Le décor urbain

L’Afrique post coloniale a connu de profonds bouleversements sur le plan politique, social, culturel et économique. Il s’avère sans conteste que l’héritage laissé par les autorités coloniales était peu enviable. C’est dire donc qu’il fallait revoir les valeurs que les européens avaient instauré dans les pays qu’ils avaient colonisé au profit de celles de nos ancêtres. Ce qui, par ailleurs, confirme les difficultés auxquelles sont confrontés les dirigeants africains de la période euphorique qui a suivi l’accession des pays africains à l’indépendance. Alors, lorsque ces derniers ont décidé de prendre la relève, le peuple africain pensait sortir des ténèbres. Avec l’annonce des indépendances, une nouvelle lueur pointait à l’horizon.

Cependant, cette période d’euphorie a fait long feu car elle a été entravée par les pouvoirs tortionnaires. C’est-à-dire quelques années seulement ont suffi pour voir ces politiciens se métamorphoser en dictateur de premier ordre. En effet ces individus d’exception (NoirBlanc) ont retourné l’arme fatale contre la population qui les a pourtant portés à la tête des Etats indépendants. En outre, il conviendrait mieux de dire que l’objectif de cette nouvelle classe dominante était de sauver leurs peuples qui ont perdu les repères. Dans les premières années de leur règne, la population avait une entière confiance aux dirigeants africains. Néanmoins, en l’espace de quelques années seulement (1960-1968), les nouveaux dirigeants ne semblent plus s’intéresser aux destinées collectives de leur peuple comme en attestent les nombreuses dictatures qui ont marqué l’Afrique en général qu’elles soient civiles ou militaires .

De ce fait, les écrivains et hommes de lettres qui représentent le peuple, mettent à nu les exactions causées par ces nouveaux dirigeants africains. C’est ainsi que des accusations de bilans chaotiques se succèdent à travers la plume des écrivains africains. Par exemple Cheikh Charles SOW  fustige dans sa nouvelle intitulée Cycle de sécheresse l’enrichissement illicite et monstrueux des nouveaux dirigeants qui désormais ne distinguent plus le bien du contribuable des leurs. Dans sa nouvelle, il dénonce le népotisme et la sinécure dans les services de l’Etat qui représente le peuple. Au Sénégal, plus particulièrement dans la capitale, nous assistons à un changement de mode de vie, de comportement et un développement de mœurs légères : manque de pudeur, arrestation arbitraire, élimination des prétendants aux pouvoirs, la filouterie, perte de dignité etc. C’est cette situation alarmante que nos auteurs ont vite compris et décident de mettre à nu les exactions de ces bourreaux de l’injustice, les vices de la société avant qu’il ne soit trop tard.

A un moment où la montée des extrémistes devient de plus en plus préoccupante, Ken BUGUL , auteur sénégalaise connu pour ses prises de position subversive, sort son sixième roman décalé et dérangeant, Rue Félix-Faure où elle s’attaque à la manipulation et à l’exploitation des femmes par des Moqadem, gourous et autres nouveaux dieux des temps modernes. Entre autre intrigue policière et débat philosophique, le livre nous promène dans le quotidien d’une rue de Dakar célèbre pour son activité ininterrompue. Un livre écrit dans un style cinématographique qui raconte au son du violon, du blues et des éclats de rire des jeunes filles aux dos nus, l’histoire d’un Moqadem, très influent dans le gouvernement et dans la ville, qui appâtait, exploitait, manipulait et humiliait les femmes au nom de son dieu. Et celui de Laurence GAVRON intitulé Boy Dakar nous mène dans les ruelles et coins de Dakar la capitale sénégalaise. Le brigadier Souleymane/Jules Faye informé de l’assassinat de Sérigne Moustapha Koddu, se lance à la recherche de l’auteur du crime. Cette investigation le met sur le chemin de Ken Bugul, une jeune femme mendiante, sourde muette, des autorités politiques et de la presse en passant par les charlatans, marabouts ainsi que les gens du bas peuple.

Cependant, dans Rue Félix-Faure(2005) comme dans Boy Dakar (2008), nous avons le reflet des réalités de la ville de Dakar. Ces deux romans font un étalage des vices de cette ville par le biais du roman policier. Ce dernier est considéré par d’aucuns comme un genre mineur, parce que appartenant à ce qu’il convient d’appeler la paralittérature, exhibe entre autre, les us et les coutumes d’une société quelconque. Il témoigne donc de toutes les secousses sociales. Mais cela n’en demeure pas moins que son efficacité dans la dénonciation des crimes économiques et des crimes de sang, n’est plus à remettre en doute. Mettant en scène des gangsters et des criminels de premier ordre, le roman policier affiche les tares de la société sénégalaise condamné à vivre dans la marge. C’est d’ailleurs ce qui justifie le choix de ces deux romans et de notre sujet qui a pour thème les réalités urbaines dans deux romans sénégalais à travers Boy Dakar de Laurence GAVRON et Rue FélixFaure de Ken Bugul. Nous avons trouvé intéressant de travailler sur ces deux œuvres car elles sont très riches en matière de dénonciation des mœurs urbaines et font l’objet de peu d’investigation.

