Le fond d’œil équin : anatomie et fonction
Anatomie
La choroïde est riche en éléments vasculaires et nerveux, et en cellules pigmentées formant le tissu de support (figure 19). Elle est donc à ce titre qualifiée de membrane nourricière de l’œil. Elle constitue les deux tiers d’une sphère, située entre la sclère en dehors, dont elle est séparée par un espace virtuel appelé lame suprachoroïdienne, et la rétine en dedans. La choroïde est ainsi non adhérente à la sclère hormis aux passages des veines vorticineuses et dans la zone de la papille. Au contraire, elle adhère intimement à l’épithélium pigmentaire de la rétine par l’intermédiaire de la membrane de Bruch. Cependant chez les chevaux, cette membrane reste très peu développée en comparaison avec celle retrouvée chez l’homme. (Ehrenhofer, Deeg, Reese, Liebich, Stangassinger, Kaspers 2002; Gilger 2011).
Enfin, elle se continue en avant avec la partie postérieure du stroma du corps ciliaire au niveau d’une zone de transition : la pars plana. Chez les primates, les marges antérieures de la choroïde se prolongent par le corps ciliaire au niveau d’une jonction dentelée appelée ora serrata, telles deux structures interdigitées. Chez la plupart des animaux domestiques dont le cheval, cette jonction est non dentelée et se nomme ora ciliaris retinae.
Histologie
La choroïde peut être divisée en plusieurs couches, de l’extérieur vers l’intérieur on retrouve (Altunay 2000) :
La lame suprachoroïdienne
Cet espace virtuel représente un tissu élastique fortement pigmenté qui permet la transition entre la choroïde et la lamina fusca de la sclère. Elle est principalement composée de mélanocytes associés à des fibres de collagène souples et disposées en lamelles. Ces fibres se prolongent à travers la lamina fusca de la sclère et assurent ainsi une liaison lâche entre les tuniques fibreuse et vasculaire du bulbe (Roubert 2003). L’espace suprachoroïdien est également un des éléments postérieurs permettant l’écoulement de l’humeur aqueuse par la voie uvéosclérale. En effet, l’humeur aqueuse, secrétée par le corps ciliaire, franchit la jonction étroite entre la choroïde et la sclère, diffuse à travers cette dernière et rejoint la circulation systémique. Cependant, les couches de mélanocytes et fibroblastes ainsi que les fibres de collagène et d’élastine entremêlées peuvent entraîner une certaine résistance au drainage uvéoscléral de l’humeur aqueuse même si aucune réelle barrière cellulaire n’a pu être mise en évidence (Gelatt, Gilger, Kern 2013) Elle se termine en avant à l’insertion sclérale du muscle ciliaire sur l’éperon scléral et en arrière à quatre ou cinq millimètres de la papille optique.
La lame vasculaire
C’est la couche la plus épaisse contenant un plexus vasculaire intégré dans un tissu conjonctif lâche et formé principalement d’artérioles et de nombreuses veinules dispersées au sein du stroma (figure 20). En coupe transversale, le complexe veineux occupe au moins 50% du volume total de la choroïde. La répartition des vaisseaux se fait de façon centripète, on retrouve de gros vaisseaux où règne une perfusion très importante à l’extérieur alors qu’au centre ce sont des vaisseaux de moyen calibre qui se dirigent de manière circulaire le long de l’axe antéropostérieur (Gelatt, Gilger, Kern 2013). Le tissu conjonctif lâche est également parsemé d’éléments cytologiques variés tels que des fibroblastes, des mélanocytes, des macrophages.
La lame choriocapillaire
Cette lame forme la couche la plus interne des vaisseaux choroïdiens (figure 20). Elle constitue une fine couche de réseau vasculaire très riche en capillaires dérivés des artérioles du stroma choroïdien. Bien qu’étant au contact de la lame basale des cellules épithéliales pigmentaires de la rétine, elle en est séparée par une membrane basale complexe connue sous le nom de « membrane de Bruch ». Ainsi l’accolement des deux lames basales forme le complexe basal et permet d’assurer l’alimentation de la rétine par diffusion des substances vers l’épithélium pigmentaire rétinien et les cellules photoréceptrices. En cas de décollement de la rétine, le contact n’est plus assuré entre l’épithélium pigmentaire rétinien et la rétine neurosensorielle sous-jacente, la rétine soulevée n’est plus nourrie et dégénère.
Le complexe basal de la choroïde ou « membrane de Bruch »
La membrane de Bruch marque la limite interne de la choroïde et se situe au-dessus de l’épithélium pigmentaire rétinien auquel elle adhère intimement (figure 21). C’est une membrane élastique contenant un réseau central de fibres élastiques entourées par des fibres de collagène et une lame basale. Elle est beaucoup moins développée chez le cheval que chez l’homme.
