LE DEVELOPPEMENT DURABLE

LE DEVELOPPEMENT DURABLE

EVOLUTION DU CLIMAT EN SUISSE ET DANS LES ALPES DURANT LES 20EME ET 21EME SIECLES

En Suisse, durant le 20ème siècle, le climat s’est réchauffé progressivement avec deux phases particulièrement marquées : l’une se produisant de 1920 à 1940, puis la seconde ayant démarré en 1970 et se poursuivant toujours à l’heure actuelle (REBETEZ 2011 : 36). Une hausse moyenne des températures de +1.8°C a été relevée depuis la fin du 19ème siècle (PLATTNER et al. 2016 : 42). Cette tendance s’est intensifiée depuis les années 1970 pour atteindre +0,57°C par décennie sur la
période 1975-2004 (REBETEZ ET REINHARD 2008 : 29).
En hiver notamment, le régime climatique atlantique, et plus particulièrement l’oscillation nord-atlantique (l’indice NAO), influence en partie le réchauffement des températures observé depuis les années 1980 (REBETEZ 2011 : 38). En montagne, l’évolution des températures correspond aux valeurs mesurées en plaine, bien que les années les plus chaudes et les plus froides ne soient pas toujours les mêmes (REBETEZ 2011 : 37).
En Suisse aucune tendance claire quant à l’évolution des précipitations ne se manifeste depuis 1900, leurs variations dépendant d’influences régionales et saisonnières (SCHÄR ET FISCHER 2016 : 48). La forte variabilité des valeurs pluviométriques relevées d’une année à l’autre ne facilite pas « l’analyse d’un changement significatif » (SERQUET ET REBETEZ 2013 : 45). La modification des régimes de pression atmosphérique à grande échelle a été perçue à la fin des années 1980 et durant les années 1990 en Suisse. Les hautes pressions maintenaient de l’air doux et sec sur les Alpes pendant une bonne partie de la saison hivernale. Par conséquent, le manque de neige porta préjudice à la pratique du ski pendant cette période (REBETEZ 2011 : 42-43).

LE TOURISME HIVERNAL FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

L’analyse de la pratique du ski, loisir né et historiquement pratiqué dans les Alpes, peut apporter un éclairage supplémentaire sur le recul de la fréquentation de l’Arc alpin en tant que région de tourisme.
La statistique des « journées-skieurs » en Suisse confirme que l’hôtellerie n’est pas la seule branche du tourisme alpin à connaître un recul marqué durant ces dernières années. La fréquentation n’a cessé de diminuer depuis la saison 2008/2009, qui a atteint la valeur la plus élevée de la série, passant ainsi de 29,3 mio de journées-skieurs8 à 21,2 mio pour la saison 2016/2017, valeur la plus basse .
Suite à la saison d’hiver 2013/2014, les exploitants de RM constatent que leur branche « subit également des tendances de fond, plus lourdes, et qui malheureusement semblent inexorablement infléchir à la baisse la fréquentation des stations de ski helvétiques » (VANAT 2014 : 3). Certains hivers, l’absence de neige et d’ambiance hivernale en plaine réduit l’attrait des vacances à la montagne et renforce les envies de plages et de soleil (CONSEIL FEDERAL 2013 : 49). La concurrence internationale est également très forte et, depuis 2003, la Suisse a perdu des parts de marché du ski importantes au profit de la France et de l’Autriche en particulier (VANAT 2017 : 15).

LE CLIMAT, LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA VULNERABILITE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Le climat désigne «le temps moyen ou, plus précisément, se réfère à une description statistique fondée sur les moyennes et la variabilité ́de grandeurs pertinentes sur des périodes variant de quelques mois à des milliers, voire à des millions dannées (la périodetype, définie par l’Organisation météorologique mondiale, est de 30 ans)»(IPCC 2013: 188). Les paramètres utilisés pour mesurer le climat incluent au minimum la température et la hauteur des précipitations. On parlera donc plutôt de système climatique afin d’englober les éléments statistiques qui le constituent (id.). Susceptible de varier au cours du temps, le système climatique subit donc des changements. Il s’agit de «variations de l’état du climat que l’on peut détecter au moyen de tests statistiques (…) et qui persistent pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus»(2013: 87). Les changements climatiques peuvent être induits par des processus internes naturels ou par des «forçages externes [en italique dans le texte], notamment les modulations des cycles solaires, les éruptions volcaniques ou des changements anthropiques persistants dans la composition de l’atmosphère ou dans l’utilisation des terres»(id.). L’exposition et la sensibilité des régions et des acteurs aux impacts du changement climatique reflètent leur vulnérabilité face à ce phénomène. On parlera plus particulièrement de «l’état problématique de certains acteurs, groupes ou communautés visàvis des effets du changement climatique sur leurs moyens d’existence ou de bienêtre» pour définir la vulnérabilité des acteurs (traduction libre de Dupuis 2015, tirée de Adger et Kelly 1999 in DUPUIS 2015: 14).

