Le développement des compétences langagières par les sciences à l’école maternelle

A titre personnel, j’ai toujours porté un intérêt pour les sciences tout au long de ma scolarité. Cette appétence s’est renforcée lors de mon année de préparation au concours de professeur des écoles, au cours de laquelle j’ai réalisé un dossier d’oral portant sur le domaine des sciences. Les recherches menées m’ont permis d’appréhender la démarche scientifique à l’école maternelle. Celle-ci permet de développer la curiosité et de susciter des questionnements chez les élèves dès la maternelle, ce qui est selon moi fortement intéressant. Dans la continuité de cette démarche, il m’a paru pertinent d’envisager l’enseignement des sciences dès l’école maternelle, d’autant plus que cet enseignement est parfois délaissé à l’égard de domaines plus fondamentaux comme les mathématiques et le français. Lors de séances de sciences ces domaines ne sont cependant pas laissés à l’écart, puisque des compétences transversales entrent en jeu. Par exemple, en faisant des sciences, l’élève va devoir argumenter à l’oral de façon claire et organisée, il va devoir montrer son aptitude à l’échange et au questionnement. Pour moi, faire des sciences à l’école est une source de motivation, c’est aussi cela qui m’a incité à choisir ce thème de mémoire.

Le programme d’enseignement de l’école maternelle de 2015 est organisé en cinq domaines d’apprentissages dont « Explorer le monde » qui concerne en partie les sciences et « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » . Le domaine «Explorer le monde » a pour but d’aider les enfants à découvrir, organiser et comprendre le monde qui les entoure. Pour eux, la rencontre avec l’environnement et le monde du vivant est source de curiosité, souvent de motivation, et permet de multiples stimulations sensorielles. Le domaine « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » insiste quant à lui sur la place primordiale du langage à l’école maternelle et cela dès la petite section. Etant cette année professeur des écoles stagiaire à l’école maternelle Anne Dacier à Angers, en classe de petite section, je suis particulièrement concernée par cette thématique. L’apprentissage du langage fait partie de notre quotidien en classe. Sa stimulation et sa structuration sont, selon les programmes, une des priorités de l’école maternelle et concernent l’ensemble des domaines dont « Explorer le monde ». C’est dans cette idée qu’il a semblé opportun de mettre en lien les sciences et le langage dans ce travail de recherche, et de porter réflexion sur le développement de compétences langagières chez les élèves de maternelle grâce aux sciences. Pour cela, il a été choisi de mettre en place dans ma classe un élevage d’escargots.

Cadre théorique

Le langage en maternelle 

Selon le Bulletin Officiel (BO) du 26 mars 2015, le programme d’enseignement de l’école maternelle est organisé en cinq domaines d’apprentissage :
– Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions
– Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique
– Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques
– Construire les premiers outils pour structurer sa pensée
– Explorer le monde .

Concernant le premier domaine, le BO précise : « Le domaine Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions réaffirme la place primordiale du langage à l’école maternelle comme condition essentielle de la réussite de toutes et de tous. La stimulation et la structuration du langage oral d’une part, l’entrée progressive dans la culture de l’écrit d’autre part, constituent des priorités de l’école maternelle et concernent l’ensemble des domaines ». Le terme « langage » y est défini comme « un ensemble d’activités mises en œuvre par un individu lorsqu’il parle, écoute, réfléchit, essaie de comprendre et, progressivement, lit et écrit ». Florin s’est particulièrement intéressée à la question du développement du langage chez l’enfant. Elle décrit le développement du langage comme étant intimement lié au développement des instruments nécessaires à la structuration du langage et de ses usages, que sont la prononciation, le lexique et la syntaxe (Florin, 2010). Le développement du vocabulaire tient une place essentielle selon elle car c’est avec l’apparition des premiers mots que l’enfant est considéré comme « parleur ». Le développement du vocabulaire explose au cours des premières années, les travaux de Lieury (1998) ont montré l’importance des compétences lexicales pour la réussite scolaire. Florin rappelle aussi que le développement langagier est lié aux autres aspects du développement. Par exemple, lorsque l’enfant découvre l’environnement, de plus en plus large, qui l’entoure, il s’en suit de nouvelles mises en mots et un premier enrichissement de son lexique.

