J’ai réalisé mon stage du 16 avril au 21 mai au sein du Centre d’Initiative pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural du Maine-et-Loire (CIVAM AD 49). Cette association d’éleveurs et d’éleveuses qui cherchent à progresser ensemble vers des systèmes de production économes et autonomes. Le CIVAM AD 49 accompagne des agriculteurs sur tout le territoire du Maine-et-Loire. Le Maine-et-Loire est un département français situé au centre de la région des pays de la Loire. Sa situation géologique offre pour roches-mères à ses sols les schistes et les grés du massif armoricain à l’ouest d’Angers. C’est ce que l’on nomme l’Anjou noir Ces sols peu profonds à tendance acide, hydromorphes en hiver et séchants en été se prêtent mal aux cultures. Cela explique le développement de l’élevage sur ce secteur qui comprend la région naturelle des Mauges et du Segréen. Les sols de l’Anjou blanc à l’Est, reposent sur des roches sédimentaires calcaires comme le tuffeau plus favorable aux cultures. Cette diversité des sols associée à un climat réputé doux, permet au Maine-et-Loire une grande diversité de productions (vignes, grandes cultures, horticulture et maraîchage) (Barth, 2018 ; Leclerc-Choüin, 1843). Au cours des années 1960 à 1980 l’agriculture française s’est intensifiée. L’utilisation d’intrants et de variétés sélectionnées ainsi que le développement du machinisme agricole a permis d’augmenter les rendements. Mais ce que l’on appelle alors la révolution verte bouleverse nos systèmes agricoles et crée les systèmes intensifs tels qu’on les connait aujourd’hui avec des conséquences sociétales et environnementales.
Présentation de la structure d’accueil et de ses missions
C’est en parallèle du développement de l’agriculture intensive qu’une partie des agriculteurs généralement en polycultures élevage, ont mené une réflexion critique face aux limites des systèmes intensifs. La création du Centre d’Etude pour un Développement Agricole Plus Autonome (CEDAPA) dans les Côtes d’Armor en 1982, marque le début d’une formalisation de cette dynamique alternative fondée par des agriculteurs. C’est dans cette dynamique que se forme en1995àRochefort-sur-LoireleCIVAM AD49(Barth,2018)parunequinzaine d’agriculteurs. Il s’agit d’une association qui a pour ambition le développement des modèles agricoles autonomes, économes et respectueux de l’environnement. Principalement présents dans l’Ouest de la France, les CIVAM sont réunis à l’échelle régionale par la fédération régionale FRCIVAM et à l’échelle nationale par le réseau CIVAM. Le réseau CIVAM national étend son action en veillant au dynamisme dans les campagnes en aidant à la création d’activité et à l’insertion sociale.
Basé à Mûrs-Erigné depuis 2007, le CIVAM AD 49 lui, est entièrement dédié aux problématiques agricoles. Il emploie 4 animateurs et compte aujourd’hui 80 adhérents tous polyculteurs-éleveurs avec un système basé sur l’herbe pâturée. L’association est principalement financée par les fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant (VIVEA), des financements publics variés (région, département, État, Europe, agence de l’eau…) et les adhésions annuelles des agriculteurs. Les animateurs accompagnent des groupes d’agriculteurs autourdethématiques tellesquel’optimisation del’herbeà travers lepâturage,la réductionde l’utilisation des intrants et bien d’autres. Des structures privées ou publiques comme les chambres d’agriculture peuvent mener des actions similaires à celles du CIVAM et occasionner des collaborations entre les structures. Ces groupes accompagnés par le CIVAM, se réunissent autour des questionnements techniques des membres, rencontrent des experts et participent à des journées de formation. Certains groupes s’intègrent à des programmes de « recherche-action » qui diffèrent des méthodes de recherche à proprement parler. Ce concept à la définition non figée consiste à apporter des solutions à une problématique en considérant l’activité de terrain comme source de connaissance (Lucie Laluque, 2015). C’est le cas du programme de recherche – action sur la pérennité des prairies temporaires (PERPeT) et du plan Ecophyto DEPHY. C’est à travers des missions en lien avec ces deux programmes que s’intègre mon stage au sein du CIVAM AD 49.
Les programmes et leur contexte socio-environnemental
Le programme Ecophyto-Dephy
Né à la suite du Grenelle de l’environnement de 2008, le plan gouvernemental Ecophyto I fut lancé en 2008. Il visait une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de 50% à l’horizon de 2018. L’objectif fut loin d’être atteint. Il a été observé au contraire entre 2009 et 2013 une augmentation de 5% de la consommation nationale de produits phytopharmaceutiques (écophyto.gouv, 2019). Le 26 octobre 2015 le projet est reconduit à travers le plan Ecophyto II avec pour objectif, une réduction de 50% de l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici 2025.
