Le dépistage contre le cancer Colorectal
Introduction générale
Toute société est caractérisée par sa dynamique et sa transformation dans le temps. Cette mutation qui découle la plupart du temps sous des effets divers tels que l’économie, la colonisation et autres facteurs, à un impact direct sur l’organisation sociopolitique des sociétés. Les mutations qui marquent ces organisations découlent surtout des différentes politiques imposées par les systèmes coloniaux visant à supprimer ou à dégrader les régimes et les pouvoirs anciens.
En revanche, les mutations qui touchent les différentes organisations sociales peuvent apporter des modifications, néanmoins, les sociétés essayent toujours de garder le rapport avec la tradition. Ce recours à la tradition s’inscrit dans une perspective de continuité, pour George Balandier, « Tout ne change pas, et ce qui change, ne se modifie pas en bloc1». Au-delà de la période coloniale, des nouvelles modalités d’organisation sociale sont apparues, notamment, pendant la 2ème moitié de 20ème siècle. Ces nouvelles formes de structuration, peuvent s’inscrire dans le processus de la redynamisation et la réactivation des institutions traditionnelles, mais, avec des formes nouvelles et modernes, dont la majorité des membres de ces nouvelles institutions sont des jeunes scolarisés.
L’adoption de ces nouvelles formes est, généralement pour revendiquer des droits à l’égard des autorités modernes. Dans ce sens, George Balandier atteste que « au-delà de la période coloniale, un nouveau phénomène apparait que l’on peut qualifier de pseudo-traditionalisme. En ce cas, la tradition manipulée devient le moyen de donner un sens aux réalités nouvelles, ou d’exprimer une revendication en marquant une dissidence à l’égard des responsables modernistes »2.
En Algérie, après l’indépendance de 1962, malgré que plusieurs projets de développement sont lancés par les autorités, notamment en 1967, les communautés villageoises continuent encore de vivre en manque permanant de moyens et d’infrastructures telles que l’électricité, les routes, assainissement … etc. la marginalisation de la Kabylie de la part des autorités gouvernantes par rapport aux autres région du pays, a conduit les communautés villageoises à réactiver leurs institutions politiques traditionnelles « tajmaât n taddert » qui étaient sous le contrôle de l’FLN. Cette réinvention des anciennes institutions existantes à l’échelle villageoise et tribale est apparue particulièrement au lendemain de « printemps berbère » de 1980. Cette réactivation « a permis d’assurer la continuité des activités politiques délibératives de l’assemblée villageoises, et sa « modernisation » en 1980, par la création d’une instance inédite « comité de village » dans lequel fut de plus en plus ménagé un rôle très actif à un encadrement jeune, disponible et instruit »3.
Motivations du choix du thème
Choisir un sujet de recherche pour un mémoire de fin d’étude semble l’étape la plus simple dans les premiers temps, mais en réalité c’est la plus complexe notamment dans la discipline de l’anthropologie, car le titre exacte ne peut être apparu qu’après les premières visites du terrain, Donc notre thème de recherche s’intitule « Les nouvelles modalités d’organisation inter-villageoises : Cas de la coordination des comités de villages d’Acif El Hammam, structuration, fonctionnement et profil des acteurs ». Le choix de notre sujet n’est pas le fait de hasard, mais avec des motivations subjectives et objectives comme suite :
Motivations subjectives
L’un de nous est un habitant de village ‘kiria’, un village qui fait partie de la tribu d’Acif El Hammam, donc ça nous facilite l’accès au terrain et nous permet ainsi de tisser des liens de confiance avec nos interlocuteurs. Une volonté personnelle de notre part pour réaliser un travail scientifique sur la tribu d’Acif El Hammam, en traitant sa coordination des comités de villages, sa structuration, son fonctionnement et le profil de ces acteurs. 2-2.
