Le Cycle biologique de Wuchereria bancrofti

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Définition et symptôme

La filariose de Bancroft ou Wuchereriose appelée aussi filariose lymphatique, essentiellement due au ver parasite Wuchereria bancrofti (Cobbold, 1987) (Onchocercidae) est transmis à l‟homme par la piqûre de moustique. C‟est une maladie parasitaire grave dont les conséquences sociales et économiques sont significatives pour les personnes, les familles et les communautés touchées. Généralement contractée dans l‟enfance, cette infection provoque des dommages non apparents dans le système lymphatique. Les manifestations visibles, douloureuses et gravement défragmentes de la maladie, à savoir le lymphœdème, l‟éléphantiasis et la tuméfaction du scrotum, n‟apparaissent que plus tard dans la vie et entraînant des incapacités permanentes. Les sujets atteints ne souffrent pas uniquement d‟incapacités physiques, ils sont également touchés par des troubles mentaux et des problèmes sociaux et financiers. Ces derniers coutent autant d‟agents de stigmatisation que de pauvreté ; et entrainent une baisse importante de la productivité et une exclusion sociale.

Historique

En 1862, Jean Nicolas Demarquay à Paris ponctionna au trocart une hydrocèle gauche chez un jeune homme originaire de la Habana et en retira un liquide laiteux. L‟année suivante le patient revint mais cette fois il etait porteur d‟un galactocèle droit. Et dans le liquide, Jean N. remarqua la présence d‟helminthes hématoïdes vivants qu‟il ne parviendra pas à identifier.
En 1866, Otto Edwar Wücherer, immigré avec son père à Bahia (Salvador, Brésil), où il s‟installera comme médecin après des études médicales à Tübingen, et un stage à Londres, fit une découverte fortuite importante. A la demande de Griesinger, qui s‟était intéressé à la découverte de Distoma haematobium (plus tard Bilharzia haematobium) par Théodor Bilharz en Egypte, en 1851 (publiée en 1853), il examina les urines hématuriques, espérant y trouver les œufs caractéristiques du D. haematobium. Aucun des échantillons n‟etait positif mais il trouva par contre, dans 3 caillots urinaires et dans des urines non sanguinolentes, des vermicules filiformes vivants présentant des mouvements ondulatoires. Il envoya des spécimens à Leuckart à Leipzig ; qui les identifiait comme des embryons de nématodes stangylides, c‟est-à-dire des parasites immatures. En 12 ans, Wücher rassembla 28 cas similaires.
En 1870, Joseph Bancroft, médecin anglais émigré à Brisbane (Queensland), trouva dans un vaisseau lymphatique d‟un abcès du bras une filaire adulte femelle qui sera décrite par Cobbold, en 1877, comme Filaria bancrofti.
En 1872, Lewis T., qui étudiait le Choléra à Calcutta, trouva dans le sang d‟un forgeron un hématozoaire qui à l‟aspect de vermicule qu‟on trouvait dans les urines chyleuses ou leurs caillots. Il trouva dans le sang et dans les urines d‟une femme des microfilaires identiques qu‟il nomma Filaria sanguinis hominis. Une troisième observation chez un cuisinier, affecté sur un bateau-phare complétera ses constatations.
En 1878, Patrick Manson fit un rapprochement entre la présence de microfilaires et l‟éléphantiasis scrotal, puis sur la base de la présence de la Filaria sanguinis dans le sang, il postula la nature parasitaire de cette affection. Il confirma le parasite chez quinze des Chinois qu‟il examine. Il déduisit de ces observations que la filaire présente dans le sang est un organisme immature dont la transmission doit être assurée par un animal qui perce la peau et qui absorbe du sang. Il le prouva par la dissection de l‟estomac et des muscles thoraciques de moustiques affamés qui ont pu se nourrir sur un Chinois parasité. Il établi que les vecteurs étaient des moustiques à activité nocturne.
21 ans s‟écoulèrent avant que Low, Grassi et James découvrirent des larves infectantes dans la gouttière labiale du vecteur.
