Mesure de l’ouverture financière et construction des indicateurs
Indicateurs de la libéralisation financière
La construction d‘une base de données sur la libéralisation financière est pleine de difficultés. En effet, l‘information sur l‘évolution des réglementations financières et en particulier celles relatives au secteur financier reste partielle et fortement subdivisée.
Une base de libéralisation financière mise à disposition par Kaminsky et Schmukler (2002)5 pour vingt-huit pays développés et en développement, permet de remédier à ces insuffisances. Les données fournies permettent d‘exposer de manière détaillée et exhaustive l‘évolution de l‘ensemble des réglementations touchant les secteurs financiers depuis 1973, et permettent d‘éclairer sur le degré et l‘intensité de la libéralisation, ainsi que les périodes de retour du contrôle. Cette chronologie de libéralisation financière sera donc retenue à titre principal dans le cadre de cette partie. Toutefois, pour combler le manque d‘information pour les pays d‘Afrique non contenus dans l‘échantillon de Kaminsky et Schmukler (2002), d‘autres travaux portant sur la libéralisation financière dans cette région ont dû être utilisés.
La libéralisation financière est définie comme un processus de démantèlement de toute forme de contrôle réglementaire quantitatif ou qualitatif à caractère restrictif imposé par l‘État sur les structures institutionnelles, les instruments et les activités des agents sur différents segments du secteur financier, non seulement au niveau interne mais aussi à l‘échelle internationale. Ces politiques visent à améliorer l‘efficience du système financier, à réduire les risques liés aux variations de change et de taux d‘intérêt, et à satisfaire de nouveaux besoins de financement. Un système financier libéralisé se caractérise par un triple mouvement de libéralisation du secteur financier interne, d‘ouverture des marchés financiers et du compte de capital.
Ces trois dimensions de la libéralisation financière sont mesurées par des indicateurs détaillés, prenant en compte à la fois les aspects multidimensionnels, et l‘intensité de la libéralisation financière. Ainsi ces indicateurs permettent de distinguer, d‘une part, les trois dimensions de la libéralisation – les marchés financiers, le secteur financier (bancaire) interne, et le compte de capital – et d‘autre part, trois régimes de libéralisation : totalement libéralisé, partiellement libéralisé ou administré. L‘indice de libéralisation de chaque secteur financier varie entre 0 et 2. Il prend la valeur 0 lorsque le secteur financier est administré, quand toutes les restrictions restent en place ; la valeur 2 lorsqu‘il est totalement libéralisé, quand toutes les dimensions ont été libéralisées ; et une valeur comprise entre 0 et 2 lorsqu‘il est partiellement libéralisé, quand au moins une dimension a été libéralisée.
Reprenant la méthodologie définie par Kaminsky et Schmukler (2002), on distingue :
– la libéralisation du compte de capital comprend l‘abandon du contrôle sur les emprunts étrangers, les flux de capitaux étrangers et les opérations de change.
– la libéralisation du secteur interne, qui concerne essentiellement le secteur bancaire, comprend la libéralisation des taux d‘intérêt débiteurs et créditeurs, et des crédits, la réduction ou la suppression des réserves obligatoires, et les mesures destinées à renforcer la concurrence ;
– l‘ouverture des marchés financiers englobe la suppression des restrictions sur les titres pour les résidents et les étrangers, le rapatriement du capital, des intérêts et des dividendes ;
Indicateurs des crises bancaires
Les indicateurs relatifs aux crises bancaires, varient largement selon les travaux. En effet, les crises bancaires ne font pas l‘accord quant à leur définition, leurs coûts, leurs dates et leur durée. La raison demeure dans le fait que les crises consistent en une atteinte au fonctionnement des systèmes bancaires dont la mesure est trop complexe et peut difficilement être réduite à de simples indicateurs statistiques, tels que la part des crédits non-performants. Elle dépend plus de jugements d‘experts en la matière et diffère selon les critères utilisés et les définitions choisies. De nombreuses définitions des crises bancaires et de leurs périodes existent dans la littérature empirique. La méthodologie de ces travaux présente deux faiblesses majeures. La première consiste dans le fait que les crises bancaires sont identifiées avec un retard dans la mesure où toutes les données relatives aux coûts des crises et leur résolution sont disponibles en période post-crise. Des critères comme la nationalisation et les fermetures des banques ne s‘appliquent que lorsque la crise s‘est déjà propagée à toute l‘économie. La seconde réside dans le fait que les travaux identifient en général uniquement les crises sévères ; les crises qui ont été résolues avec succès ne sont pas prises en considération, de même que les politiques correctrices mises en oeuvre.
