Le concept de Participation
Le mot participation nous semble un mot très simple auquel nous n’accordons pas beaucoup d’intérêt. Il désigne, selon Larousse, le fait de participer ; mais il désigne aussi le fait de s’associer ou de prendre part à une activité quelconque. Sinon, la participation peut être le fait de cotiser pour quelque chose dans le but de recevoir sa part. Aussi, participer signifie prendre part aux décisions et/ou contrôler l’application de ces décisions. Depuis plus d’une décennie environ, les spécialistes évoquaient en ce mot une valeur plus importante dans l’accomplissement d’une action. Il est devenu donc une méthode pour impliquer les participants à prendre part aux actions ou à remplir une part de responsabilité. Cette méthode s’appelle la méthode participative. Elle repose sur le principe selon lequel les interventions doivent toujours être planifiées et exécutées avec la participation aussi bien des femmes que des hommes, et évaluées en fonction de la mesure dans laquelle elles effectuent les conditions de vie d’une population selon ses propres priorités. Et cette méthode est devenue très en vogue et adoptée par des organisations internationales oeuvrant ici chez nous telles CARE , PAIQ, etc… Actuellement le FID adopte cette méthode après avoir constaté un échec au niveau de la prise en charge des projets par les bénéficiaires.
Les différentes formes de participation
la participation directe
La participation directe, comme son nom l’indique, est celle où chaque individu participe personnellement. Elle demande alors un domaine où cet individu se sent à l’aise et intégré. Pourtant, la participation se subdivise en plusieurs types tels :
-la participation descendante.
Cette participation descendante est réalisée par la diffusion du pouvoir et des responsabilités vers la base car le sommet n’est pas en mesure d’exécuter toutes les tâches lui-même. Ce type de participation se pratique le plus souvent au sein des forces armées. C’est pourquoi il est appelé parfois une participation au commandement ;
-la participation montante : cette participation est également relative à la participation aux tâches, mais elle est différente de la participation dite descendante. La participation montante relève des fonctions de la base mais n’empêche qu’il existe une collaboration entre celle-ci et le sommet par la considération des informations qui y émanent ;
-la participation horizontale : elle consiste à s’échanger des informations concernant différents secteurs, agissant dans un intérêt commun. La participation horizontale repose surtout sur les informations. Cette forme de participation permet d’avoir la concordance entre ces différents secteurs et atteindre les objectifs sans qu’il y ait dysfonctionnement interne ;
-la participation générale : cette participation concerne surtout la circulation des informations ; et cette circulation ne fait pas défaut. A cet effet, les participants se responsabilisent par l’information qu’ils reçoivent de façon régulière en ce qui concerne leurs activités. Par conséquent, les gens reçoivent le genre d’informations selon la fonction qu’ils détiennent.
La participation indirecte
Elle s’appelle aussi participation collective. Elle se pratique quand la participation de tous à toutes les phases de l’action ne peut pas être assurée car l’enjeu est trop grand ou qu’il y a trop de points de vue différents, même si tous les concernés sont déclarés aptes à participer sur tous les points. Par conséquent, la contribution se fait à l’aide des représentants et ces derniers décident pour toute la collectivité. Dans ce cas, le rapport entre l’intérêt commun et l’intérêt particulier est encore clair. A cet effet, cette forme de participation facilite la concertation et rend la prise de décision faisable.
La participation aux fruits
C’est une sorte d’intéressement face aux travaux réalisés. Elle est la participation à la productivité, au bénéfice et l’accroissement du capital par l’autofinancement. Cette participation n’exclut nullement l’exercice de l’autorité, la hiérarchie des fonctions, la répartition des rôles, mais elle suppose un dialogue ininterrompu entre le sommet et la base. Les formes de participation de chacun dépendent, en effet, de la structure et de l’objectif de la société. Pour étoffer cette explication, nous avons aussi emprunté quatre autres types de participation.
Les différents types de participation
La participation organisée
Comme son nom l’indique, ce type de participation s’exerce dans un cadre organisé et pour des buts explicites. Cette participation peut être de caractère conflictuel : deux ou plusieurs groupes de participants ayant des idées différentes sur un même problème. Pourtant, elle n’implique d’ailleurs pas une identité d’opinions chez tous les participants.