Cette revue passionnante des voies très indépendantes qui ont conduit à la découverte de Wuchereria bancrofti transcende l‟application étymologique d‟un nom curieux. Elle renseigna d‟emblée sur la grande dispersion de cette filaire et constitua le point de départ de la découverte de vecteurs de maladies parasitaires, y compris le paludisme.
Ces acquisitions nouvelles étaient largement connues des médecins tropicalistes. Il n‟etait donc nullement surprenant qu‟à peine arrive à Boma (République Démocratique du Congo ou RDC), Van Comprenhout (1900) découvrit chez un garçon de 14 ans originaire de Bounda (Canada), la Filaria nocturna, peu de jours après avoir diagnostiqué des cas à Filaria diurna et perstans.
La présence au Congo de cette Filaria nocturna établit depuis le début de ce siècle. On pouvait s‟éttendre à ce que, au fur et à mesure de l‟exploration du territoire africain, la présence de microfilaires bancrofti soit signalée dans de nombreux endroits. En fait, Dubois en 1915-1916 dans le bas- et le haut-Uele et au cours des années 1920-1930 à Pawa (RDC) et Chesterman à Yakusu (RDC) ne trouvèrent pas de microfilaires nocturnes. La seule constatation positive a été faite à Usumbura (Rwanda) par Fülebon en 1908.
A Madagascar, la seule filariose présente était celle due à W. bancrofti. En 1903, Vivie rapportait, dans les Annales d‟Hygiènes et de Médecine Coloniale, des cas de Lymphangites, d‟éléphantiasis, dans la région Nord-Ouest. Il évoquait alors une origine filarienne pour ces manifestations mais ne pouvait en apporter la preuve. Elle fut donnée en 1909 par Fontoynont et Robert à partir de prises de sang effectuées la nuit dans un hôpital de Tananarive. Ils eurent trouvé 38 porteurs de microfilaires sur 50 malades hospitalisés. Depuis lors, l‟affection n‟a plus été retrouvée, sur les Hauts-Plateaux, que très épisodiquement, sous forme de cas importés.
Entre 1909 et 1950, des cas cliniques furent signalés un peu partout sans donner lieu à des enquêtes systématiques (Sice, 1927 ; Cloitre, 1928 ; Sanner, 1936 ; Radaody-Ralarosy et Guidoni-1940).
Vers les années 1950, l‟intérêt pour la filariose fut relancé par deux faits nouveaux : la découverte par Randriambelo d‟un important foyer sur la Côte Est, et la mise en évidence par Galliard et Brygoo d‟une filaire endémique considérée comme nouvelle. Elle reçut alors le nom de W. bancrofti var vauceli. Par la suite de nombreux travaux plus poussés permirent de faire tomber en synonymie W. bancrofti et W. vauceli (Schacher, 1967-1969 ; Colless, 1971 ; Brunhes, 1975). Il s‟agit donc bien deW. bancrofti classique, dont les microfilaires ont une périodicité nocturne contrairement à la variété pacifica.
En 1958, une attention nouvelle étant ainsi portée à cette parasitose, Brygoo E. put mener une remarquable étude portant sur toute l‟Ile (18 384 lames examinées dans 60 des 83 districts de l‟Ile et dans 272 des 475 Cantons). Il put ainsi montrer qu‟un vaste foyer dans lequel 10 à 25% de la population présentait une microfilarémie s‟étendait sur toute la Côte orientale depuis Fort Dauphin jusqu‟à Vohémar, depuis le bord de la mer, jusqu‟à une altitude de 500 à 600 mètres (par exemple : Vohipeno 20 à 35% ; Ifanadiana 36 à 64%, Fénérive Est 19 à 24%, Brickaville 15 à 87%, Tamatave 15 à 25%). Les Hautes Terres semblaient être indemnes de filariose autochtone. Sur la Côte Ouest, on signalait la possibilité de foyers dans lesquels 10 à 25% de la population étaient susceptibles de présenter une infestation filarienne. Ce dernier fut démontré en 1972 par Prod‟hon qui prouvait que l‟infection concernait en effet 10% des habitants (3902 sujets examinés) dans la ville de Majunga (Marovoay : 15%). Ces résultats furent confirmés par Brunhes, qui, en 1975 montra plus particulièrement l‟absence de la filariose lymphatique à Tananarive.
En 1975, Moreau et al. trouvèrent 13.7% porteurs de microfilaires sur le terrain à Etrotroka, village de la Côte Est.

