Architecture de l’information et portail documentaire
En 1976, le designer graphiste Richard Saul Wurman, introduit la notion d’Architecte de l’information face au défi imposé par les masses croissantes d’information et de données produites et diffusées dans nos sociétés contemporaines. Evelyne Broudoux, Ghislaine Chartron et Stéphane Chaudiron, professeurs et maîtres de conférence en Sciences de l’Information et de la communication, ont apporté une définition du concept d’architecture de l’information dans un article publié dans la revue Etudes de Communication en 2013, intitulé « L’architecture de l’information : quelle réalité conceptuelle ? » Ainsi, l’architecture de l’information se situerait « à la croisée du graphisme, de la conception des systèmes d’informations et de la prise en compte de l’usager, trois types de compétences qui semblent correspondre à la boucle de transformation des données en informations puis des informations en connaissances. Il s’agit des compétences liées respectivement à la conception technique des dispositifs, à l’organisation des contenus et au design orienté utilisateur. Sans se substituer aux spécialistes de ces questions, l’architecte de l’information apparaît maîtriser les codes et les exigences de chacune des compétences et en mesure d’imaginer des solutions intégrées de gestion de l’information ». Cette définition met en exergue la mission du professeur documentaliste d’organisation des ressources documentaires de l’établissement et de leur mise à disposition, élaborée à partir d’une politique documentaire. En effet cette dernière comprend « la définition des modalités de la formation des élèves, le recensement et l’analyse de leurs besoins et de ceux des enseignants en matière d’information et de documentation, la définition et la gestion des ressources physiques et numériques pour l’établissement ainsi que le choix des leurs modalités d’accès au CDI, dans l’établissement, à la maison et en mobilité ». De plus, « Le professeur documentaliste assure une veille professionnelle, informationnelle, pédagogique et culturelle pour l’ensemble de la communauté éducative ». Par conséquent, les CDI, au service de la communauté scolaire des établissements, donnent accès à des contenus de plus en plus divers : le traditionnel catalogue du fonds physique, mais également des banques de données en ligne, des sélections de sites web, des fils RSS, des périodiques en ligne, ou encore des documents numérisés. Les sites web traditionnels ont donc laissé la place à des portails documentaires permettant d’accéder à toutes ces ressources par une porte d’entrée unique. La question qui se pose au professeur documentaliste est alors de déterminer les moyens de développer l’attractivité du portail documentaire pour valoriser le fonds et permettre aux élèves et utilisateurs d’accéder aux informations. Trois considérations s’imposent alors, toutes issues des sciences de l’information et de la communication : la conception d’un système d’information en prenant en compte l’organisation des connaissances ; la communication sous une forme graphique qui pourra faciliter la compréhension et l’adhésion du public ; et enfin la prise en compte des besoins de l’usager, dans sa complexité cognitive, affective, et communicationnelle. L’un des principaux objectifs de l’architecture de l’information est donc de concevoir des systèmes d’organisation des connaissances, tels que des classifications, des taxonomies, des thésaurus, qui satisfassent les besoins des usagers. Il s’agit en premier lieu de représenter des domaines de connaissances dans des dispositifs numériques de médiation et de diffusion.
