Le développement du sport santé

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Type d’étude

Pour répondre à la question de recherche, une méthode d’étude qualitative a été utilisée, inspirée de la phénoménologie interprétative. Cette approche était particulièrement adaptée pour étudier les ressentis d’une population et améliorer la compréhension d’une expérience de vie, dans notre cas, la participation à un programme de Surf Santé. (21)

Population étudiée

La population étudiée était un groupe de 15 patients atteints de maladies chroniques et ayant bénéficié d’un programme de 6 mois de Surf Santé. Il s’agit d’un échantillonnage raisonné homogène nécessaire à la réalisation d’une analyse interprétative phénoménologique. (21)
Pour participer au programme, les patients devaient avoir entre 18 et 65 ans, être suivis pour une maladie chronique, ne pas faire de surf, être inactif physiquement, ne pas avoir de limitations fonctionnelles sévères (annexe 5) et être motivés pour faire un programme de surf santé pendant 6 mois.

Recueil des données

Le recueil des données s’effectuait au cours d’entretiens individuels. Ils étaient enregistrés sur un dictaphone. Ils ont été retranscrits intégralement et anonymisés. Les verbatims n’ont pas été relus par les interviewés. Ils ont été réalisés en lieu neutre, à la Maison des Aidants de l’association Handisurf©. Il s’agit d’un lieu d’échange et d’activités pour les familles de personnes en situation de handicap. Elle est équipée d’une pièce de vie, d’une cuisine, de bureaux et d’une terrasse avec vue sur un chemin piéton et la Nive (annexe 9).
Les 15 patients ont participé à deux entretiens. Le premier avait lieu après les tests physiques et avant la première séance de surf santé en mai 2021. Le deuxième était réalisé trois semaines après la fin du programme en décembre 2021. Nous avons souhaité faire deux entrevues pour limiter le biais rétrospectif des freins et leviers initiaux rapportés par les patients en fin d’expérience.
Les entretiens de mai étaient semi-dirigés à l’aide d’une grille de 8 questions (annexe 6). Cette grille a été élaborée à partir des leviers et freins à l’activité physique adaptée chez les patients chroniques déjà identifiés grâce à l’analyse des données de la littérature. Ils ont été réalisés sur 5 jours répartis sur deux week-ends à la suite. Les regrouper permettait de limiter les contraintes organisationnelles. Treize ont été fait en présentiel, deux ont été faits en visioconférence à la suite de changements d’emploi du temps des participants. Les deux premiers entretiens ont permis de tester la grille puis la trame a été légèrement modifiée au fur et à mesure de la session. Notamment, des questions abordant l’avis des proches des participants et le coût de l’activité ont été ajoutées à la grille. Les entretiens tests ont été inclus dans l’analyse finale.
Les entretiens finaux (annexe 7) étaient ouverts pour recueillir l’expérience des patients et permettre une analyse inspirée de la phénoménologie interprétative. (21) La grille était composée d’une question unique, suivi de reformulations, de manifestations d’écoute active ou questions de relances si nécessaire. Les 15 entretiens ont été réalisés en présentiel sur 8 jours, permettant d’alterner recueil des données et retranscription. La question de la grille a pu être légèrement modifiée au fur et à mesure des entrevues.

Présentation de l’association Surf Santé© et de ses objectifs

Surf Santé© est une association loi 1901, dont l’objectif est de promouvoir et de développer les activités de glisse (Surf, Bodyboard, SUP) dans leur dimension santé.
Elle a obtenu en mai 2020 l’agrément « association nationale » auprès de la fédération Française de Surf, lui déléguant la mission de développer le sport santé dans le champ du surf. Son objectif est de permettre la pratique des sports de glisse proposés par la FFS pour les personnes inactives et atteintes de maladies chroniques. Pour y parvenir, elle utilise trois leviers d’action : former les moniteurs de surf au sport santé en proposant une formation spécifique à la discipline, labelliser les écoles de surf « Surf Santé© », et sensibiliser les acteurs locaux et les médecins à la prescription du Surf et disciplines associées. En parallèle, l’association travaille à l’intégration des disciplines Surf Santé© dans le médico-sport-santé du CNOSF et à la reconnaissance de la formation par le comité.