Motivations objectives
Ce qui est important dans ce genre de travaux de recherche c’est qu’il analyse les formes de mobilisation des citoyens dans la région Kabyle « coordinations des comités des villages ou collectif des comités des villages » qui sont des nouvelles stratégies employées par les citoyens et les militants Kabyles pour revendiquer leurs droits aux autorités locales et régionales du pays. Cela nécessite une étude anthropologique consistant à expliquer la structuration et le fonctionnement de ce genre d’institutions qui prennent une nouvelle forme « coordination » fondée sur des principes démocratiques inespérés de la tradition.
Problématique
Les sociétés ont subit et continuent d’être traversées par des mutations au niveau social et institutionnel. Dans ce sens George Balandier affirme que « les formes anciennes de pouvoir se dégradent où se transforment, les gouvernements primitifs et les Etats traditionnels s’effacent sous la pression des nouveaux Etats modernes et leurs administrations »3, notamment, dans les pays qui sont sous une domination coloniale ou en voie de développement.
Les nouvelles modalités d’organisation apparues pendant la 2ème moitié de 20ème siècle, issues des mouvements de libération; rendent le champ anthropologique plus vaste et plus diversifié, c’est ce qui pousse les anthropologues à mettre l’accent sur les changements et les processus de la transformation de ces institutions4.
L’Algérie est connue par la véracité de ses structures tribales, elles étaient malgré exposées à des mutations mais elles continuaient d’exister même durant les langues années de la colonisation française malgré aux efforts de l’administration coloniale à plusieurs reprises de détruire l’ordre social traditionnel. Premièrement, avec la politique appliquée entre les années 1870 et 1880, qui sert à détruire des deux piliers de la société tribale qui sont : le régime foncier et l’aristocratie tribale.5 Deuxièmement, une autre tentative de détruire l’ordre social en 1881, pendant le découpage administratif qui avait pour objectif de répartir le territoire sous forme de communes mixtes et communes en plein exercice6.
Répertoire d’actions
Le concept répertoire d’action collective désigne le stock limité de moyens d’action à la disposition des groupes contestataires, à chaque époque et dans chaque lieu.16
Divers travaux, à la suit de ceux de Charles TILLY, mettent une définition de concept répertoire d’action comme « une série limitée des routines qui sont apprises partagées et exécutées à travers un processus de choix relativement délibéré ».17
La notion de répertoire d’action désigne l’ensemble des formes possibles d’action offertes à un groupe dans une situation donnée. Pour un mouvement social, le choix d’une forme d’action est toujours crucial : certaines formes sont plus institutionnelles et routinières, d’autres plus radicales (grèves de la faim, violence matérielle, etc.). Le rapport au cadre légal, en particulier, détermine des formes d’actions très différentes. Dans les contextes dictatoriaux, il existe toujours un choix stratégique pour les mouvements de résistance entre le respect des formes légales et le recours à l’action illégale, en particulier la lutte armée.18
Dispositifs d’enquête
Pour bien cerner ce travail de recherche, nous avons opté pour l’utilisation de différentes techniques d’enquête de manière à saisir tous les détails de notre enquête. Notre première méthode consiste d’abord à présenter géographiquement le lieu de déroulement de notre enquête. Ensuite, nous allons passer à décrire les conditions réelles dans lesquelles notre pré-enquête était déroulée. Enfin, nous allons passer à la description de l’enquête, le lieu, les enquêtés, la date et l’heure
Présentation du terrain d’enquête
Après avoir choisi notre thème, nous étions obligés d’effectuer une enquête de terrain, car en anthropologie le terrain est indissociable de la recherche. Pour Jean COPANS « (…) l’ethnologie, c’est faire du terrain (…) ».19
Observation
L’observation est une technique très importante dans la recherche en anthropologie, elle est le support fondamental dans le recueil des données sur le lieu de l’enquête, tout en observant le comportement des acteurs. L’observation nous a permet de confirmer certaines hypothèses et réfuter les autres, en fin les observations étaient transcris dans un cahier sous forme d’une fiche d’observation. L’observation elle-même est répartir en deux types : observation directe et observation participante. Dans le cas de notre étude, qui est la structuration et le fonctionnement de la coordination des comités des villages d’Acif El Hammam, la technique de l’observation s’agit de se rendre rapidement sur les lieux à n’importe quel moment où les membres de la coordination se réunissent, cela est afin de constater de près son déroulement pour s’offrir une description plus minutieuse. Durant notre enquête, nous avons recouru l’observation de trois réunions déroulées dans différents endroits (village KIRIA, village Hariz, village Tazrout), dans la période limitée entre le mois de Février au Mars, nous avons intéressé à donner une description détaillée afin d’offrir une image réelle pour ce genre de coordinations locales.
