LE CYCLE SEXUEL CHEZ LA CHATTE
Les ovaires
Les ovaires de la chatte sont de petite taille, leur forme est allongée et aplatie. Ils mesurent 8-10 mm de long sur 5-6 mm de large. Les ovaires se situent à un centimètre du pôle caudal des reins, à hauteur des troisième et quatrième paires de vertèbres lombaires. L’ovaire droit est en position légèrement plus crâniale que l’ovaire gauche (Liège, 1992). Les ovaires sont entourés d’un repli péritonéal, la bourse ovarique. Celle-ci est fine, peu chargée en graisse, transparente et largement ouverte sur la cavité péritonéale chez la chatte Elle est en revanche plus épaisse et chargée de graisse chez la chienne, masquant presque totalement l’ovaire. Les mésos de l’ovaire forment la bourse ovarique (Degueurce, 2003). L’anatomie détaillée de l’appareil génital de la chatte est représentée sur la planche anatomique de la figure 1.
Le mésovarium (ou pédicule ovarien) suspend l’ovaire à la voûte lombaire ; il contient les vaisseaux ovariens et le ligament suspenseur de l’ovaire. Le ligament suspenseur de l’ovaire est constitué d’une bande de tissu blanchâtre et résistant qui relie l’ovaire aux deux dernières paires de côtes. Il est assez lâche chez la chatte, ce qui permet d’extérioriser facilement l’ovaire, contrairement à la chienne chez laquelle ce ligament est plus dense. Le mésovarium constitue la partie la plus crâniale du ligament large, ou mésométrium. Au bord libre du ligament large, on trouve le ligament rond. Celui-ci s’étend de l’ovaire à la région vulvaire en traversant l’anneau inguinal. Sur la face latérale du mésovarium s’attache le mésosalpinx qui soutient la trompe utérine. Le mésosalpinx sépare le mésovarium proximal du mésovarium distal et forme une partie de la bourse ovarique (Degueurce, 2003). L’ovaire est relié à l’utérus par le ligament propre de l’ovaire, ce ligament est de taille variable selon les individus (Fayolle, 2011).
L’utérus
Chez les carnivores domestiques, l’utérus est bipartite avec deux cornes longues et étroites reliées à un corps court. Le diamètre des cornes est variable selon l’âge de l’animal et la période du cycle oestral. Elles mesurent en moyenne 9 à 11 cm sur 3 à 4 mm, le corps utérin mesure 2 cm et le col utérin 5 à 8 mm. Les cornes forment une courbe à concavité dorsale (Liège, 1992). L’utérus est rattaché à la voûte lombaire par le ligament large (ou mésométrium). Comme la bourse ovarienne et le mésovarium, le mésométrium est dépourvu de tissu adipeux chez la chatte (Barone, 1990). Les cornes utérines sont plaquées contre la paroi du flanc, leur apex se situe en regard de la quatrième ou cinquième paire de vertèbres lombaires. Elles cheminent ensuite ventralement, entourant l’intestin. Le corps utérin est dorsal à la vessie. Le col est intra pelvien (Degueurce, 2003). Les cornes utérines sont soutenues par le ligament large (mésométrium), dont la longueur permet une grande mobilité des cornes utérines.
A proximité de l’insertion du ligament large sur la corne, on retrouve l’arcade vasculaire résultant de l’anastomose du rameau utérin de l’artère ovarique et du rameau utérin de l’artère vaginale. Le ligament large comporte sur sa face latérale un méso secondaire, le ligament rond de l’utérus. Ce ligament rond se sépare du ligament large en regard de l’extrémité tubaire de la corne utérine et se poursuit dans l’espace inguinal. Le ligament rond est accompagné par une portion vaginale du péritoine et par les vaisseaux honteux externes, qui se projettent généralement loin de l’espace inguinal, souvent jusqu’aux lèvres de la vulve (Degueurce, 2003). La figure 2, réalisée d’après l’illustration originale de Getty (1975), illustre les différentes parties de l’utérus de la chatte.