Le programme Surf Santé : Organisation et déroulement

Le coût des séances était intégralement pris en charge par l’association et ses partenaires. Le matériel était prêté. Du fait du contexte sanitaire (COVID-19), les combinaisons étaient nominatives et les bénéficiaires les ramenaient à leur domicile pour éviter les échanges.
Les patients ont intégré le programme Surf Santé directement après avoir reçu une prescription d’activité physique « Surf » de leur médecin traitant ou sur proposition de la « Maison Côte Basque sport santé » située à Biarritz. Elle oriente des patients en Affection Longue Durée (ALD) avec prescription médicale d’activité physique vers des structures proposant des créneaux de sports adaptés.
Le lieu de pratique a été choisi pour son accessibilité et sa sécurité. Il s’agit d’un spot du Pays basque connu pour ses petites vagues, son fond sablonneux, et une descente très progressive permettant au surfeur d’avoir pied. Les cours se sont déroulés de juin à novembre, généralement le samedi, duraient environ 1h30. Les bénéficiaires du programme étaient répartis par groupe de 5 élèves maximum, selon leurs résultats aux tests physiques réalisés en amont des séances. Les cours étaient dispensés par un professeur Brevet d’Etat (BE) Surf, titulaire d’une licence STAPS Education et motricité, également formé au Surf Santé. Les disciplines proposées dans le programme étaient le surf, le stand up paddle et le bodyboard. Le choix du support dépendait des conditions de mer et du matériel disponible.
Un suivi avec un éducateur APA était instauré. Il rencontrait les patients au début du programme, au bout de 3 mois et au bout des 6 mois. Ces derniers réalisaient des tests physiques de force, de souplesse, d’endurance et d’équilibre, des mesures anthropométriques, une évaluation de la qualité de vie à l’aide du questionnaire SF-36 (22) ainsi que des entretiens motivationnels. L’ensemble des résultats étaient notés dans un carnet de suivi destiné au patient.

Analyse des données

Les entretiens ont été retranscrits à l’aide du logiciel Express Scribe© sur un document Word©. Les différentes étapes du codage ont été réalisées sur Word© et sur Excel©. Une analyse inspirée de la phénoménologie interprétative a été choisie pour l’analyse des entretiens permettant de faire émerger différents thèmes.
L’ensemble de l’analyse a pu bénéficier d’une triangulation des données par la confrontation des résultats entre la directrice de thèse, la doctorante en médecine générale, et lorsque cela était nécessaire une psychiatre expérimentée en recherche qualitative.

Aspects éthiques et réglementaires

Le consentement oral des participants a été recueilli après information sur le déroulé de l’étude (2 entretiens anonymisés espacés de 6 mois). Pour respecter la confidentialité, tous les lieux et les noms propres ont été modifiés lors de la retranscription.
Cette étude n’impliquant pas la personne humaine a été classée hors loi Jardé et considérée comme une expérimentation en sciences humaines et sociales dans le domaine de la santé. (23)

Analyse des résultats

Le rapport des patients à l’activité physique avant le programme

Activité physique et vie quotidienne

Les patients étaient globalement inactifs avant leur participation au programme. Les causes avancées pouvaient être la vie professionnelle, la lourdeur des tâches quotidiennes et la vie de famille, la pandémie COVID-19 et ses confinements successifs en 2020 et 2021, ou une routine sédentaire. Certains craignaient une moins bonne gestion de leur quotidien s’ils ajoutaient une activité physique régulière.
P2 : « Je me suis complètement enlisée, ‘fin dans le travail qui était très prenant je faisais facilement 10-12h par jour euuuh les enfants, […] je me suis complétement laissée submerger par la vie, par les évènements. »
Des causes liées aux structures sportives étaient données telles que des horaires de cours non adaptés à leur quotidien.
P4 : « les horaires ont changé. C’est à dire qu’au départ, les horaires c’était euuuh plein milieu d’après-midi donc je pouvais mettre ma fille à la crèche et aller au sport mais là, ils ont décalé donc là c’est à 18h le soir […] et moi j’peux pas du tout »
Ils étaient motivés à intégrer l’activité physique dans leur vie quotidienne. Certains évoquaient la possibilité de réorganiser leur quotidien pour intégrer le surf à leur routine.