La participation spontanée
Contrairement à la participation organisée, la participation spontanée s’exerce au niveau non formel, dans le cadre de petits groupes spontanément organisés et basés sur l’affinité.
La participation imposée
La participation est imposée dans le sens où certaines normes ont été fixées et doivent être respectées. A titre d’illustration, le respect des conditions du contrat entre le contractant agricole et son propriétaire. Il s’agit donc davantage de respect des règles. Ces règles ont un caractère de coercition plus ou moins marquée.
La participation provoquée
La participation est dite provoquée dans le cas où une minorité s’efforcerait de faire participer les autres membres du groupe ou de susciter la participation de non membres.
La participation villageoise
Fokonolona et Participation
Fokonolona vient du mot « Foko » qui veut dire assemblée et « olona » qui signifie être humain. Techniquement, le Fokonolona veut dire la communauté de base. Il est une institution traditionnelle qui a tenu une grande place dans l’organisation administrative ancienne, au moins dans le pays merina. Il est doté d’une charte non écrite concernant son autonomie. Les régimes qui se sont succédé à Madagascar l’ont maintenu sous différentes formes. Sous le régime transitoire de 1972 à 1975, le ministre de l’intérieur a mis en place le « Fokonolona » pour une maîtrise populaire du développement. Ce Fokonolona s’identifie par la mise en œuvre, à travers des « dina » établis en assemblée générale, de nouvelles attributions et responsabilités en matière d’administration, de gestion de son patrimoine, d’assistance mutuelle, d’hygiène et salubrité publique, de conciliation et d’arbitrage en matière civile et de développement. Actuellement, surtout pendant la crise du 2002, le Fokonolona est appelé à jouer un rôle important en matière de sécurité publique à travers les dina. Ce rôle a été renforcé par la création des Andrimasom-pokonolona( comité de vigilance). Du reste, le fokonolona est une cellule administrative de proximité pour les activités en matière sociale, économique et éducative des citoyens. Cette cellule est présidée par le Filoham-pokonolona. Ainsi, les structures issues de Fokonolona vont se redéployer à tous les niveaux : bonne gouvernance, familial, économique, social, etc… Ceci contribuera à la mise en place d’un environnement de proximité ouvert, sain, stable et incitatif pour une allocation optimale et efficace des ressources publiques et privées, condition sine qua non pour la justice sociale et la dignité. Le Fokonolona deviendra alors un terrain de prédilection pour un développement rapide, harmonieux et durable. La situation mondiale actuelle change car la mondialisation est devenue un système incontournable. Pour faire face à cela, le pouvoir actuel essaie de relancer à travers les textes législatifs une « institution Fokonolona » du temps moderne. Ces textes fixent les dispositions générales sur les collectivités décentralisées : le « Fokonolona » est devenu une unité administrative et économique de base, correspondant à la notion de hameau ou de village en milieu rural, et quartier en milieu urbain. En outre, cette entité devait jouer un rôle important dans le domaine social. Cependant, les rapports sociaux du temps d’Andrianampoinimerina qui étaient basés sur le « Fihavanana » ne peuvent plus être appliqués au contexte actuel où les hommes deviennent de plus en plus individualistes. Le monde change chaque minute et la réalité d’hier ne l’est plus aujourd’hui. Ainsi, ce fihavanana a subi bon nombre de changements. Les travaux collectifs se font rares, l’entraide ainsi que l’assistance mutuelle ne se pratiquent plus, en général, qu’au sein de la famille. Les « dina » sont ignorés ou sont de moins en moins appliqués, par exemple : le désintéressement aux réunions communautaires se fait remarquer, la répression des voleurs notamment les « voleurs de bœufs » dans certains régions se relâche. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que l’entraide du temps des «valin-tanana » et les travaux d’intérêt communautaire sont remplacés par le rapport « patron-salarié ». La valorisation des rapports marchands a détruit la communauté. Ainsi, les relations deviennent superficielles et ne sont régies que par l’intérêt individuel. Les grands projets communautaires ne peuvent plus se faire dans le même processus que cette participation idéalisée du temps d’Andrianampoinimerina. De plus, une attitude négative de la communauté face au pouvoir public fait apparaître une situation conflictuelle plus grave : il est difficile de trouver un terrain d’entente surtout concernant l’entretien des infrastructures publiques ou la mobilisation pour les travaux d’intérêt public, car les gens deviennent de plus en plus individualistes.
