Madagascar est reconnu prioritaire en matière de conservation de la biodiversité dans le monde de par l’originalité, la richesse et l’exceptionnel endémisme de sa biodiversité. Ses spécificités sont dues aux contextes géologiques, physiques et géographiques propres au pays. La quasi-totalité des groupes faunistiques et floristiques de Madagascar présentent un niveau d’endémisme sans équivalent qui, avec le nombre d’espèces observées et la superficie réduite de l’île en font un pays de mégadiversité. Sous certains aspects, Madagascar est un pays des paradoxes. Si la tradition de protection de l’environnement est bien ancrée pour certaines de ses populations, certaines pratiques agricoles se révèlent être destructrices du patrimoine forestier.
S’il est mondialement reconnu que Madagascar est un des pays les plus riches en matière de biodiversité, il fait aussi partie des pays les plus pauvres du monde. Cette relation richesse/pauvreté entre environnement et économie est due à la mauvaise gestion environnementale généralisée ainsi qu’au manque de politique environnementale efficace au niveau du pays. Cependant, depuis quelques années, l’Etat malgache a pris l’initiative de s’adhérer à plusieurs conventions dans le domaine de l’environnement en vue, non seulement de renforcer la protection de ce dernier mais aussi et surtout pour promouvoir le développement durable. La politique du gouvernement en matière de préservation de l’environnement vise pour la période 2007 – 2012 à augmenter la surface des aires protégées à Madagascar. On insiste par la suite sur la conservation et sur la valorisation de la biodiversité terrestre, lacustre, marine et côtière de l’île. L’engagement du gouvernement s’est concrétisé par la promulgation du décret N°2004/167 du 03 février 2004 portant sur la création des Aires Protégées. Ce décret est également coopté par les politiques opérationnelles de la banque mondiale OP4.10 et OP4.12 qui obligent à mettre en place des dispositifs de sauvegarde des espaces protégées.
Actuellement, dans le contexte de la décentralisation et du désengagement de l’Etat, les maîtres-mots de la gestion locale sont approche participative, négociation et appropriation, qui devraient se traduire à travers la mise en œuvre des instruments et outils de gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Nombreuses sont les ONGs et Associations qui contribuent, à travers leurs activités, aux diverses actions de protection de l’environnement et il en est de même pour le développement.
Le concept de développement local
Emergence de la définition du concept
Historique du concept
Le développement local est un concept bien documenté et bien connu à travers le monde et ses actions impliquent l’amélioration du niveau, du cadre et du milieu de vie d’une communauté donnée par une intégration harmonieuse des actions entre différents secteurs d’activité. Il propose une approche globale, intégrée, communautaire et horizontale du développement des collectivités. Il est apparu dans les années 1970, en milieu rural : c’est le mouvement des pays. Il est né en réaction aux risques de désertification économique, démographique et sociale de régions défavorisées par les mutations économiques et le développement des pôles industriels et urbains.
C’est d’abord dans ces régions, que les acteurs locaux ont ressenti en premier la nécessité de définir une autre forme de développement que celle de la croissance économique ou de l’aménagement planifié. Cette idée est portée par les mouvements associatifs ou coopératifs et soutenu davantage par des militants que des entreprises ou des administrations. Plusieurs préoccupations apparaissent avec la nécessité pour un certain nombre de pouvoirs locaux de répondre au défi du chômage et une confiance dans les petites dimensions. La vision descendante du développement (les décisions sont prises en haut lieu sans concertation avec les populations concernées) est contestée au cours des années 60 et 70. Les divers acteurs locaux considèrent que le développement d’un territoire doit prendre en compte les besoins et les aspirations de ses habitants : c’est le développement « par en bas » prôné par le « mouvement des pays » dont le slogan « Vivre, travailler et décider au pays » résume bien la logique d’autonomie vis-à-vis des centres décisionnels, qu’ils soient politiques ou économiques.
Au développement venu d’en haut, on oppose donc le développement par le bas ; aux logiques a-territoriales de l’économie capitaliste, l’intérêt local ; à une logique du profit qui apparaît destructrice, la volonté de satisfaire les besoins des consommateurs comme des travailleurs, quitte pour cela à recourir à des formes de productions alternatives. Dans le même temps, on assiste également à la prise de conscience suivante : les politiques d’aménagement du territoire mises en œuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques ne peuvent trouver leur pleine efficacité qu’en s’appuyant sur une organisation des volontés locales. Il s’agit alors de composer entre trois logiques : celle de l’État, celle du marché et celle du territoire. À partir du début des années 80, le développement local perd de son image utopique et acquiert une certaine reconnaissance.