Activités physiques et rapport au corps

Les patients expliquaient éviter certains sports à cause des douleurs, d’une fatigue ou pour éviter des blessures.
P4 : « J’avais essayé des cours en salle euuuuh des trucs comme la zumba mais […] je sentais que je pouvais me faire mal facilement. »
Les complexes physiques et la honte de leur corps étaient également retenus comme freins à l’activité physique.
P12 : « j’ai voilà… voulu me remettre au sport […], j’avais honte donc du coup voilà, je m’y suis pas remise au sport »
Ils avançaient plusieurs arguments négatifs relatifs à leurs capacités physiques tels que le poids comme entrave aux mouvements ou un manque global de condition physique.
P6 : « Et puis bah, le corps a plus de mal à bouger, j’suis moins à l’aise dans mes mouvements, euuh, je suis moins à l’aise donc je le sens ! »
Les tentatives pouradopter une régularité dans les entrainements ont pu, par exemple, être mises à mal par l’absence de résultats physiques notés par les patients.
P2 : « Puis au bout de 3 mois je vois qu’il n’y a aucun effet et que à part me fatiguer, ça me fait rien d’autre. En gros c’est ça »
La perception de perte de capacités physiques à l’arrêt du sport était une des motivations à la reprise d’une activité physique.
P5 : « Du coup j’ai remarqué que quand on fait rien pendant 1 à 2 mois bah on perd tout »

Activités physiques et rapport à la maladie

La maladie était un frein majeur à l’adoption et à la poursuite de l’activité physique.
Il s’agissait parfois d’un manque d’informations sur les éventuelles contre-indications sportives en lien avec la pathologie, des effets indésirables des traitements tels que l’asthénie ou l’immunosuppression.
P4 : « Et puis le cancer euuhh voilà. Parce que en fait au départ, je ne savais pas trop ce que je pouvais faire ou pas comme activité. »
P6 : « L’immunosuppression aussi ça m’a beaucoup limité sur les sports en salle. »
Le temps hebdomadaire dédié aux soins était également une entrave au sport car il empiétait sur le temps personnel des patients.
P9 [à propos de l’activité physique] : « Je travaille pratiquement tous les jours, et quand j’ai des matinées c’est pour aller en soins kiné, en soins balnéo, l’acupuncteur donc c’est vrai que quand j’ai ces soins là le matin l’après-midi je travaille… Donc je ne peux pas en plus… ‘fin c’est compliqué. »
La fragilité physique induite par la maladie, notamment l’exacerbation du risque traumatique dans les activités sportives a été retrouvée dans les entretiens.
P14 : « Y’a des choses je vais pas oser les faire pas par rapport à la sclérose ça va être plus par rapport au dos parce que je me dis si je me ramasse je ne veux pas repartir à l’hôpital »
L’activité physique était aussi perçue positivement. Parfois elle était décrite comme un outil thérapeutique pour lutter contre la maladie ou les douleurs.
P15 : « Je me suis dit « Nan mais là il faut faire quelque chose ». Il faut que je lui dise que ce régime ne marche pas, c’est pas possible. […] voilà, j’avais besoin de faire un autre sport. »

La représentation personnelle de l’activité physique

Certains patients rapportaient ne pas réellement aimer le sport, qu’ils essayaient d’en faire généralement par obligation, pour leur santé. Ce manque de motivation était source d’abandons récurrents, et de manque d’implication. Ils expliquaient se sentir incompris par les sportifs, notamment les entraineurs des clubs, compliquant les possibilités d’encadrement dans une activité.
P2 : « Je suis pas à la fréquence des gens sportifs en fait. Eux ils ont d’autres problèmes que moi. […] dans la majorité des sujets on ne pourrait pas s’entendre en fait, on ne pourrait pas se comprendre »
Globalement, les patients considéraient l’activité physique comme un outil de bien-être physique et psychique. Il s’agissait d’un moyen efficace pour perdre du poids et plus généralement pour prendre soin de sa santé.
P12 : « le sport, […] en fait ce que je recherche c’est vraiment la notion de plaisir »