Puis, le système démocratique a été mis en place à Madagascar, dans le but de réaliser un développement sur le modèle occidental.
Démocratie et participation
D’après GRAWITZ « La démocratie signifie processus tendant à favoriser l’égalité en permettant aux moins favorisés d’accéder plus rapidement à certaines valeurs : éducation, enseignements, cultures, à des responsabilités et à la base d’exprimer son opinion ». Elle suppose la loi de la majorité, la liberté des individus (respect des droits de l’homme) et l’égalité des citoyens (qui va s’étendre jusqu’à l’égalité des conditions sociales pour la pensée socialiste). Mais selon la fameuse doctrine de LINCOLN, cette démocratie est aussi le gouvernement du peuple par le peuple. Cela veut dire que l’ensemble des citoyens sans distinction de naissance, de richesse ou de compétence dirige ou contrôle le pouvoir politique. Et il y a différents types de démocratie, par conséquent, il peut être distingué une démocratie politique qui respecte les libertés civiques et politiques (liberté d’expression, de presse,…) et une démocratie économique et sociale qui garantit les droits sociaux (droit au travail, au logement, etc…).
Mais quel est le rôle de la démocratie d’aujourd’hui dans la participation des citoyens ? La démocratie est considérée comme la structure la plus favorable à la participation des citoyens car dans ce sens cette forme d’organisation des citoyens reflète une lutte de pouvoir. Depuis les années 70, plusieurs pays ont entrepris leur transition vers cette démocratie. L’objectif est clair : la recherche du respect des droits de l’homme et de liberté afin d’atteindre le développement qu’ils espèrent. Ainsi, le mode de démocratisation s’opère sous plusieurs formes, soit d’une manière violente par le renversement du pouvoir, soit à partir d’une réforme venue d’en haut. Madagascar a également mené son combat pour la démocratie dans les années 90 surtout après de discours de La Baule. Le processus démocratique se déroulait d’une manière violente par le renversement du pouvoir en place. Sous le nom de « forces vives », le mouvement de l’opposition en 1991 est différent des autres manifestations qui se sont succédé au cours de l’histoire de la grande île (1971 – 1972). Le mouvement avait rassemblé toutes les strates de la classe moyenne luttant contre les élites dirigeantes et les différenciations sociales : fonctionnaires, chômeurs, mère de famille, étudiants, masses ouvrières, etc. Par conséquent, l’opposition avait gagné les 72 groupes politiques ou syndicaux, environ, qui avaient pour volonté de chasser le gouvernement. La réaction a débuté par une manifestation générale durant six mois et qui a débouché sur un gigantesque massacre lors d’une grande marche dans la capitale. La lutte malgache pour la démocratie prenait sa source dans le besoin d’un recyclage dans son système politique mais elle n’avait vraiment pas connu une véritable rénovation malgré les 2 ans (1991 – 1993) de transition, avec l’instauration de la IIIè République. Les nouveaux tenants du pouvoir n’étaient autres que les héritiers de la 1e république, une reproduction d’une classe dirigeante. Par conséquent, le grand désespoir du peuple malgache régnait de nouveau dans la société car le développement économique et le progrès social ont été négligés d’où l’empêchement et la réélection de RATSIRAKA DIDIER qui suscitait quelques méfiances au niveau de la masse.
En 2002, la lutte réapparaîtrait sous forme de protection du choix du citoyen dirigé par le KMMR/KMSB. Ces groupements sont constitués par la société civile et les politiciens. Selon Jean Jacques ROUSSEAU, la démocratie libérale devrait donner l’image d’un citoyen qui doit être intéressé par l’affaire de la ville et participer aux affaires politiques et qui doit avoir une motivation forte pour la participation dans la vie politique. Pourtant dans la société actuelle, surtout pendant la crise 2002, la participation à une vie politique est très faible et la population manque de motivation surtout dans les élections ; en plus de cela, le manque d’information sur les questions politiques ne fait qu’aggraver la situation. Ainsi, pendant la crise de 2002, le Fokonolona est appelé à jouer un rôle qui a été renforcé par la création d’un comité de vigilance « Andrimasom-pokonolona ». Dans la démocratie, la participation des citoyens est axée surtout sur la participation politique et cette participation donne le contrôle de la vie et de l’environnement. Bref, cette démocratie et la participation peuvent être interprétées comme une même chose car le mot participation est ouvert simultanément sur les deux sens du mot démocratie : idéal de respect des personnes et ensemble des moyens institutionnels permettant de l’approcher. Ainsi, la démocratie favorise à priori la participation des citoyens.
