencontre avec Dieu, mais simplement comme un lieu par son intรฉrรชt. Par consรฉquent, il nโest pas du tout รฉtonnant si les chrรฉtiens camouflaient leur attitude รฉgoรฏste derriรจre leur religion, derriรจre la chrรฉtientรฉ.
Puis, la dรฉcadence de la vie chrรฉtienne se manifeste aussi par le fait que les chrรฉtiens suivent et vivent le pharisaรฏsme. Autrement dit, leur maniรจre de vivre est quasiment semblable ร celle des pharisiens, qui sont des membres dโune secte religieuse juive, reprochรฉs ร tout rompre par Jรฉsus ร cause de leur formalisme ainsi que de leur observance scrupuleuse de la loi. Leur maniรจre de vivre est semblable ร celle des pharisiens parce quโils se revรชtent de lโorgueil et de lโhypocrisie, parce quโils aiment lโhonneur, et parce quโils ne vivent pas intรฉrieurement la foi. Ce qui veut dire que le comportement des chrรฉtiens assombrit la chrรฉtientรฉ. Puis, la religion chrรฉtienne a รฉtรฉ dรฉvalorisรฉe. En dโautres termes, cโest avec eux que sโรฉtablit aussi le dรฉsordre.
Face ร ce dรฉsordre รฉtabli apportรฉ par la civilisation du XX รจ siรจcle, Mounier ne sโest pas montrรฉ indiffรฉrent. Il a osรฉ dรฉnoncerce dรฉsordre. Puis, il a osรฉ faire un dรฉfi. Ce dรฉfi sโappuie essentiellement sur lโexpression cรฉlรจbre ยซ refaire la renaissance ยป. Cette expression affirme une ambiti on chaleureuse qui implique inรฉvitablement une rรฉvolution et qui a pour but de relever autant que possible la dignitรฉ de la personne humaine contaminรฉe et de construire la citรฉ de demain, valorisant la personne humaine. Ce sont ce relรจvement de la dignitรฉ de la personne et cette construction de la citer de demain qui est le fondement de la philosophie de Mounier.
LE FONDEMENT DE LA PHILOSOPHIE MOUNIERISTE
Mounier et la rรฉvolution
Signification de la rรฉvolution mouniรฉriste
A plusieurs reprises, quand on parle de la rรฉvolution, on pense habituellement ร lโidรฉe de changement brusque. Assurรฉment cette rรฉvolution se voit dans tous les domaines. A titre dโexemples : dans le domaine de la culture ; dโoรน la rรฉvolution culturelle qui consiste ร bouleverser les valeurs principales dโune sociรฉtรฉ. Et dans le domaine politique : dโoรน la rรฉvolution politique qui peut รชtre dรฉfinie comme un changement radical et violent dans la structure dโun Etat, parfois dโorigine populaire.
A remarquer, dโailleurs, que Mounier, lui aussi, a retenu cette idรฉe de changement brusque lorsquโil en a dรฉterminรฉ le senspuisquโil a bien mentionnรฉ : ยซ Un changement radical, sโest toujours appelรฉ une rรฉvolution ยป28
A cet รฉgard, on voit que, pour Mounier, rรฉvolution et transformation complรจte sont dรฉsormais deux concepts intimement insรฉparables. Puis, cette idรฉe de transformation complรจte nous permet de bien comprendre lโidรฉe du bouleversement, du renversement, de crise puรฉrile dans la rรฉalitรฉ de la rรฉvolution, car selon ses propres termes : ยซ [โฆ] la rรฉvolution cโest un tumulte bien plus prof ond ยป29
En ce sens, le mot rรฉvolution, aux yeux de notre auteur, ne prรฉsente ni un mot noble ni un mot rassurant. Mais il est un mot inquiรฉtant. En allant plus loin encore, la rรฉvolution mouniรฉriste est aussi une sorte de dรฉmarche instaurรฉe servant ร contester lโinjustice, le dรฉsordre รฉtabli dans le monde moderne. Cela signifie quโelle nโest rien dโautre quโune tentative voulant รฉtablir le vรฉritable ordre. De plus, cโest une tentative qui vise entiรจrement la rรฉvision scrupuleuse des valeurs, la rรฉorganisation sรฉrieuse des structures et le renouvellement des รฉlites. Bref, elle indique, sans hรฉsitation, une dรฉmarche qui met lโaccent sur la nรฉcessitรฉ de la construction dโune nouvelle citรฉ. Enfin, elle se prรฉsente aussi comme une action, mais action de lโesprit en ce sens que cโest ce dernier qui est le souverain de la vie. Soulignons ainsi que cette dรฉfinition de la rรฉvolution comme รฉtant une action, dรฉpasse et reproche la conception vulgaire sur la rรฉvolution axรฉe sur lโลuvre de la force, de la violente. Ensuite, elle met en exergue lโoriginalitรฉ de Mounier qui veut une rรฉvolution non violente, efficace et digne de lโhomme en tant que tel.
