Le concept d’ecovillage

CONTEXTE

La tragédie des communs de Garrett HARDIN (1968) traduisait la dégradation de l’environnement par le fait que de nombreuses individualités s’attaquent à l’utilisation d’une ressource, chacune d’elle cherchant un intérêt personnel au détriment de l’intérêt collectif. Les ressources naturelles bien qu’abondantes, riches et variées, du fait de la charge qu’elles subissent à travers une exploitation outre mesure, le résultat engendré est une dégradation aussi bien au plan qualitatif que quantitatif de ces dites ressources (BENGA, 2006). Ainsi, les ressources naturelles malgré qu’elles soient considérées comme inépuisables, des actions ont toujours été menées dans le but de lutter contre leur dégradation. En effet, (THIAW, 2002) défends l’idée selon laquelle ces mesures conservatoires partent de l’acceptation de la finitude de ces dites ressources .

La problématique des questions relatives à l’état des ressources naturelles garde toujours son actualité en raison de l’exacerbation des phénomènes de perte de la biodiversité et de la dégradation des ressources naturelles. Les ressources naturelles tendent à disparaître pour deux raisons. D’une part, ces causes sont d’ordres naturels relatifs à la péjoration climatique et ses corollaires (tels que la baisse de la ressource en eau) ; d’autre part, les causes sont d’origine anthropique telle que la destruction des ressources naturelles par les populations elles-mêmes à travers la pression démographique, etc. pour paraphraser (SARR, 2010). La péjoration climatique et autres pratiques anthropiques ont eu comme conséquence la dégradation des ressources devenue un phénomène incontestable. Le défi est de trouver les voies et moyens aptes à assurer une sauvegarde des ressources. Les pays développés, avec l’industrialisation, se sont départis un peu de la dépendance qu’ils avaient de l’exploitation des ressources naturelles à travers leur investissement dans les secteurs secondaire et tertiaire. Tandis que dans les pays en développement malheureusement la situation est toujours marquée par une surexploitation des ressources naturelles – en raison du cercle vicieux de la pauvret – car ne dépendant que d’elles pour assurer leur survie (HARDIN, 1968).

« L’environnement est le lieu où nous vivons et le développement est ce que nous essayons de faire pour améliorer notre sort à l’intérieur de ce même lieu ; les deux sont inséparables ». Cette assertion soutenue par la Commission Brundtland mise en place suite à l’effervescence née de la publication du livre Halte à la croissance en (1972); constitue le premier coup de gong des réflexions sur l’environnement plus précisément les ressources naturelles et leurs états par rapport à la croissance économique. La publication de ce livre par le Club de Rome vient renverser beaucoup d’idées reçues autour de la dualité environnement-développement.

Position du problème scientifique 

Au-delà des causes naturelles qui influent sur l’état des ressources naturelles et contribuent à leur dégradation, la croissance démographique entraine une pression anthropique sans précédent sur les ressources remettant en cause leur préservation durable. Cette situation n’est pas sans conséquence sur le plan social, notamment pour des populations dont la vie dépend de l’exploitation de celle-ci à l’instar de la population de Mbam dont l’économie rurale repose sur l’exploitation des ressources naturelles. Une ligne de fragilité est ainsi créée mettant les communautés dans un état de vulnérabilité. Une dualité nait de cette situation caractérisée par la dépendance sur la ressource et la pauvreté croissante qui pousse la population à une plus grande exploitation de ces ressources. La place des ressources naturelles justifie l’ampleur de la problématique de la conservation des ressources naturelles au plan mondial. Des initiatives sont entreprises dans le but d’asseoir une gestion durable des ressources naturelles en réponse à leur dégradation. Pour quoi parle-t on d’Ecovillage à l’heure actuelle ?

En effet, les différentes politiques mises en œuvre dans la GRN se faisaient toujours sous tutelle de l’administration et la population locale subissait une répression de la part de cette dernière. Ce qui semble contradictoire dans l’exploitation des ressources car les autochtones sont contraints par des mesures conservatoires pour le bénéfice d’allochtones qui viendront exploiter plus tard leur « richesse » selon (DIALLO, 1998). En d’autres termes ceux qui sont légitimes sont lésés au profit de ceux qui sont légaux.

Le concept d’Ecovillage apparaît comme un concept salvateur à l’heure où les modèles de protections actuelles semblent atteindre leurs limites. Les populations riveraines des zones protégées deviennent dans ce contexte les principaux acteurs et bénéficiaires de la conservation de leurs ressources par le biais de leur participation dans la mise en œuvre des politiques de préservation.