Présentation de la daïra d’Adekar
La daïra d’Adekar est une circonscription administrative algérienne1, située dans la wilaya de Bejaia en Kabylie. Son chef lieu est la commune éponyme d’Adekar. La daïra regroupe trois communes (Adekar, Beni Ksila et Taourirt Ighil).
Pour ce qui concerne la localisation de la daïra d’Adekar, elle est entourée par Fenia El Maten, Tifra, Akfadou au coté Sud, et par la commune El Kseur et Toudja à l’Est, les communes de Tizi ouzou telles que (Ighil Zekri, Yakouren et Idjeur) au coté Ouest. La mer méditerranéenne au nord. La population de la Daira d’Adekar est d’environ 24613 habitants selon le recensement de 20082. Cette population est regroupée dans 68 villages. Le tableau ci-dessous nous livre des informations sur les trois communes de la Daira d’Adekar. Nous allons commencer par citer les trois communes, le nombre de villages de chacune ainsi que le nombre d’habitants. Ensuite, nous allons passés à présenter les tribus qui constituent la Daïra et le nombre de village de chaque tribu. Enfin, nous finirons le tableau par une observation concernant la répartition de la tribu d’At Amer en deux douars.
Education
En Algérie, l’enseignement est garanti par la constitution, elle avait comme principe que chaque citoyen a le droit à une scolarisation gratuite, mais en réalité, le manque de moyens pédagogiques peut indiquer de diverses difficultés, notamment dans les régions rurales où les secteurs éducatifs souffrent d’insuffisance de moyens et de nombre d’écoles dans les régions isolées.
Dans le cas de notre recherche, la région d’Acif El Hammam souffre depuis la période coloniale de manque des établissements, jusqu’au 1946 la région ne dispose d’aucun établissement37, ce qui pousse les habitants de la localité à se déplacer jusqu’à la commune d’Ighil Zekri de la wilaya de Tizi-Ouzou pour étudier car la région n’est pas dotée d’écoles. En 1952, la première école était ouverte au village Kiria « école n wuzzal »38.
Conclusion générale
Notre travail de recherche consiste à présenter une nouvelle modalité d’organisations collectives inter-villageoises, cas de la coordination des comités des villages d’Acif El Hammam (CCVA), qui a vu le jour en 2014. Son apparition était suite à la non figuration de la localité d’Acif El Hammam dans le plan de masse relatif au projet de raccordement de la daïra d’Adekar en gaz naturel. Huit villages se sont regroupés au sein de la CVVA « Tighzert, Timri Mahmoud, Tazrout, Ait Malek, Hariz, Hengued, Kiria et Ait Yehia Youcef », sont représentés par deux membres pour chacun des villages, élus par les comités de leurs villages pour les représenter aux assemblées de la CCVA. Cette structure est conçue pour jouer un rôle intermédiaire entre les villageois de la région d’Acif El Hammam et les autorités locales et régionales (APC, Wilaya, SDE, DEM … etc.). Avant de commencer notre enquête, nous avons construit une question principale qui vise à comprendre le processus de l’émergence de la CCVA, les conditions et les motivations qui ont poussés les citoyens et les militants associatifs à mettre en place cette présente instance ainsi que comprendre les modalités de structuration et de fonctionnement de la CCVA. Durant l’enquête, nous avons commencé par la phase exploratoire dans laquelle nous avons choisis un répertoire d’ouvrages fiables qui peuvent servir notre projet de recherche. Ensuite, nous avons finalisé notre recherche par une enquête prolongée qui nous a permis d’effectuer des entretiens avec nos enquêtés et d’avoir de divers documents fournis par les acteurs de la CCVA. Ces dispositifs d’enquête utilisés ont pour objectif de répondre aux questions posées et aux hypothèses proposées. La recherche que nous avons mené, nous a permis de répondre aux déférentes questions que nous avons posés au paravent, cette réponse était le fruit de notre confrontation avec le terrain et à partir de l’analyse des profils des acteurs qui étaient derrière l’idée de la création de la CCVA tels que l’acteur : M. Djillali, B. Mohand, M. Lounes et M. Nadir. Le profil de ces acteurs dont la majorité sont scolarisés, se voit à travers la gestion moderne qu’ils pratiquaient, notamment leurs recours à l’écrit, l’adoption des ordres du jour et le plan d’actions préparés par les acteurs durant les réunions de la CCVA. Il est important à signaler que les comités des villages dont les acteurs cités sont membres, sont une ressource militante et organisationnelle importante dans les mobilisations collectives.