Dans une autre publication, Le développement du langage oral, Florin définit le lexique comme « […] vocabulaire, répertoire de mots. Le lexique mental regroupe les correspondances entre les différents aspects des mots (graphique, phonologique, sémantique) » (Florin, 2016, p.121). Elle précise que le développement lexical porte à la fois sur la taille du vocabulaire disponible en compréhension et en production. Jusqu’à leurs 36 mois, les enfants apprennent plusieurs mots par jour et leur répertoire passe de quelques dizaines de mots à plusieurs centaines de mots. L’apprentissage est plus rapide à cet âge que ce qu’il sera par la suite mais il se poursuit néanmoins tout au long de la vie. L’auteur remarque le rôle essentiel de l’entourage de l’enfant en tant qu’initiateur d’expériences sociales et en tant qu’aide et soutien dans l’apprentissage du langage oral. Les adultes, particulièrement les parents, sont des partenaires privilégiés pour les enfants dans leurs apprentissages langagiers, même si les interactions entre pairs ont également leur importance et ne sont pas à négliger. Le développement des capacités verbales, dès l’âge de trois ans, va permettre des interactions entre pairs qui vont inciter les enfants à utiliser des stratégies variées de communication afin d’être compris par les autres.

Toujours dans cet ouvrage, Florin (ibid) précise qu’il est aussi nécessaire de prendre en compte les différences interindividuelles. En effet, tous les enfants n’arrivent pas à l’école avec les mêmes capacités langagières et n’ont pas tous été confrontés aux mêmes expériences de communication. Chez les enfants d’âge scolaire, on distingue des différences dans la dimension du vocabulaire compris et dans les aspects syntaxiques ; ces différences sont à l’avantage des enfants issus de milieux favorisés. Bentolila (2008), linguiste français, attache aussi une attention particulière à ces différences interindividuelles. Il met notamment en avant l’idée que « l’école maternelle doit ainsi tenter de réhabiliter au plan sémiologique, culturel et linguistique une part importante des enfants qui lui sont confiés » (Bentolila, A., 2014 p. 7). Compte tenu de ces différences d’acquisition langagière entre les élèves, il est important de mettre en place des enseignements adaptés à l’école maternelle, afin que chacun se dote des capacités nécessaires à la bonne construction de ses futurs apprentissages. Travailler l’oral est pour cela l’un des objectifs essentiels du cycle 1 selon le BO, les programmes officiels et les chercheurs sur le sujet.

Florin, montre ce rôle que peut avoir l’école pour développer le lexique des enfants. L’enfant, souvent habitué à se faire comprendre par le cercle familial, va devoir apprendre à l’école à s’exprimer autrement afin d’être compris par les adultes de la classe et par ses pairs. Il va devoir passer d’un langage de connivence à un langage explicite. La maternelle est là pour engager les enfants dans cette verbalisation. Parler ensemble de la vie de la classe est nécessaire mais il est tout autant important de passer par des ateliers individualisés ou en petits groupes afin de développer une pédagogie de l’oral. Bentolila (2008) insiste lui aussi sur l’importance de proposer des situations de communication les plus variées possibles : varier les interlocuteurs, varier les sujets de discussion et varier les formes de discours.

Selon les ressources mises à disposition sur le site Eduscol en septembre 2015 deux formes de langage oral peuvent être distinguées à l’école maternelle :

– Le langage en situation (ou langage d’action). Il fait référence à un langage factuel et est travaillé dès la petite section pour exprimer des situations vécues par les interlocuteurs. Ce langage accompagne l’action qui est en train d’être réalisée et peut suffire pour les échanges de la vie quotidienne. Travailler le langage en situation permet de complexifier le langage des élèves et d’enrichir ses connaissances lexicales et syntaxiques.

