Le couple principal Alexis Frédéric JAUMES et Rosalie CHAMBOREDON

Le lieu de résidence du couple JAUMES x CHAMBOREDON : Bordezac, du hameau à la commune

La famille JAUMES a vécu à Bordezac, petite commune située au nord du Gard, à proximité de Bessèges, Malbosc et de Peyremale. Le village est au carrefour de la Lozère et de l’Ardèche, culminant à 450 m d’altitude. Aujourd’hui, Bordezac mesure environ 905 hectares et comprend environ 400 habitants. Or, la commune n’a pas toujours été comme telle. Bordezac fut le théâtre de nombreux changements territoriaux, et de statuts au fil des siècles. Ce petit hameau appartenant autrefois à la paroisse de Peyremale est devenu par la suite une commune à part entière en 1841.
Comment expliquer cette évolution? Quelles sont les origines du village? Il s’agit donc de retracer l’histoire de ce petit village au cœur du paysage cévenol. Je tiens à préciser qu’une grande partie des informations sur la commune sont extraites de l’ouvrage La paroisse de Bordezac – Notes d’Histoire, Ch.-A. Et R. FIGHIERA (1959).

Des origines obscures 

La période étudiée dans le cadre de ce mémoire comprend le XVIe jusqu’au XXe siècle. Il est néanmoins intéressant de comprendre quelles sont les origines du village, notamment en terme étymologique. Il existe plusieurs hypothèses sur sa création et sur l’évolution de sa toponymie:
– Bordezac existerait depuis l’Antiquité, comme l’explique le professeur de la Faculté des Lettres d’Aix M. Rostaing. Un homme gallo-romain aurait donné son nom à Bordezac. Celui-ci se nomme Bordesius, qui signifie « Burdo » (un surnom gaulois) . Le suffixe « acum » est également emprunté du gaulois ou des langues celtiques, qui est employé pour désigner un lieu ou un domaine. Toujours selon ce professeur, Bordesius était probablement « un gaulois ayant acquis le droit de cité romaine et ayant latinisé son nom ». L’Antiquité et la période romaine sont cependant vastes, il est donc difficile de dater réellement la toponymie de Bordezac.
– Au Moyen-Âge, Bordezac est nommé sous sa forme latine, telle que « Bordezaco » ou « Bordezacus », extrait du cartulaire de la seigneurie d’Alès en 1345. Au cours de cette période, il n’existait pas de communes, mais des seigneuries. Ainsi, le terroir de Bordezac appartenait à la riche famille de Beauvoir du Roure originaire du Vivarais et du Gévaudan.
– Au cours de l’ancien régime, il existe d’autres orthographes que Bordezac :
* Bordesa (selon la carte du diocèse d’Uzès) * Bourdezat (carte des Etat en 1789)
=> D’autres hypothèses existent sur l’origine de la commune même si elles ne sont pas vérifiées.
Par exemple, un village à proximité de Bordezac se nomme Aujac. Bordezac signifierai ainsi « Bord d’Aujac ». Cette hypothèse est donc centrée sur un critère géographique.

La géographie et le relief du village et aux alentours

Bordezac est donc à l’origine un petit hameau qui appartient à la paroisse de Peyremale. La paroisse appartient au diocèse d’Uzès, crée au Ve siècle. En terme d’administration civile, ce diocèse est un territoire qui est divisé en neuf doyennés, avec un total de 207 paroisses. Bordezac appartient au doyenné de Gravières, proche du diocèse de Viviers. La paroisse de Peyremale est quand elle connectée avec d’autres villages cévenols :
Source : BOURGOIN, Carte du diocèse d’Uzès, Diocèses de la province du Languedoc, (1781).
Le paysage de Bordezac est similaire aux hameaux et paroisses voisines. En effet, le relief n’est pas très élevé, hormis le point culminant nommé le Serre qui se situe à 460 m d’altitude. Le territoire cévenol entre Robiac et Villefort est varié mais surtout accidenté : des roches cristallines (quartz roses, blancs) en majorité mais aussi d’autres schistes. On retrouve également d’autres roches comme les roches cévenoles, c’est à dire des lauzes. Il est néanmoins complexe de déterminer le relief de Bordezac car les Cévennes offrent des paysages multiples. Il existe plusieurs divisions des Cévennes :
– le Haut Pays (Mont Lozère, Florac)
– les Cévennes Méridionnales (le Vigan, Ganges)
– les Cévennes Vivaraises (Villefort, les Vans, Aubenas)
– le Bassin Minier ( Bessèges, la Grand Combe)
– la Haute Gardonnenque (Saint Jean)
– la Basse Cévennes(Alès, Anduze)
D’après la carte des délimitations des régions cévenoles (voir annexe n°12 ), Bordezac se situerait à la frontière des Cévennes Vivaraises et du bassin minier gardois. En effet, les Cévennes Vivaraises se situent au nord des gorges de la Cèze. Peyremale est située non loin de la Cèze car la rivière qui traverse le village nommé le Luech s’y jette. Bordezac est à proximité même si elle est plus excentrée.
Le village est tout de même alimenté en eau grâce à des petits ruisseaux comme le cours d’eau du Bijour qui se jette dans le ruisseau de Lalle. On peut aussi nommer la source qui provient du hameau des Mourèdes, situé à Malbosc au nord de Bordezac. C’est grâce à ce cours d’eau que deux moulins pouvaient fonctionner.
Les Cévennes vivaraises sont composées soit de grandes montagnes, ou de nombreuses failles. Ce relief accidenté oblige aux habitants de la paroisse de Peyremale et du hameau de Bordezac à s’adapter. Si le sol est souvent pauvre, d’autres cultures sont possibles. En effet, il existe de nombreux bois à Bordezac comme le précisent les matrices cadastrales des habitants de la commune. On y trouve des pins, avec par exemple le bois de la Pivoulière, la forêt des Issarts. Bien sûr, il existe d’autres espèces d’arbres comme le chêne ou encore le mûrier qui est aujourd’hui quasiment disparu. Il était propice à l’exploitation des vers à soie au XIXe siècle. Enfin, le châtaignier considéré comme le marqueur identitaire des Cévennes. Les paysans pratiquaient plusieurs cultures comme celles du seigle, blé, de la vigne ou encore de l’olivier. Bordezac possède des points communs avec tous les autres domaines des Cévennes. Ce paysage singulier avec de nombreuses vallées se traduit par une adaptation de la culture. On pratiquait la culture en terrasses aménagées en montagne. Ces terrasses se nomment les « accols », « les faïsses » ou encore les « bancels ». Ce mode d’exploitation nécessite un certain savoir faire pour le mettre en place. Il était surtout très important à l’époque, tombé en désuétude aujourd’hui. Ce système permet donc de lutter contre le vent, les pluies trop fortes, d’améliorer l’infiltration et d’assurer une réserve en eau suffisante pour nourrir la végétation. On retrouve à Bordezac de 2 nombreuses traces de ces exploitations.
Mais le petit village ne se situe pas seulement au sein des Cévennes vivaraises. Bordezac est aussi à la limite du bassin minier. En effet, le sous sol est plutôt riche en minerais comme « la houille, minerai de fer, mines d’or, or des ruisseaux, mines d’antimoine, baryte ».3 Je préciserai en détail l’importance des sites miniers de Bordezac, qui ont fait l’objet de plusieurs concessions.
L’extraction en charbon est surtout très importante à Bessèges, ou encore à la Grand Combe à partir de 1840. Pour autant, la présence de ces mines illustre une spécificité pour le village.
Enfin, Bordezac possède une spécificité qui va au delà de la période étudiée. À l’extrême ouest de la commune, on peut trouver dans la forêt des dolmens qui démontrent la présence ancienne des hommes dans ces lieux. Un dolmen est une sépulture collective, utilisée du temps des celtes. Cet édifice serait donc très ancien car il remonterait à 4 000 voir 5 000 ans avant notre ère environ. Au cours des siècles, cet édifice a eu plusieurs utilisations comme un abri de berger ou encore un petit habitat.