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Table des matières
Introduction.
1. Présentation du sujet
2. Motivation du choix du thème
3. Problématique
4. Hypothèse
5. Définition des concepts
6. Dispositif d’enquête
6.1. Présentation du lieu d’enquête
6.2. Pré-enquête
6.3. Enquête
7. Les techniques d’enquête
7.1. Observation
7.1.1. Observation directe
7.1.2. Observation participante
7.2. Entretiens
7.3. Analyse des documents
7.3. Journal de terrain
8. Les difficultés Conclusion.
Sommaire
Chapitre II : Organisation sociopolitique de la Kabylie Introduction.
1. Organisation sociopolitique de la Kabylie
1.1. Avant la Conquête de 1857
1.2. Pendant la conquête française de 1857
1.3. Après l’indépendance de l’Algérie 1962
2. Aperçu historique sur la tribu d’Acif El Hammam
3. Présentation de l’assemblée ancienne de lâarch d’Acif El Hammam entre 1980 – 1998 4. Le printemps noir de 2001
4.1. En Kabylie
4.2. Dans la localité d’Acif El Hammam, Adekar
Conclusion
Chapitre III : Monographie de la tribu d’Acif El Hammam Introduction 1. Présentation de la daïra d’Adekar
2. Délimitation géographique et administrative de la tribu d’Acif El Hammam
3. Données naturelles
3.1. Climatologie
3.2. Hydraulique
4. Présentation des dix villages du la tribu d’Acif El Hammam
5. Le champ associatif de la localité d’Acif El Hammam
6. Education
Sommaire
7. Economie
8. Tourisme
Conclusion
Chapitre IV : Structuration, fonctionnement et profil des acteurs de la CCVA. Introduction.
1. Présentation du la Coordination des comités de village d’Acif El Hammam (CCVA)
2. Processus de création de la coordination des comités des villages Acif El Hammam
2.1. Mouvement citoyen 2011 à Adekar
2.2. La non figuration de la localité d’Acif El Hammam dans le plan d’alimentation en gaz naturel : L’élément constitutif de la CCVA
2.3. La réunion du 14 Novembre 2014
2.4. La réunion du 5 décembre 2014 au village Ait Malek
3. Structuration et fonctionnement de la CCVA
3.1. Déroulement des réunions au sein de la CCVA
3.2. La prise de parole au sein de la CCVA
3.3. La prise de décisions
3.4. Le règlement intérieur de la CCVA
4. Compte rendu de la réunion de la CCVA du 11/11/2016
5. Le champ d’intervention de la CCVA
5.1. Les conflits
5.2. Le domaine social
5.2.1. Solidarité (quête)
Sommaire
5.2.3. Le dépistage contre le cancer des seins
5.2.4. Le dépistage contre le cancer Colorectal
6. Présentation des acteurs de la CCVA
6.1. Présentation des quatre acteurs influents de la CCVA
6.2. Comparaison entre les quatre profils d’acteurs analysés
6.3. Comparaison entre les quatre acteurs et les autres membres de la CCVA Conclusion
Conclusion générale
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