Le développement du pouvoir d’agir

 Le développement du pouvoir d’agir

Relations entre normaux et stigmatisés

La simple pensée d’un contact entre normaux et stigmatisés peut parfois suffire à ce que l’un ou l’autre fuie toute situation. Ceci peut priver la personne stigmatisée de rapports sociaux quotidiens et l’isoler, la rendre dépressive, agressive et angoissée. Elle ne sait ce que la personne normale va penser d’elle. Elle se sent également obligée, durant le contact, de « jouer un rôle » afin de contrôler son stigmate. (Goffman E. , 1975) Erving Goffman cite notamment un homme, souffrant de troubles psychiques :
« Il se passe que si une personne intellectuellement peu douée a un quelconque problème, ses difficultés se voient plus ou moins automatiquement attribuées à sa déficience mentale, alors que si un individu d’intelligence normale se heurte à une difficulté semblable, celle-ci n’est pas considérée comme symptomatique de quoi que ce soit de particulier ». (Goffman E. , 1975, p. 27).
Pour se protéger des relations mixtes (normaux-stigmatisés), l’individu stigmatisé peut se faire petit ou se montrer agressif et s’attirer des ennuis. En tant que normaux, les gens ont tendance à considérer la personne sous trois angles. En la prenant pour une personne tout à fait normale (surestimation), en la prenant pour une personne pire que ce qu’elle est (sous-estimation). Se glisse entre ces deux constats, la troisième possibilité, qui est celle de considérer le stigmatisé comme étant une « non personne » et ne pas la prendre en compte. Ces ambivalences créent un malaise. Les personnes stigmatisées étant souvent confrontées à cette gêne, ils développent une aptitude à démasquer les signaux de ces ambivalences et sont plus enclins à les manier. (Goffman E. , 1975).De plus, lorsque des normaux désapprouvent un stigmate mais ne l’exprime pas, l’individu porteur du stigmate peut très bien vouloir les prendre en faute et prouver que leur tolérance affichée n’est que mascarade en scrutant leurs moindres faits et gestes.L’auteur précise que tout un chacun joue et tient un rôle tantôt de stigmatisé, tantôt de normal. Certains doivent cependant tenir le rôle du stigmatisé plus longtemps, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne tiennent pas le rôle de normal sur d’autres temps. (Goffman E. , 1975).

La double biographie

Lorsqu’un individu quitte une communauté, il laisse une image de lui et probablement aussi des hypothèses quant à la façon dont il va « finir ». Arrivant dans sa nouvelle communauté, il fait en sorte que les membres se fassent une idée nouvelle de sa personne.
Il arrive que ces deux images ne concordent pas, c’est la double biographie. Une crainte naît quant à la découverte de ces lacunes volontaires. Pour reprendre l’exemple de Goffman, la prostituée craindra toujours de croiser quelqu’un dans la rue qui ne manquera pas de colporter ce qu’elle est devenue. (Goffman E. , 1975).
De plus, l’individu peut se voir obligé de révéler ses mensonges. Les personnes qui sont au courant des cachoteries peuvent demander de jouer carte sur table afin que la.Ce terme n’enferme pas les stigmatisés comme étant anormaux, mais permet uniquement la différenciation entre les deux, pour des raisons de compréhension. personne les révèle. Ce processus a même été institutionnalisé, sous le nom d’examen psychiatrique. (Goffman E. , 1975).
Erving Goffman, en parlant de la notion de faux-semblant, constate que vivre avec la peur que l’existence modifiée soit dévoilée à un prix psychologique, celui de l’angoisse profonde.
L’individu stigmatisé est donc maître en l’art de manipuler son public et tente de contrôler de manière stratégique l’image qu’il renvoie. (Goffman E. , 1975).