Histoire et population

Au début de cette partie, j’ai indiqué que Bordezac a été l’exemple de nombreux changements territoriaux. Le village est intégré au sein de plusieurs paroisses, puis communes et trouve son indépendance. Je peux établir plusieurs périodes sur l’évolution du village :
– Pendant l’ancien régime jusqu’en 1793 : Bordezac est un hameau qui appartient à la paroisse de Peyremale.
– De 1793 à 1834 : Bordezac appartient désormais à Aujac. Peyremale est quant à elle rattachée à la commune de Portes, située à proximité.
– De 1834 à 1841 : cette période est incertaine mais Bordezac semble être rattachée à nouveau à Peyremale. J’ai pu constater grâce au registre d’état civil que plusieurs nouveaux nés sont originaires de « Bordezac, commune de Peyremale »
– De 1841 à nos jours : Bordezac devient une commune indépendante

Ancien régime – 1793 : Bordezac, lieu dit de Peyremale

Je ne possède pas réellement d’informations sur l’histoire de Bordezac au XVIe et XVIIe siècles.
Les registres paroissiaux de Peyremale ont débuté en 1715 car avant cette période il n’y avait pas de prêtre. En effet, c’est à partir du 7 janvier 1715 que « messire Antoine Chalmeton, prêtre bachelier et vicaire perpétuel de l’église St-Geniez de Manduel » prend les fonctions de prêtre dans le village.
C’est le rôle du notaire Jean Antoine JAUSSAUD, accompagné du chirurgien Antoine LEGAL et de Jacques BERTRAND de le guider pour remplir toutes les conditions afin d’intégrer le village: « Ce faisant, avons prit par la main senestre led(it) S(ieu)r Chalmeton, entré dans lad(ite) église Notre- Dame de Peiremale, conduit au devant du grand autel, où il s’est prosterné, genoux en terre, mains jointes, dit plusieurs prières et oraisons, prit l’aspersoir, d’eau bénite aux assistans, sonné la cloche »5. Son apport dans la paroisse est essentiel, notamment à titre généalogique et démographique car les registres paroissiaux commencent la même année, depuis la prise de ses fonctions. Cette source est essentielle car elle permet de déterminer la population à Bordezac grâce à la rédaction des baptêmes et des décès par le prêtre. C’est grâce à ses données que j’ai pu établir une courbe de la population, de son évolution :
Le graphique démontre que les courbes sont très changeantes. Il est difficile de déceler des réelles crises démographiques suite à un nombre de décès plus élevé que le nombre de naissances. On peut néanmoins remarquer que le nombre de naissances paraît plus importants que les décès, malgré des pics de mortalité important. Ces pics peuvent être la conséquence de plusieurs facteurs comme des épidémies ou des crises climatiques. Je n’ai pas de documents à disposition pour prouver le lien entre la mortalité élevée et ses crises. On peut néanmoins faire des hypothèses :
– le pic de mortalité élevé en 1739 peut faire référence à la crise frumentaire de 1738-41 suite aux fortes pluies qui ont détruit les récoltes. La pluie peut être un élément dévastateur car elle endommage le blé, principal source d’alimentation des habitants. Les mauvaises récoltes entraînent ainsi une hausse des prix du pain. De nombreux habitants ne peuvent pas payer, c’est le début de la disette. Dans toute la France entre 1739 et 1741, il y a eu des hivers très froids et des saisons pluvieuses. À Bordezac, on compte 9 décès à cette période.
– Un autre pic important correspond aux années 1768-69 : il peut 6 s’agir de l’épidémie de la variole, source d’un fléau pour les habitants, surtout pour les enfants. Dans le cadre de cette épidémie, il existe de réelles remises en question notamment sur les mesures hygiénistes (circulation de l’air, changement de vêtements…).
De même, j’ai remarqué que la paroisse de Peyremale a subi plusieurs inondations au cours du XVIIIe siècle :
– Par exemple, le 19 février 1761, Jeanne MEYNIER décède à l’âge de 98 ans, originaire de Malons et « demeurant depuis cinq ou six ans chez M.COSTE son neveu à Bordezac ». Le curé révèle qu’elle « a été enterrée au cimetière de la paroisse malgré l’inondation considérable d’hier ».
– Un article précise également que Peyremale a été marqué par les inondations du 9 septembre 1772, suite à la montée des eaux de la Cèze. La crue de la rivière était si importante qu’elle emporte des enfants voire des familles. On peut prendre l’exemple du meunier Paul CHAMBOREDON : « il eut le malheur de perdre sa femme avec cinq enfants que l’eau entraîna avec le plus haut étage dudit moulin et tous ses effets, au moyen de quoi il se trouve réduit dans le plus triste état & dans une mandicité affreuse »8.
Les inondations au sein de la paroisse de Peyremale sont un sujet sensible pour les habitants de Bordezac à plusieurs titres. Pour se rendre à l’église paroissiale de Notre Dame, ils devaient descendre un sentier qui dévale jusqu’à la rivière, traverser un petit pont puis remonter pour atteindre le centre de la paroisse. Le chemin était très difficile d’accès, au point d’en faire une enquête demandée par les habitants du petit hameau. Si la Cèze est en crue, les villageois de Bordezac se rendaient ainsi à Malbosc un peu plus au Nord. Après réflexion, le prêtre Joseph Clary accepte la construction d’une chapelle pour les Bordezacois à partir de 1746, « en raison de la distance de la Cèze inguéable la plus grande partie de l’année et sans pont, deux raisons qui rendent difficile la pratique des devoirs de catholicité aux habitants de Bordezac ».9 Au départ, le prieur de Peyremale est réticent vis à vis de cette décision.
Cette chapelle serait en l’honneur de saint Joseph, « le patron des agonisants ». D’ailleurs une peinture est représentée en son honneur, il y était inscrit « Saint Joseph, priez pour nous ».
Même si Bordezac était dépendant de Peyremale, il existait déjà une volonté d’autonomie voire d’indépendance, notamment grâce à l’action des syndics de la communauté. L’action de ces syndics tels que Jean COSTE, Louis GARIDEL et Antoine GARIDEL est essentielle car elle a permis à la chapelle de voir le jour. Par la suite, la chapelle eu droit à plusieurs dotations de la part de l’abbé Clary. En 1748, la chapelle est bénie par le prêtre Clary qui donne la première messe. Celui-ci effectue par la suite de nouvelles donations envers le petit édifice. Dès lors, de nombreux pèlerins viennent à Bordezac pour « participer à la fête paroissiale de saint Joseph » tous les 19 mars.

Bordezac, lieu dit de la commune d’Aujac

Cette période de l’histoire de Bordezac est beaucoup plus floue. La Révolution Française bouleverse complètement les habitudes des personnes, l’administration. Cette voie vers la sécularisation et la déchristianisation entraîne une nouvelle administration territoriale en France.
De même, cela se traduit par une fermeture des églises et des presbytères ou encore la vente des biens nationaux. Les paroisses deviennent des communes. Il faut encore attendre plusieurs décennies pour que Bordezac devienne une commune à part entière. Le service religieux régulier à Bordezac ne dure pas longtemps car à partir de 1791, la chapelle devient une simple annexe de l’église d’Aujac. Les archives de catholicité sont désormais à titre privé, dans le cadre de l’Eglise.
Ces registres datés entre 1788 et 1819 à Aujac confirment que Bordezac était un hameau à cette époque.
De même, le 1er cimetière est crée à partir du 5 mai 1793. Même si 12 la Révolution Française n’a pas provoquée de mort à Bordezac, contrairement aux Vans en Ardèche où neuf prêtres furent tués. Cependant, le culte est supprimé, la chapelle est transformée en écurie et la cloche de la chapelle est apportée à Alès et fondue. Seuls le calice et les chandeliers furent cachés au bois de « la Pinède ».
Après le Concordat et le rétablissement du culte, Bordezac est maintenue comme annexe d’Aujac, assuré par l’abbé François Justin Pradel. L’ouvrage sur la paroisse de Bordezac révèle également qu’il y a une volonté importante pour les habitants de conserver un culte religieux régulier et de construire un presbytère. Cela se traduit par des enquêtes multiples au cours des années 1810 – 1830. Afin d’attirer plus de monde pour le pèlerinage de saint Joseph, le village demande une indulgence plénière qui est accordée par le pape Grégoire XVI en 1838.

Le village : un site minier à exploiter

Au début de cette partie, j’ai précisé que Bordezac se situait à la frontière du bassin minier. Des minerais d’antimoine ont été découvert au hameau de Frayssinet et exploités par le propriétaire Antoine REBOUL, au début du XIXe siècle. Cette concession a été rachetée par la suite par Joseph REBOUL selon une ordonnance royale le 17 mai 1838. Le terrain mesurait 130 hectares. 10 ans plus tôt, une concession a également été effectuée concernant les mines de Lalle. Ce territoire se situe entre Bordezac et Gagnières. Le minerai d’antimoine est utilisé pour l’allier au plomb dans le but de fabriquer des munitions de fusil ou encore des caractères d’imprimerie.

