Le droit des personnes malades constituant des droits fondamentaux de toute personne humaine

Le droit des personnes malades constituant des droits fondamentaux de toute personne humaine

Cโ€™est la loi du 4 mars 2002 qui est venue consacrer lรฉgalement les droits de la personne malade, qui, en tant que sujet de droit, doit bรฉnรฉficier de dignitรฉ et de libertรฉ. Pour disposer de ces droits fondamentaux, cette loi dรฉveloppe lโ€™obligation de rechercher le consentement des patients en toutes circonstances et de leur permettre dโ€™accรฉder ร  lโ€™information mรฉdicale qui les concerne .

Le droit et lโ€™accรจs ร  lโ€™information

Le principe du droit des patients dโ€™รชtre informรฉs ร  valeur lรฉgale depuis la loi nยฐ2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et ร  la qualitรฉ du systรจme. Ce droit รฉtait jusque-lร  apprรฉhendรฉ principalement sous lโ€™angle de lโ€™obligation dโ€™information du mรฉdecin, obligation dรฉontologique largement consacrรฉe par la jurisprudence. Dรฉsormais ce droit vise ร  รฉclairer le consentement du patient aux soins. Emanation du principe de dignitรฉ de la personne humaine, lโ€™obligation dโ€™information trouve sa source dans le contrat mรฉdical en mรฉdecine libรฉrale.

Cette obligation inscrite dans le Code de dรฉontologie mรฉdicale, sโ€™applique quelle que soit la nature de la structure de soins. ร€ travers la loi du 4 mars 2002, lโ€™information du patient est consacrรฉe comme un droit pour le patient et รฉtendue ร  lโ€™ensemble des professionnels de santรฉ comme en dispose lโ€™art L 1111-3 du code de santรฉ publique (CSP). Le contenu de lโ€™information est aujourdโ€™hui dรฉfini ร  lโ€™article L 1111-2 CSP et suppose une information continue, portant notamment sur le coรปt des soins ainsi que leurs modalitรฉs de remboursement, lโ€™acte mรฉdical en lui-mรชme, son utilitรฉ, les consรฉquences, lโ€™opportunitรฉ et les risques. Le droit ร  lโ€™information subsiste postรฉrieurement ร  lโ€™acte mรฉdical, ce qui est une innovation. Lโ€™information doit en tout รฉtat de cause รชtre donnรฉe dans la perspective dโ€™un consentement รฉclairรฉ sur les conditions essentielles de lโ€™intervention dโ€™un acte mรฉdical.

Le respect du secret mรฉdical

Le respect de la vie privรฉe et le secret mรฉdical sont deux droits fondamentaux du patient. Le secret mรฉdical s’impose ร  tous les mรฉdecins. Il couvre tout ce qui est venu ร  la connaissance du mรฉdecin dans l’exercice de sa profession, c’est-ร -dire non seulement ce que lui a confiรฉ son patient, mais aussi ce qu’il a vu, entendu ou compris comme lโ€™รฉnonce lโ€™article R.4127-4 du code de la santรฉ publique.

Le secret professionnel est rรฉgi par lโ€™article 226-13 du Code pรฉnal ainsi que par les codes de dรฉontologie ayant valeur rรจglementaire. La loi du 4 mars 2002 renforce et prรฉcise les รฉlรฉments contenus dans ces textes, notamment en modifiant lโ€™article L 1110-4 du CSP. Ainsi les principes de confidentialitรฉ et de secret sont consacrรฉs comme un droit des usagers et plus seulement comme une obligation professionnelle.

Ces droits relatifs ร  lโ€™information, permettent au patient de consentir en toute connaissance de cause ร  lโ€™acte mรฉdical.