L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES MESURES D’ATTENUATION

L’adaptation aux changements climatiques désigne «le processus de mise en accord de systèmes naturels et sociaux avec l’évolution du climat et ses conséquences»(IPCC 2014/WGII/SPM in PÜTZ, PATT ET HOHMANN 2016: 144). Elle consiste notamment à «adopter des politiques et des pratiques pour préparer les populations aux effets des changements climatiques, en acceptant le fait qu’il est désormais impossible de les éviter complètement»(ONU 29.1.2018). L’adaptation du tourisme face aux changements climatiques prendra essentiellement la forme d’une incitation à la diversification de l’offre. Mais le secteur doit aussi «assumer sa responsabilité compte tenu de la raréfaction des ressources naturelles: énergie, paysage, sol, etc.»(ARE 2012: 8). Les mesures dites d’atténuation visent, quant à elles, la réduction des émissions de GES. Associées à un changement des pratiques de management et du comportement des consommateurs, elles impliquent un recours accru aux technologies et aux énergies renouvelables et le renforcement de l’efficacité énergétique des anciens équipements (traduction libre de ONU ENVIRONNEMENT 25.1.2018). Alors que «les politiques d’atténuation s’attaquent aux causes des changements climatiques, les mesures d’adaptation sont destinées à aider les populations à surmonter les conséquences de ces changements» (ONU 29.1.2018).

LE DEVELOPPEMENT DURABLE

«Le développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures» (BRUNDTLAND 1987: 37). Cette définition est la plus communément admise et implique la recherche permanente d’un équilibre entre ses trois piliers : économique, social et environnemental (UNITE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DU CANTON DE VAUD (UDD) 2010: 22). En plus de la protection de notre planète en tant que ressource naturelle, «il faut que soit garantie la durabilité des écosystèmes dont dépend l’économie dans son ensemble. Et les partenaires économiques doivent avoir le sentiment que les échanges reposent sur une base équitable : des relations placées sous le signe de l’inégalité ou fondées sur une domination de l’une ou l’autre sorte ne constituent pas une telle base.» (BRUNDTLAND 1987: 58). De plus, la préoccupation du bienêtre de la population est fondamentale afin d’atteindre un équilibre durable de la croissance mondiale: «C’est une erreur et une injustice à l’égard de la condition humaine de ne considérer les gens que comme des consommateurs. Leur bienêtre et leur sécurité (…) sont les objectifs du développement» (1987: 80).En Suisse, deux aspects complètent la définition du rapport Brundtland (1987): «tout d’abord l’idée que les capacités de l’écosystème mondial sont limitées, et ensuite le constat que la priorité doit être accordée à la satisfaction des besoins essentiels, notamment ceux des plus démunis»(CONSEIL FEDERAL 2016: 12). Le développement durable (DD) est un impératif constitutionnel selon l’art. 2, al. 2, de la Constitution fédérale (Cst.).Les politiques publiques doivent donc tenir compte des trois dimensions que sont la solidarité sociale, la responsabilité environnementale et la capacité économique lors de l’élaboration de stratégies ou de mises en œuvre (CONSEIL FEDERAL 2016: 12). Dès lors, elles veillent à garantir l’équité entre les générations et les différentes régions du monde, à accroître la coordination entre les domaines politiques et à en améliorer la cohérence, ainsi qu’à pérenniser les partenariats entre acteurs publics et privés dans le contexte particulier du fédéralisme (2016: 1213).