Dès lors, il conviendrait de voir comment la ville, qui est considéré par d’aucuns comme le lieu de perversion, le pays de la déception et de la démoralisation, a-t-elle été dépeint dans ces deux romans. La ville apparait comme un lieu de liberté et d’épanouissement pour ces jeunes aventuriers mais elle s’avère dangereuse dans la mesure où tout le monde court vers elle à la recherche du bien-être, surtout dans la mesure où la majeures partie de ces jeunes manquent de qualification. Ce qui favorise la plupart du temps leur échec et les entraine dans la délinquance et autres perversions. Ce phénomène croissant augmente aussi la dépendance, la criminalité, le parasitisme, la corruption etc.

La ville vue comme un eldorado

Le cadre urbain

La ville constitue un véritable pôle d’attraction à partir duquel rayonnent la prospérité et les valeurs matérielles. L’appel de la ville, la séduction du modernisme, et l’attrait d’une vie moins pénible sont autant de facteurs qui font entrevoir des horizons nouveaux et stimulent une quête constante du bonheur pour une meilleure amélioration de la condition sociale de l’individu. En effet, les conditions difficiles que rencontrent le monde rural, le manque d’infrastructures et l’absence d’une bonne politique pour les campagnes, poussent la plupart ou la quasi-totalité de ces jeunes à aller courir leurs chances dans les grandes villes. Ces premières années de notre siècle sont marquées par une jeunesse rêveuse qui aspire désormais à une vie meilleure, à un travail lucratif différent de celui qu’ils faisaient dans la campagne. Dans cette société actuelle, c’est la fortune qui dirige le choix. En d’autres termes et selon certains, l’argent constitue aujourd’hui un moyen d’insertion social. Au Sénégal, cette conception de la vie, ce gout de l’argent est si tel qu’il ne laisse personne indemne. On peut dire que cet appât de gain a poussé beaucoup de jeunes vers des routes incertaines mais susceptibles de venir en aide à cette couche sociale désespérée. En outre, il existe encore un phénomène notoire qui pousse ces jeunes vers les villes. Cet exode permet à ces jeunes de sortir du carcan familial qui est très strict dans les campagnes même si nous assistons à une influence des grandes villes par le biais des médias, des multimédia, des photos posters etc. Ils s’émancipent en quelque sorte et ont plus de liberté car dans les grandes villes, les gens évoluent dans l’anonymat.

Ainsi, notre étude sur cette partie s’articulera autour de deux axes majeurs. En premier lieu, nous étudierons le décor urbain qui se subdivise en deux sous points à savoir le centre-ville puis la rue et les trottoirs. En second lieu, nous verrons le cosmopolitisme de la ville à travers deux points essentiels que sont la rencontre des cultures et l’urbanisation et l’urbanité.

Le centre-ville

La ville en général et le centre en l’occurrence est, du point de vue du plan, de l’urbanisme et de la vitalité économique, typiquement coloniale. Elle présente à quelque exception près la même géographie telle qu’elle apparait dans la plupart des productions littéraires. Le centreville est le lieu qui concentre les plus grandes infrastructures ainsi que la quasi-totalité des activités économiques. C’est le lieu qui offre plus de possibilité de réussite car les plus grands commerçants (grossistes), les plus grands garages (autobus, mécanique) … se trouvent en centre-ville. Raison pour laquelle, tous les matins, les gens couraient vers le centre-ville à la recherche d’un travail lucratif afin de pouvoir venir en aide à leurs familles qui sont resté en campagne. Mais certains sont séduits dès leurs premiers jours et au lieu de chercher du travail cherche plutôt la belle vie dans la facilité. C’est dans ce sillage que l’auteur dit que :

« Les matins de rue Félix-Faure donnaient envie de se réveiller très tôt et de s’y trouver. Les matins de la rue Félix-Faure donnaient envie de passer la nuit rue Félix-Faure. Ceux qui se trouvaient le matin dans la rue Félix-Faure avaient le visage serein ; l’allure majestueuse. Les habitants de la rue Félix-Faure se levaient tous tôt.

Les matins de la rue Félix-Faure étaient des matins qui réconciliaient l’être avec lui-même, avec l’autre, avec la vie. 

Le philosophe de la rue Félix-Faure disait que les matins de la rue Félix-Faure réconciliait l’être avec ses élucubrations, ses incertitudes, ses doutes, son égoïsme et, malgré tout, avec son espérance » .

A travers ce passage, nous constatons toute la philosophie de ces aventuriers des grandes villes surtout le centre-ville qui est considéré comme un paradis terrestre malgré la promiscuité, les difficultés, la cherté de la vie citadine où tout s’achète, où rien n’est gratuit. Pure encore, ce sont ces mêmes gens venues des coins les plus reculés de la ville qui font la promotion et la publicité de ces villes à travers leurs récits pour leurs frères qui se trouvent loin du centre.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : La ville vue comme un eldorado
Chapitre 1 : Le décor urbain
Section1 : le centre-ville
Section2 : les rues et les trottoirs
Chapitre2 : Le cosmopolitisme de la ville
Secion1 : la rencontre des cultures
Section2 : l’urbanisation et l’urbanité
Deuxième partie : La ville et l’organisation politique
Chapitre3 : L’espace des gouvernants
Section1 : le quartier administratif
Section2: le quartier résidentiel
Chapitre4 : L’espace des gouvernés
Section1: la banlieue
Section2: la prison et l’hôpital
Troisième partie : L’univers sociale de la ville
Chapitre5 : La ville comme lieux de perversion et de désillusion
Section1: les bars, le libertinage et la prostitution
Section2: l’errance et l’individualisme
Chapitre6 : Les tares de la société urbaine
Section1: le fanatisme religieux et la superstition
Section2: les impaires de la société
CONCLUSION

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