Répartition géographique

La filariose de Bancroft est endémique dans 80 pays d‟Afrique, d‟Amérique centrale et du Sud et dans les îles du pacifique. En fin 2011, 53 des 80 pays d‟endémie avaient mis en œuvre le TMM et 12 d‟entre eux étaient entrés en phase de surveillance (Figure 1).
A Madagascar, la cartographie effectuée en 2004 par l‟enquête ICT sur 193 villages a montré :
1) 158 personnes positives sur 18 158 personnes testées; ce qui donne une prévalence nationale de 8,91%,
2) 99 districts endémiques de la filariose lymphatique sur les 114 existant mettant à risques 18 millions de personnes (OMS, 2015) (Figure 2).

Agent pathogène (W. bancrofti)

Wuchereria bancrofti est une filaire extrêmement mince. Les vers adultes ou macrofilaires sont ronds, filiformes avec des téguments lisses et blancs opalescents. Le mâle mesure environ 40mm de long pour un diamètre de 0,1mm ; l‟extrémité postérieure recourbée est munie de spicules rétractiles d‟inégales longueurs. La femelle, plus grosse et plus longue que le mâle, mesure 65-100mm de long sur 0,25mm de diamètre (Gentillini et al., 2000). Les deux sexes sont généralement enroulés ensemble et ont des mouvements ondulatoires. Les vers sont effilés dans leurs parties antérieures mais l‟extrémité céphalique est marquée par un renflement. Les femelles ovovivipares produisent des microfilaires longues de 300µ environ, larges de 6 à 8µ et munies d‟une longue gaine. La vulve de la femelle est située vers la partie antérieure et l‟utérus contient dans sa partie supérieure des œufs ovoïdes qui mesurent 40μ sur 25μ ; les œufs contenant chacun une larve de stade 1 ou microfilaire qui migre dans le sang la nuit, principalement entre 22h et 2h. Elles ont une fine structure interne, à petits noyaux arrondis et bien séparé. L‟extrémité postérieure est progressivement effilée et les noyaux, dits subterminaux, n‟arrivent pas jusqu‟au bout. Les embryons se développent chez la femelle fécondée à l‟intérieur de la membrane vitelline qui deviendra la gaine des microfilaires lorsqu‟elles passent avec périodicité nocturne dans la circulation sanguine. Cette périodicité nocturne des microfilaires est certainement en rapport avec l‟activité nocturne des vecteurs. Les microfilaires sanguicoles présentent des caractères spécifiques faciles à mettre en évidence sur goutte épaisse (GE) colorée au Giemsa (Figure 3, 4).
Chez les moustiques vecteurs, les microfilaires se transforment en formes de saucisses (stade1) puis en formes intermédiaires (stade2) avant d‟évoluer vers des formes infectantes pour l‟homme (stade3). La larve infectante de W. bancrofti mesure 1200-1500μm de long sur 20-30μm de large. La longévité d‟un ver femelle est supposée être de quelques années (6 à 8 ans).
Le parasite W.bancrofti se multiplie en deux hôtes : l‟hôte intermédiaire : les moustiques femelles et l‟hôte définitif : l‟homme.
Il existe trois formes de W. bancrofti : forme périodique nocturne, forme sub-périodique diurne et forme sub-périodique nocturne, selon que les microfilaires apparaissent dans le sang périphérique de l’hôte ou non en beaucoup plus grand nombre la nuit que le jour.
Pour la forme périodique nocturne, la présence de microfilaires dans le sang périphérique et la densité microfilariennes sont élevées la nuit et presque nulle au cours de la journée. Cette forme caractérise la varieté W. bancrofti var vauceli, la variété rencontré à Madagascar (Schacher, 1967-1969 ; Colless, 1971 ; Brunhes, 1975).
Pour la forme sub-périodique diurne, il y a présence de microfilaire le jour et la nuit mais la densité microfilarienne est élevée au cours de la journée.
Pour la forme sub-périodique nocturne : il y a présence de microfilaire le jour et la nuit mais le pic de microfilarémie est nocturne.
La périodicité microfilarienne correspond aux habitudes de piqure des principaux vecteurs qui assurent la transmission.

Biologie des vecteurs

Famille : CULICIDAE
Les vecteurs de W. bancrofti sont des moustiques de la famille des Culicidae, appartenant aux genres Anopheles (Sous-famille : ANOPHELINAE), Culex et Aedes (Sous-famille : CULICINAE) et varient suivant la localisation géographique de la bancroftose. Ils jouent un rôle majeur dans la transmission de la filariose lymphatique.

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Table des matières

INTRODUCTION
REVUE DE LA LITTERATURE
2.1 Définition et symptôme
2.2 Historique
2.3 Répartition géographique
2.4 Agent pathogène (W. bancrofti) :
2.5 Biologie des vecteurs
2.6 Le Cycle biologique de Wuchereria bancrofti
2.6.1 Chez le moustique
2.6.2 Chez l’homme
2.7 La transmission de la filariose à W. bancrofti
2.8 Physiopathologie
2.8.1 Eléphantiasis ou lymphoedème
2.8.2 Hydrocèles
2.9 Manifestation clinique
2.9.1 Formes asymptomatiques
2.9.2 Formes symptomatiques
2.10 Diagnostic
2.10.1 Diagnostic clinique
2.10.2 Diagnostic de présomption
2.10.3 Diagnostic différentielle
2.10.4 Diagnostic biologique
2.11 Traitement
2.11.1 Traitement médical
2.12 Prévention (Traitement prophylactique)
SITE D’ETUDE : MATERIELS ET METHODES
4.1 Enquête préliminaire
4.2 Enquête parasitologique : la microfilarémie
4.2.1 Matériels utilisés
4.2.2 Méthodes pour la recherche de parasites dans le sang humain
4.3 Traitement de données
Prévalence des microfilaires
4.4 Enquête entomologique
4.4.1 Matériels utilisés
4.4.2 Méthodologie
4.5 Traitement de données
4.5.1 Taux d’infection des moustiques
4.5.2 Taux d’infectivité des moustiques
RESULTATS
5.1 Niveau de connaissance des populations de la maladie
5.2 Taux de prévalence des microfilaires
5.3 Les vecteurs potentiels
DISCUSSION
CONCLUSION

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