Les attentes des patients concernant le programme Surf Santé©

Les patients désiraient découvrir une nouvelle activité sportive avec Surf Santé©. Certains s’inscrivaient au programme par simple opportunité ou à la suite des restrictions kilométriques COVID qui limitaient les possibilités de sports extérieurs.
P5 : « Ça me permet de découvrir autre chose que j’ai jamais fait. »
P7 : « Euuuuuuhh de faire du surf santé bah écoutez, euuh le choix en ce moment il est très simple, c’est que jusque-là nous étions confinés et que euuuuh moi ce que j’aime faire par rapport aux distances à parcourir je pouvais plus les faire. […]
Pouvoir réaliser une activité de groupe était parfois une motivation pour s’inscrire au programme. La recherche de vie sociale et le besoin de partager de nouvelles expériences poussaient les patients dans leur démarche.
P10 : « Je veux recréer du lien social, je veux me recréer une activité régulière qui puisse me faire sortir, qui puisse me faire voir du monde. »
Certains souhaitaient perdre du poids, améliorer leur silhouette ou se réapproprier leur corps. Des objectifs de santé physiques et psychiques tels que mieux dormir, améliorer sa condition physique ou encore prendre confiance en soi, motivaient les patients à suivre le programme.
P1 : « Perdre du poids, me sentir un peu mieux dans ma peau aussi. »
P13 : « Déjà, de véritablement me réapproprier mon corps. […]. Parce que je vous dirais, je ne me regarde plus dans la glace rien du tout quoi. »
P12 : « Le sport, bah oui j’en attends de pouvoir me remuscler, de pouvoir me raffermir »
Certains espéraient du programme de changer leur quotidien qu’ils décrivaient comme ennuyeux, fade ou vide de sens.
P10 : « Parce que je suis dans une espèce de, de, de routine là euuuh… Moi c’est pas métro-boulot-dodo moi c’est euuh kiné-balade-dodo alors bon euuuh pfff. Ça va deux minutes… »
Les patients les moins à l’aise dans le milieu aquatique trouvaient dans le programme un bon moyen de reprendre confiance dans l’eau et l’océan. Certains se sentaient en insécurité suite à leur déconditionnement physique progressif, d’autres après des frayeurs en mer. Plusieurs patients étaient arrivés dans la région depuis quelques mois ou années, n’avaient jamais été au contact de l’océan et voyaient dans le programme une opportunité de se familiariser avec ce milieu.
P13 : « J’ai été à Aqualand, le fait de ne plus avoir pieds j’ai paniqué […] Non c’est pas possible, c’est un milieu que je connaissais et compagnie et puis je veux faire de la piscine. Si je peux plus y aller. Donc le fait de faire ça, jme dis ça va être progressif et compagnie et ça va me réapproprier tout ça.
Les plus motivés se projetaient dès l’inscription au-delà des 6 mois et souhaitaient acquérir les compétences nécessaires pour surfer en autonomie ou intégrer un club de Surf non adapté.
P15 : « D’avoir ma planche de surf ou j’en sais rien mais mes trucs pour faire de la glisse et que ce soit naturel, et que le WE que j’ai pas besoin de quelqu’un pour m’accompagner, parce que j’ai envie de faire du surf… »
Les entretiens réalisés en amont des séances de Surf Santé© ont permis d’identifier de nombreux freins à la pratique de l’activité physique. Il s’agissait de limites transposables à l’ensemble des activités physiques. Les arguments concernaient généralement la maladie et ses symptômes, les capacités physiques perçues ou le souvenir d’expériences sportives antérieures infructueuses. Cependant, les patients évoquaient qu’entrer dans une dynamique plus sportive pouvait améliorer leur quotidien et leur santé physique et mentale. Outre la santé, leurs attentes du programme étaient variées. Elles pouvaient porter sur leur vie quotidienne, sociale, ou encore pouvaient concerner la découverte d’une nouvelle discipline et d’un nouveau milieu de pratique, l’océan.