Le consentement comme corollaire du droit ร  lโ€™information

Une information prรฉalable prรฉcise, adaptรฉe et rรฉitรฉrรฉe est la condition sine qua non dโ€™un consentement รฉclairรฉ. Ce qui fait du consentement le corollaire du droit ร  lโ€™information, le patient faisant suite, par une rรฉponse, ร  lโ€™information qui lui a รฉtรฉ dรฉlivrรฉe par le mรฉdecin. Le principe du consentement est dรฉfini par lโ€™art L 1111-4 CSP qui รฉnonce ยซle mรฉdecin doit respecter la volontรฉ de la personne aprรจs lโ€™avoir informรฉ des consรฉquences de ses choixยป. Il est a notรฉ quโ€™il รฉtait dรฉjร  posรฉ par les articles 16-3 alinรฉa 2 du Code civil, par lโ€™article 36 alinรฉa 1รจre du Code de dรฉontologie et par la jurisprudence. Le principe figure รฉgalement dans la Charte du patient hospitalisรฉ, ainsi que dans la Convention europรฉenne sur les droits de lโ€™homme et la biomรฉdecine. La loi du 4 mars 2002 vient consacrer ce principe et lui donner une nouvelle force juridique : sont affirmรฉes les exigences du consentement libre et รฉclairรฉ du patient prรฉalable aux soins et sa prรฉรฉminence.

Lโ€™รฉmergence dโ€™un statut juridique des personnes dรฉtenues

Le statut juridique des personnes dรฉtenues a connu une longue รฉvolution, de la privation de droit ร  la reconnaissance progressive de lโ€™ensemble des droits fondamentaux , ร  lโ€™exception de celui dโ€™aller et venir. Le Conseil de lโ€™Europe et la Cour Europรฉenne des droits de lโ€™homme (CEDH), ร  travers leur jurisprudence, ont jouรฉ un rรดle fondateur. De mรชme le Conseil dโ€™Etat sโ€™est progressivement emparรฉ de la question carcรฉrale en rรฉduisant, ร  partir de lโ€™arrรชt Marie du 17 fรฉvrier 1995, le pรฉrimรจtre des mesures dโ€™ordre intรฉrieur. Dรฉsormais un droit ร  la santรฉ est garanti au dรฉtenu malade .

De la privation ร  la reconnaissance de droits

Jusquโ€™ร  la rรฉforme Amor en 1945, la condamnation ร  une peine privative de libertรฉ รฉquivaut ร  la perte des droits individuels reconnus ร  tout citoyen. Cette incapacitรฉ juridique est issue de la conception de la prison qui prรฉvaut ร  savoir que la personne dรฉtenue doit y mener une vie austรจre. Aprรจs la Seconde Guerre Mondiale, la volontรฉ dโ€™humaniser les prisons sโ€™accompagne dโ€™un premier mouvement de reconnaissance de droit des personnes dรฉtenues, au travers notamment dโ€™une tentative de formalisation des rรจgles pรฉnitentiaires. Malgrรฉ cette avancรฉe, lโ€™incarcรฉration reste assimilรฉe ร  un chรขtiment ; la peine privative de libertรฉ demeure ยซcapitis diminutioยป, faisant du dรฉtenu un รชtre diminuรฉ, asservi et privรฉ de droits.

Les prรฉmices de la reconnaissance de droits au dรฉtenu est la dรฉcision rendu par la CEDH du 8 mars 1962 Ilse Koch contre RFA dans laquelle il est รฉtablit que la dรฉtention ne prive pas la personne dรฉtenue des droits รฉnoncรฉs dans la convention. Mais en France ce nโ€™est quโ€™ร  partir des annรฉes 1970 que la qualitรฉ de dรฉtenu nโ€™excluant pas celle de sujet dรฉtenteur de droits est admise. Une รฉvolution formulรฉe par le Prรฉsident de la Rรฉpublique Valรฉry Giscard Dโ€™Estaing qui รฉnonรงait : ยซla prison, cโ€™est la privation dโ€™aller et venir et rien dโ€™autreยป. Des droits sont dรจs lors progressivement reconnus aux personnes dรฉtenues : en 1974 les conditions de dรฉtention sont assouplies (autorisation de correspondre, de fumer, de lire la presse), est reconnu le droit de vote aux personnes dรฉtenues. En 1983 elles sont autorisรฉes ร  porter des vรชtements civils, en 85 la tรฉlรฉvision en cellule, en 1987 lโ€™obligation de travail pรฉnitentiaire est supprimรฉe.