La photopériode et la saisonnalité
La photopériode est la durée quotidienne pendant laquelle un organisme reçoit de la lumière. A l’extérieur, elle correspond à la durée de la période diurne. La photopériode augmente après le solstice d’hiver (21 décembre) et diminue après le solstice d’été (21 juin). Le cycle sexuel de la chatte et son accouplement saisonnier sont tous deux liés à la photopériode (Reiter, 1980). Une étude de Faya et al. (2011) en Argentine a montré que les chattes vivant sous une photopériode naturelle tempérée, avec très peu de variations de cette photopériode (4 heures), présentaient un cycle oestral tout au long de l’année, sans période d’anoestrus, mais avec néanmoins un pic d’activité sexuelle qui coïncidait avec les mois d’augmentation de la photopériode. D’après Griffin (2001), les chattes vivant en intérieur peuvent être influencées par l’éclairage artificiel. Shille et Sojka (1995) ont montré que dans un environnement contrôlé, 10 heures ou plus de luminosité par 24 heures sont nécessaires pour que les chattes puissent avoir un cycle de reproduction normal.
Selon ces auteurs, si l’on maintient une photopériode de 14 heures, en reproduisant artificiellement la lumière naturelle du jour, on obtiendra une fertilité maximale et un cycle oestral. L’oestrus se produit environ sept à dix semaines après la mise en place d’un protocole lumineux de ce type, mais cette durée d’apparition de l’oestrus peut-être raccourcie si on la précède d’une période de 8 heures de luminosité par 24 heures, ou si l’on introduit un mâle ou une femelle en oestrus au moment où l’on augmente la durée de luminosité. Bien que la réponse à l’éclairement soit prévisible en condition de laboratoire, cela est plus difficile à réaliser en maison, où les variations lumineuses sont nombreuses du fait de l’éclairage artificiel utilisé par les propriétaires de chats. On observe que la plupart des chattes domestiques ont un anoestrus hivernal.
D’après l’étude de Hurni (1981), la durée de la phase reproductrice est conditionnée par la latitude géographique. Dans l’hémisphère Nord, chez des chats vivant dans des conditions d’éclairement naturel, l’allongement de la durée d’éclairement permet d’induire l’oestrus. La durée d’éclairement est allongée à plus de 12 heures de luminosité par 24 heures, après une période de jours courts, avec une intensité moyenne de 150 lux. Plus on aura eu une longue période de jours courts au préalable, plus l’induction de l’oestrus sera marquée. Le passage à 15 heures de luminosité sur 24 heures a un effet très rapide et spectaculaire, induisant l’oestrus en trois à quatre semaines chez les femelles étudiées. Le retour à une période de jours courts diminue rapidement le nombre de femelles entrant en chaleur. On peut modifier artificiellement la photopériode circadienne au moins six fois par an.
De même, l’étude de Michel (1993), a montré qu’en appliquant une période de 12 heures de luminosité sur 24 heures pendant un mois, puis 14 heures de luminosité sur 24 heures, 85 % des femelles de l’étude entraient en oestrus dans les 15 jours suivant le passage à 14 heures de luminosité sur 24 heures. La durée de 14 heures de luminosité sur 24 heures semble donc être optimale pour induire l’oestrus chez les femelles, permettant ainsi qu’elles aient des chaleurs en continu, sans tenir compte de la saison. Beaver (1992) a suggéré que les femelles Siamoises sont moins sensibles à la photopériode que les autres races et ont tendance à avoir un cycle qui dure toute l’année. A contrario, Shille et Sojka (1995) ont montré que les chattes de races à poils longs demeurent plus sensibles à la photopériode et ont rarement des oestrus en hiver.