Les techniques de dissimulation

Pour masquer leur stigmate, plusieurs « techniques » sont utilisées. La plus radicale est celle d’effacer complétement tous les signes. D’autres vont vouloir faire passer ces signes pour ceux d’un autre stigmate moins grave, quelqu’un avec une déficience auditive qui se fait passer pour un rêveur et n’entend pas qu’il est demandé. Une troisième possibilité vise à se montrer solitaire afin d’éviter toute discussion pouvant le démasquer. Et enfin, la dernière technique est de divulguer volontairement le stigmate pour en contrôler l’information, une personne marchant en frappant sa canne fortement contre les obstacles affichant clairement qu’elle est malvoyante. (Goffman E. , 1975)

Le développement du pouvoir d’agir

Depuis quelques années, la notion de « pouvoir d’agir » devient récurrente dans les différents discours des acteurs du monde du social. Yann Le Bossé, fondateur de cette approche le dit bien, cette notion était floue et aucune théorie concrète n’existait.(Bossé, 2015)
Aujourd’hui, il définit le DPA comme étant la possibilité d’avoir davantage de contrôle sur ce qui importe à nos proches, à une collectivité ou à nous-même.
Le terme anglais « empowerment », dans le langage courant, est utilisé en bien des formes.En entreprise par exemple, cela veut dire « dévolution de pouvoir ». (Bossé, 2015) Henri Lamoureux, romancier et poète, ajoute à cette notion d’« empowerment » une critique. Selon lui, elle est bien trop souvent utilisée et ne servirait qu’à masquer le fait que le bénéficiaire est seul face à lui-même. (Lamoureux, 2003).

L’approche du DPA

Le but de l’approche est de redonner aux personnes le sentiment de contrôle sur leur vie.
Plusieurs personnes ont abordés les conséquences de l’impuissance. Selon Paul Ricœur, philosophe, une des sources de souffrance chez l’Humain serait ce sentiment d’impuissance. (Ricoeur, 1992) Comme le dit Henri Laborit, médecin chirurgien et neurobiologiste, l’impuissance est le fait de ne pouvoir ni fuir, ni se battre. (Laborit, 1976).
Le Bossé ajoute que dans ce cas-ci, l’Humain s’autodétruit. (Bossé, 2015).

Les principes

Tous les enjeux sont légitimes, du simple fait de leur existence. « Légitime » est défini par Yann Le Bossé comme « ayant le droit d’exister, tout simplement parce qu’ils existent ». (Bossé, 2015) Tous les enjeux doivent être pris en compte par le travailleur social, même s’il n’est pas d’accord avec l’un ou l’autre ; o Les acteurs sont des personnes. Bien souvent le terme « collectif » efface celui « d’individuel ». L’approche vise à trouver une manière qui permette de rester unique, tout en étant solidaire, de ne pas confondre être égal et être pareil ;
Seule l’action est médiatrice. Il ne suffit pas de dire à quelqu’un qu’il peut réussir pour le convaincre.

Comment aider

Yann Le Bossé propose trois modèles que le travailleur social peut suivre (Bossé, 2015) : Le policier : Ce modèle peut se résumer ainsi : que personne n’abuse. L’hypothèse du modèle du policier est la suivante : si une personne est laissée en situation de prise en charge, elle va très probablement tricher et ce dans le but d’en faire le moins possible ;
Le sauveur : Ce modèle n’est pas sans rappeler le modèle médical, selon lequel les médecins, veulent éradiquer, vaincre la maladie. Cette volonté de vouloir « sauver » à tout prix est nuisible pour la personne suivie. Yann Le Bossé dit d’ailleurs qu’avec cette approche, la personne n’est pas aidée et est même abîmée ;
Le passeur : Certainement la meilleure attitude selon Le Bossé. Le TS6 devient alors créateur de solutions ponctuelles en réponse à une situation extraordinaire. Le Bossé utilise la métaphore du passeur, qui n’a pas nécessairement son mot à dire sur le voyage en lui-même, son rythme ou son intention. Le passeur se préoccupe de contribuer à l’élimination des obstacles et à l’apaisement du voyageur, en quelque sorte.