Communiquer des informations à l’ensemble de la communauté scolaire grâce à l’usage des réseaux sociaux numériques
Un réseau social peut tout d’abord être défini comme étant un groupe de personnes liées par des intérêts communs. L’apparition, en 2003, des premiers réseaux sociaux numériques, également appelés médias sociaux, constitue une charnière décisive dans l’histoire du web, car ils sont devenus le principal facteur de la démocratisation de ses usages. Dans un article intitulé « Social Network Sites : Definition, History and Scholarship », publié en Octobre 2007 dans la revue Journal of Computer – Mediated Communication, danah boyd et Nicole Ellison définissent alors les réseaux sociaux numériques par deux caractéristiques : l’internaute dispose d’une page personnelle et il s’abonne à d’autres utilisateurs avec qui il peut interagir. Les utilisateurs du net peuvent désormais non seulement consulter des sites, mais aussi communiquer et échanger entre eux. C’est l’avènement d’un web interactif et participatif. Dominique Cardon, professeur de sociologie à Sciences Po dresse alors une typologie des réseaux sociaux selon deux variables : la première concernant l’identité numérique exprimée selon le service employé, et la seconde, le « degré de visibilité que les réseaux sociaux donnent aux profils des internautes ». Ainsi, en premier lieu, l’identité numérique d’un internaute peut être civile, agissante, narrative ou bien encore virtuelle. Elle se partage donc entre une identité acquise, stable qui symbolise ce que l’on est, et une identité active, qui vient représenter ce que l’on fait. De plus, dans un second temps, l’identité en ligne d’un individu est traversée par une « dynamique de simulation de soi : d’un côté, le réalisme de l’identité, ce que je suis pour mes proches, pour ceux qui me connaissent et qui me voient ; de l’autre côté, l’identité que je projette. » Il est alors utile de questionner la nature de la relation des adolescents avec les réseaux sociaux numériques. En effet, « c’est entre 16 et 17 ans, que les adolescents sont amenés à devoir gérer des relations liées à leur engagement comme acteurs dotés d’une identité personnelle, et se rendant visibles sur le Net et les réseaux sociaux notamment. Ces outils se conçoivent alors aisément comme des espaces de rituels initiatiques et des territoires d’expérience, par lesquels, les adolescents apprennent, par essais et erreurs, à négocier leur réputation en ligne et à gérer des données personnelles qui peuvent circuler à leur insu ». De ce fait, les réseaux sociaux deviennent pour eux, les premiers canaux de diffusion de l’information. L’accès immédiat à l’information via les applications sur les smartphones et tablettes, et les réseaux sociaux, peut amener des adolescents à consulter des informations provenant de diverses sources, ou à s’exposer aux messages les plus vus et, ou « likés » au sein de leur groupe de pairs. Un rapport intitulé « Baromètre du numérique 2019 : Enquête sur la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française en 2019 » réalisé par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), indique alors que 80% des adolescents de 12 à 17 ans ont participé à un réseau social en 2019. Par conséquent, la question s’est posée, lors de mon année de stage en responsabilité, de construire une page du CDI sur un réseau social choisi en fonction de l’usage des élèves, afin de leur communiquer des informations pour valoriser l’activité du CDI. En effet, au regard de la circulaire du Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports du 28 Mars 2017, le professeur documentaliste « prend en compte l’évolution des pratiques informationnelles des élèves et inscrit son action dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information. » Il était donc essentiel en premier lieu de questionner l’apport des sciences cognitives pour comprendre l’attrait des réseaux sociaux, avant de choisir l’outil le mieux adapté pour communiquer avec la communauté scolaire, pour enfin réinvestir ces connaissances dans des séances d’éducation aux médias et à l’information consacrées à la dépendance aux Smartphones en plein contexte de crise sanitaire.
Choisir un réseau social en fonction des besoins de la communauté scolaire
Dès ma prise de poste au sein du CDI de mon établissement lieu de stage, nous avons pris l’initiative, avec ma collègue binôme, de formuler un questionnaire de rentrée à destination des élèves afin de recueillir leurs idées, leurs points de vue, leurs envies afin de construire un futur projet documentaire au sein de l’établissement. Ainsi, nous avons opté pour sept questions, qui sont les suivantes : As-tu l’habitude de fréquenter le CDI ? A quel moment viens-tu le plus ? ; Quels types d’ouvrages aimes-tu consulter au CDI ? ; Quels sont les sujets qui te passionnent (musique, sports, cuisine…) ? ; A quel type de club aimerais-tu participer au CDI ? ; Utilises-tu un ou plusieurs réseaux sociaux ? Si oui, le(s)quel(s) ? ; Consultes-tu le portail documentaire e-sidoc pour trouver un ouvrage et des informations ? ; A ton avis, que manque-t-il au CDI pour le rendre plus attractif ? L’objectif de ce questionnaire, que nous avons diffusé au sein de l’établissement, notamment à la vie scolaire et à la Maison des Lycéens (MDL), était de pouvoir estimer les besoins des élèves dans le cadre d’une future politique d’acquisition, basée sur leurs centres d’intérêts. En outre, il s’agissait de comprendre leurs habitudes de fréquentation du CDI, que ce soit dans un autre établissement antérieurement, ou bienau sein du Lycée Périer. Enfin, nous voulions faire un état des lieux de leurs usages en ce qui concerne les réseaux sociaux. Résultat : sur 367 retours d’élèves ayant rempli le questionnaire, beaucoup utilisent simultanément Instagram, Snapchat, et TikTok, au détriment de Facebook ou encore Twitter. Il est à noter que ce questionnaire était à destination de tous les élèves de l’établissement, quel que soit leur niveau de classe.