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Table des matières
LISTE DES ABRÉVIATIONS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I.LE CYCLE SEXUEL CHEZ LA CHATTE
I.1. Anatomie de l’appareil génital femelle
I.1.1. Les ovaires
I.1.2. Vascularisation des ovaires
I.1.3. L’utérus
I.1.4. Le vagin et le vestibule
I.1.5. La vulve et le clitoris
I.2. Le cycle reproducteur
I.2.1. La puberté
I.2.2. La photopériode et la saisonnalité
I.3. Les différentes phases du cycle sexuel
I.3.1. Le proestrus
I.3.2. L’oestrus
I.3.3. L’interoestrus
I.3.4. Le dioestrus (ou metoestrus)
I.3.5. L’anoestrus
I.4. Le cycle ovarien
I.4.1. Contrôle neuro-endocrinien du cycle ovarien
I.4.2. La phase folliculaire
I.4.3. L’ovulation
I.4.4. La phase lutéale
I.5. L’accouplement et le déterminisme ovulatoire
I.5.1. Déclenchement de l’ovulation
I.5.2. Comportement d’accouplement
I.5.3. Variations de la LH autour du coït et de l’ovulation
I.5.4. Mise en évidence d’ovulations spontanées chez la chatte
I.5.5. Ovulation et pseudogestation
I.6. Les modifications endocriniennes au cours du cycle
I.6.1. Les stéroïdes sexuels
I.6.2. Autres hormones intervenant dans le cycle
II.CONNAISSANCES ACTUELLES SUR LE MODE D’OVULATION DES FÉLINS SAUVAGES
II.1. Présentation du mode d’ovulation des félins les plus étudiés
II.1.1. La panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa)
II.1.2. Le lion (Panthera leo)
II.1.3. Le guépard (Acinonyx jubatus)
II.1.4. Le jaguar (Panthera onca)
II.1.5. Le léopard (Panthera pardus)
II.1.6. Les autres espèces de léopards : Margay (Leopardus margay) Ocelot (Leopardus pardalis) et Oncille (Leopardus tigrinus)
II.1.7. Le puma (Felis concolor)
II.1.8. Le tigre (Panthera tigris)
II.1.9. Le chat de Palla (Octolobus manul)
II.1.10. Le lynx du Canada (Lynx canadensis)
II.2. Conclusion
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE Détection des chaleurs, mesure de la progestéronémie et mise en évidence d’ovulations spontanées dans un groupe de femelles isolées des mâles
I.OBJECTIF
II.ANIMAUX, MATERIELS ET METHODES
II.1. Animaux
II.1.1. Description des femelles étudiées
II.1.2. Socialisation des femelles
II.2. Lieu de vie et programme d’éclairement artificiel
II.3. Bilan sanguin sur les femelles
II.4. Détection des chaleurs
II.5. Frottis vaginaux
II.5.1. Réalisation des frottis vaginaux
II.5.2. Coloration et observation des lames des frottis vaginaux
II.6. Conditions de réalisation des prises de sang
II.6.1. Choix du moment de réalisation des prises de sang
II.6.2. Réalisation des prises de sang
III. RESULTATS
III.1. Suivi des chaleurs par frottis vaginal
III.2. Dosage de la progestéronémie chez les femelles
III.2.1. Dosage de la progestéronémie initiale
III.2.2. Dosage de la progestéronémie lors de la période d’étude
III.3. Résultats femelle par femelle
III.3.1. Chupa : deux ovulations spontanées
III.3.2. Frankline : deux ovulations spontanées
III.3.3. Fidji : une ovulation spontanée
III.3.4. Upsy : une ovulation spontanée
DISCUSSION
IV.1.1. Confirmation du phénomène d’ovulation spontanée
IV.2. Paramètres possiblement impliqués dans une ovulation indépendante du coït
IV.2.1. Manipulations des femelles
IV.2.2. Sons et phéromones émis par les mâles
IV.2.3. Âge des femelles
IV.2.4. Anesthésie
IV.2.5. Conditions d’hébergement et « synchronisation » des chaleurs
IV.2.6. Chevauchements entre femelles
IV.2.7. Race des femelles
IV.3. Perspectives
IV.3.1. Effectif et sélection des femelles
IV.3.2. Régularité des prises de sang
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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