Les cours d’eau sont des écosystèmes diversifiés et dynamiques. Leurs modifications morphologiques sont nécessaires à leur fonctionnement naturel. Cependant, ces espaces attrayants pour leurs ressources, concentrent différents usages. Afin de protéger les divers enjeux et de développer les activités humaines, les cours d’eau ont été contraints dans leur liberté de mouvements par de nombreux types d’aménagements (enrochements, endiguements…) afin de se protéger contre les crues ou de lutter contre l’érosion des berges.
Les techniques végétales apparaissent comme un moyen opérationnel de protéger les berges par l’implantation d’une végétation qui favorise le rétablissement des capacités fonctionnelles naturelles du milieu. Cependant, ces techniques sont avant tout à considérer comme des ouvrages de construction ayant pour rôle de répondre aux problèmes érosifs à un endroit donné.
Le génie végétal apparaît donc comme une alternative permettant des aménagements de restauration de berges bénéfiques pour les fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques. A partir de ces réflexions, il convient de s’interroger avec objectivité sur les capacités du génie végétal :
– en tant qu’aménagement, quelle est l’efficacité du génie végétal pour lutter contre l’érosion ?
– en tant qu’alternative, quels sont les arguments justifiant le choix de ce type d’intervention ? Comment valorise t-il les fonctionnalités écologiques ?Quelle est sa perception dans le paysage ?
Pour tenter de trouver des réponses à ces questions essentielles, le Conservatoire Régional des rives de la Loire et de ses affluents a initié un bilan de 10 ans de génie végétal basé sur une étude des différents chantiers conduits sur plusieurs cours d’eau de la région Pays de la Loire.
Plusieurs objectifs ont été poursuivis dans ce travail :
– analyse des techniques utilisées en fonction des contextes locaux,
– étude de la mise en œuvre des projets réalisés et de leurs motivations,
– identification des problèmes liés à ces chantiers en terme de conception, de travaux ou de gestion.
Au travers de cette démarche, le Conservatoire souhaite donc d’un retour d’expérience le plus exhaustif possible sur les conduites de mise en œuvre de ces techniques végétales. Fondé sur une analyse de ses atouts et limites ce bilan permettra de mieux conseiller ses partenaires dans le choix et la conduite de ses nouveaux projets de restauration de berges.
Ce mémoire vise à dresser une synthèse de l’utilisation des techniques végétales afin de prouver leur efficience par des observations concrètes et des constatations de terrain. Cette approche sectorielle du territoire a permis une analyse locale des contraintes et enjeux de chaque chantier étudié. A partir des données relevées, cette analyse a débouché sur des fiches synthétisant l’état des lieux et les préconisations pour chaque site. Ce travail souhaite apporter une synthèse global des différentes expériences réalisées sur le territoire du Conservatoire. C’est par une analyse systémique tant d’un point de vue économique, qu’environnemental, et paysager que les problèmes de mise en œuvre seront soulevés afin d’y répondre par des propositions nécessaires au succès du développement de cette alternative.
Les thématiques développées
Le CORELA porte un intérêt majeur à la notion de paysage et à la préservation de la biodiversité. Il organise et développe son action sur différents thèmes :
– Cales et quais,
– Berges et ripisylves,
– Prairies naturelles,
– Natura 2000,
– Annexes Hydrauliques,
– Plantes envahissantes,
– Milieux naturels,
– Analyse paysagère.
Les études réalisées sont intégrées au système d’informations géographiques (SIG). Le Conservatoire communique, informe et sensibilise sur ces problématiques par la publication de documents, la création d’événements, l’organisation de journées de rencontres ou de colloques et d’ateliers techniques.
Son rôle dans l’utilisation du génie végétal
La réalisation de l’étude portant sur le bilan des dix ans de génie végétal en Pays de la Loire s’inscrit dans la thématique « berges et ripisylves ».
Historique du génie végétal au Conservatoire
Depuis 1995, le Conservatoire s’est attaché à faire connaître et à inciter la mise en place des techniques de génie végétal. Suite à dix années d’actions, il a largement contribué à l’essor de cette technique dans la région des Pays de la Loire.
Il a mené un travail d’information et de sensibilisation des acteurs de la gestion des cours d’eau sur le sujet par différents moyens :
– Organisation en 1995 au Cellier, d’une journée de rencontre sur la thématique des berges et ripisylves où est intervenu un spécialiste du sujet : Monsieur B. Lachat du bureau Biotec en Suisse,
– Rédaction d’une plaquette de présentation des techniques de génie végétal,
– Participation à la réalisation d’une vidéo réalisée par le Centre interrégional de formation professionnelle (CIFP) de l’équipement pour informer ses services sur les techniques de génie végétal,
– Organisation de journées de sensibilisation sur le génie végétal et l’entretien de cours d’eau en collaboration avec l’Union Régionale des Conseils en Architecture Urbanisme et Environnement (CAUE) :
– 1996 : Château-Gontier,
– 1998 : Saint-Fiacre-sur-Maine,
– 2000 : Sablé-sur-Sarthe.
– Réédition en 2001, d’une nouvelle plaquette sur le génie végétal montrant cette fois-ci les réalisations en Pays de la Loire,
– Participation en 2003 à une journée technique du Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine avec la présentation d’un bilan intermédiaire des chantiers,
– Réalisation en 2003, en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire du Plan Loire d’un premier bilan dans le cadre du stage de Renaud David.
