L’intertexte producteur de signifiance

L’intertexte producteur de signifiance

L’intertextualité au seuil des textes de KATEB et de MIMOUNI.

Dans son ouvrage intitulé Seuils, Gérard GENETTE estime quele paratexte est l’association du péritexte et de l’épitexte1. Le péritexte est le paratexte situé dans le texte littéraire (le titre, les sous-titres, les intertitres, le nom de l’auteur et del’éditeur, les dédicaces, les épigraphes, la préface, les notes…). Quant à l’épitexte c’est ce qui est produit par l’auteur en dehors du texte littéraire (interviews, entretiens, colloques, débats, autocommentaires tardifs, correspondances, confidences orales, journaux intimes, avant-textes…). Nous allons commencer notre recherche par analyser les éléments péritextuels des deux œuvres (Nedjma, le Fleuve détourné) pour enfin déboucher sur les éléments épitextuels.

Le péritexte

Le titre et sa symbolique

Pour effectuer une analyse des titres des deux œuvres qui nous intéressent, nous pensons qu’il est important de définir le titre au préalable. G. GENETTE reprend la citation de Leo HOEK pour le définir : le titre est un « Ensemble de signes linguistiques […] qui peuvent figurer en tête d’un texte pour le désigner, pour en indiquer le contenu global et pour allécher le public visé » Selon G. GENETTE, le titre remplirait trois fonctions. Dans notre cas, nous pensons que chacundes titres de nos œuvres rempliraient deux fonctions principales.

Fonction de désignation

Le titre constitue la première rencontre entre le lecteur et l’auteur. Il nous renseigne car il transmet une information. G. GENETTE le définie comme étant « le nom du livre » d’où nous pouvons en tirer sa première fonction.
Le titre de la première œuvre qui nous intéresse dans notre recherche est Nedjma qui signifie étoile en arabe. Nedjma est aussi le nom du personnage principal dans l’œuvre. Un personnage principal qui ne prend la parole que peu de fois dans le roman. Antagoniste mais figurant. En effet, son nom est toujours cité par les autres personnages.
– « Je fixe la vierge, et je vois Nedjma »
– « Nedjma sanglotait près de son père brulant de fièvre. »
Sur la page de couverture (édition Points 2011), le titre est écrit avec un rouge écarlate, un rouge aussi vif que le sang, aussi coloré que la réplique que Nedjma a prononcée : « _Du sang ! »
.La couleur rouge dans certaines cultures renvoie au péché : le mari de Nedjma : Kamel, pourrait être son frère. Cette couleur renvoie de manière particulière au sang et donc aux événements du 8 mai 1945 relatés dans Nedjma.
Cette mise en relation de l’Histoire, de l’Algérie au livre est proclamée par KATEB dans son livre intitulé Le poète comme un boxeurédité par Gilles CARPENTIER. Il dit :
« Il y a mille manières de parler de Nedjma. Je voulais atteindre une sorte d’accouchement de l’Algérie par un livre.
C’est très important, parce que, à ce moment-là, le sang coulait. En posant la question algérienne dans un livre, on pouvait atteindre les gens au cœur. C’est beaucoup plus fécond, plus fort, c’est le sens même du combat des Algériens : ils ne sont pas morts pour tuer, ils sont morts pour vivre.»
Le Fleuve détourné est le titre de la seconde œuvre qui nous intéresse. Le titre est composé d’un nom : fleuve et d’un adjectif : détourné. Nous pensons que le titre est une métaphore ce qui nous amène sa deuxième fonction.

