A l’échelle mondiale, selon la statistique du Bureau International du travail (BIT), plus d’un quart des travailleurs exercent leur activité dans le secteur informel. Dans les pays en développement l’activité informelle mobilise entre 30 à 80 % de la population active, principalement dans les villes en proie à un exode rural massif. Il s’agit d’une pléthore d’activités multiformes en constante expansion. En outre, l’expression « secteur informel » a fait son apparition pour la première fois dans un rapport, et après une étude pionnière de BIT sur le Kenya au début des années 1970. Il s’agissait de décrire un ensemble des activités économiques en forte progression se réalisant en marge des circuits économiques organisés et modernes, allant des vendeurs à la sauvette en passant par les cireurs de chaussures ou encore des petites entités commerciales de production et de service jusqu’aux stratégies ménagères de survie. L’informel est une réaction déjà ancienne dans le tiers monde pauvre en particulier dans l’Afrique noire, face à la défaillance de l’Etat à offrir de l’emploi dans le formel. En Afrique, par exemple ce «secteur » représente une part significative voire prépondérante de l’emploi urbain, deux individus sur trois en vivent et son taux de croissance annuelle est estimé à 7% , il fournit et génère 85% des emplois tous les ans.
LA VILLE D’ANTSIRANANA UNE VILLE PAUVRE
L’Afrique subsaharienne dont fait partie Madagascar reste jusqu’aujourd’hui un continent sous développé où la pauvreté est endémique et que tous les critères de pauvreté y sont présents. Cette pauvreté est caractérisée par une agriculture à faible rendement, une industrie non compétitive, un alourdissement de la dette, des institutions défaillantes, mal assainissement urbain, chômages et manque d’emploi, instabilité politique, et l’insuffisance des équipements, l’insécurité et violence, la pollution des environnements, et le la forte proportion du secteur informel…etc.
Après, 50 ans d’indépendance Madagascar figure encore parmi les pays le moins avancé au monde. Ainsi, en 2012 90% de la population malgache vivaient en dessous du seuil de la pauvreté. Sur le plan économique, l’agriculture tient encore une place importante car elle intéresse les 95,45% de la population rurale. Mais on assiste depuis 2003 à une tertiarisation accrue de l’économie car le secteur de service contribue à plus de 56% de la richesse nationale et fournie 15,8% des emplois. Notons aussi l’importance de secteur service est généralement considérée comme un signe de développement économique du pays. Pourtant, à Madagascar et dans toutes les grandes villes du pays le gonflement du secteur tertiaire ne traduit pas forcement une évolution économique. Au contraire, ils reflètent même la pauvreté des citadins.
L’étude du concept de l’informel urbain dans la ville d’Antsiranana
Antsiranana une ville septentrionale du pays où le secteur informel est très développé sur les espaces urbains. D’innombrables souches des ménages notamment les plus pauvres et intermédiaires sont concernés par cette activité. D’où l’intérêt de réfléchir théoriquement sur quelques notions liés aux secteurs informels.
Les démarches de la recherche
Pour la réalisation de ce présent mémoire et d’évoquer les objectifs de la recherche nous avons adopté la démarche hypothético déductive. Elle consiste à formuler d’avance des hypothèses ou des réponses provisoires à la problématique qui seraient vérifié sur terrain. Elle est constituée par la documentation et celle des travaux de terrain pour la demande d’information.
La phase de documentation
La documentation constitue une phase préliminaire du travail de recherche. Elles ne peuvent pas être menées à bien sans une connaissance préalable du milieu à étudier. Elle a été réalisé par une investigation bibliographique, auprès des différentes acteurs concernés à savoir : l’INSTAT, le Ministère de l’économie, la bibliothèque de la Géographie, bibliothèque nationale, municipale, cite, et le BIT ont été aussi mises à contribution. Cette recherche a permis de recueillir des informations pour la connaissance du secteur informel et de la zone d’étude. En outre, elle a fourni des indications pour l’orientation du terrain. Mais pendant la phase de documentation on a rencontré quelques problèmes comme la rareté des ouvrages spécifiques traitant la ville d’Antsiranana et l’absence presque totale de la bibliothèque dans la ville. Cette phase de documentation comprennent la consultation d’ouvrage généraux en matière d’urbanisme citons entre autre P. GEORGE, P. CLAVAL, P. BAIROCH, BEAUJEU-GARNIER…etc. Et aussi quelques ouvrages spécifiques qui traitent le secteur informel réalisés par D.M PENOUIL, G. POURCET, B. LAUTEUR. Et enfin, complété par les mémoires de fin d’étude et les articles sur l’internet.
La consultation des ouvrages et des mémoires qui se rapportent à notre thème et à notre zone d’étude joue un rôle très crucial pour l’élaboration de ce travail. Ensuite, des ouvrages concernant le secteur informel ont été consultés. Et aussi enfin, on a recensé quelques mémoires de fin d’étude et des articles concernant la ville d’Antsiranana. Les articles qui traitent la ville d’Antsiranana sont peu nombreux et vétuste du fait que la ville est complètement délaissée par toutes études géographiques.
JAOFETRA (T) 1989 « Migration et dynamique de l’espace urbain de la ville d’Antsiranana » mémoire de DEA, Université d’Antananarivo, 85 pages.
