Madagascar est un pays riche non seulement dans le domaine environnemental mais aussi dans le domaine culturel grâce à ses dix-huit ethnies réparties dans les six provinces. Chacune de ses ethnies a sa propre particularité qui la distingue des autres. Mais ici, ce qui va nous intéresser c’est celle de la région Haute- Matsiatra, c’est –à -dire l’ethnie betsileo. Nous allons axer surtout notre recherche sur le cas de la culture betsileo. Actuellement, la politique de l’Etat s’oriente plutôt vers le développement rural, car 70% des Malgaches sont ruraux et que d’après les bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale), le développement doit venir de la base, c’est à – dire de la Communauté locale de base jusqu’à la région. Nous allons essayer de chercher le maximum d’informations et de connaissances à propos de cette culture : son originalité, son historique, son évolution selon les différents contextes. En tant qu’étudiant en sociologie nous allons essayer de canaliser nos recherches en tenant compte des théories des sociologues et anthropologues spécialistes dans la culture et développement pour pouvoir vérifier si la culture peut être un atout pour le développement ou non. Beaucoup de livres ont été écrits par rapport à ces deux concepts, donc il est très intéressant de les adapter en fonction du contexte culturel malgache en prenant comme cas le Diamponegnana betsileo qui s’avère être un héritage culturel du groupe ethnique betsileo de la région Haute Matsiatra. En ce moment les bailleurs essaient de définir plusieurs types de développement pour les pays en voie de développement comme le développement rural, le développement participatif, tout cela pour atteindre un développement humain durable, concept initié par le Programme des Nations Unies pour le Développement ou PNUD de Madagascar. L’intérêt de notre recherche est surtout de vérifier que ces types de développement peuvent s’adapter au Diamponegnana betsileo, culture ayant existé depuis des lustres et fait la fierté des Betsileo. La question est de savoir si cette culture peut être compatible ou non au développement et aux théories développantes mises en vigueur chez nous surtout si l’accent est axé sur le développement rural.
CONTEXTE NATIONAL
Madagascar est un pays essentiellement à vocation agricole. En effet, la grande île est étendue de superficie cultivable, des ressources naturelles et le climat sont favorables aux activités agricoles sans interruption durant toute l’année. En général, l’agriculture et l’élevage constituent les principales activités socioéconomiques de la population du monde rural pour assurer sa subsistance. La société rurale malgache constitue aux environs de 80% de la population totale du pays. Le développement du monde rural malgache existe malgré l’insuffisance non seulement des appuis matériels et financiers mais aussi de la vulgarisation des techniques modernes. Sur le plan social, le peuple malgache a été toujours célèbre au niveau mondial concernant par son identité culturelle qui est marquée et caractérisée par les valeurs fondamentales suivantes : -la sagesse et la philosophie (ny fahendrena)- l’union et la solidarité (ny firaisankina) -l’amitié et l’entraide (ny fifankatiavana sy ny fifanampiana) Ces valeurs ont été déjà vécues depuis la période du communisme primitif (société primitive ou société sans classes selon Karl Marx) jusqu’à nos jours (Andron’ny Ntaolo). La solidarité et l’entraide de la population du monde rural sont toujours pratiquées dans la vie quotidienne aux activités socio-économiques et culturelles (évènements malheureux et heureux). Par ailleurs, l’objectif du gouvernement malgache, conformément au MAP (Madagascar Action Plan) qui trace la vie menant au développement économique du pays d’ici cinq ans (2012) , est selon l’engagement 4 : le développement rural dynamique et la réduction effective de la pauvreté sont à la base des efforts du Gouvernement ;
CONTEXTE RÉGIONAL ET LOCAL
Depuis ces dix dernières décennies jusqu’à ce jour, nombreux sont les projets de développement que les régimes qui s’étaient succédé avaient conçus en collaboration avec les différents organismes de financement dans la région de Haute Matsiatra. Outre les différents organismes nationaux et internationaux œuvrant dans tous les secteurs d’activités économiques et sociales, la coordination nationale de la lutte pour la réduction de la pauvreté y est déjà installée depuis plus de cinq années conjointement par l’Etat et le PNUD. Cependant, conformément à cet état des lieux et constat que nous avons évoqués auparavant, la région reste un « cimetière de projet ». En effet, parmi les six provinces, Fianarantsoa occupe jusqu’aujourd’hui avec Tuléar le dernier rang sur le plan économique. La paysannerie betsileo est pourtant célèbre en matière d’activités rizicoles. On dit que les paysans betsileo sont les meilleurs cultivateurs de Madagascar. Les zones productrices de riz à Madagascar (Marovoay, Alaotra, Tsiroanomandidy, Samangoky, Bezaha et autres) sont occupées et au moins exploitées de façon temporaire par le groupe ethnique betsileo, un groupe qui fait partie des trois autres les plus migrateurs, à savoir les Merina, Antandroy et Antesaka.
CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE
Géographiquement, la région betsileo se situe au centre –Sud de l’île, dans les Hautes terres. Au Nord le fleuve Mania sépare le groupe ethnique betsileo du groupe merina et le fleuve Zomandao du groupe bara au Sud. Tandis qu’à l’Est, la région betsileo est séparée de celle des Tanala par la forêt de la falaise orientale et à l’Ouest de la région Sakalava du Menabe, par les plateaux et les plaines du Moyen- Ouest. Comme notre terrain d’enquête est situé dans la Commune rurale de Mahasoabe se trouvant dans le district de Fianarantsoa II, nous avons pensé qu’il est préférable de connaître l’étude du milieu ou la monographie de la Commune.
CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIO-POLITIQUE
Sur le plan historique et politique, la formation du groupe betsileo est le résultat d’un processus historique et le mot “ Betsileo ” est une dénomination attribuée par les autres groupements ethniques. “ Be tsy leo ” (Be ka tsy leo na tsy zaka na tsy azo resena), tel est le début de l’historique de la dénomination de ce groupe ethnique pendant les guerres ethniques contre les Merina au 19èmesiècle. Littéralement cela veut dire “ les nombreux invincibles ”. En traduction libre, cela veut dire » : c’est un groupe qu’on ne peut vaincre à cause du nombre important de ses membres ”. La division géographique constitue également une division politique depuis l’existence de la région betsileo jusqu’à nos jours, d’après les péripéties de l’histoire. Fianarantsoa tient toujours le dernier rang sur le plan économique à l’échelon national malgré ses atouts considérables en ressources naturelles et humaines.
LES OBJECTIFS DE L’ETUDE
En Sciences Sociales, toute culture à savoir le Diamponegnana en pays betsileo contient des objectifs bien précis. Dans cette recherche, nous avons établi la compatibilité de la culture au développement ; nous allons voir si ce Diamponegnana peut contribuer au développement ou est seulement facteur de blocage. A la fin de notre étude nous allons voir si ce Diamponegnana peut être complémentaire au développement en proposant des solutions.
JUSTIFICATION ET RAISON DU CHOIX DU THÈME
Nous étions conscient que les cinq anciennes provinces de Madagascar à savoir : Antananarivo, Mahajanga, Toamasina et Toliara, sont plus développés que celle de Fianarantsoa. En tant qu’originaire de cette province, nous avons décidé de faire une recherche concernant le développement de ce site localisé dans la région Haute Matsiatra, dans le district de Vohibato, Commune rurale de Mahasoabe. D’après les ouvrages bibliographiques que nous avons consultés lors de la pré- enquête, le développement ne peut jamais être atteint sans la prise en compte de la culture. La connaissance de la culture autochtone de la région en question est fondamentale pour la réalisation d’un projet de développement. Jamais un projet de développement ne réussira sans la connaissance des us et coutumes dans la Commune, sinon cela sera voué certainement à l’échec. Les promoteurs de développement ne réussiront pas leur mission, alors les Communes resteront sousdéveloppées, à la fin l’Etat n’aura plus la confiance des bailleurs de fonds pour leur prêt et la demande d’aide en vue du développement rural. Etant très intéressé au développement rural grâce à quelques formations et stages effectués en milieu rural, nous avons donc pensé qu’il était convenable de choisir un sujet qui traiterait du problème en milieu rural. De plus, la culture betsileo est encore un thème vierge et mérite qu’on la découvre. Moi-même étant un originaire de la région, cela me conviendrait encore un peu plus car notre village ancestral ne se trouve pas loin du chef-lieu de la Commune donc cela faciliterait notre accès au terrain d’enquête. Enfin la Commune est assez développée car elle est déjà dotée de quelques infrastructures, telles l’électricité, lycée, poste et télécommunication, salle de spectacle… D’où il a été préférable de se concentrer dans un milieu rural où la plupart de la population malgache vit malgré l’exode rural. De plus, les disparités régionales mettent en relief le retard du développement du Sud .Des écarts sur l’indice de développement humain tendent à se creuser depuis une dizaine d’années, illustrant ainsi l’ampleur de la détérioration des conditions de vie des populations du Sud, toutes catégories confondues, en particulier dans les provinces de Fianarantsoa et de Tuléar. Et ce, avec respectivement le pourcentage d’incidence de pauvreté plus élevé par rapport à la moyenne nationale. Par conséquent, certains grands organismes orientent leurs projets de développement sur le Sud à cause de la vulnérabilité du milieu. C’est pour ces raisons que nous avons orienté notre choix et le terrain choisi obéit à des conditions objectives de convenance personnelle, financière favorables. La culture joue un rôle fondamental dans la vie d’un peuple; comme le dit Margaret MEAD « la culture est l’ensemble des habitudes et des aptitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société ; cela comprend tout à la fois des connaissances, des vécus journaliers des gens donc il faudra la respecter et non l’ignorer. Les gens ont mis du temps pour socialiser toutes les normes et valeurs de la société, donc il faudra s’y adapter afin d’apporter une bonne note pour le développement » .
