Le concept de genre
Nous distinguons tout d’abord le sexe du genre : « sexe est un terme qui fait référence aux différences biologiques entre mâle et femelle Genre est un terme qui renvoie à la culture : il concerne la classification sociale en masculin et féminin ». A la suite des études féministes, qui ont permis « d’éclairer [la société] à partir du point de vue des femmes en tant que sujets » et non plus objets passifs, le concept de genre a émergé comme outil critique permettant d’analyser les rapports sociaux entre les sexes. Rubin parle de « sex/gender system » et le « définit comme la construction sociale des significations liées au sexe biologique ».
Le genre peut être défini comme : la construction socioculturelle des rôles masculins et féminins et des relations entre les femmes et les hommes. Les rôles féminins et masculins se rapportent aux activités attribuées aux femmes et aux hommes dans la société et à la position que femmes et hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces telles que la culture, la tradition, la politique et les besoins permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources et imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux hommes .
Les stéréotypes de genre
Le masculin et le féminin sont des constructions sociales desquelles découlent des stéréotypes de genre. Rappelons d’abord que la notion de stéréotype est « apparue en 1922 à propos des études sur le racisme (Lippmann). Le stéréotype renvoie à des croyances rigides et caricaturales concernant les caractéristiques d’un groupe social, [il] apparaît dans les rapports entre les groupes sociaux inégaux, il dévalorise le groupe dominé et au contraire valorise le groupe dominant » . A propos du genre, Mosconi précise que les stéréotypes « sont des croyances concernant les caractéristiques des filles/femmes et des garçons/ hommes, en tant que groupes ». Ils sont légion et selon les plus communs : les hommes sont compétents, non émotifs, logiques, dominants, indépendants, agressifs, performants, robustes, intrépides, durs, brutaux, carriéristes, engagés politiquement et intéressés par les sciences ; les femmes sont aimables, charmantes, sensibles, émotives, prudentes, peureuses, douces, passives, intuitives, dépendantes, assujetties aux hommes, casanières, hystériques, intéressées par le travail ménager.
Dans notre société, les caractéristiques ainsi attribuées aux hommes sont plutôt valorisées tandis que celles attribuées aux femmes sont davantage dévalorisées.
Le curriculum caché
Malgré le principe d’égalité clairement établi dans les textes, l’école est le lieu d’une socialisation différenciée des filles et des garçons. Mosconi affirme que « Le système scolaire contribue, d’une part à une socialisation différente et inégale des deux sexes, et, d’autre part, produit, dans la transmission des savoirs, une division socio-sexuée des savoirs » .
Les enseignant-e-s adoptent des attitudes et des attentes différentes avec les filles et les garçons, qui découlent des stéréotypes de genre et qui vont être intégrés par les enfants. Cela fait partie de « ces choses qui s’acquièrent à l’école (savoirs, compétences, représentations, rôles, valeurs sans jamais figurer dans les programmes officiels ou explicites » , ce que les sociologues nomment le «curriculum caché ». Par exemple, à travers ce curriculum caché, les garçons apprennent à l’école à s’exprimer, à s’affirmer, à contester l’autorité et les filles à être moins valorisées, à se soumettre à l’autorité des enseignants, à se limiter dans leurs échanges avec eux, à prendre moins de place physiquement et intellectuellement, et à supporter sans protester la dominance du groupe des garçons, en somme « à rester à leur place ».
Les manuels
Les manuels scolaires arrivent au premier rang des « agents périphériques » de socialisation, pour Lenoir, Rey, etc. , un manuel scolaire est d’une part « un livre conçu pour donner une version pédagogique et didactique d’un certain nombre de connaissances. [il] représente un savoir. » La spécificité du manuel est que son « but n’est pas la pratique mais le savoir ; [s]es consignes sont orientées non vers une action mais vers l’apprentissage » . Ces mêmes auteurs analysent que ce qui frappe devant tout manuel, c’est le sentiment d’infaillibilité qu’il engendre. Ce n’est pas qu’il ne soit pas faillible : plusieurs études pointent des incertitudes, des faiblesses voire des erreurs dans le texte de certains manuels. Mais, quelle que soit la qualité scientifique objective du manuel, il se donne comme absolument vrai pour être pris au sérieux par l’élève, son contenu scientifique a besoin de se montrer comme définitif et éternel.
Thèmes abordés dans English in Mind Level 1
Les thèmes abordés sont assez variés, mais ils ne se répartissent pas égalitairement selon le sexe.
Le thème le plus fréquent pour les filles est celui de l’aide. Il revient trois fois : aider un camarade à résoudre un exercice de mathématiques, aider un camarade à retrouver son portefeuille, faire les courses pour une femme retraitée. Les autres thèmes dans lesquels les filles sont mises en scène sont : travailler pour atteindre un but précis, manger sainement, comparer des expressions en anglais américain et britannique, et en profiter pour dire qu’un garçon est attirant, organiser un évènement social (soirée d’anniversaire et sortie à un concert).
Enfin, nous avons examiné comment les thèmes sont traités quand il y a des groupes d’adolescent-e-s non mixtes.
A quatre reprises, un personnage masculin est au centre des préoccupations des filles. Les thèmes sont : parler d’une personne qu’on admire (son grand-père), parler d’un garçon attirant, aider un camarade à faire un exercice et à retrouver son portefeuille. Dans ces histoires, les filles ont besoin des garçons pour faire avancer l’histoire.
Il y a trois thèmes dans lesquels les filles n’ont pas besoin des garçons pour faire avancer l’histoire: s’ennuyer de ses amis, manger sainement, organiser un événement social (une soirée d’anniversaire et une sortie à un concert).
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Table des matières
1 Introduction
2 Cadre théorique
2.1 Le concept de genre
2.2 Les stéréotypes de genre
2.3 Le curriculum caché
2.4 Les manuels
3 Problématique et hypothèses
4 Présentation du manuel d’anglais English in Mind
5 Méthodologie Présentation des grilles d’observation
5.1 Données quantitatives
5.2 Données qualitatives
6 Présentation des résultats
6.1 Les données quantitatives
6.1.1 La répartition numérique des personnages selon le sexe et l’âge
6.1.2 La répartition des sexes selon le rôle des personnages
6.1.3 La répartition des sexes dans les groupes de personnages
6.1.4 La répartition de la parole selon le sexe
6.1.5 La répartition des sexes selon les types d’activités
6.1.6 La répartition des sexes selon les lieux
6.1.7 Les vêtements des personnages selon le sexe
6.1.8 La répartition des fonctions selon le sexe chez les personnages adultes
6.2 Données qualitatives
6.2.1 Thèmes abordés dans English in Mind Starter
6.2.2 Thèmes abordés dans English in Mind Level 1
6.2.3 La répartition du sexe selon le type d’activités des personnages
6.2.4 Les actions
6.2.5 Les attributs
7 Analyse des résultats
8 Conclusion
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