Le programme Surf Santé : des changements dans la vie quotidienne des patients

Le quotidien avec Surf Santé

Les patients ont intégré le Surf Santé dans leur vie quotidienne avec la création d’une « routine surf » qu’ils qualifiaient de très positive. Il s’agissait de se lever le samedi matin, de faire du covoiturage ou de passer par de belles routes de corniches pour aller surfer. La gestion du matériel avant et après les séances pouvait être appréciée.
P6 : « Donc euh j’partais habillé avec mon short de bain, mon lycra haut, mon maillot de bain en dessous. J’arrivais là-bas j’enlevais le lycra, je gardais mon short de maillot de bain je gardais mon sous tif, j’foutais ma combi euuh le truc euuh le t-shirt blanc là, et je repartais en fait […] Ça m’a fait du bien. »
Pour certains, le bénéfice allait au-delà d’un temps dédié au sport. Ils ont expliqué avoir gagné en dynamisme tout au long de la semaine et avoir amélioré leurs conditions de travail. D’autres expliquaient avoir gagné en autonomie physique ou sociale.
P13 : « Bah déjà au boulot, ça me permet de garder le masque quand je travaille. Elle avait été obligée de m’acheter une visière. Et là, […] les 3h30 que je fais, je peux les faire avec le masque ça me dérange plus. »
P3 : « La transposition aujourd’hui de la planche de surf qui délimite un espace sur lequel je sais que là je suis concentré, je peux travailler, je peux agir, je peux faire, je l’ai transposé à la voiture aussi. »
P4 [à propos du quotidien] : « Mais du coup j’me sens plus dynamique. »
Parmi les actifs, ajouter une session de surf hebdomadaire dans leur vie a nécessité des aménagements d’emploi du temps au travail. Certains n’ont pas pu pérenniser ces changements pendant les 6 mois, entrainant un manque d’assiduité ou un arrêt du programme.
P9 : « malheureusement le fait de, voilà de mon emploi du temps, la distance aussi […]. Euh voilà, j’ai fait 3-4 cours, et c’est tout. »
Ils craignaient les traumatismes ou les infections intercurrentes liés au milieu de pratique puisque ceux-ci pouvaient entrainer un arrêt de travail.
P1 : « Et en sortant… et moi j’ai pas intérêt d’être malade. Pendant 6 mois après le COVID là on a eu quand même pas mal d’absence, […] si moi j’y allais pas… J’avais même pas le droit de tomber malade. »

Un outil de développement personnel

Les patients prenaient parfois conscience de leurs besoins personnels avec le programme Surf Santé©. Il s’agissait de temps pour soi, de suivre ses envies, d’avoir des objectifs de sport adaptés ou encore de gérer autrement le quotidien.
P1 : « C’est vrai qu’avec l’âge on fait plus de choses à soi. On a les enfants, le travail, on se dit qu’on a pas le temps de faire des trucs pour soi. […] C’est là que je me suis rendu compte qu’il fallait se donner un petit peu de temps à soi. »
P7 : « Mon objectif n’était même pas de me lever sur la planche parce que ça j’en ai vraiment… […] Quand j’y vais, j’y vais c’est pour moi »
Ils évoquaient des victoires personnelles intéressants différents champs de leur vie. Certains s’étaient détachés du regard des autres, étaient fiers de leurs performances physiques ou mentales et avaient l’impression d’avoir réalisé quelque chose d’inatteignable. Cela leur ouvrait despossibilités d’épanouissement personnel ou professionnel. Ils gagnaient en estime d’eux même.
P12 : « Et ça m’a permis aussi voilà, de me rendre compte que je ne vis pas qu’à travers le regard familial etc. […] ça redonne confiance en soi.
P10 : « Et donc je me suis dit « bah t’as réussi à monter sur une planche, à surfer c’est, c’est, c’est bien ». J’étais fière de moi »
P2 : « En fait déjà, je me rends compte que tout est possible en fait. Si moi je suis capable de faire ça je suis capable de tout faire en fait »
P15 : « Et je me suis dit, je suis capable en fait. Et c’est énorme pour mon estime. »
Un apprentissage du lâcher prise était également décrit. Il était considéré comme secondaire à la pratique de l’activité, dont la philosophie et le milieu de pratique semblaient idéal pour acquérir cette compétence.
P2 : « Dans le surf y’a cette notion de lâcher. […] Et c’est ça là, la profondeur de cette, de cette philosophie du surf. Tu vas avec la vague ça sert à rien de lutter contre les éléments, on va perdre c’est sur et certains. […] Et ça, ça va changer ma vie dans ma vie de famille, ma vie professionnelle, comment je regarde les choses en fait.
Le programme Surf Santé© a été considéré comme une aide dans la vie quotidienne. Les patients se sont décrits comme plus dynamiques et autonomes dans leurs tâches journalières. Leurs performances pendant les séances et l’apprentissage du lâcher prise les ont aidés à se dépasser personnellement et professionnellement.
L’activité professionnelle a pu être un obstacle à l’assiduité. Certains expliquaient avoir craint de se mettre en arrêt à cause d’une blessure de surf ou d’une infection secondaire aux baignades.

