Le développement des élèves et la construction des différences sexuées

Le développement des élèves et la construction des différences sexuées

Bref historique de l’avènement de la mixité à l’école et en EPS

Le principe de séparation des sexes a longtemps été appliqué, aussi bien pour les élèves que pour les enseignants. En effet, les garçons et les filles étudiaient dans des écoles différentes. Le contexte de l’après-guerre et l’arrivée massive à l’école des enfants du Babyboom va poser un souci pratique et économique pour la prise en charge de ces enfants. C’est ainsi que la mixité va apparaître à l’école, par pragmatisme. La circulaire du 3 juillet 1957 fait le constat que : « la crise de croissance de l’enseignement secondaire (…) nous projette dans une expérience que nous ne conduisons pas au nom des principes, d’ailleurs passionnément discutés, mais pour servir les familles au lieu le plus proche de leur domicile ou dans les meilleures conditions pédagogiques »8. Cette circulaire rassure tout de même les parents quant aux bienfaits pédagogiques d’une organisation mixte : « bien conduite, elle procure d’inappréciables satisfactions, celles surtout qui donnent une plus vive émulation des intelligences, une formation commune des caractères qui peut rendre les jeunes plus simples, plus objectives, les jeunes gens plus discrets, plus policés, tous plus compréhensifs, plus généreux ».

En 1959, la réforme de Jean-Marie Berthoin légalise les lycées mixtes nouvellement construits. C’est ensuite le décret du 3 août 1963 qui instaure la mixité comme régime normal des CES, au sein même des classes. La circulaire du 15 juin 1965 adopte les mêmes dispositions pour les établissements de l’enseignement primaire. En 1967, 50% des lycées, 90% des CES et 63% des CEG, ainsi que 30% des collèges d’enseignement technique sont mixtes9.

Malgré ces évolutions, « la différenciation sexuelle demeure la règle en matière d’enseignement de l’EP jusqu’à la fin des années 1960 »10, comme le souligne Jean-Paul Clément. La mixité n’a donc pas toujours été présente à l’école et encore moins dans les cours d’EPS. La pratique sportive a longtemps été considérée comme allant à l’encontre du rôle de la femme : mère et épouse. La connotation masculine de cette discipline n’était pas compatible avec le caractère fragile et sensible de la femme. Jusqu’en 1939, les contenus en EPS sont spécifiques au genre. Ainsi, les deux publics ne se rencontrent pas et la méthode enseignée est différente. Alors que les filles ont droit à la méthode Tissié, les garçons bénéficient de plus d’éclectisme avec la méthode naturelle et la méthode suédoise.

C’est pendant la période de Vichy que la mixité commence à s’installer, la pratique sportive pouvant finalement permettre aux femmes, en les rendant plus fortes, de devenir de bonnes mères et épouses. En EPS, les filles vont alors pratiquer les mêmes activités que les garçons. Cependant les cours sont toujours séparés. C’est le cas jusqu’en 1959. De plus, bien que pratiquant les mêmes activités, les filles et les garçons auront des finalités différentes. Du côté masculin on cherchera à développer la force, du côté féminin l’esthétisme.

La réforme initiée par Jean-Marie Berthoin en 1959 et la loi Haby de 1975 développent entre ces deux dates une démocratisation de l’enseignement avec pour concept clé l’égalité des chances. Le premier prolonge la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans alors que le deuxième instaure le collège unique. D’après M. Attali, C. Ottogalli-Mazzacavallo et J. Saint-Martin11, c’est dans ce contexte que la mixité en EPS s’installe progressivement. Cependant la gestion de cette mixité repose sur un enseignement adapté aux différences des élèves. L’une des principales revues éducatives, l’Education Nationale, révèle qu’il « est difficile de penser l’égalité des sexes autrement que par la différence ». La différenciation va même jusqu’à ne pas respecter la mixité dans les cours d’EPS. Elle est alors une contrainte et non un objectif éducatif. Avant les années 1980, il est impossible de questionner les enjeux de la mixité en EPS. Le corps n’est pas pensé autrement que sexué donc l’égalité n’est pas pensée au-delà des différences corporelles. L’organisation et les contenus mis en place par les enseignants seront alors propres au genre.