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Table des matières
INTRODUCTION
Méthodologie
Première partie :Présentation générale d’Ambohipandrano et le Plan de développement communal
Premier Chapitre : Présentation générale d’Ambohipandrano
A-Le milieu physique
1.Situation Géographique
1. 1.Géographie physique
1. 2.Milieu Naturel
1. 3. La végétation
1. 4.L’hydrologie
1. 5.Composition du terroir
B. Le milieu humain
1. Présentation de la population
1. 1. Répartition géographique de la population
1. 2. Structure de la population
1. 3. Mouvement démographique
2. Organisation sociale
2. 1 La parenté
2. 2 Le groupe d’âge
2. 3 Rapports sociaux
C. Activités économiques
1. Mode d’exploitation
1. 1. Le salariat
1. 2. Agriculture
1. 3. Elevage
1. 4. L’artisanat
2. Infrastructure
2. 1 Infrastructure Sanitaire
2. 2. Infrastructure culturelle
2. 3. Infrastructure économique
2. 4 La communication
D. Bref historique
Deuxième Chapitre : Autour du Plan Communal de Développement (PCD)
A. Le concept du PCD
1. Définition du PCD
2. Objectifs du PCD
3. Fondement du PCD
3. 1. La décentralisation
3. 2. Autour du DSRP
B. Processus d’élaboration d’un PCD
1 Phase I : Le démarrage et la préparation
2. Phase II: Mise en place
2. 1 Mobilisation, information et sensibilisation de la population
2. 2 Structuration du pilotage du processus
2. 3 Formation en cascade des principaux acteurs
3. Phase III- De l’élaboration du PCD
3. 1 Collecte d’informations complémentaires
3. 2 Analyse des problèmes, des besoins et des potentiels
3. 3 Définition de la vision du futur, formulation des axes stratégiques et des objectifs, détermination et priorisation des actions et analyse de la faisabilité et des contributions
3. 4 Articulation avec les niveaux supérieurs
4. Phase IV : Finalisation du PCD
Deuxième partie :Approche participative et développement communautaire durable
Premier chapitre : Le concept de Participation
1. Les différentes formes de participation
1. 1. la participation directe
1. 2 La participation indirecte
1. 3 La participation aux fruits
2. Les différents types de participation
2. 1 La participation organisée
2. 2 La participation spontanée
2. 3 La participation imposée
2. 4 La participation provoquée
3. La participation villageoise
3. 1 Fokonolona et participation
3. 2 Démocratie et participation
Deuxième Chapitre : Analyse de la Participation dans l’élaboration d’un Plan de Développement
1. Les acteurs dans la participation aux programmes de développement
1. 1. Les bailleurs de fonds
1. 2 l’Etat
1. 3 Les ONGs partenaires relais des bailleurs
1. 4 La communauté de base
2. Les démarches préconisées par les bailleurs dans le processus d’élaboration des programmes de développement
3. Conditions de participation des communautés de base pour le développement
3. 1 Capacité de l’homme comme condition de la participation
3. 2 Structure sociale comme condition de participation
3. 3 Structure politique comme condition de participation
3. 4 La culture comme condition de participation
Troisième partie: les conditions de participation des communautés de base
Premier Chapitre : La cohésion au sein de la communauté
1. 1 La cohésion familiale
1. 2 L’appartenance à un rang social
1. 3 L’existence des institutions fortes dans la commune
Deuxième Chapitre : La confiance entre dirigeants et dirigés
2. 1 Influence des valeurs et institutions communautaires
2. 2 Les formes de prise de pouvoir
Troisième Chapitre : Pouvoir et Pauvreté
3. 1 Le style de pouvoir
3. 2 Incapacité des pauvres
CONCLUSION