Le droit ร  la santรฉ

Une nouvelle conception de la prison tend ร  prรฉvaloir, lโ€™idรฉe que les dรฉtenus restent des citoyens et quโ€™ils sont en tant que tels, titulaires de droits qui doivent รชtre amรฉnagรฉs en raison de la dรฉtention. La rรฉfรฉrence au principe de dignitรฉ contribue ร  lโ€™enracinement de ces droits en leur donnant un fondement moral et thรฉorique qui renforce leur impรฉrativitรฉ. Les dรฉtenus disposent ainsi de droits substantiels mieux protรฉgรฉs, notamment des droits fondamentaux dont fait parti le droit ร  la santรฉ.

Le droit ร  la santรฉ est protรฉgรฉ au niveau europรฉen, le juge de la CEDH mettant ร  la charge de lโ€™administration pรฉnitentiaire de protรฉger la santรฉ physique du dรฉtenu et de contrรดler la compatibilitรฉ entre lโ€™article 3 de la Convention 12 interdisant la torture, et une mesure dโ€™isolement ou mรชme le maintient en dรฉtention dโ€™une personne dont lโ€™รฉtat de santรฉ est critique. La Cour Europรฉenne des droits de lโ€™homme contrรดle aussi la compatibilitรฉ des conditions de dรฉtention, voire de la dรฉtention elle-mรชme, avec lโ€™รฉtat de santรฉ dโ€™une personne รขgรฉe ou handicapรฉe. Enfin, elle contrรดle lโ€™impact de lโ€™environnement de lโ€™รฉtablissement pรฉnitentiaire sur la santรฉ des personnes dรฉtenues.

Cadre juridique de la prise en charge sanitaire en milieu carcรฉral

Quatre lois organisent la prise en charge sanitaire des personnes dรฉtenues par des personnels du ministรจre de la Santรฉ au sein des รฉtablissements pรฉnitentiaires. Ces lois se sont vues prรฉcisรฉes par de multiples dispositions rรจglementaires. Ces dispositions lรฉgales couvrent des problรฉmatiques complexes dans tous les domaines de la prise en charge notamment lโ€™accรจs aux soins, ainsi que son financement.

Avant tout la loi du 18 janvier 1994 transfรจre la responsabilitรฉ et la tutelle des soins, jusque-lร  dรฉvolue ร  lโ€™administration pรฉnitentiaire, vers le service public hospitalier, faisant ainsi entrer les hรดpitaux dans les prisons. Elle rend obligatoire l’affiliation ร  l’assurance maladie et maternitรฉ du rรฉgime gรฉnรฉral de la sรฉcuritรฉ sociale pour toute personne dรฉtenue. Enfin elle introduit une vรฉritable รฉthique des soins en dรฉtention et lโ€™affirmation de lโ€™รฉgalitรฉ des droits aux soins des personnes incarcรฉrรฉes.

Cet aspect a รฉtรฉ renforcรฉ par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades qui รฉnonce quโ€™une suspension de peine peut รชtre ordonnรฉe pour les condamnรฉs atteints dโ€™une pathologie qui engagerait le pronostic vital.

La loi du 21 juillet 2008, modifiรฉe par la loi du 21 juillet 2009, et reprise ร  lโ€™article L 6112-1 CSP confรจre au service public de la santรฉ, notamment les รฉtablissements de santรฉ, la prise en charge des soins aux dรฉtenus en milieu pรฉnitentiaire et si nรฉcessaire en milieu hospitalier, ainsi que les soins aux personnes retenues dans les centres socio-mรฉdico-judicaires de suretรฉ. Le 7รจme alinรฉa de lโ€™article L 6112-1 CSP15 lui confรจre รฉgalement les actions dโ€™รฉducation et de prรฉvention pour la santรฉ.