Voilร en ce qui concerne la prรฉcision du sens de la rรฉvolution mouniรฉriste. Mais la question est pour le moment de savoir quels sont deux grands types de la rรฉvolution mouniรฉriste.
Les deux grands types de la rรฉvolution mouniรฉriste
De prime abord, il faut insister sur le fait que selon Mounier, cette rรฉvolution se divise en deux grands types. Ainsi, il y a la rรฉvolution de type personnaliste et de type communautaire.
En matiรจre de la rรฉvolution personnaliste, il sโagit bien dโune rรฉvolution organisรฉe ayant pour objectif de lutter pour la personne mรฉprisรฉe dans la civilisation vรฉcue par Mounier. Autrement dit, elle tรขche de chercher et en mรชme temps de restaurer sa vรฉritable signification. Elle tรขche รฉgalement de fonder un rรฉgime humain et social pour la personne elle-mรชme. Tout cela nous montre que cette rรฉvolution personnaliste lutte contre le rรจgne de lโindividualisme qui considรจre le ยซ moi ยป comme une rรฉalitรฉ isolรฉe, qui saisit la personne comme une abstraction, un รชtre sans attaches, sans entourage. Ensuite, elle stigmatise le capitalisme car celui-ci exalte lโargent et pousse ร tout prix lโanarchie jusquโร la pire tyrannie dans la sociรฉtรฉ. Il en rรฉsulte que lโhomme a รฉtรฉ dรฉpouillรฉ. On nโa quโun type dโhomme victime, misรฉrable.
Par contre, la rรฉvolution communautaire, รฉtant une rรฉvolution voulue, a pour fonction de fonder une communautรฉ des personnes, une communautรฉ qui respecte leur dignitรฉ, leur diversitรฉ dans lโunitรฉ,et une communautรฉ vivifiรฉe par lโamour et basรฉe sur la vรฉritable communion. De ce fait, il est clair quโelle dรฉnonce et arrache le communisme qui est une doctrine sociale qui valorise la collectivisation des moyens de production, la distribution des biens de consommation suivant les besoins de chacun et la suppression des classes sociales. Mounier le mรฉprise car le communisme saisit lโhomme comme celui qui vit uniquement dans sa relation avec lโรฉconomie. Et il nรฉglige la diversitรฉ reconnue entre les hommes.
Tels sont les deux grands types de la rรฉvolution. Il est temps dโรฉlucider les conditions nรฉcessaires proposรฉes par Mounier pour atteindre cette double rรฉvolution.
