L’origine du peuplement de notre île, jusqu’à présent, demeure obscure. Des hypothèses et des explications scientifiques émises à ce sujet rapportent le résultat de plusieurs migrations : Africaines, Indonésiennes, Asiatiques, et Arabes. D’où, la division des MALAGASY en plusieurs foko. Les Bara sont l’un d’entre eux ; qui se distinguent par leurs coutumes et leurs traditions. Parmi les coutumes et traditions BARA, on a soulevé le FATI-DRA comme thème de notre recherche, qui s’intitule : «LE FATI-DRA CHEZ LES BARA DE BETROKA ». Ce titre nous intéresse vraiment, dans le cadre où comment maintenir la paix et la sécurité dans la société, améliorer le fihavanana malagasy, et surtout pour le développement de notre connaissance. Le fati-dra chez les Bara présente des caractères typiques ce qui nous emmène, dans un premier temps, à étudier les généralités sur le foko Bara(I).Ensuite nous allons expliquer les rites du fati-dra(II) ;et enfin nous allons parler du fondement et de la valeur du fati-dra (III).
ORIGINE ET LOCALISATION
L’ORIGINE DU NOM « BARA »
L’histoire des BARA demeurait confuse avant la fin du seizième siècle. L’origine du nom « BARA » est assez incertaine et fait encore l’objet de diverses traditions.D’après les TAKOATSY(mythes) , la source de ce nom, était le nom donné aux hommes qui habitaient dans la région riche en « BARARATA » ; c’est à partir de cela qu’on attribuait le nom « BARA » . Beaucoup de tribus existant dans notre île prennent leurs noms à partir du lieu ou elles vivaient ; par exemple, les ANTANDROY qui habitaient dans le lieu riche en « ROY »(rousses) ; les ANTESAKA dans les milieux pleine des « SAKASAKA »(ruisseaux) ; et/ou les ANTANALA qui vivaient dans la forêt. Aussi, le mot « fibara » était à l’origine du nom Bara. Comme ils étaient de véritables combattants ;ils utilisaient le « fibara » comme arme. C’est une sorte d’arme blanche pratique pour lutter contre les ennemis. En conséquence, le nom «bara » résultait aussi de « fibara » omis du préfixe « fi » qui signifie moyen. D’après le Père LIGUI Elli il ne faut pas le comprendre dans le sens de « barbares » ou «barabara » ; qui veut dire non civilisés mais ce mot vient de leur grand ANCÊTRE ou RAZAMBE appelé « RABARATOVOKY ». Par contre ; NAKANY Pierre suppose que les Bara sont des descendants de Zafiraminia qui vient du Nord de Fort-Dauphin.
Nous allons maintenant voir où se situe la région des Bara.
LOCALISATION DES BARA
La région des Bara se situe dans la partie sud de Madagascar. Jusqu’au dix septième siècle, elle s’étendait sur les vallées qui se trouvaient entre les rivières : OGNEVO et TOMAPY. Elle occupe aujourd’hui, de très vaste superficie: à l’ouest, la limite avec l’Androy et de l’Anosy ; à l’Est, la seule limite est la région de l’Antesaka et au nord la région Betsileo. Comment identifie t-on le BARA par rapport aux autres tribus ?
CARACTERISTIQUES DU FOKO BARA
ORGANISATION SOCIALE
La société Bara est formée de grandes groupes familiales, appelées : « clans » ou «RAZA ». C’est encore une organisation très archaïque. Chaque clan avait des ancêtres communs, caveau ancestral commun,et habitant le même village. Il est composé de famille issue d’un même arbre généalogique et pays d’origine . Dans cette société Bara un homme appelé lonaky ou patriarche dirige le clan et habite dans une maison spéciale : « TRANONDONAKA » commun. La maison traditionnelle des BARA s’oriente du nord au sud, elle n’a qu’une seule pièce à l’intérieur on recouvre à l’aide des nattes fabriquées par des joncs ou « vakoa » rare sont les maisons qui étaient composées de deux ou trois pièces. Et dans cette case, au centre nord: c’est la place du foyer où l’on prépare la cuisine. La place du LONAKY (chef de famille) est à l’angle nord de l’Alahamady(….). Et quand le repas est prêt le LONAKY mange avec ses fils en premier ; et sitôt après sa femme leurs filles et les jeunes enfants. Concernant le respect des vieillards les BARA sont très exigeants sur le respect de ces derniers on les place en deuxième rang après DIEU on les appelle souvent le « Dieux sur terre » et les jeunes devraient respecter les vieux, à qui les formules de politesse s’appliquaient toujours depuis le passé jusqu’à nos jours .Même la façon de s’adresser avec eux est différent,on dit « Olobe antanà ou lonaky » tandis que entre gens simples on parle de « hanao riano » .