Les personnes dรฉtenues intรฉgrรฉes dans le systรจme gรฉnรฉral de santรฉ

La loi du 18 janvier 1994 a prรฉvu lโ€™affiliation des dรฉtenus et de leur ayant droit au rรฉgime gรฉnรฉral de la sรฉcuritรฉ sociale dรจs le premier jour de leur dรฉtention . Leurs dรฉpenses de soins sont ร  ce titre intรฉgralement prises en charge pendant lโ€™incarcรฉration. Ainsi les dรฉtenus disposent dโ€™une protection sociale et bรฉnรฉficient des prestations en nature. Demeurent nรฉanmoins des dรฉpenses de santรฉ ร  leur charge ร  dรฉfaut dโ€™une complรฉmentaire de santรฉ .

La couverture sociale automatique des dรฉtenus

Dรจs leurs incarcรฉration, les dรฉtenus sont affiliรฉs aux assurances maladies et maternitรฉ du rรฉgime gรฉnรฉral de la sรฉcuritรฉ sociale, quel que soit leur รขge, leur situation pรฉnale et administrative, prรฉvenu ou condamnรฉ, et le rรฉgime dont ils dรฉpendaient avant leur incarcรฉration. Lโ€™affiliation au rรฉgime gรฉnรฉral dโ€™assurance maladie permet aux dรฉtenus assurรฉs de bรฉnรฉficier de la prise en charge de leurs dรฉpenses mรฉdicales liรฉes ร  la maladie et ร  la maternitรฉ. Lโ€™affiliation de la personne dรฉtenue permet รฉgalement ร  ses ayants droits dโ€™รชtre couverts et de bรฉnรฉficier des prestations en nature de ce rรฉgime sโ€™ils ne sont pas assurรฉs ร  titre personnel. Le dรฉtenu assurรฉ bรฉnรฉficie ainsi des prestations en nature des assurances maladies et maternitรฉ, tous les soins liรฉs ร  une maladie ou une grossesse sont couverts par la sรฉcuritรฉ sociale, dans les mรชmes conditions quโ€™ร  lโ€™extรฉrieur du milieu carcรฉral.

Une prise en charge intรฉgrale des dรฉtenus

En principe le remboursement de la sรฉcuritรฉ sociale ne couvre pas la totalitรฉ des frais mรฉdicaux, une partie des dรฉpenses demeurant ร  la charge des assurรฉs comme le ticket modรฉrateur qui nโ€™est pas remboursรฉ par lโ€™assurance maladie, le forfait hospitalier au titre de lโ€™hรฉbergement et lโ€™entretien consรฉcutifs ร  lโ€™hospitalisation, la participation forfaitaire et la franchise mรฉdicale. Nรฉanmoins les dรฉtenus, mais pas leur ayants droits, sont pour leur part pris en charge intรฉgralement. Ils sont dรจs lors exonรฉrรฉs du ticket modรฉrateur et du forfait hospitalier dont le paiement revient ร  lโ€™administration pรฉnitentiaire. Il en est de mรชme pour la participation forfaitaire, qui est applicable aux dรฉtenus mais dont la prise en charge est faite par lโ€™Etat. Il avait รฉtรฉ prรฉvu quโ€™une participation pouvait รชtre demandรฉe aux dรฉtenus assurรฉs ou ร  leurs ayants droit disposant de ressources suffisantes, mais ร  dรฉfaut de textes dโ€™application, cette disposition nโ€™a jamais รฉtรฉ mise en ล“uvre.