Indépendance de Bordezac et mise en place de la paroisse

Bordezac, la paroisse

Bordezac est érigé en tant que commune à part entière le 14 juin 1841 grâce à une ordonnance royale. Cette décision est certainement due suite à la volonté d’indépendance des habitants au cours de plusieurs décennies. Par la suite, les habitants veulent également ériger leur commune en
paroisse. C’est le début de la construction du presbytère, puis de la chapelle du Sacré Coeur en bas de la commune (la Côte de Long). C’est à partir du 3 juillet 1843 qu’un décret est signé à Neuilly par le roi Louis Philippe, dans le but de séparer l’église de Peyremale de la chapelle Saint Joseph de Bordezac. L’intérim de la paroisse du village est assuré par l’abbé Simon DUMAZERT.
Dès lors, il existe un nouvel objectif pour les habitants : la construction d’une nouvelle église. En effet, si Bordezac est devenue indépendante c’est parce que la population s’est fortement accrue. Il faut donc accueillir les personnes dans un plus grand édifice. Après réflexion, le Conseil municipal décide de construire la nouvelle église « sur l’emplacement de l’ancienne »13 le 15 novembre 1851. Néanmoins, l’état ne peut pas payer sa construction. La commune parvient à rassembler 17 605 francs au total. L’Eglise est achevée en mars 1859 et est célébrée par l’évêque de Nîmes Claude Henri Augustin PLANTIER le 17 septembre :

La commune

La commune devient indépendante à partir de 1841, mais est encore administrée par Peyremale jusqu’en décembre de la même année. En effet, la mise en place de la commune nécessite une certaine administration, comme le précise le procès verbal des opérations de l’assemblée des électeurs communaux » le 21 novembre 1841 : « Joseph DUMAZERT, 14 maire provisoire de la dite commune ». Malgré l’acquisition de l’autonomie de la commune, son statut n’a pas été toujours fixe. Plus encore, Bordezac a failli perdre son autonomie au cours du XIXe siècle. Par exemple, une discussion a pour objet de supprimer la commune. Finalement, ce projet est refusé. Le facteur de ce refus est certainement suite à un nombre suffisamment élevé des habitants dans la commune.

Les lieux dits de Bordezac et ses édifices

La commune est très étalée, dispersée et divisée en deux parties principales :

Ces nombreux lieux-dits ont des origines étymologiques spécifiques. Il ne s’agit pas de tous les citer mais plusieurs en particulier. Certains noms de ces hameaux sont à l’origine des noms de ferme comme la Côte de Long (Col de Long), la Matte, la Mazade, la Meynière, Veirariès. D’autres hameaux comme le Cabanel (cabane, hutte de chasseurs) ou encore Fraissinet (lieu planté des frênes).
La population est plus ou moins élevée selon les différents évènements historiques. Par exemple, la population atteint son apogée en 1861 avec 986 habitants. La commune gagne plus de 400 habitants en 5 ans. On peut justifier cette augmentation significative grâce à plusieurs facteurs : l’industrialisation avec l’importance des mines dans le bassin minier gardons, l’exploitation des vers à soie.. Néanmoins, 5 ans plus tard, la commune compte 535 habitants. Malgré cette baisse, Bordezac est un petit village plutôt prospère. Au début du XXe siècle en 1906, le recensement révèle plusieurs aspects :
– Né en 1905-1906 : 14 personnes – 1886 à 1906 (1 à 19 ans) : 239 personnes.
– 1866 à 1885 (20 à 39 ans) : 201 – 1846 à 1865 (40 à 59 ans) : 139 – 1845 et avant (60 ans +): 80
Le recensement révèle que la population du village est très jeune. La majorité des habitants ont entre 1 et 19 ans. La seconde tranche d’âge concerne les personnes âgés entre 20 et 39 ans. Cette donnée est source de dynamisme car elle favorise une main d’oeuvre plus importante.
Avant tout, cela se traduit par la mise en place de deux écoles primaires au nord et au sud du village.
Précisément, cela se traduit par la construction d’une mairie-école au chef lieu. La seconde est une école mixte, créée au hameau de la Côte de Long.16 Une photo en date de 1924 représente les élèves de l’école de la mairie, comme on peut le voir en annexe (voir photo n°1). Néanmoins, il n’existe plus d’école à Bordezac depuis quelques décennies.

Bordezac et la Grande Guerre

La 1ère Guerre Mondiale a été meurtrière sur le territoire français. Chaque commune est exsangue car elle a perdu plusieurs de ses habitants. À Bordezac, 28 hommes sont morts pour la patrie.
Quelques années après la Grande Guerre, il existe une volonté de rendre hommage à ces soldats morts pour la France. L’Abbé Joseph ROUX (1929-32) prend l’initiative de poser dans l’église une plaque commémorative en l’honneur de ces soldats. Celui-ci est particulièrement sensible car il a été blessé à la main au cours de la guerre.17 Par la suite, un monument aux morts est édifié devant le cimetière pour leur rendre hommage (voir photo n°2 ).