Les conditions nรฉcessaires de la rรฉvolution mouniรฉriste
Il nโest pas douteux quโune rรฉvolution, selon la rรฉalitรฉ, implique tant de conditions. Ces conditions peuvent รชtre tantรดt simples, tantรดt complexes. Elles peuvent รชtre aussi efficaces. Il est ร rappeler que ces conditions efficaces peuvent รชtre appelรฉs ยซ conditions nรฉcessaires ยป ou ยซ condit ions sine qua non ยป. Ces conditions nรฉcessaires sont exigรฉes par les rรฉvolutions mouniรฉristes. Parmi ces conditions nรฉcessaires, on peut citer avant tout lโesprit et ses rรดles, ensuite lโeffort personnel. Dโoรน lโappellation ยซ rรฉvolution spiritue lle et personnelle ยป.
Affirmons, en premier temps, que les rรฉvolutions mouniรฉristes, ร savoir la rรฉvolution personnaliste et la rรฉvolution communautaire, ne peuvent sโincarner ni rรฉaliser sans lโesprit. Cela veut dire quโelles ne peuvent pas exister par soi. Par contre, elles appellent lโesprit. Elles en dรฉpendent totalement jusquโร leur rรฉalisation. Pour illustrer cela, il nous faut recourir ร la dรฉclaration de Mounier : ยซ Ce nโest pas la force qui fait les rรฉvolutions, cโest la lumiรจre ยป30
Par consรฉquent, avec Mounier, si lโon vise la rรฉvolution personnaliste et communautaire, il faudra mรฉpriser, voire rejeter la force physique car avec la force physique, lโhomme a tendance ร faire violence ร autrui. De plus, la violence, dont il est question, se prรฉsente, aux yeux de Mounier, comme une chose impure en ce sens quโelle paralyse lโรชtre humain, et que, dan s lโidรฉe de la violence, il y a toujours lโidรฉe dโagressivitรฉ.
En effet, Mounier choisit et pose lโesprit comme รฉtant une des conditions certaine de ses rรฉvolutions. Parce que, selon ses propres termes, ยซ Le monde est en panne, lโesprit peut seul remettre la machine, il se trahit sโil sโen dรฉsintรฉresse ยป 31
Cela signifie que lโesprit est principe de la rรฉvolution. Il est le dรฉmarreur puisquโil nโest pas lโesprit bavard de dรฉmagogues. Il nโest pas un rรฉflexe biologique de justification. Il nโest pas non plus une hypothรจse de structure. Mais, il est vie. Il est, ensuite, une rรฉalitรฉ ร laquelle nous adhรฉrons et qui nous transcende et nous pรฉnรจtre.
En sachant quโil est sagesse et juste milieu, et quโil a pour fonction de prรฉvoir, de dรฉpasser les diffรฉrents obstacles existant dans la vie, et de poser des buts adรฉquats ร la rรฉalitรฉ humaine, lโesprit est fondement de tout ordre. Il a la capacitรฉ de rรฉsoudre les diffรฉrents problรจmes de hommelโ. Il est apte ร les rรฉsoudre par prioritรฉ. Par la suite, il nous aide ร nous tirer de lโabรฎme du dรฉsordre et de lโinjustice ainsi quโau-delร de nous โmรชmes. Cโest pour cela quโil peut รชtre considรฉrรฉ comme une rรฉalitรฉ engagรฉe. Plus profondรฉment, il spรฉcifie et situe lโรชtre humain non seulement par rapport ร la matiรจre et aux hommes mais aussi par rapport ร la sociรฉtรฉ. On sโaperรงoit, ici, que le rรดle de lโesprit devient vaste. Son rรดle ne se borne pas ร la production des concepts et ร leur enchaรฎnement. Mais il sโรฉtend jusquโร comprendre et ร apprรฉhender le rรฉel. Cela veut dire clairement quโavec Mounier, la fonction de lโesprit parvient ร รฉchapper ร lโidรฉalisme pour rejoindre le rรฉalisme. Cette fonction pertinente de lโesprit apportรฉe par notre auteur qualifie la rรฉvolution spirituelle. Toutefois, celle-ci appelle des intellectuels qui sont disponibles ร faire une rรฉvolution personnelle.