Dans le contexte du développement durable, Il ne s’agit plus de réfléchir sur les politiques de développement d’une part ou s’éterniser sur des politiques de conservation des ressources d’autre part. Cette dualité environnement/développement impose de conjuguer les deux pour aspirer au développement durable tel que préconisé : « L’environnement est le lieu où chacun de nous vit et le développement est ce que nous essayons de faire pour améliorer notre sort à l’intérieur de ce même lieu. Les deux sont inséparables. » (BRUNDTLAND, 1987). Face à la rareté des ressources naturelles et à leur dégradation de plus en plus prononcée, il est nécessaire de valoriser toutes les expertises disponibles dont le savoir-faire endogène [qui se trouve être la base du concept d’Eco village] pour leur gestion durable (FAO, 2004). Il s’agit donc de mettre l’accent sur le local et la (re)découverte des modes locaux de gestion des ressources comme le préconise (DELVILLE, 2001), qui peuvent s’avérer efficace (BADIANE, 2012) mais tardent à être formalisés dans le contexte actuel. Les Ecovillages reposent inéluctablement sur un savoir endogène pour promouvoir la gestion durable.

Synthèse bibliographique 

La thématique de la GRN a fait l’objet de nombreux travaux surtout au niveau de notre zone d’étude, nous pouvons citer les travaux de Moussa SARR (2010) sur la GRN dans la communauté rurale de Djilor ou bien avant lui Salif DIOP (1990) qui a travaillé au niveau des petites estuaires. Des conclusions de ces deux études, il a été constaté une nette dégradation des ressources naturelles malgré l’écart de temps noté entre ces deux travaux. Cela témoigne de l’actualité de la question de la dégradation des ressources naturelles au Sénégal. Pour la communauté rurale de Mbam, la richesse de la faune aquatique et terrestre est liée à la diversité des écosystèmes (aquatique et terrestre) et son appartenance à la réserve de biosphère du Delta du Saloum. Mbam figure en bonne place dans la conservation au Sénégal. D’autant plus qu’une certaine mobilisation de la population en faveur de la conservation est notée (THIOUNE et al, 2012) .

Au plan international, Marco SILVESTRO (2007) peut être cité en exemple parmi les scientifiques qui ont contribué dans la thématique des Ecovillages à travers l’étude de l’approche du triptyque écologie-socioculturel-économique mis en œuvre dans l’Ecovillage et sa résultante pour un développement durable. SILVESTRO considère que la dimension durabilité écologique fait que l’Ecovillage va au-delà d’un projet d’organisation sociale pour une communauté égalitaire mais aspire à concrétiser un développement durable. Cette vision holistique implique donc une vision patrimoniale des ressources.

Les travaux scientifiques jusque-là mené l’ont été de manière partielle dans la thématique des Ecovillages : qu’ils s’agissent des travaux de Fatima SAMB (2011) concernant les atouts et contraintes dans la mise en œuvre de la stratégie Ecovillage à Mbackombel. Le contexte climatique influe beaucoup sur l’état de la ressource. Il est donc évident que la péjoration climatique de ces dernières décennies a eu comme corollaire la perte de la ressource d’où les travaux de Abdoulaye LY (2012) sur l’apport de l’Ecovillage par rapport aux risques du changement global. Le contexte des changements climatiques impose deux options à l’humanité : l’adaptation ou l’atténuation. Dans cette étude, l’ecovillage est apprécié dans la perspective d’une stratégie d’adaptation de la population de Mbackombel.

La conclusion de Leyti NDIAYE (2011) sur l’aménagement du périmètre écologique à Belvédère dans le cadre de l’Ecovillage stipule que ce dernier peut être un véritable levier de développement durable fondé sur la préservation de l’environnement. Selon NDIAYE, cette stratégie a permis de booster la dynamique économique de cette localité à travers son érection en Ecovillage. Le modèle de l’Ecovillage stipule une forme d’organisation sociale en total respect de la nature à travers une gestion de la cité, par tous et pour tous dans la synergie des actions. Cela peut s’avérer efficace, d’autant plus qu’en dehors de toute intervention de l’Etat, les populations sont parvenues à prendre en charge l’environnement (NDIAYE et al, 2008) . Il s’agira donc juste de partir de l’existant tel que noté par une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO) montrant que de tout temps, des savoirs et pratiques de l’environnement sont développés dans la société traditionnelle africaine (FAO, 2004).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
CONTEXTE
PROBLEMATIQUE
ANALYSE DES CONCEPTS OPERATOIRES
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE II : LE CADRE SOCIOECONOMIQUE
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : LA STRATEGIE ECOVILLAGE FACE A LA DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES A MBAM
CHAPITRE I : HISTORIQUE DE LA STRATEGIE [ECOVILLAGE] : EMERGENCE JUSQU’A SON APPLICATION AU SENEGAL
CHAPITRE II : LA PERTINENCE DE LA STRATEGIE [ECOVILLAGE] DANS LA GESTION RESSOURCES NATURELLES A MBAM
CHAPITRE III : LES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES POUR UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE
LISTE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES CARTES
LISTE DES ENCADRES
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXES

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