Le couple principal : Alexis Frédéric JAUMES et Rosalie CHAMBOREDON

Etude anthroponymique : Onomastique

Le patronyme JAUMES est peu fréquent sur le territoire français. Il est surtout employé dans le sud de la France, notamment dans le Roussillon, ou encore dans le Massif Central. Ce nom de famille est en réalité une variante catalane du nom anglais JAMMES. Plusieurs dérivés sont apparus comme les diminutifs JAUMET et augmentatifs JAUMARD. Le patronyme anglais donne en français le nom de « JACQUES ». Il est possible que l’étymologie du nom étudié soit donc une variante catalane, occitane. Jacques ou encore Jaume étaient souvent employés en tant que prénom au Moyen Âge. Je pense par exemple à l’apôtre saint Jacques le Majeur, qui a donné son nom au pèlerinage de st Jacques de Compostelle. Le nom Jacques est un dérivé de Jacob, issu de la forme latine Jacobus ou encore de l’hébreu « Ya’aqov » signifiant « talon ». Cette variante latine a en effet 19 autorisé diverses formes selon les régions: JAIMES en Gascogne, JAMME/ JAMME dans le Languedoc ou encore JACOMET…20 En général, les « Jacques » sont souvent associés aux paysans qui ont participé à la Jacquerie. C’est également un sobriquet pour désigner un homme marginalisé, ou une personne qui agit stupidement.21 Alexis Frédéric JAUMES et ses ancêtres avant lui étaient des agriculteurs, cultivateurs. Je peux donc émettre l’hypothèse que les métiers exercés par la famille JAUMES sont une caractéristique particulière liée à l’étymologie de leur nom de famille.
Il est nécessaire d’étudier la répartition du nom JAUMES. La variante JAUME est un peu plus fréquente JAUMES, même si il existe une augmentation ces dernières décennies, comme le précise l’INSEE22 :