LA COMMUNAUTE BARA ET LES AUTRES POPULATIONS DE L’ILE
Le BARA est une population ouverte à tous les VAHINY (nouveaux venus), et reçoivent les immigrants venus chez eux. C’est la raison pour laquelle on trouve beaucoup dans la région Bara des MERINA, BETSILEO, ANTANDROY, ANTANOSY, ANTEMORO, ANTESAKA, et bien d’autres FOKO de Madagascar. Ce sont des Commerçants étrangers à la tribu, des Musiciens « SERY » , des Artisans ambulant qui circulent librement à travers le territoire sans embarras ni hésitation. Donc, les BARA sont des gens sociables.
Mais, même s’il y a des nouveaux venus chez eux, ils sont toujours conservateurs dans leurs US et COUTUMES qui les distinguent !
LES MOEURS ET COUTUMES BARA
Comme tous les autres FOKO, les BARA avaient des traditions et cultures très distinctes qui se présentent comme suit :
L’HABILLEMENT BARA:
Les hommes : étaient toujours filés ou s’habillaient d’une « SADIA » (pagne), et d’une « SIKIBE » (drap), et chaussés d’une paire de sandalettes en peaux de boeufs appelée : « HANANGOZO » s’armaient d’une hachette, d’un fusil ou d’une sagaie. Et les femmes étaient drapées d’une étoffe à partir de la poitrine jusqu’aux genoux. C’est ce qu’on appelle : « TEVITRATRA », à cela s’ajoute une drap qui couvre la hanche.
LE HAZOMANGA-VIARARA :
Le VIARARA est un couteau sacré, sa place est sur le toit Est de la maison du MPISORO (patriarche), et auquel on accroche un gros « ANTSIVA »(coque), et un «FANOVO »(gobelet), qui sert à mettre l’eau lustral pour bénir les sujets par le MPISORO. Et le HAZOMANGA : c’est un poteau de culte planté à l’Est de la case du MPITATA. Le HAZOMANGA et le VIARARA servent au : FISÔRA, TSIPIRANO, TATA.
LE BILO :
C’est une fête pour guérir une maladie cardiaque et nostalgique, tous les membres de la famille sont présents tout autour du malade et ensuite des SERY (chanteurs danseurs) sont invités. On célèbre la grande fête et à la fin du ROMBO (chant et danse), on fait le FAMPINOMAM-BILO autrement dit le malade boit le sang chaud d’un bœuf choisi par lui-même et il devient guérir.
LA CIRCONCISION :
LE SAVATSY : C’est encore une grande fête qu’on organise pour tous les membres de famille ; et la célébration dure une ou trois semaines selon la fortune des organisateurs. En tant que fête de l’Homme, l’enfant est circoncit par un spécialiste, et après, il s’assoit sur le front du taureau lié à cornes pointues. Ce n’est pas le cas pour le « FIRA ». LE FIRA : le Fira est pratiqué généralement par les gens non riches, mais c’est une circoncision même. Dans la forme la plus simple et clandestine aucune festivité n’est organisée. Mais avant la préparation de la fête, l’organisateur va chez l’Astrologue et le devin empirique pour consulter et déterminer le jour faste dans le calendrier malagasy. Ces spécialistes s’appellent : « OMBIASY».
LA MAGIE :
Les OMBIASY (guérisseurs) pratiquent les « ODY » (omelettes) ils sont considérés comme des « savants ». Ils emploient ses ODY pour se protéger, pour acquérir un pouvoir irrésistible,et pour être utiliser comme anti-chaman ; ils devinent le passé et prédisent l’avenir; ils connaissent le « VINTANA »(jours lunaires) les destins des signes zodiaques. Cela nous montre que les BARA avaient une croyance très spécifique.
LES SACRIFICES PROPITIAIRES :
Ici, les BARA immolent les bœufs aux ZANAHARY (divinité), aux RAZA (ancêtres) pour obtenir leur : protection, pour recevoir la bénédiction divine, bonheur, satisfaction, la richesse. En effet, on tue un bœuf pour éviter les cataclysmes naturels. C’est une grande croyance que personne ne peut détourner.