« Le développement local se caractérise comme la mise en oeuvre le plus souvent mais pas exclusivement, dans un cadre de coopération intercommunale, d’un projet global associant les aspects économiques, sociaux et culturels du développement. Généralement initié par les élus locaux, un processus de développement local s’élabore à partir d’une concertation large de l’ensemble des citoyens et des partenaires concernés et trouve sa traduction dans une maîtrise d’ouvrage commune. » L’évolution historique du concept de développement local et les raisons qui expliquent sa reconnaissance ayant été décrites, il nous faut désormais définir et identifier quels en sont les éléments constitutifs, les logiques et les étapes.
Définition du concept
Le Développement Local est un processus de transformation socio-économique et culturelle opéré sur un espace en vue d’y promouvoir le mieux-être. Cette transformation doit être le fruit d’un projet collectif négocié entre toutes les composantes de la population à laquelle incombe la mise en œuvre du projet. Plus qu’un discours ou une politique, le développement local est une pratique.
Le développement local est un processus grâce auquel la communauté participe au façonnement de son propre environnement dans le but d’améliorer la qualité de vie de ses résidents. Cette démarche nécessite une intégration harmonieuse des composantes économique, sociale, culturelle, politique et environnementale. La composante économique devient souvent une priorité, vu l’importance pour chacun d’être en mesure de gagner sa vie et de subvenir de manière satisfaisante à ses besoins et ceux de ses proches. Cette approche est avant tout un phénomène humain où les projets et l’action, plus que les institutions et les politiques, mobilisent l’ensemble des intervenants de la communauté de chacun des arrondissements.
Qu’est-ce que le Développement local ?
L’association des deux termes (développement et local) renvoie à l’articulation de deux caractéristiques fondamentales à savoir : la durée qui doit marquer la démarche de développement qui se veut être un processus, et l’espace qui se veut être un territoire local concerné par cette démarche.
J.P.PRUD’HOMME (1996) donne la définition suivante du développement local : «Une intervention structurée, organisée, à visée globale et continue dans un processus de changement des sociétés locales en proie à des déstructurations et des restructurations. » .
Quant à B. SY (1998) il le définit comme suit : « Le développement local peut avoir de multiples définitions, mais on peut le considérer avant tout comme étant une dynamique économique et sociale, voire culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs individuels et / ou collectifs sur territoire donné. C’est une approche qui tend à privilégier les acteurs sur les infrastructures, les réseaux sur les institutions. Le territoire doit être compris comme une entité spatiale non isolée, au niveau de laquelle peut s’appliquer une pertinence planification ».
ELONG MBASSI (J.P) 1998, lui aussi donne la définition suivante du développement local : « Le développement local, c’est la mobilisation des acteurs locaux ou extérieurs pour la mise en valeur des potentialités d’un territoire, en même temps que les résultats de cette activité. Ce qui le caractérise, c’est avant tout qu’il intéresse un espace moins grand que le territoire national. Cet espace peut englober plusieurs localités ou agglomérations. Le développement local concerne le jeu de plusieurs acteurs locaux ou extérieurs dont les intérêts ne sont pas toujours convergents, mais qui trouvent tous avantage à la réalisation du potentiel du territoire auquel ils s’identifient pour y être nés, y résider, où y développe leurs activités ».
En approfondissant ces trois définitions citées ci – dessus , il est constaté que la troisième définition (ELONG MBASSI (J.P) 1998) est la plus appropriée au développement local créé à travers le PSSE car les acteurs concernés ont des intérêts qui ne convergent pas mais le PSSE vise en même temps à protéger les intérêts environnementaux du territoire et les intérêts économiques des populations riveraines.
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Table des matières
Introduction générale
PARTIE I : Développement local et gestion des ressources naturelles à Madagascar
Chapitre I : Le concept de développement local
Section I : Emergence de la définition du concept
Section II : Conditions et caractéristiques d’un projet de développement local
Chapitre II : La gestion des ressources naturelles à Madagascar
Section I : Contexte actuel
Section II : La procédure de création de Nouvelles Aires Protégées à Madagascar
PARTIE II : Le PSSE pour la Nouvelle Aire Protégée du Corridor Forestier Ambositra Vondrozo
Chapitre I : La Nouvelle Aire Protégée dans le corridor forestier Ambositra Vondrozo
Section I : Le corridor forestier Ambositra Vondrozo : une richesse à protéger
Section II : Enjeux de la mise en place de la Nouvelle Aire Protégée dans le corridor forestier d’Ambositra Vondrozo
Chapitre II : Le Plan de Sauvegarde Sociale et Environnementale Ambositra Vondrozo
Section I : Contexte
Section II : Démarche adoptée
Conclusion générale