Le mariage

L’acte de mariage

L’acte de mariage est une source essentielle pour comprendre les différentes caractéristiques de l’union des ces deux familles. À partir de ce document, je me suis centrée sur différentes comparaisons entre ce cas précis et des études historiques. Il s’agit de démontrer si les deux parties étudiées ont des caractéristiques particulières, ou au contraire des similitudes avec les autres couples au cours du XIXe siècle.
Premièrement, Alexis Frédéric JAUMES se marie avec Rosalie CHAMBOREDON, sa cousine au 5ème degré du côté paternel , le 24 janvier 1842 à Malbosc, une petite 23 commune située sur la frontière ardéchoise24. Je n’ai pas tout de suite cherché dans cette commune car le couple et ses enfants ont vécu à Bordezac. En effet, les deux communes sont plutôt proches, puisque 5 km environ les séparent à vol d’oiseau. Cependant, sur l’acte de décès de l’épouse, le 28 février 1865, il est stipulé qu’elle est native « des Mourèdes, commune de Malbosc ». En théorie, le mariage doit être célébré dans une commune des deux épouses, traditionnellement dans le village de l’épouse. Le couple s’est donc effectivement marié à Malbosc le 24 janvier 1842, officialisé par le maire Jean Joseph BALMES. Certaines informations de ce mariage permettent de reconstituer la vie de ces deux personnes.
Alexis Frédéric JAUMES est âgé de 32 ans, il est donc considéré comme majeur. Son épouse est quant à elle mineure, âgée de 19 ans. En effet, la majorité matrimoniale est fixée à 25 ans pour les hommes et 21 ans pour les femmes depuis la mise en place du code napoléonien en 1804. Il est surtout intéressant de comparer ces âges avec la moyenne nationale à cette époque. Cette initiative permet de comprendre l’évolution du couple dans la société, en rapport avec un cas concret. Selon une enquête sur l’âge moyen au premier mariage d’après l’Etat civil et les recensements en France, l’époux a en moyenne 27,5 ans contre 24,6 ans. Cette donnée est intéressante car elle révèle que l’écart moyen entre les mariés est plutôt faible, contrairement à mon couple.
Il est également stipulé dans le mariage l’origine et le lieu de résidence des époux. Rosalie CHAMBOREDON est la fille d’Alexis et de Rosalie BARTHELEMY, domicile et née dans la commune de Malbosc.
Alexis Frédéric JAUMES est le fils de Jean et de Victoire NADAL. Cependant, les parents et le fils se sont déplacés avant le mariage. En effet, Alexis Frédéric est né dans la même commune que l’épouse. Pourtant, il est précisé qu’il résidait déjà à Bordezac le 24 janvier 1842. J’ai donc essayé de retracer la mobilité géographique de celui-ci grâce à plusieurs sources à ma disposition. Il est difficile de recréer les changements spatiaux car il manque de nombreux documents qui concernent les dates avant 1842. Voici donc les différentes sources que j’ai consultées :
– le recensement de la commune de Malbosc. Le recensement ne commence qu’en 1841. J’ai donc recherché le recensement le plus ancien en 184126. Certes, des membres de la famille JAUMES sont présents. Je n’ai cependant pas trouvé Alexis Frédéric, ni ses parents dans la commune à cette époque. Ils se sont donc certainement déplacés avant. Il est cependant important de préciser que les premières pages du document sont déchirées. Il est donc impossible de savoir si la famille y était inscrite.
– Le contrat de mariage contracté entre les deux époux le 23 décembre 184127. Il est écrit que l’époux et ses parents demeurent « au lieu et commune dudit Bordezac ».
– Le cadastre est un outil pour comprendre ici à quelle période Alexis Frédéric JAUMES a acheté des biens dans sa nouvelle commune de résidence. Cependant celui-ci a acheté sa maison après son mariage, en 1844. Je détaillerai précisément dans ce mémoire le nombre de meubles et immeubles qu’il possède. Il n’y a donc pas de trace de son existence dans le village avant 1841.
– Un acte de vente contracté entre le dit JAUMES et son oncle François Xavier, à Bordezac le même jour que le contrat de mariage . Il confirme que François 28 Xavier vend à son neveu des terres, châtaigneraies, immeubles et meubles à Bordezac.
– Enfin, une adjudication stipule que les parents d’Alexis Frédéric résidaient à Bordezac à la Mazade depuis 1819.
Comment expliquer cet achat dans une nouvelle commune? Je peux établir plusieurs hypothèses, pour expliquer les facteurs de cette mobilité. On peut dire que le XIXe siècle incarne « la transition de la mobilité » selon l’historien Michel Oris en 1993 dans les Annales de démographie historique.
Il existe par exemple le facteur du dynamisme des villes. Pourtant, le domaine géographique étudié se situe dans les Cévennes. Il existe également l’enjeu de la conjoncture économique. Il est précisé dans l’acte civil de mariage que l’époux et ses parents sont cultivateurs, comme une grande majorité de la population française. Il n’est pas rare pour les personnes qui travaillent dans le milieu agricole de se déplacer pour trouver de meilleures terres. Différentes temporalités entrent donc en scène. Il peut s’agir d’une courte temporalité avec l’exemple des emplois saisonniers. Or, ce cas est spécifique puisqu’il s’inscrit dans la durée pour s’installer. C’est un déplacement à échelle locale.