Le développement des élèves et la construction des différences sexuées

On s’intéresse ici au développement physiologique, psychomoteur, psychologique et social d’enfants de 8 à 11 ans. Cette catégorie d’âge correspond au cycle 3, cycle des approfondissements à l’école (CE2, CM1, CM2).

C’est cette population qui a été retenue pour la recherche. Avec les travaux de nombreux professionnels tels que Henri Wallon15, Jean Piaget16 et Sigmund Freud17, on peut récapituler tous les marqueurs du développement des enfants âgés de 8 à 12 ans : A cet âge, la pratique d’une activité physique ne semble pas poser de souci particulier, aussi bien au niveau du physique que de la coordination. C’est l’âge où l’enfant devient de plus en plus indépendant et où il développe sa propre façon de penser. On note le début de ségrégation entre les garçons et les filles.

Les élèves vont alors naturellement avoir tendance à se regrouper avec les élèves de même sexe. Ils sont dans une période durant laquelle ils restent avec les individus de même sexe et observent les individus de sexe opposé. D’après D. Joannin et C. Mennesson18, les élèves privilégient des pratiques ludiques et corporelles différentes. Les réseaux féminins se tournent vers des activités ludiques plus calmes, moins physiques et plus relationnelles que celles des garçons. Ces derniers choisissent les jeux d’extérieur, sportifs, les défis ou les simulacres d’affrontement. Ainsi, en observant une cour de récréation, on constate souvent une séparation des sexes, les garçons préférant jouer au ballon et les filles se regroupant pour discuter. Les garçons et les filles ont donc des relations assez limitées mais les pratiques de classe leur permettent de se rencontrer. Dans ce cas, on a parfois des conflits qui émergent entre les deux groupes, chacun considérant son opposé comme trop différent pour se comprendre. D’après les auteurs cités précédemment, les filles et les garçons développeraient des compétences physiques différentes et construiraient des rapports au corps différenciés.

Cependant, les comportements ne sont pas uniformes au sein d’une même classe sexuelle au vu des modes de socialisation. Ainsi, les contextes socialisateurs participent à la construction de différents types de masculinité et de féminité. Les élèves auront alors des approches différentes de l’activité sportive même s’ils appartiennent à la même catégorie de sexe. V. Lentillon ajoute que les parents ont un rôle dans l’apprentissage des stéréotypes sexués relatifs à la pratique des activités physiques et sportives19. Les parents des garçons encouragent davantage leur enfant à pratiquer une activité physique que les parents des filles. A l’adolescence, les garçons et les filles sont, d’une manière générale, réfractaires à la pratique d’activités physiques qui ne correspondent pas aux valeurs de leur sexe d’appartenance.

On a également une forte pression des pairs qui favorise ce phénomène. En effet, les adolescents se comparent aux membres de leur groupe d’appartenance pour adopter des comportements qui correspondent à la norme de leur sexe. Ils cherchent alors à s’identifier dans un genre, ensemble des rôles sociaux sexués et systèmes de représentation définissant le masculin et le féminin20.

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Table des matières

Préambule
Introduction
I.Cadrage théorique
1.Contextualisation
a) Bref historique de l’avènement de la mixité à l’école et en EPS
b) Le développement des élèves et la construction des différences sexuées
2.L’EPS et ses supports
a) Les objectifs en EPS
b) Quelles APSA enseigner ?
c) Le basketball : une APSA mixte
3.La mixité comme prémices à l’équité
II.Problématique et hypothèses
1.Matériel et méthodes de recueil de données
a) Lieu et population choisis
b) L’activité retenue et sa mise en oeuvre
c) Méthodes
III. Résultats et analyses
1.Evolutions des représentation des élèves par la pratique du basketball
2.Equité recherchée par les élèves
Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Questionnaire de début et de fin de cycle
Annexe 2 : Questionnaire intermédiaire
Résumé

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