En pratique les personnes dรฉtenues disposent dโ€™une dispense dโ€™avance de frais totale pour les soins rรฉalisรฉs ร  lโ€™UCSA, lors dโ€™une hospitalisation ou en consultation externe hospitaliรจre ; la Caisse primaire dโ€™Assurance Maladie (CPAM) paie directement les frais ร  sa charge aux professionnels de santรฉ, et lโ€™administration pรฉnitentiaire rรจgle ร  lโ€™รฉtablissement de santรฉ les dรฉpenses non prises en charge par lโ€™assurance maladie. Les dรฉtenus nโ€™ont donc aucune avance ร  faire, exception faite de dรฉpenses qui ne sont pas prise en charge par lโ€™assurance maladie.

Des restrictions dโ€™accรจs aux soins portant atteinte ร  la dignitรฉ des dรฉtenus

La CEDH engage les Etats dรฉmocratiques dans une action dynamique pour dรฉfendre la vie humaine dont la dignitรฉ signifie le caractรจre sacrรฉ de la personne. Dans son arrรชt du 27 septembre 1995 Mac Cann et autres c. Royaume-Uni, elle interdit ร  lโ€™Etat non seulement de donner la mort intentionnellement mais commande de prendre toute mesure nรฉcessaire pour protรฉger la vie de toute personne relevant de sa juridiction. Un autre arrรชt est trรจs significatif sur ce dernier point. Il sโ€™agit de lโ€™affaire Keenan contre Royaume Uni, un jeune dรฉtenu, atteint de maladie mentale, sโ€™est suicidรฉ pendant son isolement cellulaire. Sa mรจre en dรฉduit une faute des autoritรฉs pรฉnitentiaires de ne pas avoir pris les mesures nรฉcessaires pour protรฉger la vie de son fils. Car selon lโ€™article 2 de la CEDH, il incombe, comme obligation ร  lโ€™Etat, de protรฉger la vie de tout citoyen dont celle des dรฉtenus .

En prison la dignitรฉ de la personne malade doit รชtre respectรฉe, la loi pรฉnitentiaire le rappelle art L 1110-2 ยซla personne malade a droit au respect de sa dignitรฉยป. Mais ce droit au respect de la dignitรฉ humaine sโ€™entend dโ€™une part dโ€™une garantie de lโ€™accรจs aux soins, souvent mis ร  mal , et dโ€™autre part dans les conditions dans lesquelles cet accรจs est mis en ล“uvre .

Des restrictions dโ€™accรจs communes au milieu libre et dโ€™autres spรฉcifiques au milieu carcรฉral

Il existe des inรฉgalitรฉs trรจs fortes en France entre les rรฉgions relatives ร  lโ€™accรจs aux soins, de la mรชme maniรจre cette inรฉgalitรฉ se constate en fonction des territoires et en fonction des รฉtablissements sโ€™agissant des soins dont bรฉnรฉficient les dรฉtenus. Un rapport dโ€™รฉvaluation de lโ€™Inspection Gรฉnรฉrale des Affaires Sociales (IGAS) et de lโ€™Inspection Gรฉnรฉrale des Services Judiciaires (IGSJ) rendu en juin 2001 a mis en avant lโ€™existence dโ€™importantes disparitรฉs en termes dโ€™effectifs de personnels mรฉdicaux au sein des รฉtablissements pรฉnitentiaires . Une disparitรฉ qui affecte les dรฉtenus.

