Situation globale de l’infection à VIH dans le monde
D’après les estimations de l’ONUSIDA en 2014, 36,9 millions de personnes vivaient avec le VIHdans le monde. On constate une augmentation par rapport aux années précédentes due à l’augmentation du nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale. À l’échelle mondiale, 2,0 millions de nouvelles infections à VIH ont été signalées, soit un recul de 41 % par rapport aux 3,4 millions de 2001. Les décès liés au Sida enregistrent également une baisse, passant de 2,3millions en 2005 à 1,2 million en 2014 .
En Afrique sub-saharienne
Le nombre de personnes vivants avec le VIH est toujours en augmentation en Afrique Sub-saharienne.Il est passé de 21,7 millions en 2001 à 25,8 millions en 2014. Cependant le nombre de nouvelles infections au virus diminue chaque année. De 2,6 millions en 2001 il est passé à 1,4 millions en 2014. De 500 mille enfants nouvellement infectés en 2001, on est passé à 230 mille en 2012 .
Les femmes ne sont pas épargnées, en 2001 elles étaient 11,1 millions à vivre avec la maladie, elles sont à 17,4 millions en 2014 avec1,1 million de décès liés au VIH en 2012 .
Au Sénégal
L’analyse de la situation épidémiologique et la triangulation des différentes données, montre que le profil de l’épidémie de VIH au Sénégal est de type concentré, avec une prévalence basse dans la population générale (0,7% : EDS 4, 2005 et EDS-MICS, 2010-2011, 0,5% en 2012 selon les données de l’ONUSIDA) et élevée dans les populations clés les plus exposées au risque du VIH :
➤ Prévalence VIH de 18,5% au niveau des Professionnelles du sexe (PS) en 2010 contre 19,8% en 2006 ;
➤ Prévalence VIH de 18,5%au niveau des Hommes ayant des relations sexuelles avec les Hommes (HSH) en 2013 contre 21,8% en 2007 (ELIHoS) ;
➤ Prévalence VIH de 10,2% chez les Consommateurs de drogues (CDI) (CNLS ANRS CRCF 2011).
On note d’importantes disparités dans la distribution de l’épidémie selon les régions. En effet, Il ressort de l’EDS-MICS, 2010-2011 que les régions les plus touchées sont les régions du Sud et du Sud Est : Kolda (2,4%), Kédougou (1,7%), Tambacounda (1,4%), Sédhiou (1,1%), Kaolack (1,1%), Ziguinchor (1%).
PHYSIOPATHOLOGIE
Le virus
Le Virus de l’Immunodéficience Humaine appartient à la famille des rétrovirus et à lasous famille des lentivirus. Il existe deux types : le VIH1 et leVIH2. En microscopie électronique la morphologie des deux virus est similaire. Il se présente sous la forme de particules sphériques avec un diamètre variant de 80 à 120 nanomètres. Il comporte, de l’extérieur vers l’intérieur, une enveloppe membranaire ou péplos dont la bicouchelipidique provient de la membrane cytoplasmique de la cellule infectéeet se trouve hérissée de spicules glycoprotéiques.Celles-ci comportent une partie interne, la gp41 ou glycoprotéine transmembranaire (TM) et unepartie externe, la gp120 (SU pour surface). La face interne de l’enveloppe est tapissée d’une matrice protéique faite de la p17 (MA). La capsidevirale en forme de cône tronqué est faite de p24 (CA). À l’intérieur se trouve l’ARN, entouréde la protéine de nucléocapside (NC).
La transcriptase inverse (TI) ou RT pour rétro-transcriptase (ou en anglais reversetranscriptase), qui intervient en début de cycle dans la réplication virale, est à l’intérieur de la capside, associée à une intégrase(IN, enzyme nécessaire à l’intégration de l’ADN proviral dans l’ADN cellulaire) et à une protéase (PR). Ces 3 enzymes sont des cibles potentielles pour la chimiothérapie antirétrovirale.L’ARN viral se trouve en deux exemplaires, sans qu’on sache la raison de cette diploïdie.Le génome viral comporte en plus des gènes classiques de structure qui sont les gènes gag, polet env, des gènes de régulation qui ont un rôleessentiel dans le pouvoir pathogène du virus [7].
Le cycle de la réplication virale
Les cellules cibles du virus
Les cellulescibles du virus sont celles portant à leur surface la molécule CD4 et un des corécepteurs reconnus par le virus (les molécules CXCR4, CCR5, R5X4) [9]. Il s’agit essentiellement des lymphocytes T, des monocytes, des macrophages, des cellules dendritiques, des cellules deLangerhans cutanées et des cellules micro gliales cérébrales.
Les étapes de la réplication virale
❖ Attachement
Elle commence par l’entrée en contact du virus et de la cellule. C’est l’attachement de lasurface virale sur la surface cellulaire. Il se fait donc par des glycoprotéines du péplos, la gp120 (glycoprotéinede 120 000 daltons, 120 kDa de poids moléculaire, d’où son nom). Les virus de l’immunodéficience humaine (HIV) infectent principalement les lymphocytes TCD4+ car leur enveloppe peut s’attacher sur la molécule CD4, récepteur spécifique de ces virus.
❖ Pénétration
Le virus pénètre à l’intérieur de la cellulepar fusion de l’enveloppe virale et de la membrane cytoplasmique enune membrane unique, fusion suivie de lyse, par formation d’un pore (trou) qui s’élargit et laissepasser la capside dans le cytoplasme. Cette fusion-lyse résulte de l’action d’une glycoprotéinede l’enveloppe virale :la gp41.