Particularité du tapis chez le cheval
L’œil d’un cheval est l’un des plus grands parmi ceux des mammifères terrestres (Knill, Eagleton, Harver 1977). Les chevaux ont relativement une bonne acuité visuelle, se situant entre celle de l’homme et celle des chats (Timney, Keil 1992; Harman, Moore, Hoskins, Keller 1999). De plus, ils sont actifs de jour comme de nuit ce qui nécessite un système visuel très sensible quelles que soient les conditions lumineuses. La capacité des chevaux à voir dans des conditions d’obscurité est améliorée par la présence d’une rétine dont les cellules dominantes sont les bâtonnets et par un tapetum lucidum (Murphy, Hall, Arkins 2009; Shinozaki et al. 2013).
Aspects histologiques du tapis
Le tapis ou tapetum lucidum est une structure réfléchissante présente dans les yeux de nombreux animaux vertébrés et invertébrés, notamment chez les ongulés. Il occupe la moitié dorsale du fond d’œil, est caractérisé par une certaine épaisseur et par la présence d’un épithélium pigmentaire rétinien non pigmenté en regard de cette zone, mais sa partie fonctionnelle est limitée à une bande horizontale représentant 11% de sa surface (Shinozaki, Takagi, Hosaka, Uehara 2013). Chez la plupart des mammifères, le tapis est situé dans la choroïde, entre les veines choroïdiennes de la lame vasculaire et la couche dite choriocapillaire, tout en étant proche de la couche de photorécepteurs.Cette structure est donc appelée tapetum lucidum et peut être de deux types : un tapis fibreux, tapetum fibrosum, ou un tapis cellulaire, tapetum cellulosum (Shinozaki et al. 2013). Chez les chevaux, le tapis est un tapetum fibrosum qui consiste en un arrangement lamellaire de fibrilles de collagène ordonnées et interagissant avec les lamelles adjacentes afin de former une couche parallèle à la surface rétinienne (figure 23). Il constitue ainsi une barrière collagénique limitant l’extension des agents et des modifications pathologiques au sein de la choroïde.
De plus, ces fibrilles s’étendent quasiment sur l’ensemble du tapis et cette couche s’épaissit au niveau d’une bande horizontale dorsale à la papille optique (figure 24). A contrario, le bord dorsal du tapis présente de nombreux mélanocytes et fibroblastes entre les fibrilles de collagène ce qui ne permet pas de faire une réelle distinction entre le tapis et la substance propre de la choroïde (Shinozaki et al. 2013).
L’épaisseur du tapis varie également sur l’ensemble de sa surface (figures 25 et 26).
Elle est maximale au niveau de la bande horizontale puis diminue graduellement en direction dorsale et brutalement en direction ventrale, ligne ventrale de séparation entre le tapis et la zone hors tapis (Shinozaki, Takagi, Hosaka, Uehara 2013).
Pigmentation de l’épithélium pigmentaire de la rétine
La zone non pigmentée correspond approximativement à une petite bande horizontale du tapetum lucidum. Aux marges de celle-ci s’étend une zone légèrement pigmentée qui devient modérément pigmentée dorsalement alors qu’elle est fortement pigmentée ventralement à la papille optique ce qui ne permet plus de distinguer la zone du tapis lorsqu’il est présent (figure 27) (Shinozaki et al. 2013).
Relation entre le tapetum lucidum et la fonction visuelle chez les chevaux
Il faut savoir que chez l’homme et la plupart des animaux, lorsqu’un rayon lumineux arrive sur la couche pigmentaire de la rétine, il est totalement absorbé. Celui-ci excite les pigments des photorécepteurs de la rétine. Chez les ongulés notamment, il existe cette structure supplémentaire, dite réflective, en regard de laquelle l’épithélium pigmentaire rétinien n’est pas pigmenté (figure 28). Cette combinaison entre un tissu tapétal épais et une couche rétinienne non pigmentée permet de produire une réflexion maximale et donc une augmentation de la quantité lumineuse qui traversera ces couches (Shinozaki et al. 2013).En effet, lorsqu’un rayon lumineux arrive sur la zone tapétale, deux phénomènes peuvent se produire. Soit le rayon lumineux stimule directement les photorécepteurs et est ainsi absorbé dès son premier passage à travers la rétine. Soit il passe à travers la couche de photorécepteurs, sans les stimuler, arrive sur le tapis qui le réfléchit et lui permet à nouveau de stimuler les photorécepteurs.Ainsi les cellules photoréceptrices à bâtonnet et à cône se retrouvent davantage excitées ce qui accentue les différences légères de luminosité entre les objets et leur environnement et a donc un intérêt dans la vision à faible luminosité. Nos mammifères domestiques ont ainsi une meilleure vision mésopique et scotopique grâce à cette épaisse bande visuelle horizontale et la présence d’un tapis. (Schwab et al. 2002; Ollivier et al. 2004). Cependant, bien qu’il améliore le seuil de détection lumineuse, il entraîne également une surexposition et de ce fait une diminution de l’acuité visuelle lors de forte intensité lumineuse (Gilger 2011). Le tapetum lucidum est également responsable du phénomène de réflexion de la lumière aperçue de nuit sur les yeux des animaux que l’on éclaire de face.