Ainsi le phรฉnomรจne de file dโ€™attente existant en milieu libre pour accรฉder ร  certaines spรฉcialitรฉs se retrouve, et ce de faรงon plus accentuรฉe, dans la population carcรฉrale. Il est extrรชmement difficile dโ€™avoir accรจs ร  certaines spรฉcialitรฉs, notamment les ophtalmologues et les dentistes. Le rapport de lโ€™Observatoire International des Prisons constatait en 2011 ร  titre dโ€™exemple quโ€™au centre de dรฉtention de Bapaume les consultations ont lieu ร  lโ€™hรดpital avec une attente de dix ร  douze moins, aucun ophtalmologue nโ€™assurant des vacations. A la maison dโ€™arrรชt de Strasbourg, le spรฉcialiste nโ€™intervient quโ€™une fois par mois pour 860 dรฉtenus. Une pรฉnurie inquiรฉtante sachant que lโ€™incarcรฉration a des consรฉquences dramatiques sur la vue des dรฉtenues en raison de lโ€™insuffisance de lโ€™รฉclairage et lโ€™absence dโ€™horizon. A titre de deuxiรจme exemple les soins psychiatriques relรจvent le mรชme constat : de nombreux postes de psychiatres sont vacants selon le rapport dโ€™information rendu en 2009 par MM. E. Blanc et J.-L. Warsmann.

La garantie de lโ€™accรจs aux soins limitรฉe par lโ€™absence de permanence mรฉdicale

Lโ€™accรจs aux soins est une garantie due aux dรฉtenus malades comme vu prรฉcรฉdemment, cependant la question se pose dโ€™une accessibilitรฉ aux soins la nuit et le week-end dans le milieu carcรฉral. Alors que des gardes sont assurรฉes en milieu libre, permettant une garantie et une continuitรฉ des soins, il est constatรฉ une absence de permanence mรฉdicale en milieu carcรฉral. Un tรฉmoignage appui ces propos ; un dรฉtenu de la Maison dโ€™arrรชt de Bois Dโ€™arcy frappant ร  la porte de sa cellule poussรฉ par la douleur et ce jusquโ€™ร  deux heures du matin en demandant une consultation. Il devra nรฉanmoins attendre jusquโ€™au lendemain lโ€™ouverture de lโ€™UCSA.

Malgrรฉ lโ€™obligation de permanence des soins par la loi de 1994, il nโ€™est pas prรฉvu par les UCSA de permanence en dehors de leurs heures dโ€™ouvertures, sauf exceptions concernant les grands รฉtablissements pรฉnitentiaires. Ainsi lorsque lโ€™UCSA de lโ€™รฉtablissement pรฉnitentiaire est fermรฉe, plus ou moins entre 18 heures et 8 heures le lendemain matin en semaine, et le weekend, il revient au surveillant gradรฉ de permanence dโ€™appliquer les directives prรฉvues par le protocole signรฉ avec lโ€™hรดpital de proximitรฉ. De faรงon gรฉnรฉrale il est prรฉvu quโ€™en cas dโ€™urgence le gradรฉ contacte le centre de rรฉception et de rรฉgulation des appels du Samu. Les personnels pรฉnitentiaires de permanence peuvent intervenir soit ร  la demande de la personne dรฉtenue, soit de leur propre initiative, soit ร  la suite dโ€™une alerte donnรฉe par toute autre personne, notamment un codรฉtenu.