 

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Table des matières

PREMIERE PARTIE
1. INTRODUCTION 
2. CONTEXTE
2.1. UN EXEMPLE DE POLITIQUE TOURISTIQUE : LE CAS DES ALPES VAUDOISES
2.1.1. La stratégie « Alpes Vaudoises 2020 » dans le Canton de Vaud
2.1.2. La prise de position des autorités politiques cantonales
2.2. EVOLUTION DU CLIMAT EN SUISSE ET DANS LES ALPES DURANT LES 20EME ET 21EME SIECLES
2.2.1. La température
2.2.2. Les précipitations
2.2.3. L’enneigement
2.3. L’EVOLUTION DE LA PRATIQUE DU TOURISME EN SUISSE-
2.4. LE TOURISME HIVERNAL FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
2.4.1. L’enneigement mécanique
2.4.2. Impacts sur le paysage
2.4.3. Impacts sur les écosystèmes
2.4.4. Impacts sur les ressources en eau et en électricité
DEUXIEME PARTIE
3. DEFINITIONS DE CONCEPTS-CLES
3.1. LE CLIMAT, LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA VULNERABILITE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
3.2. L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES MESURES D’ATTENUATION
3.3. LE DEVELOPPEMENT DURABLE
4. PROBLEMATIQUE
4.1. LES STATIONS SELECTIONNEES DANS LE CADRE DE CETTE RECHERCHE
4.1.1. Leysin
4.1.2. Les Mosses
4.1.3. Château-d’Oex
4.2. QUESTION DE RECHERCHE
4.3. AXES D’ANALYSE
4.3.1. Axe 1 : les remontées mécaniques, l’enneigement artificiel et les mesures d’accompagnement compensatoires
4.3.2. Axe 2 : la diversification, la mobilité et l’hébergement
5. METHODOLOGIE
5.1 DEMARCHE METHODOLOGIQUE
5.1.1 Les sources consultées
5.1.2. Les critères de sélection des mesures présentées
5.2 LIMITES DE CETTE ETUDE
TROISIEME PARTIE
6. ANALYSE
6.1. ANALYSE DE L’AXE 1 : LES REMONTEES MECANIQUES, L’ENNEIGEMENT ARTIFICIEL ET LES MESURES
D’ACCOMPAGNEMENT COMPENSATOIRES
6.1.1. Une concentration des RM dans les zones les plus adaptées selon les positionnements
dominants
6.1.2. L’enneigement mécanique
6.1.3. Les mesures d’accompagnement environnementales
6.1.4. L’arrêt du ski
6.1.5. Un partenariat entre stations de ski
6.1.6. Synthèse axe 1
6.2. AXE 2 : LE TOURISME 4-SAISONS, LA MOBILITE ET L’HEBERGEMENT
6.2.1. Le tourisme 4-saisons
6.2.2. La mobilité
6.2.3. Hôtellerie
6.2.4. Synthèse axe 2
7. DISCUSSION ET CONCLUSIONS
7.1. DISCUSSION ET NUANCES
7.1.1. Le ski : une importance économique et sociale capitale malgré des impacts environnementaux
difficilement suppressibles
7.1.2. Une dépendance à la neige encore très marquée malgré un souci de diversification
7.1.3. Des initiatives qui doivent encore s’affirmer mais dont les potentiels ne sont pas encore
complètement révélés
7.2. CONCLUSIONS
7.2.1. Une méthodologie appropriée malgré une différenciation superflue
7.2.2. Des apports différenciés mais complémentaire
7.2.3. … Pour un bilan de durabilité équilibré dans son ensemble
QUATRIEME PARTIE
8. BIBLIOGRAPHIE
9. ANNEXES
9.1. FINANCEMENT DES 5 AXES DE DEVELOPPEMENT PROPOSES DANS LE CADRE D’AV2020
9.2. TABLEAUX RECAPITULATIFS DES MESURES HIVERNALES MENTIONNEES
9.2.1 Les Mosses – La Lécherette
9.2.2. Château-d’Oex
9.2.3. Leysin
9.3. MESURES ENVIRONNEMENTALES COMPENSATOIRES
9.3.1. Leysin
9.3.2. Les Mosses – La Lécherette
9.4. MESURES DE DIVERSIFICATION
9.4.1. Mesures événementielles AV2020 sélectionnées
9.4.2. Mesures infrastructurelles AV2020 sélectionnées
9.5. MOBILITE DOUCE DANS LES ALPES VAUDOISES
9.6. PROLONGEMENT DE LA LIGNE AIGLE-LEYSIN
9.7. CHANGEMENTS DE COMPORTEMENTS INITIES DANS LE CADRE DE LA LABELLISATION CO2

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