Pour Mounier, la rรฉvolution personnelle ne signifie pas une rรฉvolution intรฉrieure. Elle exprime plutรดt lโeffort personnel rรฉsultant de la volontรฉ et du choix personnel. Cet effort personnel est un des รฉlรฉments qui garantit lโaccomplissement des rรฉvolutions. Il entraรฎne lesrรฉvolutions dans la mesure oรน il commence par la prise de conscience personnelle de la violence et du dรฉsordre dans la sociรฉtรฉ. Cette prise de conscience personnelle de la situation vรฉcue tient une place importante dans la thรฉorie de la rรฉvolution mouniรฉriste car elle est le point de dรฉpart. Cโest la raison pour laquelle Guissard dit : ยซ La rรฉvolution commence par une prise de position devant lโinjustice, devant les vices de lโorganisation sociale devant le grand corps libรฉral qui dรฉjร reprend sa pesanteur de cadavre [โฆ] ยป32
En dรฉpit de tout cela, il faut prรฉciser que cette prise de conscience personnelle, รฉtant le fruit de la technique spirituelle, nโest pas abstraite. On ne peut pas lโenvisager comme un laisser-aller. En revanche, elle est une lutte contre le sommeil de la vie. Plus prรฉcisรฉment, elle est une dรฉmarche personnelle pour accรฉder ร lโexistence authentique, ร la vรฉritable rรฉvolution.
A cette prise de conscience personnelle, il faut ajouter la conversion intime, ou la conversion personnelle qui devra รชtre normale ment perรงue aussi bien ร travers lโagir quโร travers lโattitude subjective. Cette conversion subjective veut que la personne doive รชtre dynamique, quโelle ose comba ttre contre les mythes. Cโest-ร -dire quโelle doit lutter contre le mensonge parce que : ยซ Plus grave est le mensonge qui sโinsรจre, point toujours consciemment, ร lโintรฉrieur des partis, et qui fait la vie publique contradictoires aux actes publiques ยป33
Dans cette perspective, il est รฉvident que le mensonge nuit lโรชtre humain car il est ร la racine de toute contradiction, de toute opposition. Par lร , lโรชtre humain doit รชtre conviรฉ ร sโengager librement dans la recherche incessante et amoureuse de la vรฉritรฉ. Ce qui est essentiel, cโest que la vรฉritรฉ, ร quoi se donne la personne, la libรจre complรจtement. Elle est source de la tranquillitรฉ
En allant plus loin encore, aprรจs avoir senti la situation dangereuse causรฉe par lโargent, il est nรฉcessaire de dรฉcider car la dรฉcision est affirmation de la personne parce que Mounier a dรฉjร dit :
ยซ [โฆ] Elle est la personne rรฉpondant ยซ prรฉsent ยป ร un appel du monde et sโengageant ร la vie et ร la mort dans la rรฉponse quโelle lui donne ยป. 34
De cette affirmation dรฉcoule lโidรฉe selon laquelle de par la dรฉcision, la personne ose faire face ร la rรฉalitรฉ, ร la situation vรฉcue. Par la dรฉcision, elle doit agir et en mรชme temps rรฉagir. Son agir doit se diri ger vers la dรฉnonciation du monde de lโargent, du rรฉgime capitaliste qui est source de la lutte des classes.
Malgrรฉ cette conversion personnelle, il faut affirmer, en second temps, que la rรฉvolution mouniรฉriste exige รฉgalement la rรฉorganisation de la vie รฉconomique. Dโoรน lโappellation ยซ rรฉvolution รฉconomiqueยป. Cette rรฉvolution รฉconomique sโexplique par le fait que lโรฉconomie doit รชtre au service de lโhomme. Elle doit favoriser la vie personnelle et la vie publique. Il est ร exiger quโelle ait pour fonction dโassurer la satisfaction des besoins matรฉriels de lโhomme. Cela veut dire quโelle doit รชtre subordonnรฉe ร ce quโon appelle รฉthique des besoins de crรฉation. Mais, afin quโil ait vraiment un dรฉveloppement humain, il est bon dโรฉtablir cette double rรจgle : dโune part, les besoins de consommation doivent รชtre ร la fois subordonnรฉs et limitรฉs par un idรฉal de simplicitรฉ de vie. Et dโautre part, les besoins de crรฉation doivent รชtre limitรฉs par les exigences de la morale et en mรชme temps, les possibilitรฉs crรฉatrices de la personne.
