Le développement durable dans l’histoire
Aujourd’hui le concept de « développement durable » et toute sa dimension face à l’environnement peut paraitre bien évident, mais il faut savoir que la notion de développement a longtemps été éloignée des préoccupations de l’environnement.
Le terme de développement naît durant la crise des années 30 et concerne principalement les pays du Sud et leur retard accumulé en termes de niveaux de vie sur les pays du Nord. Ainsi le terme de « développement » vient compléter celui de la « croissance » en « désignant un processus plus qualitatif, qui implique des transformations à la fois économiques, sociales et politiques » . A cette époque les préoccupations sur l’environnement ne sont donc pas encore de mise, mais on commence à s’interroger sur la vision d’une croissance plus qualitative (importance du bien être des populations) que quantitative (importance du PIB).
En 1970, le Club de Rome, une association réunissant des scientifiques, des humanistes, des économistes, ainsi que des industriels, commence à se préoccuper de la surexploitation des ressources naturelles liée à la croissance économique et démographique. Celle-ci commande alors un rapport sur les dangers écologiques de la croissance économique et démographique. Ce rapport publié en 1972, également appelé rapport Meadows, montre « de solide corrélations entre la croissance économique, la dégradation de l’environnement et l’épuisement des ressources » , si bien que le Club de Rome fini par proposer une croissance nulle. C’est ici le début d’une prise de conscience internationale sur l’importance de l’état de l’environnement. A la même époque, l’ONU organise une conférence sur « l’environnement humain » à Stockholm qui aboutit à la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) complément du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L’ONU scelle ainsi les notions de développement et d’environnement.
Contrairement à ce que l’on peut croire le terme de « Sustainable Development », traduit à l’époque par « développement soutenable », est énoncé pour la première fois en 1980 dans le rapport de « Stratégie mondiale de conservation » réalisé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature soutenue par le PNUE. Ce terme, qui passe quasiment inaperçu lors de sa première évocation, sera repris dans le célèbre rapport de Brundtland intitulé « Notre avenir à tous » lors de la Commission Mondiale sur l’Environnement de 1987. Le développement durable y est alors défini comme un « développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Le développement durable est alors consacré en 1992 par 182 états lors du «sommet de la Terre » de Rio de Janeiro, puis en 2002 lors du « Sommet Mondial sur le Développement Durable » de Johannesburg. Les pays participants se sont engagés à établir un plan d’action visant à des propositions concrètes, notamment avec des thématiques telles que : l’accès à l’eau, les énergies, la production agricole, la biodiversité… Nous venons donc de voir que l’idée d’un développement « qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » à mis une quarantaine d’année à s’imposer mais comment se traduit ce concept de développement durable ?
Le débat sémantique
Avant d’expliquer ce concept qu’est le développement durable, nous pouvons noter que la notion est soumise depuis son énonciation en 1980 à un débat sémantique. En effet le terme anglais de « Sustainable Development » peut se traduire sous différentes formes, chacune porteuse d’un sens plus ou moins différent. La première et la plus connue est le terme de développement durable. Si on se réfère au sens économique du terme développement on obtient: « Amélioration qualitative et durable d’une économie et de son fonctionnement » . Il ne sert donc a rien de rajouter la mention durable puisque par définition un développement est durable. Cependant certains experts vont jusqu’à dire l’opposé en affirmant que le terme «développement durable » est un oxymore. En effet lorsque l’on se penche sur la définition du terme durable, elle renvoie à la définition du mot stable : « Qui se maintient dans son état actuel » , et on voit bien là une opposition puisque une amélioration, un développement, ne peut se faire qu’en s’accompagnant d’un changement d’état. L’expression de développement durable comme «développement qui se maintient dans son état actuel » devient alors un non sens, voir même un contre sens, puisqu’il s’agit bien de modifier le mode de développement actuel quand on parle de développement durable. Il en est de même pour le terme soutenable, parfois employé et qui véhicule à quelque nuance près le même genre d’idée de conservation de l’intensité du développement actuel.
En conclusion, les termes de développement durable ou soutenable laisse sous-entendre une sorte de « rêve », consistant à croire que le développement que l’on a connu ces dernières années reste possible si on le « métamorphose » en développement durable. C’est pourquoi certains préfèrent la mention de développement viable, «qui peut vivre, organiser pour aboutir » , plus axé sur la qualité du développement que sur le développement lui-même.
Les controverses sur le développement durable
Ce débat sémantique entre trois termes qui renvoient approximativement à la même définition, masque en fait des questions plus profondes sur la pertinence du concept de développement durable.
