Introduction
Au mois de juin 2018, Stéphane Le Foll prend la position de maire président de la ville du Mans et de son intercommunalité (Le Mans Métropole). Il œuvre alors pour suivre les volontés de son prédécesseur, mais en apportant tout de même de nouvelles orientations, dont celle de rendre le territoire plus “vert” et “durable”. En accord avec l’objectif de rendre la ville plus attractive, de nombreux projets sont en cours et le territoire se veut acteur de la transition énergétique et écologique en actant pour la présence de nature au sein de la ville. Un service est entièrement dédié à l’entretien de ce patrimoine naturel et c’est dans ce contexte que l’étude a vu le jour. Deux missions distinctes ont été énoncées. Bien que différentes, elles ont pour thème commun les arbres en ville ou en milieu périurbain :
o Réalisation d’une charte de l’arbre pour la ville du Mans : L’arbre en ville, souvent associé à une simple image d’agrément à travers sa couleur ou sa floraison, a en réalité un rôle bien plus important et bien plus large. Ainsi, il peut rafraîchir la température ambiante au sein des milieux urbains, il participe au développement et au maintien de la biodiversité, il est aussi un élément architectural car il peut valoriser le patrimoine bâti en créant des liens entre les volumes construits et bien d’autres avantages. De plus, il est prouvé qu’un arbre peut aussi avoir diverses vertus sociales. L’élaboration d’une charte de l’arbre permettra aux citoyens et à tous les usagers de l’espace public de la ville de pouvoir se sensibiliser à ces enjeux et leur donnera les outils ou les comportements à adopter afin de favoriser leur insertion.
o Etude sur les espaces délaissés (propriété Le Mans, Le Mans Métropole, CENOVIA) : La ville compte de nombreux espaces délaissés. Mal ou seulement peu gérés, ceux-ci pourraient être valorisé. Si certaines de ces réserves foncières ont déjà des orientations, voir même des projets alloués, plusieurs autres n’ont pas de destinations et peuvent être valorisées comme la ville le souhaite. En accord avec la politique lancée par la nouvelle municipalité, un souhait est de les valoriser par l’intermédiaire de boisement, à des fins de production de biomasse.
Qu’est-ce qu’une charte de l’arbre
La charte de l’arbre est un document qui s’inscrit comme une sorte de contrat permettant d’établir une protection sur le patrimoine arboré faisant partie intégrante du paysage urbain. Elle permet de valoriser les entités que sont les arbres urbains et de sensibiliser la population à leur conservation, protection et sensibilité. Cette charte consiste en un support de connaissances et de principes à prendre en compte. Finalement, la Charte de l’arbre est à la fois un document qui apporte des connaissances scientifiques et des exigences techniques destinées aux professionnels, et un document de communication tourné vers le grand public. Ce type de document est de plus en plus présent en France. Plusieurs villes de tailles très diverses commencent à s’en doter. Par exemple, la ville de Lyon, de Nantes ou encore de Lille en ont une, mais aussi les communes de la Flèche ou d’Amboise. Cette charte doit donc s’adapter au territoire ciblé et à ses caractéristiques. Divers enjeux propres se détachent et ordonnent la gestion des arbres dans chaque ville.
Elaboration de la Charte
Tout d’abord pour se familiariser avec ce document, un état de l’art des différentes chartes de l’arbre déjà existantes en France a été réalisé. De ce premier travail sont sortis les points communs que comportent toutes ces chartes. Ce travail a été complété avec une littérature et divers documents fournis par certains interlocuteurs. Le travail d’élaboration d’une stratégie de gestion, a nécessité de s’approprier une littérature technique sur les démarches de plantations, et entretien des arbres. Par exemple, les livres “La taille des arbres d’ornement : du pourquoi au comment” de Christophe Drénou et “L’arbre en milieu urbain : conception et réalisation de plantation” de Charles-Materne Gillig ont été les sources principales pour se familiariser avec l’aspect technique de la gestion de l’arbre qui a pu être retranscrit dans les travaux. Ces parties techniques ont demandé un fort investissement car les connaissances préalables sur ces sujets étaient faibles voire nulles. Néanmoins, les nombreuses interrogations sur des points précis ont pu être éclairées par Mr HUBERT, expérimenté dans ce domaine. Enfin, un rendu intermédiaire au bout d’un mois de travail a permis de discuter des lignes directrices de la stratégie de gestion avec les élus Mr BREUX (élu Nature en Ville) et Mme PAIN (élue espaces naturels Métropole).
Méthode d’analyse des données
À la suite de l’inventaire des parcelles, le choix de différents critères a permis de dégager des potentialités de boisement sur certains espaces. Pour effectuer cette analyse, le logiciel QGIS et l’accès au réseau de données géographiques de la ville ont été utilisés. Premièrement, la détermination des critères s’est faite en même temps que la prise de conscience des différents enjeux présents sur le territoire du Mans. Il en est sorti 4 critères :
– potentiel écologique
– potentiel récréatif
– surface des sites
– aménagement futur
Ensuite, l’accès au réseau de base de données de la ville a permis d’intégrer de nombreuses données à cette analyse et d’enrichir ces critères en croisant différents jeux de données.
