Le contexte sociétal, présidant l’éducation à la citoyenneté au Gabon
La trajectoire sociohistorique des sociétés africaines, depuis la période précoloniale à l’indépendance, permet de rendre compte des apports qui ont contribué à l’évolution du vivre ensemble. Ce vivre ensemble est surtout marqué par l’importance accordée à la vie communautaire, en favorisant l’intérêt collectif au détriment des préoccupations personnelles. Comme nombreux pays d’Afrique, le Gabon a connu un processus de démocratisation dans les années 1990. Ce phénomène a été influencé par la conjoncture internationale. La rupture avec l’ancien régime pour une nouvelle disposition institutionnelle ne se fait pas sans heurts. Cette résistance montre la difficulté de la marche vers la démocratisation. L’exercice du pouvoir va à l’encontre de la démocratie, non conforme aux principes démocratiques . Cette situation atteste le déficit démocratique au Gabon. Par conséquent, comme dans les autres pays d’Afrique, la démocratisation des institutions politiques gabonaises n’offre pas les moyens d’action aux citoyens de s’impliquer dans la vie publique. De ce fait Olui en 2015, affirme que :
« On comprend que dans ces conditions la citoyenneté et l’éducation à la citoyenneté deviennent des préoccupations majeures dans ces pays et au Gabon. La nécessité de faire face aux dysfonctionnements que ces pratiques engendrent l’entrave à l’exercice de la démocratie justifie les appels lancés en direction de l’institution scolaire pour qu’elle puisse assurer un rôle essentiel sur le plan de la formation des citoyens et citoyennes capables de contribuer à la consolidation de ce régime. » (p.66) .
La problématique et l’hypothèse de recherche
Rappelons que, dans sa thèse, l’auteur évoque que malgré les processus de démocratisation engagés au Gabon dans les années 1990, le pays connait un déficit démocratique, qui témoigne les difficultés d’exercice de la citoyenneté. C’est pour faire face à une telle situation que depuis 1994, le Gabon a réhabilité l’éducation à la citoyenneté. Il faut toutefois reconnaitre que cet enseignement s’effectue dans une institution éducative dont l’organisation et le fonctionnement sont encore largement inspirés de la forme scolaire héritée de la colonisation, d’où l’intérêt à cerner la manière dont les enseignants et enseignantes d’histoire-géographie qui en ont la charge officielle disent l’assurer au quotidien.
La problématique
Pour aboutir à la formulation explicite de la problématique, l’auteur, d’un côté, avait apporté un éclaircissement sur les contours du concept de citoyenneté. Un concept ancien qui s’est forgé depuis la Grèce Antique et a vu sa signification s’enrichir tout au long de l’histoire. Olui (2015) se réfère à la tradition politique Occidentale pour définir la citoyenneté : « La citoyenneté renvoie d’abord au statut juridique accordé aux citoyens et aux citoyennes, lequel recouvre différents types de droits et devoirs qui leur permettent d’endosser certaines pratiques sociales. Elle fait référence à un agir politique, c’est-àdire le choix des gouvernants et la participation à la vie politique. Enfin, c’est la manifestation de l’identité nationale laquelle repose sur l’appropriation et l’attachement aux principes et règles qui orientent le fonctionnement du pays. » (p 69) .
De l’autre côté, il évoque le renouvellement de l’éducation citoyenne en milieu scolaire. Pour le cas du Gabon, « on a choisi de mettre l’éducation à la citoyenneté au service de la consolidation de l’identité et de l’unité nationale et de la promotion de l’intégration régionale» (Olui, 2015, p. 104). Ainsi, l’Education Civique a été réactualisée et insérée dans les programmes pour le Primaire et le Secondaire premier cycle. Cet enseignement a un nouveau statut au sein du curriculum scolaire, donc devenu obligatoire. Cependant, il montre que l’éducation à la citoyenneté et le fonctionnement de l’Ecole gabonaise sont incompatibles. La raison c’est que l’Ecole gabonaise forme des élèves dociles par la pédagogie de la soumission. Selon Demba en 2010 (cité par Olui, 2015), c’est un« espace de non-droit ». L’enseignant exerce en même temps une discrimination à l’égard de certains élèves, en favorisant ceux qui appartiennent au groupe ethnique qui est le sien. Il mentionne aussi le cas d’harcèlement sexuel dont les filles sont victimes par les enseignants. Il s’agit en effet de pratiques déloyales des enseignants, qui sont très peu respectueux des droits des élèves et de leur personne. L’Ecole développe une emprise sur les élèves et ne permet pas l’exercice de leurs droits. En d’autres termes, l’Ecole gabonaise suscite chez les élèves des conduites de docilité.
