Le devenir des étudiants recalés au Numerus Clausus

Effectifs des étudiants de la FMOS/FAPH en fonction du quota

   Nous constatons que malgré l’instauration duquota, les effectifs des classes après le Numerus clausus au fil des années de 2015 à 2018 n’ont pas baissé à hauteur de souhait. L’effectif le plus petit a presque toujours été observé en 2eme année de médecine ou de pharmacie. Celatémoigne du respect du quota. L’effectif le plus élevé en 2015-2016 était de 603 en3 ème année de Médecine générale. Cette pléthore a continué en 4ème année et 5 ème année en 2016- 2017 et 2017-2018 respectivement. L’explication plausible des effectifs pléthoriques est alors liée au taux d’échec élevé à partir de la 3eme année et 5eme année de médecine (rapport annuel des activités de la FMOS 2018). Parallèlement aux autres classes, l’effectif du Numerus Clausus a explosé ces trois dernières années avec un record de 2700 étudiants en 2017-2018. Ceci s’explique par les conditions d’accès à la FMOS/FAPH. D’une part, le projet NICHE du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) donne la possibilité aux nouveaux bacheliers maliens de faire la préinscription en ligne sur CampusMali dans trois différentsinstituts/facultés de leur libre choix dont la FMOS/FAPH et sans tenir compte des capacités d’accueil des Institutions d’Enseignement Supérieur (IES).D’autre part, l’USTTB aussi autorise les maliens de l’extérieur avec un baccalauréat nouveau ou ancien âgés de moins de 25 ans de s’inscrire sur étude de dossiers. En plus, le nombre de redoublants et dérogés augmente chaque année. Un fait important est le fait que les inscriptions ferment dans presque toutes les IES au Mali avant la FMOS/FAPH. Par conséquent, ses deux facultés sont obligées d’accommoder tous les bacheliers qui n’ont pas eu de point de chute dans les autres IES au Mali.

L’évolution de la démographie du Mali, du budget national alloué à la santé de 2003 à 2017

  Malgré l’augmentation annuelle progressive de la population malienne et du budget national, le pourcentage du budget national alloué à la santé est resté presque invarié de 2003 à 2014. Ce constant est lié plutôt à la politique de priorisation dans la répartition du budget national qu’à l’impact du Numerus Clausus car entre 2003 et 2011, la première promotion des numériciens n’est pas encore sur le marché de l’emploi. En plus, il n’ya pas de sécurité sociale au Mali où l’état subventionne une grande partie du cout des services de santé aux citoyens. Ce pourcentage du budget a doublé en 2017.

Le nombre de Médecins chômeurs au Mali de 2012 à 2017

  Nous constatons que le nombre de médecins chômeurs a augmenté au fil des années avec 1960 nouveaux médecins chômeurs enregistrés de 2012 à 2017.Le Numerus Clausus doit permettre la formation des médecins selon le besoin du pays en évitant ou en minimisant le chômage des jeunes médecins.

Le profil de l’étudiant

   Durant notre étude sur les réseaux sociaux, 383 des 472 participants étaient de recalés du Numerus Clausus. Les étudiants ont fréquenté un lycée privé dans 58,9% des cas (Tableau XIV). Cela est dû le fait que les lycées privés sont de plus en plus nombreux au Mali et reçoivent des élèves du public admis au DEF. En plus, beaucoup de parents d’élèves ayant les moyens financiers préfèrent le privé au public pour l’éducation secondaire de leurs enfants. Les lycées privés connaissent moins de grèves et les enseignants sont plus motivés. Les étudiants qui ont participé à notre enquête ont un baccalauréat série SB dans 83,5% des cas (Tableau XV) et la mention passable dans 73,5% des cas (Tableau XXIV). C’est normal que l’admission aux études en médecine soit conditionnée à un baccalauréat scientifique de préférence de la série Science Biologique mais avec une mention autre que passable. D’après nos enquêtes auprès des étudiants non maliens a la FMOS/FAPH, un étudiant doit avoir au moins 12/20 de moyenne au bac avec au moins 18/20 en math, physique et chimie (MPC) et en biologie en Côte d’Ivoire, 14/20 de moyenne générale au Maroc et la mention bien en Algérie pour être admis aux études en médecine. La particularité du Mali est que la plupart des bacheliers avec la mention bien ou excellente bénéficient de bourses d’étude d’excellence pour l’extérieur (la France, l’Algérie, la Russie et le Cuba).

Le devenir des étudiants recalés au Numerus Clausus

  Les étudiants recalés au Numerus Clausus avaient quitté la FMOS/FAPH sur transfert dans une autre faculté dans 44,4% des cas (Tableau XXVII). Le transfert entre les structures de l’USTTB (Faculté des Sciences et des Techniques, FST, la FMOS, la FAPH et l’Institut des Sciences Appliquées, ISA) est facile avec l’implication de la structure d’accueil et de départ via le Rectorat de l’USTTB. Par contre, le transfert vers des institutions d’enseignement supérieur (IES) à l’extérieur de l’USTTB n’engage que l’étudiant lui-même. Ce pourcentage est plus élevé si les années académiques a la FMOS/FAPH sont normales comme dans les autres IES du Mali. En général, au moment de la parution des résultats du Numerus Clausus avec ceux de la deuxième session, presque toutes les IES ont clôturé les inscriptions. Cela contraint les recalés de perdre au moins une année avant de pouvoir s’inscrire ailleurs et l’ancienneté du baccalauréat diminue la chance d’être accepté à cause de la pléthore des nouveaux bacheliers chaque année. Les étudiants recalés au Numerus Clausus n’ont pas obtenu une dérogation dans 43,1% des cas (Tableau XXVIII). L’obtention de la dérogation est régie par un arrêté ministériel qui stipule qu’un étudiant dans le premier cycle des études de la FMOS/FAPH (1ere et 2eme année) ayant épuisé sa scolarité avec une moyenne générale d’au moins 10/20 a automatiquement droit à la dérogation. Selon nos constats, la plupart des étudiants promus à l’exclusion ne répondent pas aux critères d’obtention d’une dérogation. Les étudiants recalés au Numerus Clausus n’ont aucune activités pécifique au moment de notre enquête dans 39,9% des cas (Tableau XXVII). Ce résultat s’explique par le fait que d’une part beaucoup d’étudiants n’ont pas assez de support familial pour continuer les étudiants dans une faculté de médecine privée. D’autre part, certains recalés du Numerus Clausus vont jusqu’à douter de leur capacité à réussir dans la vie du fait des échecs répétés malgré leur meilleur effort. Bien au-delà de ces raisons sus citées, c’est le manque de mesure d’accompagnement depuis l’implémentation du Numerus Clausus qui en est l’explication majeure. Sous d’autres cieux, les passerelles sont créées pour accommoder les recalés du Numerus Clausus en fonction des crédits obtenus pendant les deux ou trois années passées à la faculté de médecine ou de pharmacie. Les dites passerelles leur donnent l’opportunité de devenir des biologistes, des physiologistes, des chimistes, des infirmiers d’état, des sages femmes ou des sapeurs-pompiers.

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. GÉNÉRALITÉS
III. MATERIEL ET MÉTHODES
IV. RÉSULTATS
V. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI. CONCLUSION
VII. RECOMMANDATIONS
VIII. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
IX. ANNEXE

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