Puis, il faut aussi le primat du travail sur le capital. Autrement dit, on sโefforce de valoriser le travail. Cโest le travail qui est source e lโargent et de rรฉmunรฉration. Ainsi, il sera illรฉgitime et injuste si lโargent et la rรฉmunรฉration sont acquis par le biais de lโusure. Il faut รฉgalement โexaltation du service social par rapport au profit. Cette exaltation consiste ร refuser lโobtention du profit, du gain sans service social.
Enfin, il est urgent aussi de rรฉorganiser la vie politique puisque, depuis longtemps, le rรฉgime รฉtabli comme le capitalisme, se prรฉsente comme rรฉgime oppressif, corrupteur. Il est hostile ร la rรฉalitรฉ de la personne car la personne humaine est faite par lโEtat et non pas lโEtat pour la personne. En effet, la personne humaine a รฉtรฉ opprimรฉe. Cette oppression de la personne est causรฉe par lโabus du pouvoir effectuรฉ par les gouvernants. Il est alors urgent dโinstaurer un rรฉgime nouveau qui mรฉconnaรฎtra la tyrannie et anarchielโ. Il est urgent de lโinstaurer par la crรฉation des communautรฉs organiques dans lesquelles se trouve le lien vif entre la vie privรฉe et la vie publique. Pour terminer, ce rรฉgime nouveau devra accorder, dans sa structure, le primat de la personne. A noter ici que la rรฉflexion sur ce primat de la personne constitue fondamentalement ce quโon appelle ยซ personnalisme ยป.
Mounier et le personnalisme
Le sens du personnalisme
Premiรจrement, quand Mounier a dรฉfini le ยซ personnalisme ยป, il a vraiment mis lโaccent sur la philosophie. Pour lui, le personnalisme nโest rien dโautre quโune philosophie. En cela, voilร ce quโil รฉcrit : ยซ Le personnalisme est une philosophie, il nโest pas seulement une attitude. Il est une philosophie [โฆ]ยป35.
Cela veut dire que le personnalisme consiste en une tentative effectuรฉe par Mounier pour assigner ร lโhomme sa place dans le monde. Il est vraiment une philosophie car il souligne et valorise des structures au cลur desquelles il accorde spรฉcialement une place au principe dโimprรฉvisibilitรฉ, disloquant et dรฉtroquant complรจtement le dรฉsir de systรฉmatisation. Il est vraiment une philosophie car il est une rรฉflexion philosophique qui sโintรฉresse et affirme avant tout et plus particuliรจrement lโunivers de la personne humaine. En dโautres termes, il exalte la rรฉalitรฉ existentielle humaine puisque son axe est dirigรฉ vers lโexistence personnelle. Par lร , il ne peut pas seulement รชtre qualifiรฉ dโattitude. Autrement dit, il ne sโavรจre pas seulement comme une conduite, comme une maniรจre de penser et de rรฉgir. Ensuite, il ne peut pas รชtre conรงu comme un systรจme car Mounier a dรฉjร mentionnรฉ dans Le personnalisme : ยซ Le personnalisme nโest pas un systรจme ยป. 36