Actuellement la France compte toujours parmi les plus grands consommateurs de produits phytosanitaires d’Europe aux côtés de l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. L’échec du plan Ecophyto I repose en partie sur un manque de diffusion et de maîtrise des méthodes alternatives aux produits phytopharmaceutiqu es. C’est pourquoi des mesures ont été mises en place pour tenter de développer davantage les pratiques alternatives et les diffuser. C’est dans ce sens qu’a été mis en place le projet Ferme Dephy avec 3 000 fermes impliquées dans l’expérimentation de méthodes alternatives, puis le projet 30 000 pour accompagner 30 000 agriculteurs vers l’agroécologie*. Ces mesures répondent également à une préoccupation grandissante des consommateurs autourdelaquestion. Deplus en plusdeproduits phytosanitaires controversés appartenant aux herbicides, insecticides et fongicides deviennent interdits en France et en Europe pour des raisons sanitaires et environnementales. Ces interdictions peuvent être vécues comme une impasse technique par les agriculteurs pour assurer la santé des cultures et leur rendement. Cela dit, se passer des produits phytopharmaceutiques peut dans certains cas, être économiquement très intéressant pour une exploita tion. LeCIVAM AD 49a formé un groupe cultures de12agriculteurs.Cegroupe participe au programme EcophytoDephy. La majorité des agriculteurs du groupe suivent le cahier des charges de l’agriculture biologique. Ils n’ont donc pas recours aux produits phytosanitaires. En revanche pour continuer à produire,ils ont sumettre en place des méthodes alternatives sur leurs exploitations. C’est à travers leur précieuse expérience sans produits phytosanitaires qu’ils contribuent au plan Ecophyto et peuvent aider au développement des méthodes alternatives.
Le programme sur la pérennité des prairies temporaires (PERPeT)
Le programme de recherche-action sur la pérennité des prairies temporaires (PERPeT) a pour objectif de comprendre comment prolonger la productivité des prairies temporaires d’association graminées et légumineuses. Il est un sous -projet du programme 4AGEPROD qui s’intègre lui-même au plan SOS protein. Le plan SOS protein vise à développer l’autonomie de l’élevage de l’Ouest de la France en matières riches en protéines. PERPeT est initié en 2015 pour une durée de 5 ans (2020), le projet est piloté par Réseau CIVAM et rassemble des acteurs du développement agricole (6 CIVAM et 2 Groupements des Agriculteurs Biologiques (GAB)) et de la recherche (INRA, IDELE, la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou). 15 parcelles de 9 éleveurs sont suivies dans le Maine-et-Loire. La grande majorité des exploitations suivies dans le cadre de mon stage sont implantées sur les régions naturelles des Mauges et du Segréen. Pour des raisons pédologiques évoquées précédemment, ces deux régions du Maine-et-Loire sont principalement consacrées à l’élevage. Les agriculteurs engagés dans les groupes cultures ou pâturage ont donc pour but d’assurer la production de l’alimentation pour leur troupeau. La production d’herbe à travers des prairies est un moyen très rentable d’atteindre cet objectif.Pouroptimiser laproductiond’herbe etla valoriser aumieux,desméthodes tellesque lepâturage tournant existent. Les éleveurs retournent par le labour leurs prairies temporaires 5 à6ans après leur implantation. On appel en effet prairie temporaire, une prairie qui a vocation à entrer en rotation avec descultures.Ladestructiond’uneprairietemporairepour laisserplaceàuneculture estdonc toutàfaitnormal dans ces systèmes. Mais parfois l’éleveur détruit sa prairie parce qu’il observe une baisse de la qualité fourragère. Ce second cas de figure a des conséquences économiques pour l’éleveur et c’est pour remédier à cela que le programme de recherche PERPeT a été mis en place.
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Table des matières
1. Introduction
1.1. Contexte agricole et définition de la zone d’étude
1.2. Présentation de la structure d’accueil et de ses missions
1.3. Les programmes et leur contexte socio-environnemental
1.4. Les missions du stage et ses limites
2. Matériel et Méthodes
2.1. Intérêt et objectif du programme PERPeT
2.2. Présentation du groupe culture du CIVAM AD 49
3. Résultats
3.1. Résultats rattachés à ma mission en lien avec le programme PERPeT
3.2. Résultats rattachés à mamission en lien avec leprogramme Ecophyto-Dephy
4. Discussion
4.1. Analyse des résultats en lien avec le programme PERPeT
4.2. Analyse des résultatsenlien avec leprogramme Ecophyto-Dephy
5. Conclusion
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