Le Conservatoire s’est largement impliqué dans la réalisation de cinq chantiers expérimentaux. Les études des premiers chantiers ont été financées en partie par le Conservatoire et ont commencé à être mis en place dès la fin 1995. Par la suite, il est intervenu principalement en tant qu’assistant à la maîtrise d’ouvrage pour certaines collectivités initiant des projets faisant appel aux techniques végétales. Depuis 1995, le Conservatoire a été totalement ou partiellement associé pour les trois quarts des ouvrages qui ont vu le jour en Pays de la Loire. Au cours de ces 10 années, différentes techniques employées sur les chantiers ont été testées grandeur nature, un certain nombre d’observations et de modifications à apporter à ces techniques ont déjà été soulignées. Dans la continuité de ces actions, le Conservatoire a initié ce travail de synthèse qui vise à faire un bilan de l’utilisation du génie végétal en Pays de la Loire. Cette étude soulève les problèmes restant en suspend afin de faire évoluer les techniques en les adaptant et en les améliorant par rapport aux contraintes locales du milieu et aux problématiques rencontrées. Son but est de développer les méthodes et la mise en œuvre du génie végétal afin de montrer l’efficience et les atouts de cette alternative comme solution à apporter en matière de restauration de berges.
Bilan : « 10 ans de génie végétal en Pays de la Loire »
Ce bilan : « 10 ans de génie végétal en pays de la Loire » s’appuie sur des constatations de terrain et des échanges avec les acteurs afin de mener une réflexion sur le développement des techniques végétales. Par cette analyse, la finalité de ce travail est de dresser une synthèse des avantages et des limites du génie végétal en soulevant les problèmes de conception, de réalisation et de gestion (entretien) de ces techniques afin d’apporter des préconisations permettant de perfectionner cette alternative tant sur le point de son efficacité dans la lutte contre l’érosion que par rapport aux enjeux actuels en matière de restauration de berges. La présente étude s’appuie sur ce bilan.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : PRESENTATION
1. Le Conservatoire Régional des rives de la Loire et de ses affluents
1.1. Création et organisation
1.2. Son territoire d’investigation
1.3. Ses missions
1.4. Son rôle dans l’utilisation du génie végétal
1.4.1. Historique du génie végétal au Conservatoire
1.4.2. Bilan : « 10 ans de génie végétal en Pays de la Loire »
2. Altération des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques : nécessite d’une intervention adaptée
2.1. Fonctionnement naturel des milieux aquatiques
2.1.1. L’érosion des berges : un phénomène naturel
2.1.2. Rôle de la végétation sur la berge : capacités fonctionnelles naturelles
2.1.3. Usages et pressions : des phénomènes contraignants
2.2. La nécessité d’une gestion intégrée
2.2.1. Approche globale
2.2.2. Approche locale
3. Une alternative respectant le fonctionnement naturel des milieux aquatiques
3.1. Le génie végétal
3.1.1. « La logique naturelle »
3.1.2. Valorisation des fonctionnalités naturelles
3.1.3. Science et techniques dans la lutte contre l’érosion
3.1.4. Domaines du génie végétal
3.1.5. Notion de construction
3.2. Avantages et limites du génie végétal
3.2.1. Avantages
3.2.2. Limites
Partie 2 : METHODE ET MATERIELS APPROCHE SYSTEMIQUE
1. Inventaire et acquisition des données caractéristiques des sites
1.1. Données antérieures, chantiers connus
1.1.1. Synthèse bibliographique
1.1.2. Archives du Conservatoire
1.2. Enquête
1.3. Identification des chantiers
1.3.1. Conception d’une base de données géographique : caractéristiques chantiers
(Annexe 2 : métadonnées de la base de données)
1.3.2. Localisation des chantiers
2. Visites des chantiers
2.1. Organisation et préparation des visites
2.2. Réalisation de la phase terrain
3. Traitements des données des visites
3.1. Synthèse par chantier
3.1.1. Conception d’une fiche synthétique par chantier
3.1.2. Compléments de la base de données géographique
3.2. Synthèse globale du territoire d’étude
PARTIE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
1. Bilan de l’utilisation des techniques végétales en Pays de la Loire
1.1. Bilan quantitatif
1.2. Formes d’utilisation des techniques végétales
1.3. Bilan coûts financiers
1.4. Problématiques influençant les processus érosifs
1.5. Bilan : efficacité des techniques végétales
1.6. Bilan enjeux : prévoir une intervention adaptée aux enjeux
1.6.1. Enjeux ayant motivés l’intervention et influencés le choix de la technique
1.6.2. Protection, sécurité et fréquentation
1.6.3. Aspects paysagers et intérêts écologiques : usages et milieu naturel
1.6.4. « Réhabilitation et revalorisation »
1.6.5. Enjeux et type d’espace
1.6.6. Nécessaire adaptation de la restauration par rapport aux enjeux du site
1.7. Problèmes techniques de restauration
1.7.1. Problèmes de conception
1.7.2. Problèmes de réalisation
1.7.3. Période de réalisation
1.7.4. Provenance des matériaux
1.7.5. Problèmes de prise en charge des travaux : répartition des coûts et des compétences
1.8. Bilan gestion des sites de génie végétal après travaux
1.8.1. Problèmes de suivi et d’entretien
1.8.2. Absence de gestion
1.8.3. Entretien inadapté
1.8.4. Techniques inappropriées
1.8.5. Manque de formation
1.8.6. Responsabilité, coûts et planification
2. Préconisations et propositions
2.1. Mise en œuvre d’une restauration en techniques végétales
2.1.1. Conception d’un projet adapté aux enjeux du site
2.1.2. Techniques appropriées aux problématiques d’érosion
2.1.3. Qualité de la réalisation : recommandations particulières
2.2. Importance de l’entretien d’une restauration en techniques végétales
2.2.1. Assurer la pérennité de l’ouvrage : objectif de stabilisation
2.2.2. Adapter l’entretien aux enjeux
2.2.3. Approprier les techniques et former le personnel
2.2.4. Coûts et planification intégrés dans le projet
CONCLUSION
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