Le concept du private equity

Taux de conversion et taux technique

Durant le versement d’une rente, les caisses de pension placent leur épargne sur les marchés de capitaux afin de pouvoir la reverser. A long terme, le rendement des actifs doit correspondre au taux technique10 qui valorise la rente, sinon la caisse de pension aura des difficultés à tenir ses engagements. Il faut donc que la caisse obtienne un rendement suffisant pour toute la durée de vie de ses assurés. Le taux de conversion11, facteur qui permet de convertir les avoirs de vieillesse des travailleurs assurés au 2ème pilier en rentes annuelles, diminue et fait donc baisser l’espérance des rentes des futurs rentiers. En 1985, lors de l’instauration de la LPP, le taux de conversion de la part obligatoire se montait à 7.2 % alors qu’en 2017, le taux est désormais à 6.8 %, soit une baisse de presque 6 % répercutée sur les rentes futures. Pour la partie excédant la part obligatoire, les caisses de pension peuvent fixer un taux plus bas, ce qui a une influence sur le taux de conversion globale. Depuis la proposition de loi sur la réforme de la prévoyance 2020, le gouvernement propose une diminution du taux de conversion pour la partie obligatoire de 6 %, ce qui aura pour impact d’aider les caisses de pension à gérer le risque de longévité du portefeuille d’assurés et de rentiers, soit l’augmentation du nombre d’années après la retraite où elles doivent verser une rente.

Le taux technique, calculé par les caisses de pension, escompte les flux futurs et détermine ainsi les rendements espérés à long terme, nécessaires aux caisses de pension afin de financer les paiements des rentes ultérieures. Il permet de calculer les réserves obligatoires afin d’honorer les engagements à long terme. Cette baisse de taux est liée directement à la baisse des rendements car il prend en compte dans son calcul le taux à 10 ans de la Confédération suisse et le rendement moyen annuel des 20 dernières années des marchés financiers représenté par l’indice de référence Pictet LPP-25 plus12. Selon le graphique n° 5 du « taux de conversion théorique selon l’âge et le sexe en 2006 et 2016 », on estime, avec un taux d’intérêt technique supposé à 4 %, un taux de conversion idéal pour les hommes de 6.3 % et pour les femmes un taux inférieur à 6 %. En sachant que le taux technique en 2017 est désormais de 2.5 %, le taux de conversion estimé devrait être bien inférieur au taux actuel de 6.8 % pour une retraite à 65 ans. Dans la même étude Tables de mortalité longitudinales pour la Suisse13, on peut calculer le taux de conversion idéal pour un taux technique et un âge précis. Avec un taux technique de 2.5 %, le taux de conversion adapté en 2016 serait de 5.364 % pour un homme de 65 ans et de 4.334 % pour un homme de 55 ans. Pour le même taux technique, le taux de conversion adapté pour une femme de 65 ans serait 4.928 % alors qu’à 55 ans, le taux serait de 4.065 %. Au lieu de descendre le taux de conversion à ces niveaux donnés, les caisses de pension sont donc contraintes à chercher plus de rendement et à revoir leurs allocations d’actifs ; une des solutions peut être envisagées par les placements alternatifs.

Les placements alternatifs

Les placements alternatifs sont généralement caractérisés par des investissements moins liquides, plus risqués, mais avec une espérance de rendements supérieurs aux placements traditionnels type actions, obligations qui cherchent à suivre le cours de grands indices boursiers. En général, les classes d’actifs sont identiques aux placements traditionnels. La différence se trouve principalement dans la manière d’investir, avec des sources de risque et de performance différentes. Les placements alternatifs font également utilisation de leviers et de produits dérivés. On retrouve dans les placements alternatifs des styles et des structures d’investissements différents. Ces placements sont moins réglementés que les placements dits traditionnels et s’adressent donc à des clients plus fortunés, ou de la clientèle institutionnelle genre caisses de pension. Selon l’article 53, alinéa 1, lettre e de l’Ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité, les placements alternatifs comprennent les hedge funds, le private equity, les fonds d’infrastructures, les insurance linked securities, les commodities. Ceux-ci sont autorisés uniquement sous forme de placements collectifs diversifiés. À l’article 53, alinéa 3, lettre b et c, on retrouve également les titres adossés à des actifs (asset back securities) et les prêts garantis de premier rang (senior secured loans). Dans ce travail, nous inclurons également l’immobilier, suisse et étranger, qui peut être soumis à d’autres restrictions, mais dont l’espérance de rendement est plus élevée. Pour bien comprendre ces placements, il faut les analyser en termes de risque, de corrélation au marché traditionnel et d’horizon temps .