– Le langage d’évocation (ou langage décontextualisé). Il permet de décrire, de raconter, d’argumenter… Le langage d’évocation est approfondi dès la maternelle, il nécessite un apprentissage explicite et l’utilisation d’un lexique et d’une syntaxe plus complexe que pour le langage en situation. Il s’apparente au langage écrit et renvoie à la mise en récit. L’interlocuteur doit être clair sur les personnes, le temps et l’espace dont il parle. C’est le langage qui peut être utilisé dès la petite section pour les dictées à l’adulte.

Comme le précise les Ressources maternelles publiées sur Eduscol, c’est l’enseignant qui permet au jeune enfant d’être en situation de langage, en verbalisant chaque moment passé en classe et en valorisant toutes ses modalités d’expression. L’enseignant doit créer des situations permettant les échanges et les interactions pour favoriser la parole de tous les élèves, même des plus petits parleurs . Les dispositifs peuvent être les suivants :

– La relation duelle, qui facilite particulièrement les échanges avec les élèves qui ont peu d’aisance avec le langage.
– Les groupes d’ateliers réduits, qui permettent de laisser plus de place aux élèves qui n’osent pas ou peu parler en grand groupe.
– Les échanges collectifs, pour lesquels il est important de varier les sujets d’échanges et le rôle des élèves.

Le langage oral est privilégié à l’école maternelle mais il ne se réduit pas au seul aspect communicationnel. Bentolila (2008) décrit les cinq piliers du langage en maternelle qui sont selon lui : la communication orale donc, mais aussi l’enrichissement du vocabulaire, la découverte de la segmentation en mots, syllabes et sons, la conscience syntaxique et l’apprentissage de ce que c’est que lire avant de savoir lire. Concernant la « communication orale », primordiale selon lui, il met en avant l’importance de faire prendre conscience aux élèves de ce que parler signifie, et que, pour cela, il y a des règles et des devoirs à respecter.

Les différences interindividuelles en matière de vocabulaire chez les élèves sont importantes, c’est pourquoi « l’enrichissement du vocabulaire » a toute son importance. C’est ce qui va conditionner la capacité des élèves, à lire, à écrire, et à parler correctement. Le troisième pilier concerne la « segmentation en mots, en syllabes et en sons ». Là encore, les enfants ne sont pas tous égaux. Il s’agit d’une notion complexe qu’il est important de travailler à l’école maternelle et ce dès la petite section. La « conscience syntaxique », quatrième pilier, permet de préparer l’enseignement de la lecture. C’est ce qui va permettre aux élèves de donner du sens à ce qui est dit, lu ou écrit. Enfin, le cinquième pilier décrit par Bentolila est celui « d’apprendre ce que c’est que lire avant de savoir lire ». Dès l’école maternelle, l’enseignant doit montrer les différentes fonctions et finalités des textes et documents et doit familiariser les élèves avec l’écrit.

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Table des matières

Introduction
1. Cadre théorique
1.1. Le langage en maternelle
1.2. Le langage et les sciences
1.3. Les sciences à l’école maternelle
1.3.1. La démarche scientifique
1.3.2. Les conceptions initiales
1.3.3. Le concept du vivant
1.3.4. Les élevages en classe de maternelle
1.3.5. L’élevage d’escargots
2. Cadre méthodologique
2.1. Question de recherche et hypothèses
2.1.1. Question de recherche
2.1.2. Hypothèses
2.2. Méthodologie – recueil de données
2.2.1. La mise en place de l’élevage
2.2.2. Méthodologie du recueil de données
2.3. Analyse des données
3. Discussion
Conclusion
Index des figures
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : Plan de la classe
Annexe 2 : Littérature jeunesse sur le thème de l’escargot
Annexe 3 : Séquence La découverte de l’escargot à travers son élevage
Annexe 4 : Autorisation d’enregistrement de l’image / de la voix
Annexe 5 : Transcription des enregistrements
4ème de couverture

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