– Le potentiel écologique se fonde sur le croisement de couches de la TVB de la ville en s’attardant sur les corridors écologiques et les espaces boisés classés, la couche des ZNIEFF et la couche des zones humides du département de la Sarthe. Ces trois couches forment trois sous-critères qui permettent de hiérarchiser les différentes parcelles selon la validation ou non de ces différents critères qui forment un indice. Exemple : si une parcelle présente à la fois une zone humide, un espace boisé classé et est sur le territoire d’une ZNIEFF : un indice de 3 ,qui représente un fort potentiel écologique, lui est associé.
– Le potentiel récréatif regroupe les espaces verts à valoriser ainsi que les parcelles traversées par le boulevard nature et les chemins qui lui sont associés (grand cheminement piéton à l’échelle de la métropole).
– La surface des sites est le regroupement des parcelles qui se touchent ou qui sont à proximité les unes des autres. Ce regroupement permet d’avoir une superficie d’un site et d’en tirer un potentiel d’exploitation forestière.
– Le critère d’aménagement futur prend en compte d’une part les opérations d’aménagement sur la ville du Mans (ZAC, PUP, PVR …) et d’autre part si la parcelle est classée en zone N ou en EBC. Ainsi, les parcelles soumises à des aménagements dans le court terme et les parcelles qui sont dans des zones protégées (zone N, EBC) sont distinguées. Ce critère a avant tout un rôle de croisement avec les autres critères. Il permet d’avoir un ordre d’idée sur le devenir de la parcelle et donc s’il est possible ou non de la boiser (la constitution d’un boisement étant un engagement sur le moyen ou long terme).
L’élaboration de ces critères s’est traduite par la conception de cartographie illustrant les différentes potentialités des parcelles et de différents plans de gestion.
Problèmes des espèces invasives et parasites
Tout d’abord il est important de préciser que certaines espèces invasives et parasites n’ont pas été inventoriées car les compétences en reconnaissance de ces espèces étaient insuffisantes, comme par exemple l’Ailantes ou le Pourridié (Annexe 7). Les résultats suivant ne représentent donc qu’une partie du problème lié à ces espèces. L’étude montre que 39% des parcelles au sein de la ville sont impactées par des espèces à problèmes (espèces parasites et invasives), dont 26% par des espèces invasives, 8% par des espèces parasites, 5% le sont par ces deux types d’espèces. L’espèce qui a été la plus recensée est la renouée du Japon. Les espèces invasives sont les plus présentes dans les espaces naturels boisés (74%), ainsi que sur les berges de rivières (17%) (Figure10). Ceci pose des problèmes de gestion de ces espaces qui sont la plupart du temps non-suivis. De plus, les espaces tels que les berges sont des milieux propices à la dissémination de ces espèces notamment grâce au courant des rivières avec, par exemple, la renouée du Japon qui colonise de plus en plus les berges de l’Huisne et de la Sarthe. On retrouve la même tendance pour les espèces parasites (Figure 10) avec une présence importante dans les espaces boisés. On retrouve une part plus importante dans les dents creuses (14%), les espaces verts (11%), et les zones industrielles (11%). Cette tendance s’explique par la présence plus ou moins importante de gui sur les arbres des parcs. Néanmoins, une part des espèces parasites est représentée par les chenilles processionnaires du pin. Lorsqu’il s’agit d’un parc, le problème est géré mais lorsqu’il s’agit d’espaces peu gérés (bois naturels) à proximité d’habitations cette espèce peut poser un problème de santé publique.
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Table des matières
1. Introduction
2. Structure d’accueil
2.1. Présentation générale de la ville et de la mairie
2.2. Présentation de notre secteur et de notre département d’accueil
3. Matériels et méthodes
3.1. Déroulement temporel du stage
3.2. Charte de l’arbre
3.2.1. Qu’est-ce qu’une charte de l’arbre
3.2.2. Elaboration de la Charte
3.2.3. Futur du document et conclusion
3.3. Etude des zones délaissées
3.3.1. Réalisation de l’inventaire
3.3.2. Méthode d’analyse des données
4. Résultats et discussions : Etude sur les zones délaissées
4.1. Analyse de la cartographie
4.2. Problèmes identifiés
4.2.1. Problèmes des espèces invasives et parasites
4.2.2. Problèmes propres à certains espaces
4.2.3. Opportunité d’action (parcelles à plusieurs propriétaires)
4.3. Plan de gestion
4.3.1. Aménagement des ripisylves : étude de cas des ripisylves de l’Huisne
4.3.2. Valorisation des parcs urbains
4.3.3. Gestion des espaces boisés
4.4. Discussion
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