L‘analyse des crises bancaires de Caprio et Klingebiel (2003)9 apparaît comme la plus pertinente dans la mesure où celle-ci contient les données les plus exhaustives sur les crises s‘étalant de 1975 jusqu‘à fin 2002 et recense le nombre le plus large de pays émergents.
On définit une crise bancaire comme une situation dans laquelle les banques font face à des créances douteuses et une accumulation de crédits non-performants. Elles rencontrent des problèmes financiers graves, qui entraînent une série de retraits massifs de dépôts, de fermetures prolongées des banques, de paniques ou des faillites bancaires, et qui engagent un large mouvement de prise en charge par l‘État, de garanties publiques généralisées sur les dépôts ou de nationalisation des banques.
Deux formes de crises bancaires sont distinguées, les crises systémiques ou crises profondes, et les crises non-systémiques ou crises ponctuelles. Les crises systémiques sont une situation de défaillances concernant une grande partie du secteur bancaire, ou certaines banques ayant une part importante des actifs du système financier. Alors que les crises non-systémiques se définissent comme des difficultés financières circonscrites à quelques banques de petite et moyenne taille.
Revue de la littérature et état actuel de la recherche
Les fondements théoriques de la libéralisation du compte de capital
La théorie économique de la libéralisation du marché financier distingue deux grandes écoles: l’école de la répression financière et l’école néo-structuraliste. La thèse de la libéralisation financière trouve ses origines théoriques dans les écrits des deux économistes de l’école de Stanford: McKinnon (1973) et Shaw (1973).Ces deux auteurs exposent la libéralisation du secteur financier comme une stratégie simple et efficace pour accélérer la croissance économique. Cette notion de libéralisation financière est venue comme réponse à ce que les deux auteurs ont appelé « Répression Financière ».
Par contre, à la même époque, Taylor (1983) et Van Wijnbergen (1983) ont contesté le bien-fondé de la libéralisation financière. En se basant sur une vision structurelle de l’économie, ils ont estimé qu’une politique de libéralisation financière ne mènerait qu‘à un ralentissement de la croissance économique.
Les approches de la libéralisation financière
L’approche de McKinnon et Shaw (1973) : McKinnon et Shaw (1973), ont démenti l’idéologie de la répression financière et ils ont fourni un nouveau modèle dans la conception des politiques financières. Leur thèse montre que les restrictions gouvernementales imposées sur le fonctionnement des institutions financières les banques et telles que les plafonnements des taux d’intérêt, l’encadrement des crédits, et le maintien des réserves obligatoires très élevées, peuvent affecter inversement la qualité et la quantité des investissements et détournent ainsi le développement financier. Mais, à l‘inverse, la libéralisation du secteur financier à travers certains instruments tels que la dérégulation du taux d’intérêt serait à même d’augmenter la croissance économique. Ils remarquent que la plupart des pays en développement ont été, durant les années 1950 et 1960, financièrement reprîmes. Une situation qui s’est caractérisée par une intervention tendue des gouvernements dans le secteur financier en plafonnant les taux d’intérêt, en orientant et en rationnant les crédits et en exigeant de la part des banques le maintien des réserves obligatoires trop élevées.
Cette répression financière, d’après McKinnon (1973) et Shaw (1973), mènerait à un retard de la croissance économique. Ang (2009) affirme que la thèse de la libéralisation financière développée par McKinnon et Shaw (1973) propose que les distorsions du secteur financier, comme les crédits accordes a des taux d’intérêts artificiellement bas, des programmes de rationnement des crédits, et l’exigence des banques à maintenir des réserves obligatoires élevées, réduisent l’épargne, empêchent une allocation efficace des ressources et retardent l’accumulation des bénéfices.
Par contre, l’élimination de ces distorsions approfondit de manière significative les systèmes financiers et stimulait donc la croissance économique. Leur cadre d’analyse se concentre sur les contrôles des taux d’intérêt, en particulier, le plafonnement des taux d’intérêts qui peuvent déformer l’économie de plusieurs façons. D’abord, il peut décourager les investisseurs d’investir dans des projets à fort risque mais potentiellement à rendement supérieur. Deuxièmes, les intermédiaires financiers peuvent se comporter comme des averses au risque et offrent des crédits préférentiels aux emprunteurs établis. Troisièmes, les emprunteurs qui obtiennent leurs fonds a des couts proportionnellement faibles, peuvent choisir d’investir seulement dans des projets a forte intensité des capitaux. Par conséquent, ils plaident en faveur de la libéralisation des secteurs financiers par le biais de la suppression des restrictions sur le taux d’intérêt, et en permettant aux marches de déterminer son propre allocation de crédit afin d’approfondir le système financier, et permettre la croissance de l’investissement.