Fonction thématique

Voici comment Mohamed Ridha BOUGUERRA et Sabiha BOUGUERRA résume la période postcoloniale : « Après l’euphorie des Indépendances, ce fut le désenchantement »
A partir de cette phrase, nous pouvons interpréter le titre de cette manière : le Fleuve détourné ne désigne nullement le fleuve réel c’est-à-dire le cours d’eau qui se jette dans la mer mais désignerait le fleuve métaphorique. Selon G. GENETTE, un titre peut être d’ordre constitutivement symbolique, c’est le type métaphorique.
Ainsi, nous pensons que le fleuve métaphorique est détourné après l’Indépendance de l’Algérie en 1962.
Fairouz SOLTANI le souligne en se référant à une citation de Nadjib REDOUANE : « Le fleuve métaphorique évoqué par Mimouni charrie les souffrances et les regrets d’un peuple dépossédé de sa terre et de ses traditions. »
Nedjma serait aussi un titre thématique. Ce dernier veut dire que le titre nous renseigne sur le thème qui dominera dans le roman. G. GENETTE écrit que : « La relation thématique peut être ambiguë, et ouverte à l’interprétation »
Dans Nedjma, plusieurs thèmes sont traités. Dans notre analyse, nous allons
nous concentrer sur l’un d’eux, celui d’un pays l’Algérie et son Histoire détournée, violée et violentée.

L’épigraphe

A priori, nous définirons l’épigraphe selon les termes de G. GENETTE : « Je définirai grossièrement l’épigraphe comme une citation placée en exergue, généralement en tête d’œuvre ou de partie d’œuvre.».
Ainsi, l’épigraphe est un passage d’un auteur qu’une autre place au début d’un chapitre ou d’une partie de son propre ouvrage ou roman. L’épigraphe sert d’indice ou d’énigme ou simplement d’un clin d’œil aux lecteurs.

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Table des matières

Introduction
Partie I : De Nedjma de KATEB Y. au Fleuve détourné de R.MIMOUNI, dialogue intertextuel et détournement de l’écriture
Chapitre 1 : L’intertexte producteur de signifiance
1. L’intertexte : de la structure au sens du texte
2. Le signifiant au centre des textes
Chapitre 2 : L’intertextualité au seuil des textes de Kateb et de Mimouni
1. Le péritexte
1.1. Le titre
1.1.1. Fonction de désignation
1.1.2. Fonction thématique
1.2. L’épigraphe
1.2.1. Fonction de justification du titre
1.2.2. Fonction du commentaire du texte
2. L’épitexte
2.1. Les thèses et critiques littéraires
2.2. L’entretien
Partie II : Du détournement de l’écriture a la métaphore fluviale, quand MIMOUNI
convoque KATEB
Chapitre 1 : le détournement de l’écriture à l’image de l’Histoire
1. L’ordre de la narration
1.1. Dans Nedjma
1.1.1. La prolepse
1.1.2. L’analepse
1.2. Dans le Fleuve détourné
1.2.1. Résumé du récit antérieur
1.2.2. Résumé du récit synchronique
1.2.3. Les indices
2. L’instance narrative
Chapitre 2 : Le détournement del’écriture et la métaphore du fleuve
1. La source du fleuve
2. Le lit du fleuve
2.1. La perte de l’identité
2.2. Une nature sèche
2.3. Les personnages tragiques
2.4. L’union : vers l’embouchure
3. L’embouchure
3.1. Le retour au passé pour garantir l’avenir
3.2. L’arme
3.3. La prise de conscience
Partie III : Le détournement de l’écriture par le recours au mythe
Chapitre 1 : De l’allusion mythologique à la fondation de l’Histoire
1. Le mythe
2. Le mythe littéraire
3. Les conditions de la naissance d’un mythe
4. Qu’est-ce que la mythocritique
4.1. La loi d’émergence
4.2. La loi de flexibilité
4.3. La loi d’irradiation
Chapitre 2 : Nedjma, de la figure mythologique au symbole de l’Algérie en devenir
1. La femme inaccessible dans le Fleuve détourné
2. Le thème de la violence
3. Houria, la femme violée
4. Une nature dénaturalisée
5. Les origines
6. Le Fleuve détourné, un titre révélateur
Conclusion
Bibliographie

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