Les ventes des biens immobiliers sont généralement effectués entre les membres de la famille afin de conserver le patrimoine pour les descendants.
Un autre renseignement important mérite mon attention à propos des mariages. Le rôle des témoins a en effet un enjeu essentiel à plusieurs titres. Il faut distinguer ceux qui appartiennent ou non à la famille. La place des témoins familiaux est cruciale pour déterminer le rôle de la famille et son influence auprès du couple. Au XIXe siècle, la famille possède toujours une place déterminante pour le quotidien et les évènements d’un de ses membres. Les témoins avaient déjà une place importante dans le cadre de la cérémonie religieuse pendant l’Ancien Régime. On assiste donc à une certaine continuité depuis la sécularisation du mariage. Mais en réalité, la sélection des témoins est précise. C’est un indicateur intéressant pour comprendre la portée du « réseau familial », dans le cadre de la famille JAUMES. Voici les quatre témoins présents pendant la cérémonie :
J’ai pu constater qu’un seul témoin est apparenté à un des deux époux. Pierre Julien CHAMBOREDON est le frère de la future épouse. D’autres éléments importants sont à souligner : tous les témoins appartiennent à la même catégorie sociale, comme l’époux. Ils sont tous cultivateurs. Ils habitent également dans le même hameau de la commune de Malbosc. Des études ont été réalisées pour établir une corrélation entre les caractéristiques des témoins 29 (famille, classe sociale, âge, lieu de résidence) et des époux. Un travail est réalisé à la Haye pour mettre en avant un lien entre les relations de parenté entre les témoins et conjoints, selon le groupe social du mari. Cet exemple peut s’appliquer pour ce mariage précis. Dans le cadre de cette étude, un tableau différencie plusieurs catégories sociales comme l’élite, les travailleurs manuels qualifiés et le prolétariat en fonction du nombre de témoins parents. Je peux dire ici que Alexis JAUMES appartient à la catégorie des travailleurs manuels qualifiés. Ainsi le pourcentage le plus important qui concerne le nombre de parents témoins pour cette catégorie est celui de la présence de 1 témoin parent (soit 28,9 %). Le réseau familial est donc présent, mais il est moins développé que pour les catégories les plus élevées. En effet, j’ai remarqué un réel écart avec les époux bourgeois, qui sont accompagnés de 3 ou 4 témoins apparentés. Cette tendance révèle en fait la volonté de rester en famille pour la catégorie bourgeoise, c’est à dire un entre-soi.
À partir de cet exemple, j’ai réalisé un comptage du nombre des témoins apparentés lors des mariages à Malbosc en 1842:
J’ai seulement inclus les signatures qui concernent les familles JAUMES et CHAMBOREDON. Il est également précisé que l’épouse et les mères des deux parties ne savent pas écrire. Là encore, je préfère comparer cet indicateur, sur l’évolution de l’instruction féminine, avec une moyenne nationale. Une étude s’intéresse sur l’approche de l’illettrisme en France au XIXe siècle30. En réalité, l’enquête concerne les signatures de 3 000 familles sur l’ensemble du territoire. Un graphique détermine le pourcentage des signatures pour les hommes et les femmes en fonction des années de 1800 à 1900 (voir Annexe n°1). Certes, les taux de non signature diminuent de plus en plus depuis la Révolution Française. Pourtant au cours de l’année 1842, date du mariage du couple, environ 38% des femmes savent signer contre 59% des hommes. L’écart entre les deux sexes est encore important et commence à se réduire dans les années 1880. Malgré une croissance de l’alphabétisation au XIXe siècle, le niveau d’instruction est encore faible pour les femmes. L’étude de Jean Pierre Pélissier et de Danièle Rébaudo s’accompagne du taux d’illettrisme pour les femmes selon les régions (voir Annexe n°2). J’ai constaté que le pourcentage de non signature est particulièrement élevé dans le centre, l’ouest et sud de la France. A mon sens, cette disparité s’explique par la fracture entre les départements plus urbanisés et ruraux. En ce qui concerne la période 1823-1842, le taux d’illettrisme pour les femmes est très élevé en Ardèche, soit entre 74 et 100%. Cette donnée révèle un décalage avec la moyenne des non signatures pour les femmes à l’échelle de la France. Le département est en effet très rural, l’écriture ou la lecture ne sont pas des outils indispensables. Les femmes comme Rosalie CHAMBOREDON, sa mère ou encore Victoire NADAL sont des ménagères, comme le stipule l’acte de mariage. Je détaillerai par la suite le rôle de Rosalie CHAMBOREDON, grâce à son métier et son implication au sein de la famille. Il est en tout cas certain que la lecture ou l’écriture n’est pas un savoir nécessaire pour les femmes de la catégorie moyenne ou modeste dans le milieu rural.