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Table des matiรจres

Partie I :Lโ€™รฉvolution du statut juridique du dรฉtenu malade
A. Lโ€™รฉvolution du statut juridique des personnes dรฉtenues face aux droits des personnes malades
1. Le droit des personnes malades constituant des droits fondamentaux de toute personne humaine
a. Le droit et lโ€™accรจs ร  lโ€™information
b. Le respect du secret mรฉdical
c. Le consentement comme corollaire du droit ร  lโ€™information
2. Lโ€™รฉmergence dโ€™un statut juridique des personnes dรฉtenues
a. De la privation ร  la reconnaissance de droits
b. Le droit ร  la santรฉ
B. La mise en ล“uvre dโ€™une qualitรฉ et continuitรฉ de soins รฉquivalente pour lโ€™ensemble de la population
1. La rรฉforme des soins en milieu pรฉnitentiaire permettant lโ€™accรจs aux soins
a. Cadre juridique de la prise en charge sanitaire en milieu carcรฉral
b. Organisation du dispositif dโ€™accรจs aux soins
2. Les personnes dรฉtenues intรฉgrรฉes dans le systรจme gรฉnรฉral de santรฉ
a. La couverture sociale automatique des dรฉtenus
b. Une prise en charge intรฉgrale des dรฉtenus
c. Les dรฉpenses non prise en charge par lโ€™assurance maladie
Partie II :Une dรฉtention attentatoire aux droits fondamentaux de la personne malade
A. Lโ€™incompatibilitรฉ entre dรฉtention et respect de la dignitรฉ humaine
1. Des restrictions dโ€™accรจs aux soins portant atteinte ร  la dignitรฉ des dรฉtenus
a. Des restrictions dโ€™accรจs communes au milieu libre et dโ€™autres spรฉcifiques au milieu carcรฉral
b. La garantie de lโ€™accรจs aux soins limitรฉe par lโ€™absence de permanence mรฉdicale
2. Des conditions dโ€™accรจs aux soins portant atteinte ร  la dignitรฉ du dรฉtenu
a. Les entraves et les menottes attentatoires au principe de dignitรฉ
b. Lโ€™incompatibilitรฉ de la dรฉtention avec la condition de dรฉtenu malade
B. Le droit de prendre une dรฉcision mรฉdicale รฉclairรฉe mis ร  mal
1. Le droit et lโ€™accรจs ร  lโ€™information
2. La libertรฉ du consentement
a. Le choix du praticien limitรฉ par la dรฉtention
b. Le libre consentement ร  tout acte mรฉdical respectรฉ
C. Confidentialitรฉ et secret mรฉdical face ร  la coopรฉration surveillant/personnel de soin
1. Confidentialitรฉ des soins et dรฉtention
a. Une atteinte lรฉgitimรฉe par un impรฉratif sรฉcuritaire
b. Le respect de la confidentialitรฉ consacrรฉ par la loi pรฉnitentiaire
2. Secret professionnel
a. Le cahier รฉlectronique de liaison comme frein au secret mรฉdical
b. Le partage dโ€™information entre les personnels soignants et pรฉnitentiaires
Partie III :Prรฉconisations susceptibles de favoriser le respect des droits des personnes malades en dรฉtention
A. Structurer une dรฉmarche de santรฉ publique
1. Mobilisation des acteurs externes
a. Le devoir dโ€™รฉvaluation du systรจme de santรฉ des ARS
b. Garantir lโ€™effectivitรฉ des contrรดles extรฉrieurs par le conseil dโ€™รฉvaluation
2. La mobilisation des acteurs internes
a. Une formation prenant en compte la relation difficile mรฉdecin/surveillant
b. Une dรฉfinition nouvelle du mรฉtier de surveillant face ร  la multiplicitรฉ des acteurs
c. Responsabilisation des chefs dโ€™รฉtablissement
3. Action de prรฉvention et dโ€™รฉducation de la santรฉ
a. Enrichir lโ€™information du dรฉtenu
b. Dรฉvelopper lโ€™expression individuelle et collective des personnes dรฉtenues
B. Adapter et amรฉliorer la qualitรฉ et la continuitรฉ des soins
1. Lโ€™amรฉlioration des modalitรฉs dโ€™intervention et de suivi des acteurs de la prise en charge sanitaires des dรฉtenus
a. Modernisation des locaux et des offres de soins
b. Le dรฉveloppement de la tรฉlรฉmรฉdecine
c. Assouplissement de certaines rรจgles de sรฉcuritรฉ afin de faciliter le travail du personnel soignant
2. Facilitรฉ la prise en charge du dรฉtenu malade dโ€™un point de vue pratique et financier
a. Redรฉfinir les modalitรฉs de financement
b. Une possible prise en charge en milieu libre du dรฉtenu malade
c. Une prise en charge au-delร  de la dรฉtention ร  dรฉvelopper
Conclusion
Bibliographie

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