Le programme Surf Santé© dans le cadre de la maladie chronique

Le Surf Santé et la maladie au quotidien

Le programme permettait aux patients de se sentir en meilleure santé, moins « handicapé », et de mieux gérer les effets indésirables des traitements.
P13 : « Je n’ai jamais été voir mon médecin pour autre chose que mon suivi de cancer du sein. Alors que généralement, j’ai déjà 3-4 bronchites à cette époque de l’année. »
P3 : « Ça m’a effacé une partie du handicap, je ne sais pas comment dire. C’est comme si on avait pris une gomme et qu’on avait effacé une partie du handicap. »
P4 : « Ça c’est l’effet du sport de… de maintenir euuuuuuh l’humeur. J’pense que par rapport à des traitements et ce que j’ai comme maladie bah c’est pas toujours facile. Et puis notamment les traitements en fait y’a des effets secondaires qui sont liés à l’humeur. »
Pour certains, il s’agissait d’une preuve qu’ils étaient encore capables physiquement malgré la maladie.
P10 : « Jamais je n’aurais pensé que j’aurais pu faire ce que j’ai fait. Et que malgré tout j’ai une jambe branquignole, j’ai quand même réussi à monter sur cette euuuh en parlant poliment de cette putain de planche »
Quelques patients ont pris conscience avec Surf Santé© des limitations fonctionnelles induites par celle-ci.
P9 : « Après je voyais que j’avais du mal. Donc quelque part ça m’a remis face à mes euuuh à cette problématique que je rencontre, à cette fibromyalgie qui meeee qui m’épouvante en fait »
Ils pouvaient considérer la maladie comme responsable soit de leur moindre progression, soit de leur arrêt prématuré du programme.
P8 : « Et bon j’ai un problème c’est que je sens pas mes jambes, mes pieds, donc je ne sais pas où je place les pieds, les jambes. […] c’est un p’tit handicap j’veux dire qui ne favorise pas… »
Les effets indésirables des traitements rendaient certaines sessions difficiles physiquement et moralement. Ils induisaient chez certains patients des peurs de « coups de soleil » sur une photosensibilité induite ou d’infection Covid dans un contexte de prise d’immunosuppresseurs.
P4 : « J’me souviens c’était pendant une séance, vraiment j’étais vidée, vraiment ou je peux pas monter sur la planche, je peux pas. Même si je voudrais, je ne peux pas. C’est mon traitement. »
P6 : « Le covid aussi me faisait beaucoup peur à cause de l’immunité »