Le contrat de mariage

Alexis Frédéric JAUMES et Rosalie CHAMBOREDON ont effectué leur contrat de mariage le 23 Décembre 1841 devant le notaire Antoine Hercule REBOUL à Bordezac, lieu de résidence de l’époux. C’est une source importante pour déterminer plusieurs aspects 31 : le patrimoine des époux, le régime matrimonial et le consentement des parents. La transcription complète du document permet de retracer les relations familiales et un aperçu du patrimoine économique :
Le consentement des parents : l’époux est déclaré comme majeur et « se faisant fort d’avoir le consentement de ses Dits ascendans ». Cependant, il est précisé qu’il a besoin de l’avis de son oncle : « et encore de l’avis et conseil de Mr François Xavier JAUMES, son oncle, propriétaire rentier demeurant aux Vans », Mon ancêtre avait déjà atteint la majorité matrimoniale puisqu’il avait plus de 25 ans. En théorie, il peut se marier sans demander le consentement à ses parents. En réalité, les époux devaient tenir informés de leur projet de mariage auprès des parents ou de la famille avant de s’unir. Ce projet se présente sous le nom « d’acte respectueux », écrit par la main d’un notaire.
François Xavier n’est pourtant pas le père d’Alexis, ce qui explique pourquoi je n’ai pas trouvé d’acte de cette nature. Par contre, le frère d’Alexis, Jean, est passé devant le notaire pour effectuer un acte comme celui-ci.
Le régime matrimonial et le patrimoine des époux : le notaire écrit que « Les futurs adoptent les principes du régime dotal et renoncent à ceux de la communauté de biens ». En effet, il existe deux systèmes pour les contrats de mariage au XIXe siècle. Le régime de communauté réduite aux acquêts est le plus fréquent en France à cette période, contrairement au régime dotal, qui se répand surtout dans le Midi34. Par définition le régime dotal est considéré comme une stratégie matrimoniale et successorale. Les biens de la femme sont répartis entre les biens administrés par l’époux et par elle même. Ce régime matrimonial a pour spécificité d’individualiser la dot des biens qui appartiennent à l’époux. Il est par tradition séparatiste, c’est à dire qu’une annulation/ dissolution du mariage entraîne une restitution complète de la dot. Or, il connaît en effet un certain déclin à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle suite aux bouleversements des régimes de successoraux de 1789. Depuis la Révolution Française, il est stipulé de mettre en place une égalité entre les successeurs et d’interdire l’exclusion des enfants dotés.35 Ainsi, l’intérêt de doter les femmes dans le but de constituer un héritage anticipé est moins intéressant. Mais le fait « de constituer une dot » est surtout un atout pour un mariage si on se marie à un bon parti. Ici, le couple a choisi de se marier selon le régime dotal. La dot est surtout un gage nécessaire pour Rosalie CHAMBOREDON car sans cela, il est difficile pour une femme de se marier.
Cette constitution de dot doit se traduire obligatoirement par un contrat de mariage. En ce qui concerne le contrat des deux époux étudiés, il faut distinguer deux types de biens apportés par l’épouse et sa famille :
* les biens extra-dotaux ou paraphernaux : « une paire pendant d’oreille, et deux bagues, le tout en or, qu’elle promet d’apporter dans la maison du futur le jour de leurs noces ; et qui lui appartiennent en propre ; pour les dits objets lui être restitués en nature et dans l’état qu’ils se trouveront le cas de retour de sa dot arrivant, n’étant évalués ici à la somme de trente francs que pour assurer ce retour en nature ». Par définition, c’est la femme qui a l’administration et la jouissance de ces biens paraphernaux. Rosalie CHAMBOREDON doit apporter ses biens dans son nouveau foyer, mais c’est elle qui peut les gérer comme elle l’entend. L’énumération de ces différents bijoux est probablement un héritage de sa famille. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Il est inscrit dans le contrat que si le mariage est annulé, la dot doit être rendue à Rosalie CHAMBOREDON. Mais surtout, ses boucles d’oreilles et ses deux bagues, estimées à 30 francs, doivent être restituées en nature, c’est à dire les bijoux tels quels. En fait, c’est le principe de la tradition séparatiste que j’ai évoqué ci-dessus, c’est à dire de rendre les biens en cas de dissolution du mariage.
* les biens dotaux : « En faveur de ce mariage, le dit sieur, Alexis CHAMBOREDON, père de la fiancée , donne à celle-ci, acceptante et lui en constitué en dot, et en avancement d’hoirie sur sa future succession, la somme de deux mille cinq cents francs; La quelle somme de deux mille cinq cents francs, ledit Sieur CHAMBOREDON a comptée audit S(ieu)r JAUMES, fils, fiancé, savoir :
mille francs, en argent monnaie de cours ». La dot est une donation, une fortune qui accompagne le mariage, constituée par les parents de l’épouse envers le futur mari Alexis JAUMES. Selon l’article 1495 du Code Civil, cette aide permet de « soulager le poids du mari au mariage ». Il n’est pas spécifié dans ce contrat de mariage la valeur des biens et le patrimoine économique de l’époux pour comprendre le poids de la dot. Il est seulement précisé que le dit JAUMES donne la moitié de l’usufruit à son épouse si celui-ci décède avant elle.
Mon ancêtre reçoit donc 2 500 francs grâce à la dot de son épouse. Je me suis donc demandée à quoi correspond cette somme? Est-ce beaucoup, peu, ou un complément pour assurer le train de vie de ce ménage? Il est considéré au XIXe siècle que la dot est surtout un supplément de revenu pour constituer une vie de couple/ famille solide. À compléter
Ces 2 500 francs sont nécessaires car ils permettent d’effectuer la vente entre Alexis JAUMES et son oncle François Xavier, comme le stipule le contrat : « mille francs, en argent monnaie de cours, un instant avant les présentes, dont les espèces ont servi le paiement de pareille somme, que ce dernier a effectué sur le prix de la vente que lui a consenti ce jourd’hui devant nous ledit Sieur François Xavier JAUMES, son oncle et qui sera présentée à l’enregistrement en même tems que les présentes et les quinze cents francs du surplus… ». La dot a donc ici une double fonction : les  francs ont une fonction à court terme pour payer la vente et les 1500 francs à plus long terme « reçus et mis en portefeuille par le fiancé ». En effet, le même jour que le contrat de mariage, j’ai évoqué au début du mémoire un accord passé entre son oncle et son neveu. Je ne détaillerai pas ici précisément le contenu de cette vente de biens immobiliers. Néanmoins elle précise que l’ensemble des immeubles vendus par le dit François Xavier à son neveu est de 5 000 francs au total.37 Ainsi, sur le total annoncé dans la vente, « le dit Sieur JAUMES neveu acquéreur a tout présentement compté celle de mille francs à Mr JAUMES vendeur qui l’a reçue à son parfait consentement et en fait quittance. ». Les 1 000 francs de la dot ont donc bien été utilisés pour cet achat précis.
Malgré quelques limites ce contrat de mariage (patrimoine économique de l’époux non cité) est donc essentiel pour comprendre les enjeux matrimoniaux entre les deux époux et les réseaux familiaux (la relation entre l’oncle et le neveu).
La nature diverse des propriétés démontre que mon ancêtre devait utiliser ses terres à des usages variés. Je détaillerai dans le cadre de son métier de cultivateur les possibles exploitations grâce à l’acquisition de ses biens.
En ce qui concerne la taille de l’exploitation, une étude sur l’agriculture en France à la fin du XIXe siècle explique que le pays est principalement composé de « petits propriétaires et de petites exploitations » . Même si c’est plus tardif que l’époque étudiée, 40 il est considéré qu’en 1892 il existait 3,5 millions d’ exploitations dont 53 % sont comprises entre 1 et 5 ha, 23% entre 5 et 10 ha, 20% entre 10 et 40 ha et enfin 4% à plus de 40 ha. Ainsi, mon ancêtre appartient à la deuxième catégorie car il a une propriété de plus de 6 hectares. Certes, il ne possède pas une grande exploitation, mais il n’appartient tout de même pas à la grande majorité des exploitants.
De même, la matrice cadastrale révèle que mon ancêtre a acquis la majorité de ses propriétés à partir de 1844. Au cours de sa vie, il exploite et agrandit son domaine. Pour autant, nous pouvons nous demander quelles sont les évolutions de cette propriété. En effet, avant 1844, elle appartenait à quelqu’un d’autre. Grâce au cadastre et aux archives notariales, il est possible de retracer l’évolution des domaines (et maisons) des Minières et de l’Hôpital dont les changements de propriétaires. Ces propriétés sont-elles une transmission entre les membres de la famille ou au contraire entre des personnes qui n’ont aucun lien de parenté et qui habitent (ou non) au sein du village? Ce schéma retrace les différents propriétaires du Mas de la Minière et de des autres terres..