En effet, comme nous venons de le voir, les différentes appellations renvoient à des définitions cherchant ; soit à montrer l’importance de continuer sur le développement que nous avons connu jusqu’à présent mais dans un souci de durabilité: ‘’Il faut que le développement soit continu dans le temps or les ressources s’épuisent donc il faut trouver un moyen d’optimiser ses ressources’’ ; soit à souligner la nécessité d’un développement dans le respect des hommes et de leur environnement : ‘’Il faut cesser le développement qui ravage l’environnement et qui ne permet pas à tous les hommes d’être heureux’’. Ces deux visions de la durabilité peuvent se résumer à ce que les économistes appellent la « durabilité faible » et la « durabilité forte ».
C’est pourquoi les partisans de la durabilité forte pensent qu’il faut intégrer l’environnement et l’écologie au sein même de l’économie et ce le plus vite possible comme le souligne Herman Daly « des contraintes écologiques fortes s’imposent à l’activité économique et ne peuvent être relâchées simplement sous l’influence du progrès technique ; la nature, d’une certaine manière, est irremplaçable ». Nous insisterons sur le fait que même si les partisans de la durabilité forte sont plus axés sur la protection de l’environnement, ils ne veulent surtout pas que celle-ci se fasse au détriment de la croissance et du développement.
Définition du concept
Après avoir expliqué brièvement l’histoire et les différentes controverses qui existent autour du terme de développement durable, essayons d’en établir une définition. Malgré les différentes théories sur le développement durable, les définitions de celui ci reste quand même assez proches. Commençons par celle donnée par le rapport qui a rendu célèbre le concept de développement durable :
« [Le développement durable est] un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de » besoins « , et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.[…] Le développement durable exige :
– Un système politique qui assure la participation effective des citoyens à la prise de décisions,
– Un système économique capable de dégager des excédents et de créer des compétences techniques sur une base soutenue et autonome,
– Un système social capable de trouver des solutions aux tensions nées d’un développement déséquilibré,
– Un système de production qui respecte l’obligation de préserver la base écologique en vue du développement,
– Un système technologique toujours à l’affût de solutions nouvelles,
– Un système international qui favorise des solutions durables en ce qui concerne les échanges et le financement,
– Un système administratif souple capable de s’auto corriger. »
Cette définition du développement durable renvoie à l’idée du développement et de la consommation infinie puisque les besoins des générations du présent semblent aujourd’hui même être infinis. On a donc une définition proche de la durabilité faible, puisqu’il semble que les seuls soucis qui font que le développement actuel ne soit pas durable sont le fait que l’état actuel de nos connaissances et de notre organisation sociale technique ne le permettent pas. On note que d’après la définition du rapport de Brundtland les moyens pour arriver à un développement durable nécessite une réflexion sur les dimensions : politique, économique, social, écologique, technologique et administrative.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE DEVELOPPEMENT TERRITORIALE DURABLE : UN CONCEPT BASE SUR DEUX GRANDES THEORIES AUX DIMENSIONS DIFFERENTES A (RE)DEFINIR AFIN DE MIEUX COMPRENDRE LA SPECIFICITE DE LA RECHERCHE
I. DEFINITIONS DES PRINCIPAUX TERMES DE LA RECHERCHE
A. LE DEVELOPPEMENT DURABLE
B. LE DEVELOPPEMENT LOCAL
C. SYNTHESE
II. PRECISION DE LA PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
A. PRECISION DE LA PROBLEMATIQUE
B. METHODOLOGIE
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE COMPARATIVE DU PAYS VAL DE GARONNE- GASCOGNE ET DU PAYS DES LANDES DE GASCOGNE
I. PRESENTATION ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES TERRAINS D’ETUDES
A. DEUX PAYS PROCHES MARQUES PAR DES DIFFERENCES CULTURELLES
B. DES MODALITES DE MISE EN PLACE DIFFERENTES
C. UNE FORTE PARTICIPATION DEMOCRATIQUE AU DEBUT DE LA DEMARCHE DES DEUX PAYS
D. DEUX STRUCTURES ORGANISATIONNELLES DIFFERENTES MAIS COMMUNES PAR LEUR SOUPLESSE
E. DEUX CHARTES A PRIORI EN ADEQUATION AVEC LES PRINCIPES DU DEVELOPPEMENT DURABLE
F. SYNTHESE
II. METHODOLOGIE ET LIMITE DE LA DEMARCHE COMPARATIVE
A. UN ASPECT QUANTITATIF A PRENDRE EN COMPTE DANS LA COMPARAISON
B. METHODOLOGIE DE LA COMPARAISON
III. COMPARAISON RELATIVE DE LA DURABILITE DES DEUX DEMARCHES DE PAYS
A. DIMENSION SOCIAL
B. DIMENSION ECONOMIQUE
C. DIMENSION ENVIRONNEMENTAL
D. TRANSVERSALITE ET COHERENCE DU PROJET PAYS
E. SYNTHESE DE LA COMPARAISON
TROISIEME PARTIE : SYNTHESE CONCLUSIVE
A. REPONSE A L’HYPOTHESE SPECIFIQUE
B. REPONSE A LA QUESTION GENERALE
C. REPONSE A L’HYPOTHESE GENERALE
CONCLUSION
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