Le surf santé comme outil thérapeutique

Le programme était considéré comme un véritable outil thérapeutique. Les patients assimilaient le surf comme un traitement anxiolytique, antidépresseur ou un équivalent psychothérapeutique puissant.
P2 : « Absolument j’ai pas vu un psychologue ou un psychiatre de toute l’année. Ma thérapie c’était ça. »
P3 : « Le psychiatre il entend parler de surf tous les mois […] Et on est euuuuuh on est assez stupéfaits parce qu’avec lui je descends dans les tours quoi. »
P12 : « Et ça m’a permis de pas prendre de traitement anti dépresseurs ou de choses comme ça…»
Sur le plan somatique, les patients comparaient le programme à de la rééducation et à un traitement antalgique. Pour certains, cela permettait de diminuer la fréquence des séances de kinésithérapie. D’autres ont eu des retours positifs de leur kinésithérapeute concernant leurs progrès rapides lors des séances de soins.
P5 : « La kiné elle a vu que j’avais une ouverture de mes épaules qui avaient… Depuis que j’avais du sport qui était mieux. »
P2 : « En fait, ma kiné elle m’aaaa, elle avait d’autres patientes qui ont fait burn-out. Et elle me disait « toi tu remontes super bien” »
Certains expliquaient avoir normalisé leur glycémie, surveillée dans le cadre d’un syndrome métabolique. D’autres racontaient guérir plus vite d’infections intercurrentes banales.
P3 : « Les prises de sang je vous les enverrais quoi, elles sont un an avant un an après. Y’a pu de sucre ! Je ne suis plus en limite de diabète »
L’assimilation du programme Surf Santé à une structure de soin était retrouvée.
P3 [à propos de Surf Santé] : « Pour moi, j’étais en hôpital de jour… »

Les effets physiques et psychologiques du programme

Percevoir les effets physiques du programme pendant les séances, dans la vie quotidienne et lors des bilans trimestriels motivait beaucoup de patients à poursuivre le programme.
Les effets positifs rapportés étaient notamment la diminution des douleurs au quotidien, un meilleur dynamisme, avoir perdu ou pris du poids, avoir gagné en force et en amplitudes articulaires, avoir augmenté son périmètre de marche ou encore avoir amélioré sa capacité respiratoire à l’effort.
P2 : « Je euuuuuuh, les douleurs que j’avais dans les genoux qui m’empêchaient de vivre complétement, ça a disparu. »
P13 : « Ah ouais j’ai explosé mes résultats. J’ai même perdu 10 cm de tour de taille. 10 cm ! J’ai perdu 2kilos et demi et j’ai perdu 10 cm de tour de taille. »
P15 : « En termes de euuuh, de dynamisme c’est-à-dire au niveau cardio euuuuh bah ça s’est énormément amélioré parce que avant de faire du surf j’arrivais même plus à marcher trop longtemps. Et là en fait, […] je suis beaucoup moins essoufflée »
Concernant des effets psychologiques décrits comme positifs, les patients se sentaient libres en surfant. Ils parlaient d’une déconnection avec leur vie quotidienne, d’un apaisement psychique pendant et après les sessions. Ils racontaient avoir beaucoup ri pendant les sessions.
P5 : « J’ai remarqué, c’est qu’en fin de compte j’étais vraiment dedans quoi pendant la séance. C’est-à-dire pendant les 40 minutes voire une heure, on déconnecte de tout. Et ça, ça m’a fait beaucoup de bien. »
P3 : « Y’a vraiment des choses heuuuu, des chocs mentaux qui se sont produits […] et puis ça m’a, ça m’a apaisé. Jeeeee je suis beaucoup moins agressif euuuh, ça m’a apaisé. »
Certains réfléchissaient ou revivaient des moments forts de leur vie avec la maladie, notamment les patients ayant des problèmes de santé secondaires à un accident.
P3 : « J’ai ressenti les éléments de l’accident du trauma, du coma, du réveil du froid des… dans l’eau heu on entend plus bien les bruits on sait pas dans quelle position on est. Quand on se réveille du coma ça fait ça, on ne sait plus trop ou on est, on se dit qu’est ce qui s’est passé. »
P10 : « J’ai eu ce sentiment de de gâchis qui c’est davantage développé en me disant euh euuuuuuuh si j’avais été euuuh pleinement dans mes capacités physiques euuuuh si j’avais euuuuuuuh poursuivi une activité professionnelle, en fait si j’avais pas eu cet accident, euuuuh quelle belle vie j’aurais eu. »