C’est en considérant l’incompatibilité entre les pratiques pédagogiques et les visées de l’éducation à la citoyenneté d’une part et l’intérêt éducatif de la question du déficit démocratique en contexte gabonais d’autre part qui conduit l’auteur à s’interroger sur les manières dont les enseignants envisagent l’éducation à la citoyenneté.
L’hypothèse
La préoccupation générale, formulée antérieurement invite le chercheur à se référer à des études empiriques antérieurement effectuées par d’autres chercheurs. Elles concernent principalement les représentations de la citoyenneté et de l’éducation à la citoyenneté chez les enseignants. Ces études ont permis de fournir un éclairage sur les problématiques de la citoyenneté et de l’éducation à la citoyenneté. Elles ont permis au chercheur d’avoir un référentiel suffisamment large qui lui permettait d’approcher, de manière convenable et réaliste les champs d’études concernés. Le chercheur est amené à formuler sur l’hypothèse suivante : « la signification que les enseignants et enseignantes, attachent à l’éducation à la citoyenneté en milieu scolaire gabonais, dépend des finalités à poursuivre et des stratégies pédagogiques mises en œuvre pour les atteindre, et pour démontrer leur pertinence ». Toutefois l’école a pour mission de former les futurs citoyens. L’auteur avance que c’est dans le milieu scolaire que se prépare l’engagement citoyen des élèves.
La méthodologie
L’objet d’étude de cette recherche est de solliciter les points de vue des enseignants à propos de l’éducation à la citoyenneté et des pratiques qu’ils mettent en œuvre pour l’assurer au quotidien. En effet, dans le but de cerner la signification que les enseignants assignent à l’éducation à la citoyenneté, le chercheur s’oriente vers une recherche qualitative. Notons que la recherche qualitative est un ensemble de technique d’investigation dont l’usage est très répandu. Elle donne un aperçu sur les comportements et les perceptions des gens. Ce type de recherche est souvent utilisé pour générer des idées. Dans la thèse mère, le chercheur a choisi, d’abord, une recherche à caractère descriptif et compréhensif. Il fournit une image détaillée et plus précise de l’exercice de la citoyenneté et de l’enseignement de l’éducation à la citoyenneté au Gabon. Il a choisi de réaliser son travail en trois temps. Dans un premier temps, les ancrages épistémologiques qui fondent sa posture de recherche. Dans un second temps, le cadre de l’étude, qui décrit le milieu et le déroulement de l’étude, pour solliciter les discours des enseignants à propos de l’éducation à la citoyenneté. En dernier temps, le cadre d’analyse qui explique les procédés pour analyser les discours afin de les interpréter.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA THESE MERE
I. Le contexte sociétal, présidant l’éducation à la citoyenneté au Gabon
II. La problématique et l’hypothèse de recherche
II . 1 La problématique
II.2 . L’hypothèse
III. La méthodologie
III. 1. Les ancrages épistémologiques
III.2 . Le cadre d’étude
III. 3. Le cadre d’analyse
IV. Les résultats des entretiens et l’interprétation
IV. 1. Les résultats des entretiens
IV . 2. L’interprétation des résultats
V. Les limites et les perspectives de la recherche
V. 1. Les limites de la recherche
V.2. Les perspectives de la recherche
DEUXIEME PARTIE : LA REPLICATION « Manières de faire l’éducation à la citoyenneté dans les collèges malgaches : points de vue de professeurs d’histoire-géographie et d’éducation à la citoyenneté »
I. Le contexte de l’éducation à la citoyenneté à Madagascar
II. La problématique et l’hypothèse
III. Le cadre d’étude
III. 1. Description du cadre d’étude
III. 2. Description des participants
IV. La méthodologie
IV. 1. La description de la recherche
IV.2. Le déroulement de l’entretien
IV.3. L’analyse des données
V. Les résultats des entretiens
VI. L’interprétation
VI.1. Les liens entres les finalités éducatives et la formation des citoyens
VI. 2. Les pratiques pédagogiques au sein des classes
VI. 3. Les relations dans les classes
CONCLUSION
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
ANNEXES