Hedge fund Avec des investissements dans les hedge funds, on cherche à se prémunir d’un risque et obtenir une performance absolue positive, liée à une activité offshore. La particularité principale du hedge fund est bien entendu son opacité. Cela est dû à une stratégie d’investissement qui lui permet de garder sa tactique « secrète ». Ces placements sont considérés à hauts risques principalement à cause du manque de liquidité, au levier élevé, aux problématiques légales et opérationnelles. Le risque de liquidité est un point important pour les caisses de pension qui « bloquent » leurs fortunes pour un horizon temps long. Les conditions de sortie prennent également du temps. Les hedge funds sont intéressants pour les caisses de pension, car leurs bêtas15 sont généralement faibles, ce qui implique une décorrélation des principaux indices et une faible sensibilité aux variations du marché. Cependant, les frais de gestion sont relativement élevés.

En général, la gestion d’un hedge fund se commissionne à 3 % environ de la valeur des investissements en plus d’une commission sur la performance se montant généralement à 10 %. Il faut donc un rendement conséquent des actifs financiers pour obtenir une performance nette positive à la clôture. Pour évaluer les rendements d’un hedge fund avec des placements traditionnels, nous pouvons comparer l’indice S&P500 sur les 500 plus grandes entreprises américaines cotées en bourse avec l’indice Dow Jones Crédit Suisse Hedge fund Index qui comprend plus de 4500 hedge funds de 1995 à 2011. L’indice des hedge funds affiche à long terme un rendement supérieur ainsi qu’un risque inférieur par rapport au S&P500. En moyenne, la part d’investissement en 2015 dans les hedge funds pour les caisses de pension suisses se monte à 22 % des 6 % des avoirs placés dans les investissements alternatifs. Ils ont subi une légère baisse depuis l’année 2014 à la suite des performances mitigées au cours de ces dernières années, mais demeurent tout de même le domaine d’investissement principal.

Private equity

Le concept du private equity est d’investir dans des sociétés qui ne sont pas cotées ou des sociétés privées individuelles. En effet, toutes les entreprises ne se retrouvent pas sur le marché boursier conventionnel. Ce type d’investissement est connu pour son manque de liquidités et par la difficulté d’estimer la valeur des actions détenues par l’entreprise dû à l’absence de cotation. En effet, les entreprises non cotées ne sont pas soumises aux mêmes règles comptables que les autres entreprises présentes sur le marché. Il ne leur est pas demandé de publier les rapports de fin d’année, ni de bilan financier ; ces investissements souffrent donc d’un problème de transparence. Les caisses de pension peuvent donc investir dans les fonds private equity pour une mise de départ estimée à CHF 1 million. Cependant, une mise minimum de CHF 250’000.- est désormais accessible pour les fonds de fonds, soit en investissant dans des actions de sociétés cotées en bourse investies elles-mêmes dans le domaine du private equity. En 2015, les caisses de pension ont investi 14.75 % de leur part de placements alternatifs dans le domaine du private equity. Le rendement attendu pour le private equity est intéressant pour les caisses de pension. Cependant, elles devront faire face à une volatilité importante car ce type de placement possède une corrélation importante vis-à-vis du marché boursier traditionnel. Selon le professeur Heinz Zimmermann, créateur de l’indice de référence LPX 50, « les sociétés investies en private equity montent plus fortement que les marchés des actions en période de boom et baissent plus fortement également lorsque les marchés baissent » . Suite au krach boursier de 2008, l’indice LPX 50 affichait une performance négative de 71.9 % sur une année.

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Table des matières

1. Introduction
1.1 L’évolution des rendements sans risque
1.2 Contexte démographique
1.3 Contexte politique
1.4 Objectif du travail
1.5 Synthèse des concepts théoriques utilisés
1.6 Méthodologie
2. Problème de taux
2.1 Taux négatif
2.2 Taux de conversion et taux technique
3. Les placements alternatifs
3.1 Définition et utilisation
3.2 Hedge fund
3.3 Private equity
3.4 Fonds d’infrastructures
3.5 Insurance linked securities
3.6 Matières premières
3.7 Prêts garantis de premier rang
3.8 Créances titrisées
3.9 Emprunts convertibles contingents
3.10 Immobilier
4. Les placements alternatifs actuels des caisses de pension suisses
4.1 Pondération des investissements et limite de l’ordonnance OPP2
4.2 Placements alternatifs actuels
4.3 Les différentes caisses de pension
4.4 Le degré de couverture
4.5 Les performances des indices
5. Analyse des allocations de caisses de pension
5.1 Peu d’actifs sous gestion / actifs sous gestion importante
5.2 Ratio bénéficiaires de rentes / assurés actifs faible / élevé
5.3 Les fondations collectives
5.4 Les assureurs-vies
5.5 Sans placements alternatifs
5.6 Les caisses de pension de droit public
6. Analyse des risques
6.1 Risque de liquidité et prime d’illiquidité
6.2 Rendement / Risque
6.3 Les frais de gestion
7. Synthèse
7.1 Les avantages
7.2 Les inconvénients
7.3 Recommandations
8. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Pondération des placements autorisés par l’OPP2
Annexe 2 : Sécurité des placements et dépassement autorisé
Annexe 3 : Glossaire

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