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1 Epidémiologie : Les maladies chroniques et l’activité physique
1.2 Définitions et recommandations d’activité physique en France
1.2.1 Définitions
1.2.2 Recommandation d’activité physique
1.3 Le sport santé en France : développement et organisation
1.3.1 Le développement du sport santé
1.3.2 L’organisation du sport santé en 2022 (annexe 4)
1.4 Intérêt pour la recherche d’identifier les leviers et les freins à un programme de Surf Santé
1.4.1 L’Etude qualitative pour comprendre un phénomène social
1.4.2 Etudier une activité physique spécifiquement pour personnaliser l’orientation sport santé des patients
2. MATERIEL ET METHODES
2.1 Type d’étude
2.2 Population étudiée
2.3 Recueil des données
2.4 Présentation de l’association Surf Santé© et de ses objectifs
2.5 Le programme Surf Santé : Organisation et déroulement
2.6 Analyse des données
2.7 Aspects éthiques et réglementaires
3. RESULTATS
3.1 Description de la population étudiée
3.2 Analyse des résultats
3.2.1 Le rapport des patients à l’activité physique avant le programme
3.2.1.1 Activité physique et vie quotidienne
3.2.1.2 Activités physiques et rapport au corps
3.2.1.3 Activités physiques et rapport à la maladie
3.2.1.4 La représentation personnelle de l’activité physique
3.2.1.5 Les attentes des patients concernant le programme Surf Santé©
3.2.2 Le programme Surf Santé : des changements dans la vie quotidienne des patients
3.2.2.1 Le quotidien avec Surf Santé
3.2.2.2 Un outil de développement personnel
3.2.3 Le programme Surf Santé© dans le cadre de la maladie chronique
3.2.3.1 Le Surf Santé et la maladie au quotidien
3.2.3.2 Le surf santé comme outil thérapeutique
3.2.3.3 Les effets physiques et psychologiques du programme
3.2.3.4 Le rapport du patient à son corps pendant le programme
3.2.4 La dimension socio-familiale du programme Surf Santé©
3.2.4.1 La place des proches et de la famille
3.2.4.2 L’expérience sociale du programme Surf Santé©
3.2.5 Le surf en tant que sport
3.2.5.1 Le plaisir, la glisse
3.2.5.2 Le surf, un sport technique
3.2.5.3 La représentation personnelle du surf
3.2.6 La relation des patients avec la nature
3.2.6.1 Le rapport à la nature
3.2.6.2 Le rapport au milieu aquatique
3.2.6.3 Le rapport au milieu océanique
3.2.7 Le programme Surf Santé© : l’expertise des patients
3.2.7.1 A propos du concept
3.2.7.2 A propos des démarches, de l’organisation
3.2.7.3 A propos des intervenants
3.2.7.4 A propos des séances
4. DISCUSSION
4.1 Résultats principaux
4.1.1 La représentation sociétale du surf
4.1.2 Le matériel et le groupe pour se réapproprier son corps
4.1.3 L’océan comme milieu de pratique
4.1.4 Le concept du sport santé
4.2 Comparaison avec la littérature
4.2.1 Les leviers à l’activité physique dans la population étudiée
4.2.2 Les freins à l’activité physique dans la population étudiée
4.2.3 Les bienfaits pour la santé de la nature et des milieux aquatiques
4.2.4 L’activité physique en extérieure
4.2.5 La Surf thérapie, un outil de plus en plus utilisé auprès des malades
4.3 Forces et limites de l’étude
4.3.1 Les Forces
4.3.1.1 Liées au sujet de recherche
4.3.1.2 Liées à la méthode
4.3.1.3 Liées aux chercheurs
4.3.2 Les limites
4.3.2.1 Liées aux chercheurs
4.3.2.2 Liées à la méthode
4.4 Perspectives en médecine
4.4.1 Pour la recherche
4.4.2 Pour la pratique en médecine générale
4.4.2.1 La place du médecin généraliste dans le dispositif sport santé
4.4.2.2 Le surf et ses disciplines associées sont des outils intéressant pour atteindre les recommandations d’activités physiques.
4.4.3 Pour l’association
5. CONCLUSION
6. REFERENCES

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