Un constat de la situation générale du site d’intervention c’est-à-dire de la Commune rurale de Mahasoabe s’avère nécessaire afin de pouvoir justifier les raisons du choix de notre thème de recherche. Etant donné que la culture constitue un paramètre non négligeable lié à tout projet de développement de cette région, c’est donc cet état de lieux qui a dicté le choix de notre thème d’étude intitulé : « L’approche sociologique de la culture face au développement : le Diamponegnana, cas de la Commune rurale de Mahasoabe ».District de VOHIBATO, Région HAUTE MATSIATRA .
CADRE THEORIQUE
La méthode que nous avons utilisée pour tous les travaux de recherche déjà réalisés et que nous allons encore utiliser est axée sur l’approche « socio-anthropologique » telle que définie par le Professeur J.P. Olivier de Sardan. En effet, elle nous a bien servi comme base pour la réalisation de nos travaux de recherche. «J’entends par socio-anthropologie l’étude empirique multidimensionnelle de groupes sociaux contemporains et de leurs interactions, dans une perspective diachronique, et combinant l’analyse des pratiques et des représentations. » « La socio-anthropologie fusionne les traditions de la sociologie de terrain et de l’anthropologie de terrain pour tenter une analyse in situ des dynamiques de reproduction et / ou de transformation d’ensembles sociaux de natures diverses prenant en compte les comportements des acteurs, comme la signification qu’ils accordent à leurs comportements. » .
HYPOTHESE DE TRAVAIL
HYPOTHESE GENERALE
Comme hypothèse centrale nous pouvons avancer que la société betsileo a comme fondement « le vala ».Le Diamponegnana renferme le vécu journalier de chaque individu et le développement lié à ses activités économiques et sociales se manifeste simultanément « au vala ». En résumé, tout est articulé autour du « vala ». « Le Diamponegnana est compatible au développement socio-économique de la Commune rurale Mahasoabe et de la région Haute Matsiatra ». Comme hypothèses secondaires nous pouvons également avancer que dans la région Haute Matsiatra province de Fianarantsoa, la culture contient des éléments incompatibles au développement économique et social entre autres le fady, les jours interdits, les interdits sociaux, les dépenses ostentatoires occasionnées par des évènements familiaux ainsi que les pertes de temps sacrifié aux cérémonies. Mais la culture betsileo contient aussi des éléments positifs pour la réalisation du développement endogène de cette région tels que le Diamponegnana, l ‘entraide, la solidarité, l’atero ka alao dans les pratiques de la vie quotidienne, notamment dans les évènements sociaux et les diverses activités économiques et sociales.
MÉTHODOLOGIE
Pour réaliser cet ouvrage, il a fallu effectuer des enquêtes sur terrain dans la Commune rurale de Mahasoabe, à savoir des enquêtes par questionnaire, entretien libre, observation participante dans quelques fokontany et des récits de vie… Car peu de livres, concernant la culture betsileo ont été écrits jusqu’à présent : l’essentiel de nos recherches était axé sur les données obtenues sur terrain favorisant surtout les données qualitatives. Nous avons surtout utilisé les auteurs classiques de la sociologie comme Durkheim, Marx, Boudon et de l’anthropologie Lévi-Strauss, Malinowski dans l’approche bibliographique. Nous savons bien que le Département de sociologie nous a enseigné diverses branches de l’étude sociologique ; c’est le cas de la sociologie générale, de travail religieuse, urbaine ; mais ce qui nous intéresse ici c’est spécialement la sociologie rurale. Cette dernière traite exclusivement les faits ou les phénomènes existant en milieu rural.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE THÉORIQUE ET ÉTAT DES LIEUX
CHAPITRE I : GENERALITE SUR LE DEVELOPPEMENT, LA CULTURE ET LE LIEN ENTRE LA CULTURE ET LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX
PARTIE II : CULTURE ET DÉVELOPPEMENT DANS LA COMMUNE RURALE DE MAHASOABE
CHAPITRE III : LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
CHAPITRE IV : PHENOMENES CULTURELS
CHAPITRE V : PRESENTATION DES RESULTATS DE L’ETUDE
PARTIE III : LE DIAMPONEGNANA ET LE DEVELOPPEMENT REGIONAL: PROPOSITIONS ET SOLUTIONS
CHAPITRE VI : SITUATION ACTUELLE DE LA RÉGION SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
CHAPITRE VII : PROPOSITION DE SOLUTIONS
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ABEVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXES
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