Mais quโest-ce quโun systรจme ? Un systรจme peut รชtre dรฉfini comme ensemble dโidรฉes qui soutiennent mutuellement et sโenchaรฎnent logiquement afin de constituer une doctrine. Ce terme nous rappelle le grand philosophe Hegel et l’hรฉgรฉlianisme. Car Hegel, dans sa philosophie, รฉleva le systรจme, valorisant la spรฉculation. Selon Mounier, le personnalisme ne peut pas รชtre considรฉrรฉ comme un systรจme parce que celui-ci prรดne ร la fois la gรฉnรฉralitรฉ et lโabstraction. Or cette abstraction ne tient pas compte de l’existence. Elle la laisse de cรดtรฉ. Elle ne peut ni la penser ni l’รฉclaircir ni la dรฉmontrer. En ce sens, le systรจme demeure un tout clos. Il embrasse une rรฉdaction de la vรฉritable rรฉalitรฉ, et donc de la rรฉalitรฉ existentielle de la personne. Voila pourquoi Lacroix affirme : ยซย Ainsi le systรจme risque toujours de masquer la complexitรฉ du rรฉel sous la simplicitรฉ des principes, de cristalliser al pensรฉe sous des cadres rigides qui laisseront รฉchapper la plus grande part de la rรฉalitรฉ en la dรฉformant, [โฆ]ย ยป. 37
En un mot, le personnalisme mouniรฉriste semble s’opposer ร la doctrine hรฉgรฉlienne. Deuxiรจmement, il peut รชtre aussi dรฉfini comme une perspective dans la mesure oรน il englobe un effort incessant qui ne nรฉglige jamais l’importance de l’expรฉrience vรฉcue. C’est pour cela qu’on y voit ce qu’on appelle rรฉalisme spirituel.
Puis il sโefforce dโunir lโappel ร la plรฉnitude personnelle et celui de l’humanitรฉ. C’est cette union qui nous permet de comprendre qu’il s’avรจre comme une conceptualisation qui tente d’absolutiser la personne. En ce sens, un optimisme tragique vivifiant dรฉcoule du personnalisme car celui-ci cherche la rรฉalisation de la personne dans la lutte. Puis, il s’oppose radicalement ร l’idรฉalisme abstrait.
Mais pour bien accueillir ces diffรฉrents efforts dรฉjร prรฉcisรฉs, il faut que le personnalisme se prรฉsente comme une mรฉthode. En tan que mรฉthode, il se soucie de dรฉnoncer et de rรฉcuser la mรฉthode dรฉductive des dogmatiques d’une part et l’empirisme brut des rรฉalistes d’autre part.
En revanche, il a pour rรดle de lier l’รชtre humain ร une ligne prรฉcieuse des valeurs et des prรฉsences historiques. Plus clairement, il l’aide ร tendre vers le plus รชtre et ร faire de lโhistoire.
Sans doute la rรฉalisation de ce double mouvement nโest pas du tout facile du fait qu’il implique quelque chose. Ce quelque chose n’est rien d’autre que l’ensemble de l’agir humain, de l’action de l’intelligence et les apports des รฉvรฉnements dont Mounier a fait notre maรฎtre ร pensรฉe, car ces รฉvรฉnements peuvent รชtre considรฉrรฉs comme source des suggestions.
A vrai dire, ce sont cet agir humain et cette action de l’esprit dans le spatio-temporel qui sont le rayonnement de l’engagement. Il est ร noter que c’est cet engagement que nรฉcessite le personnalisme. D’oรน l’affirmation mouniรฉriste : ยซ [โฆ.], Le personnalisme est exigence d’engagement total et conditionnel ยป38
Cette perspective souligne l’idรฉe selon laquelle le personnalisme met en relief l’engagement total parce que la validitรฉ de la luciditรฉ dรฉpend rรฉellement de sa rรฉalisation, parce que Mounier s’intรฉresse beaucoup ร l’homme et veut le comprendre afin de le perfectionner. Enfin, il s’apparaรฎt exactement comme exigence d’engagement conditionnel parce que l’homme a toujours un dรฉsaccord interne qui freine la civilisation, l’รฉvolution humaine et le dรฉsรฉquilibre vers la complaisance solitaire, puis vers l’รฉtourdissement collectif, et enfin vers l’รฉvasion idรฉaliste.