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Table des matières

Introduction
I) Le lieu de résidence du couple JAUMES x CHAMBOREDON : Bordezac, du hameau à la commune 
A) Des origines obscures
B) La géographie et le relief du village et aux alentours
C) Histoire et population
1) Ancien régime – 1793 : Bordezac, lieu dit de Peyremale
2) Bordezac, lieu dit de la commune d’Aujac
3) Le village : un site minier à exploiter
4) Indépendance de Bordezac et mise en place de la paroisse
a) Bordezac, la paroisse
b) La commune
5) Les lieux dits de Bordezac et ses édifices
a) Bordezac et la Grande Guerre
b) Blason de la commune
c) Bordezac aujourd’hui
II) Le couple principal : Alexis Frédéric JAUMES et Rosalie CHAMBOREDON
1) Etude anthroponymique : Onomastique
A) Le mariage
1) L’acte de mariage
2) Le contrat de mariage
B) Alexis Frédéric JAUMES : sa vie
1) Sa naissance
2) Son lieu de résidence et ses biens
3) Ses métiers, activités au sein du village
a) Propriétaire Cultivateur
b) L’aubergiste
c) Son influence dans le village : les élections
C) La famille
1) Les enfants du couple
2) Les frères et soeurs de Alexis Frédéric JAUMES
3) Les frères et soeurs de Rosalie CHAMBOREDON
D) Le décès du couple
III) Les descendants du couple principal : les enfants et petits-enfants 
A. Le devenir des enfants du couple JAUMES
B) Les enfants et petits enfants JAUMES
IV) Les ascendants de Alexis Frédéric JAUMES 
A) Les parents, les oncles et tantes de Alexis Frédéric
1) Les parents
2) La fratrie de Jean Vincent JAUMES
3) La fratrie de Victoire NADAL
4) Le décès du couple JAUMES x NADAL
B) La 2ème génération : le couple JAUMES x COSTE
1) Le mariage et la naissance des époux
2) Les frères et sœurs de Joseph JAUMES et de Marie COSTE
3) Le décès du couple Joseph JAUMES et Marie Rose COSTE
C) La troisième génération : Joseph JAUMES et Cécile BORNE
1) Le mariage et la naissance des époux
2) La vie de Joseph JAUMES
3) Les frères et sœurs de Joseph JAUMES et de Cécile BORNE
4) Le décès du couple Joseph JAUMES et Cécile BORNE
Annexes 
Extraits d’actes, graphiques
Photos 
Arbres généalogiques 
Bibliographie 
Sources

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