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Table des matières
Table des illustrations
INTRODUCTION
PARTIE I : Le fond d’œil équin : anatomie et fonction
A/ Bases anatomiques et histologiques du fond d’œil équin
1. La rétine
1.1. Disposition générale et morphologie de la rétine
1.2. Anatomie et Histologie rétinienne
1.2.1. Partie aveugle de la rétine
1.2.2. Partie optique de la rétine
1.3. Notion de convergence rétinienne
2. La choroïde
2.1. Anatomie
2.2. Histologie
2.2.1. La lame suprachoroïdienne
2.2.2. La lame vasculaire
2.2.3. La lame choriocapillaire
2.2.4. Le complexe basal de la choroïde ou « membrane de Bruch »
2.3. Particularité du tapis chez le cheval
2.3.1. Aspects histologiques du tapis
2.3.2. Pigmentation de l’épithélium pigmentaire de la rétine
2.3.3. Relation entre le tapetum lucidum et la fonction visuelle chez les chevaux
3. Le nerf optique et la papille optique
4. Vascularisation et innervation du segment postérieur de l’œil
4.1. Vascularisation rétinienne
4.2. Vascularisation choroïdienne
4.3. Innervation
B/ Vision équine
1. La fonction visuelle
1.1. La voie visuelle
1.2. La voie optique
2. Vision monoculaire et binoculaire
3. Perception de la lumière
3.1. Vision diurne/nocturne
3.2. Vision des couleurs
4. Acuité visuelle
PARTIE II : Indications à l’examen du segment postérieur de l’œil en pratique équine
1. Examen vente-achat
1.1. Rôle du vétérinaire
1.2. La partie ophtalmologique de l’examen préachat
1.3. Le compte rendu de la visite préachat
2. Déficit visuel
3. Situations cliniques justifiant un examen du fond d’œil
3.1. Uvéite Récurrente Equine (URE)
3.2. Traumatismes oculaires et/ou crâniens
3.3. Affections vasculaires
3.4. Affections d’origine infectieuse
3.4.1. Affections bactériennes
3.4.2. Affections virales
3.4.3. Affections fongiques
3.4.4. Affections parasitaires
3.5. Affections neuro-dégénératives
3.6. Néoplasies
4. Changement de comportement ou diminution des performances
4.1. « Photic head shaking » ou encensement
4.1.1. Etiologie
4.1.2. Signes cliniques
4.1.3. Diagnostic et traitements
4.2. Exagération des comportements de peur et de fuite
4.3. Passage de la lumière à l’obscurité difficile
PARTIE III : Examen ophtalmoscopique du fond d’œil en pratique équine
1. Examens préliminaires et tests visuels
1.1. Test de clignement à la menace
1.2. Réflexe à l’éclair lumineux
1.3. Test de réflexe pupillaire photomoteur
2. Contention et manipulation
2.1. Anesthésie motrice = bloc auriculo-palpébral
2.2. Anesthésie sensitive = bloc frontal
3. Conditions et Matériel
3.1. Illumination focale
3.2. Différentes techniques d’ophtalmoscopie
3.2.1. Ophtalmoscopie directe
3.2.2. Ophtalmoscopie indirecte
3.3. Examens complémentaires
3.3.1. Echographie oculaire
3.3.2. Electrorétinographie
3.3.3. Angiographie fluorescéinique
PARTIE IV : Variations physiologiques du fond d’œil dans l’espèce équine
1. Variations physiologiques de l’aspect du fond d’œil chez l’adulte
1.1. Variations de la zone du tapis
1.1.1. Variations de la couleur du tapis
1.1.2. Variations de l’épaisseur du tapis
1.1.3. Proliférations pigmentaires
1.2. Variations de la zone hors tapis
1.2.1. Variations de la couleur de la zone sans tapis
1.2.2. Hyperpigmentation de la zone sans tapis
1.2.3. Dilution pigmentaire de la zone sans tapis
1.3. Variations de la papille optique
1.3.1. Variations des bords et de la surface du disque optique
1.3.2. Variations de la couleur du disque optique
1.3.3. Variations péripapillaires
1.4. Variations de la vascularisation du fond d’œil
2. Particularités de l’aspect du fond d’œil chez les patients gériatriques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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