Si telles sont les significations du personnalisme de Mounier, il est maintenant temps d’aborder ses spรฉcificitรฉs.
Les spรฉcificitรฉs du personnalisme mouniรฉriste
Le personnalisme mouniรฉriste a des spรฉcificitรฉs. Ses spรฉcificitรฉs dont il est question, peuvent apparaรฎtre ร travers l’analyse suivante.
En premier lieu, quand on parle du personnalisme chez Mounier, il ne faut jamais oublier qu’il est une doctrine qui affirme le primat de la personne. Il s’intรฉresse avant tout ร la rรฉalitรฉ de la personne humaine. Il la saisit complรจtement. Il est vrai que cette rรฉalitรฉ de la personne humaine, comme nous avons dรฉjร รฉvoquรฉ, a รฉtรฉ contaminรฉe, au cours du XXรจ siรจcle, par le dรฉsordre รฉtabli. Et c’est pour cela que le personnalisme mounieriste se prรฉsente comme effort total en vue de la comprรฉhension ainsi que du dรฉpassement de la situation dramatique de l’homme au XX รจ siรจcle. Par lร , il mรฉrite d’รชtre considรฉrรฉ comme une philosophie de l’homme total.
En sachant que l’homme a une histoire et fait de histoire, il importe de prรฉciser que le personnalisme de Mounier accorde une valeur ร l’histoire de l’humanitรฉ tout en affirmant l’incarnation de la personne.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA GENESE DE LA PHILOSOPHIE DE MOUNIER
CHAPITRE I : LES SOURCES DE LA PENSEE DE MOUNIER
1-Mounier et la tradition chrรฉtienne
2-Mounier et la tradition philosophique
2-1 Mounier et Pรฉguy
2-2 Mounier et Jacques Maritain
2-3 Mounier et Nicolas Berdiaeff
2-4 Mounier et Max Scheler
3-Mounier et le dรฉsordre รฉtabli
3-1 Le sens du dรฉsordre รฉtabli
3-2 Les formes du dรฉsordre รฉtabli
3-3 Les sources profondes du dรฉsordre รฉtabli
3-3-1 Lโindividualisme
3-3-2 Les principes de la morale sociale
3-3-3 Les rรฉgimes politiques
3-3-4 La participation des chrรฉtiens au dรฉsordre
CHAPITRE II : LE FONDEMENT DE LA PHILOSOPHIE MOUNIERISTE
1-Mounier et la rรฉvolution
1-1 Signification de la rรฉvolution mouniรฉriste
1-2 Les deux grands types de la rรฉvolution mouniรฉriste
1-3 Les conditions nรฉcessaires de la rรฉvolution mounieriste
2- Mounier et le personnalisme
2-1 Le sens du personnalisme
2-2 Les spรฉcificitรฉs du personnalisme mouniรฉriste
DEUXIEME PARTIE : LA DIALECTIQUE DE LA PERSONNE
CHAPITRE I : DIVERSES SIGNIFICATIONS DE LA PERSONNE
1 โ La personne : une incarnation
2-La personne : une communication
3-La personne un affrontement.
CHAPITRE II : LA VIE INTERIEURE DE LA PERSONNE
1-Les significations de la vie intรฉrieure
2 โLes caractรฉristiques de la vie intรฉrieure
2-1 Le recueillement
2-2-Le secret
2-3 Lโintimitรฉ
TROISIEME PARTIE : LES VALEURS DE LA PERSONNE
CHAPITRE I : LES CONDITIONS SINE QUA NON DE LโEXISTENCE DE LA PERSONNE
1-La primautรฉ de la subjectivitรฉ
2- La libertรฉ
3- Lโengagement :
CHAPITRE II : LA SUBLIMITE DE LA PERSONNE
1-La singularitรฉ de la personne
2-La transcendance
3-Lโamour
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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