Dans cette étude, T. JAOFETRA affirme que la ville d’Antsiranana constitue un bassin migratoire depuis sa création par les colons Français à la fin du XIXe siècle. D’innombrables vagues de migration sont succédées dans la ville d’Antsiranana. Ce qui a entrainé l’écartement des groupes ethniques autochtones les Antakarana et les Sakalava dans la ville face à cela ils ont été obligés de se mélanger ou de se brasser avec les étrangers et les nouveaux venus issu des autres groupes ethniques malgaches comme les Tsimihety et Betsimisaraka. L’auteur a continué ses affirmations en disant que le nombre d’habitant dans la ville d’Antsiranana n’a cessé d’augmenter du fait d’un fort flux migratoire et qui a par la suite engendré l’abondance du secteur informel et de l’étalement urbain sans précédent. Cette solde migratoire s’est amplifiée dans les années 80 où la ville a reçu beaucoup des travailleurs immigrés comme les Antimôro et les Antandroy. Ce sont eux qui est à l’origine d’une formation des quartiers périphériques sous intégrer de la ville d’Antsiranana à l’instar de Morafeno, Tanambao V et la Scama zones d’accueil des travailleurs immigrés.
Les remarques faites par l’auteur sur la ville d’Antsiranana en affirmant qu’elle constitue un bassin migratoire et que cette migration ont des impacts sur l’évolution démographique et urbaine sont prouvées. Mais, malgré tout cela la ville d’Antsiranana est encore moins peuplée par rapport aux autres grandes villes du pays sa densité est encore faible et son urbanisation reste encore lente.
Ensuite, il y a un chercheur Français nommé JACQUE (D) a écrit dans son livre intitulé : «Villes et campagne dans les colonies françaises » in cahier d’outre-mer n° 104, 1964. D’où il a fait une critique en disant qu’ : « Antsiranana est une ville crée de toute pièce par la colonisation pour des motifs stratégiques, et elle ne survivrait pas à la période coloniale postcoloniale » . Un autre chercheur Français ROSSI (G) qui est un géographe et qui a travaillé sur la géomorphologie de la partie Nord de Madagascar a écrit au début du XXe siècle dans son ouvrage intitulé « Madagascar, île rouge ». Dans cet ouvrage, il a apporté un jugement qui est le suivant : « L’avenir de la cité c’est à dire la ville d’Antsiranana paraît bien réduit car il ne tient qu’à l’activité du camp militaire (…) elle est vouée au dépérissement ». Il s’agit des opinions données par des chercheurs étrangers à partir des conjonctures sociales et économiques de la ville d’Antsiranana pendant la période coloniale.
Les ouvrages sur le secteur informel
Si globalement, le phénomène de l’informel est né de la débrouillardise des populations en détresse il est devenu au fil des ans une affaire des spécialistes. Economiste, des Statisticiens, Juriste, et des Sociologues se sont davantage impliqué dans l’examen, dans l’analyse de la compréhension de l’univers de l’informalité dans le tiers monde. Afin de mieux l’appréhender dans son immense complexité. Des études censées à cerner ses délicats contours ont été réalisés par des nombreuses institutions internationales et tant des chercheurs nationaux qu’étrangers en voici quelques-uns parmi eux.
MANJAKAHERY (PH.T) 2004 « Le Commerce informel dans le 1er Arrondissement de la Communes Urbaine d’Antananarivo ». Mémoire de maîtrise en géographie Université d’Antananarivo, 97 pages.
Dans son mémoire, l’auteur parle de l’ampleur du secteur informel dans la Commune Urbaine d’Antananarivo. D’après ses constatations, c’est dans le premier arrondissement que le secteur informel est très développé en raison de la présence du marché d’Analakely et de l’existence des grands centres commerciaux. Les passages publics, les trottoirs, les routes même sont occupées par les commerçants informels en bloquant la circulation des piétons et des véhicules. Les commerçants ambulants se mobilisent, s’agitent, se bousculent pour vendre ses marchandises qui jonchent même sur le sol. Enfin, l’auteur en déduise que le secteur informel est devenu incontournable dans la capitale malgache tous les arrondissements y sont touchés.
L’affirmation de l’auteur est acceptable vu l’ampleur du secteur informel dans la capitale malgache, plus particulièrement dans le premier arrondissement où se concentre la majorité des activités commerciales dans l’informelle provoquant inévitablement des conséquences sur l’environnement et sur la morphologie urbain.
POURCET (G) 1985 « le développement du secteur informel à Antananarivo et ses conséquences urbanistiques » PNUD, Antananarivo, 245 pages.
Dans ce livre l’auteur explique essentiellement le développement du secteur informel dans la ville d’Antananarivo et ses méfaits à l’urbanisation. La prolifération du secteur informel entraine une nuisance à la vie des citadins. Pour ne pas citer que la squattérisassions des voies publiques, la construction spontanée et illicite au détriment des règles d’urbanisme, sur occupation des espaces libre, saturation du marché, l’éparpillement des ordures…etc. Ensuite, l’auteur a continué ses affirmations en déclarant que les activités informelles sont devenues inévitables dans la capitale malgache. Malgré, les efforts de la municipalité pour l’expulsion des commerçants informels et la démolition des stands qui abrite des activités informelles.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
LA VILLE D’ANTSIRANANA UNE VILLE PAUVRE
Chapitre I : L’étude du concept de l’informel urbain dans la ville d’Antsiranana
Chapitre II Antsiranana, une ville créée par la colonisation
DEUXIEME PARTIE
LES ACTIVITES INFORMELLES ET SES CONSEQUENCES SUR L’EXTENSION DE LA VILLE
Chapitre III Une prédominance de l’informel dans la ville d’Antsiranana
Chapitre IV L’anarchie de la ville liée au développement du secteur informel
CONCLUSION GENERALE
LES LISTES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE I
ANNEXE 2