Qu’en est-il de la situation lors d’un événement malheureux ?
LE HAVORIA (décès) :
Lors d’un décès d’un homme ou d’une femme, une cérémonie mortuaire est organisée, appelée : « HAVORIA ». On tue un bœuf pour le « FAMPANDRY AY » (repos de l’âme), et plusieurs têtes de bovidés pour le « LOFOM-PATY », servant à l’enterrement, suivant les possibilités de la famille du défunt. Durant ce triste événement, cette famille organise même des festivités à l’aide des « SERY » (chanteurs et danseurs), des accordéonistes. Le corps du défunt est déposé au «TRANON-KAZOMANGA » (case du Patriarche), dont la tête orientée vers l’Est, et les pieds étalés vers l’Ouest en position de décubitus dorsal. L’enterrement s’appelle: «MAGNARY BIBY », et il se fait dans le LOLO commun (tombeau ancestral). Dans ce « Lolo », il existe deux places distinctes pour les hommes et les femmes.
LE MARIAGE BARA :
Les BARA pratiquent vraiment le mariage coutumier ; les jeunes hommes qui voudront épouser une jeune fille Bara, devraient s’acquitter de tous les « SAZY » (devoirs) fixés par les parents de cette dernière. Et ces devoirs consistent à payer trois ou plusieurs têtes de bovidés selon les « DIDY » (décisions) de ses futurs beaux parents. Ces bœufs ont chacun leur propre signification :
1-ALAFALY : (Le premier) : un bœuf tué au HAZOMANGA de la future femme, avent de faire le mariage.
2-TANDRA : (le deuxième) : un ou plusieurs bœufs donnés au père de la future femme.
3-TSONGO-TRAKA : (la troisième) : un ou plusieurs têtes des bovidés donnés à la jeune fille au moment du mariage.
La FAMPIRAFESA (polygamie) :
La polygamie est autorisée aux hommes BARA, mais avant de faire entrer une deuxième ou une troisième femme, le mari doit honorer les « LILINDRAZA » (la règle du ménage), appelée : SAZY-TAKOMASO à sa première femme. Si non, la faute de l’adultère lui sera incombée, et on l’appelle : « VAMBA » , et cela peut être une cause inévitable de rupture. Les femmes qui épousent cet homme seront appelées successivement :
1-vadi-be : La première femme, elle possède l’autorité sur les autres.
2-vadi-ivo : La deuxième femme, c’est à dire la milieu.
3-vady-masay : La troisième ou la dernière femme.
Cette pratique existe depuis l’antiquité et persiste jusqu’à présent dans la société bara. Mais il faut remarquer que, elle est presque réservée aux hommes riches ; ou aux gens qui détiennent plusieurs têtes de bovidés ou « MPAGNARIVO ». D’où, le vol des bœufs est très encouragée pour se démarquer, et devient même une coutume.
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Table des matières
Introduction
Première partie GENERALITES
Chapitre Premier : le Foko BARA
Section I : Origine et localisation
Section II : Caractéristique du Foko Bara
Chapitre deux : Présentation du milieu d’étude
Section I : situation géographique de Betroka
Section II : Ressources et activités économiques
Section III :Origine du peuplement
Section IV : Origine du nom Betroka
Deuxième partie : LES RITES DU FATI-DRA
Chapitre premier : conditions de fond du fati-dra
Section I : les parties au fati-dra
Section II : les matériels nécessaires au fati-dra
Section III : le mpikora
Chapitre deux : conditions de forme du fati-dra
Section I : préparatifs de la cérémonie
Section II : la cérémonie
Section III : conclusion du fati-dra
Troisième partie FONDEMENT ET VALEUR DU FATI-DRA
Chapitre premier : fondement du fati-dra
Section I : pratique de l’alliance
Section II : recherche du développement social
Chapitre deux : valeur du fati-dra
Section I : fati-drà,un contrat sacré
Section II : liens du fati-dra
Conclusion
ANNEXES
Annexe I : le kora
Annexe II : les jours fastes chez les bara tevondro
Annexe III : les jours néfastes chez les bara iantsantsa
Annexe IV : dialectes courants chez les bara
Annexe V :carte géographique du district de Betroka
Annexe VI : carte du territoire de l’ethnie bara
Bibliographie