❖ Décapsidation
Les structures virales sont ensuite dégradées, à l’exception du génome qui, débarrassé de la capside, se trouve libéré.Il est nécessaire que la capside soit détruite pour que le génome, décortiqué,puisse fonctionner, livrer son information génétique à la machinerie cellulaire.
❖ Réplication
Le génome viral libéré prend la direction des synthèses dans la cellule. Plus précisément, elle va faire des copies, (répliques) du génome viral, des répliques de protéines virales, protéines de capside et glycoprotéines de péplos.
❖ Assemblage
Les nouveaux génomes fabriqués par la cellule s’entourent de nouvelles protéines virales fabriquéespar la cellule. Cet emballage est l’encapsidation (l’inverse de la décapsidation) des génomesqui aboutit à la formation de nouveaux virus.
❖ Libération
Les nouveaux virus sont relargués hors de la cellule par bourgeonnement. C’est lors du bourgeonnement que les virus reçoiventleur enveloppe qui est une bicouche lipidique cellulaire hérissée de spicules glycoprotéiques. Une cellule produit de l’ordre de 100 à 1000 virus.
Les réponses immunitaires à la réplication virale
L’infection au VIH induit une réponse immunitaire spécifique mais non efficace qui ne permet qu’un contrôle partiel et transitoire de l’infection. Elle est de deux ordres : humorale et cellulaire.
Les réactions humorales
Elles sont constituées d’anticorps dirigés contre toutes les protéines du VIH (gp120,gp41, p24, p18, Reverse Transcriptase, nef). Au bout de trois à douze semaines après la contamination, survient la séroconversion caractérisée par la présence d’anticorps spécifiques. Les anticorps neutralisants dirigés contre la gp120 apparaissent au bout du deuxième ousixième mois après la contamination et jouent un rôle protecteur. Par contre, certains anticorpsanti-gp120 pourraient amplifier l’adhésion des particules virales aux cellulesimmunocompétentes et faciliter l’infection. Ce sont les anticorps dits « facilitant » .
Les réponses cellulaires
Ces réponses peuvent être directes ou indirectes :
➤ Directes
Par l’intermédiaire des lymphocytes T CD4.Leur rôle est déterminant chez les sujets asymptomatiques à long terme, mais aussi dansla primo infection traitée précocement par les ARV. Le taux d’IFN et d’IL2 produits par ceslymphocytes sont inversement corrélés à la réplication virale et constitue un indicateur d’uneréponse immune efficace. Leurs cibles principales sont les protéines de capside.
➤ Indirectes
Il s’agit des lymphocytes T cytotoxiques qui constituent un moyenprimordial dans la lutte antirétrovirale. On note la présence des CTLCD8 dans le sangpériphérique et les lymphocytes infiltrant les organes infectés. Ces lymphocytes sécrètent des molécules (β-chémokines) capables d’inhiber la réplication virale. Elles sont dirigées contreles protéines structurales de l’enveloppe et de la capside, la transcriptase inverse et la protéinenon structurale. Des mutations ponctuelles fréquentes dans le génome viral peuvent être àl’origine de phénomènes d’échappement par altération de la reconnaissance des épitotes.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. DEFINITION ET EPIDEMIOLOGIE
1.1. Définition
1.2. Epidémiologie
1.2.1. Situation globale de l’infection a VIH dans le monde
1.2.2. En Afrique sub-saharienne
1.2.3. Au Sénégal
2. PHYSIOPATHOLOGIE
2.1. Le virus
2.2. Le cycle de la réplication virale
2.2.1. Les cellules cibles du virus
2.2.2. Les étapes de la réplication virale
2.2.3. Les réponses immunitaires à la réplication virale
2.2.4. Conséquences de la réplication virale et d’échappement au système immunitaire
3. TRANSMISSION DU VIH
3.1. Transmission sexuelle
3.2. Transmission mère-enfant
3.3. Transmission sanguine
4. HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION A VIH
4.1. Les manifestations de la primo infection
4.1.1. Manifestations cliniques
4.1.2. Les manifestations biologiques
4.2. Manifestations à la phase asymptomatique
4.2.1. Manifestations cliniques
4.2.2. Manifestations biologiques
4.3. Manifestations à la phase symptomatique
4.3.1. Manifestations mineures
4.3.2. Manifestations majeures
5. CLASSIFICATIONS DU VIH CHEZ L’ADULTE ET L’ADOLESCENT
5.1. Classification clinique (OMS)
5.2. Classification immunologique (CDC)
6. DIAGNOSTIC DE L’INFECTION A VIH
6.1. Diagnostic indirect
6.1.1. Test de dépistage rapide
6.1.2. Tests de confirmation
6.2. Diagnostic direct
6.2.1. Test de détection de l’antigène p24
6.2.2. Détection du matériel génétique viral
6.2.3. Isolement du virus
7. TRAITEMENT
7.1. Buts
7.2. Moyens
7.2.1. Moyens non médicamenteux
7.2.1.1. Prise en charge psycho-sociale
7.2.1.2. Prise en charge nutritionnelle
7.2.2.Moyens Médicamenteux
7.2.2.1.lesARV
7.2.2.1.1.Classes et modes d’action des ARV
7.2.2.1.2. Effets secondaires des ARV
7.2.2.1.3.Interactions médicamenteuses
7.2.2.2. Médicaments des infections opportunistes et maladies intercurrentes
7.2.3. Suivi des patients
7.3. Indications
8. PREVENTION DE LA TRANSMISSION DE L’INFECTION A VIH
8.1. Dépistage
8.2. Prévention de la transmission sexuelle
8.3. Prévention de la transmission mère-enfant
8.4. Prévention de la transmission par le sang et ses dérivés
CONCLUSION