La création d’un journal scolaire numérique
L’objectif était de créer un média scolaire lycéen d’expression libre, basé sur les centres d’intérêts des élèves, leur vie lycéenne, et l’ouverture culturelle de l’établissement. Un tel projet s’inscrit alors dans le parcours citoyen et sera mentionné dans l’application Parcoursup, afin de valoriser l’engagement de chaque participant. Il s’agit avant tout de contribuer à l’animation de la vie lycéenne en favorisant la liberté d’expression. Ce projet a alors pris la forme d’un club journal ouvert à tout élève volontaire, organisé au CDI pendant la pause méridienne du mardi. Auparavant, le projet de journal scolaire au sein de l’établissement a principalement consisté à accompagner les élèves dans l’écriture d’articles de presse dans le cadre de l’enseignement moral et civique (EMC) ou encore de l’option histoire des arts avec les professeurs de disciplines concernées. Ce projet s’inscrivait dans le cadre de travaux ponctuels puisqu’il n’était publié sur l’ENT de l’établissement qu’une seule fois dans l’année. Après concertation, une volonté de créer un journal scolaire pour permettre aux lycéens de réellement s’exprimer dans l’enceinte de l’établissement a émergé. Les journaux lycéens disposent en effet d’une réglementation spécifique qui permet aux lycéens, même mineur, d’exercer la responsabilité de publication. Les nouveaux programmes du lycée incitent fortement les lycéens à s’exercer à la prise de parole publique, en profitant des moyens médiatiques dont ils disposent. Les enseignants ont un rôle essentiel à jouer dans cette expérience pour amener les élèves à assurer la responsabilité de publication dans leurs médias. Quel que soit le projet de journal, le désir d’expression des élèves devra rencontrer le besoin d’information de leur public. Une réunion avec les représentants du Conseil de Vie Lycéenne (CVL) et de la Maison des Lycéens (MDL) a alors été organisée pour présenter ce projet. Le CVL est une instance de l’établissement qui permet aux élèves de s’impliquer dans les intérêts de la communauté scolaire au sein du Lycée. La maison des lycéens est une association régie par la loi de 1901 qui permet aux élèves de s’épanouir dans la conduite et le suivi de projets autour de la vie Lycéenne.
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Table des matières
Introduction
1. Construire un dispositif de médiation numérique en prenant en compte la notion d’architecture de l’information
1.1 Architecture de l’information et portail documentaire
1.2 Vers une application mobile du CDI ?
1.3 Médiation numérique et pédagogie autour de la recherche d’information
2. Communiquer des informations à l’ensemble de la communauté scolaire grâce à l’usage des réseaux sociaux numériques
2.1 Comprendre les usages autour des réseaux sociaux en questionnant l’apport des sciences cognitives
2.2 Choisir un réseau social en fonction des besoins de la communauté scolaire
2.3 Réinvestir ces connaissances dans sa pratique pédagogique : les réseaux sociaux dans l’éducation aux médias et à l’information
3. Valoriser l’activité et les projets menés par le professeur documentaliste
3.1 La diffusion d’un journal scolaire numérique
3.2 La diffusion d’une Webradio sous forme de podcast numérique
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
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