L’aide contrainte

Guy Hardy, présenté plus haut, a rédigé un ouvrage traitant de cette fameuse « aide contrainte ». Il propose une définition de la contrainte. Ce serait une situation infligée, qui ferait obstacle à une entière liberté. L’aide contrainte suggère donc de se soumettre ou non, en tenant compte des conséquences qui découleront de l’une ou l’autre des décisions. (Hardy, 2012)
Christiane Besson et Jérôme Guay, tous deux auteurs d’un ouvrage commun, abordent la question de la non-demande d’aide. Pour eux, si une personne refuse d’être aidée, cela place le TS face à une situation de « double clientèle ». Il doit à la fois soulager l’usager, prendre des décisions importantes le concernant et supporter ses proches. (Besson & Guay, 2000).

L’injonction paradoxale

Elle consiste en la formulation d’une requête impossible. Lorsqu’il est demandé à quelqu’un de changer, cela n’est pas entièrement juste. En réalité, il aurait été préférable que la personne veuille changer de son propre chef. Cette injonction paradoxale a pour finalité de mettre les deux acteurs (TS-bénéficiaire) dans une position compliquée. Si le bénéficiaire change, il sera pensé qu’il le fait uniquement en réponse à la demande.

 

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Table des matières

Tables des matières
Remerciements
Avertissement
Résumé
Mots-Clés 
Tables des matières
1 Introduction
1.1 Motivations professionnelles
1.2 Motivations personnelles
1.3 Liens avec le travail social
1.4 Thème de la recherche et pertinence
1.5 Question de départ
1.6 Objectifs
2 Cadre théorique 
2.1 L’institution totalitaire
2.1.1 La vie normale et la vie recluse
2.1.2 L’impact de l’admission
2.1.3 L’autonomie
2.1.4 Le personnel
2.1.5 Après l’institutionnalisation
2.2 Le stigmate
2.2.1 Relations entre normaux et stigmatisés
2.2.2 La double biographie
2.2.3 Les techniques de dissimulation
2.3 Le développement du pouvoir d’agir
2.3.1 L’approche du DPA
2.3.2 Les principes
2.3.3 Comment aider
2.4 L’aide contrainte
2.4.1 L’injonction paradoxale
2.4.2 Les options pour répondre à l’aide contrainte
2.5 Les fondements du travail social
2.5.1 Le métier de travailleur social
2.5.2 Un contexte de l’éthique
2.5.2.1 L’individualisme
2.5.2.2 L’économie
2.5.3 L’éthique
2.5.3.1 Définition
2.5.3.2 L’éthique et le droit
2.5.3.3 L’éthique et la morale
2.5.3.4 Quelques notions
2.5.4 La prise de décision éthique
2.5.4.1 La délibération
2.5.4.2 La décision
2.5.5 Conflit de valeur et dilemmes éthiques
2.5.5.1 Tensions
2.5.6 La déontologie
2.5.6.1 Les valeurs
3 Problématique 
3.1 Question de recherche
3.2 Hypothèses
4 La démarche méthodologique
4.1 Le terrain d’enquête
4.1.1 Le lieu
4.2 Les échantillons
4.3 La technique de récolte des données
4.3.1 Les limites
4.4 L’éthique
4.5 Le déroulement
4.5.1 La prise de contact
4.5.2 Le moment des entretiens
4.5.3 Les difficultés
5 L’analyse de contenus 
5.1 Analyse des entretiens
5.2 Présentation des résultats
5.2.1 Le pouvoir
5.2.2 La remise en question et l’expérience
5.2.3 La norme, le sens et l’aide contrainte
5.2.4 L’affectif, l’éthique et la bienveillance
5.2.5 Les limites
5.2.6 Les outils et le code de déontologie
5.3 La vérification des hypothèses
5.3.1 Première hypothèse
5.3.2 Deuxième hypothèse
5.3.3 Troisième hypothèse
5.4 Bilan de la recherche
5.5 Réponse à la question de recherche
6 Partie conclusive
6.1 Les pistes d’action
6.1.1 Se connaître
6.1.2 Se remettre en question
6.1.3 Participer à des formations
6.1.4 Travailler avec les collègues
6.1.5 Emmagasiner de l’expérience
6.2 Bilan du parcours
7 Conclusion 
8 Références 
8.1 Bibliographie
8.2 Table des illustrations
8.2.1 Figures
8.2.2 Tableaux
9 Annexes
9.1 Formulaire de consentement
9.2 Grille d’entretien

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