Cependant, certains arguments inverses suggèrent que la libéralisation financière n’entraine pas nécessairement une hausse de développement financier. En effet, l’échec des expériences de libéralisation financière dans de nombreux pays en développement a été a l’origine de l’émergence de plusieurs analyses découlant de nouveaux courants théoriques. Mentionnons principalement les analyses des neostructuralistes de Taylor (1983) et de Van Wijnbergen (1983). Leurs critiques reposent sur la remise en cause du lien entre la répression financière et l’existence d’un secteur financier non officiel.
L’école néo-structuraliste : Les marchés financiers informels sont au centre de l’analyse neostructuraliste. En effet, cette école se réfère principalement à l’existence des marchés financiers informels et leur attribue une grande efficacité en matière d’allocation des ressources. Dans ce contexte, Ang (2009) stipule que, les analyses neostructuralistes suggèrent que l’effet d’une faible taxation sur les systèmes financiers peut réduire les flux de crédits accordés au secteur privé, et dissuader, par la suite, l’activité de l’intermédiation financière. Ainsi, étant donne que les systèmes financiers formels sont assujettis aux réserves obligatoires élevées, l’hypothèse des neostructuralistes soutient l’idée selon laquelle les marchés financiers informels fonctionnent plus efficacement en matière d’intermédiation entre les épargnants et les investisseurs que les marches financiers formels.
Pour les neostructuralistes, les prêts sur les marches informels apparaissent comme une alternative aux dépôts bancaires. Ils estiment que le secteur non officiel est, par défaut, plus opérant que le secteur bancaire. Ce dernier est obligé de constituer des réserves obligatoires représentant une certaine fraction des dépôts.
Cette hypothèse fondamentale des réserves obligatoires est considérée, dans le modèle neostructuraliste, comme un obstacle à l’intermédiation financière en ce sens qu’elle diminue l’offre réelle totale de crédit. La vision neostructuraliste reposant sur deux hypothèses essentielles qui semblent peu satisfaisantes: l’efficacité du secteur informel dans l’allocation des ressources et la constitution des réserves obligatoires par le secteur bancaire, pose également certains problèmes entrainant sa remise en cause. Il s’agit de :
-la constitution de réserves obligatoires par le secteur bancaire, qui représente selon Kapur (1992) un gage de liquidité à court terme et donc accroit la sécurité du système bancaire. Par conséquent l’avantage du secteur officiel, c’est sa liquidité. Si le secteur informel veut connaître la même sécurité il doit, lui aussi, constituer des réserves. En l’absence de celles-ci, les agents courent un risque de liquidité important qui explique le niveau élevé des taux d’intérêts sur les marches informels.-l’efficacité attribuée au marché informel quant à l’allocation des ressources est remise en cause. En effet, il est important de citer qu’il n’y a pas de marché financier informel homogène. Mais plutôt, il représente une multitude de micromarchés géographiques n’ayant que peu de rapports entre eux et prenant des formes très distinctes (préteurs individuels…). Dans ces conditions, il parait difficile de parler de taux d’intérêt unique d’équilibre du secteur non officiel. De plus, Christensen (1993) a montré que le secteur financier informel n’exerce pas réellement une activité d’intermédiation financière qui nécessite d’effectuer à la fois les opérations de mobilisation de l’épargne et de financement (prêts et investissements) grâce à la transformation des ressources courtes en emplois longs. Généralement les prêts sur le marché financier informel sont de faibles montants et ont une maturité très courte et on enregistre souvent une relative spécialisation de l’activité: la collecte de l’épargne ou l’activité de prêts.
Sur un autre angle, d’autres analyses ont essayé de contester les effets favorables de la libéralisation financière sur le développement économique. Citons, à titre d’exemple, l’étude de Hellmann et al. (1996) qui a montré que, dans un équilibre concurrentiel, les banques n’ont aucun intérêt a attiré de nouveaux clients, puisque leurs profits marginaux sur les dépôts sont nuls résultants d’une concurrence acharnée.
Cependant, si le gouvernement impose un plafond des taux d’intérêt servis sur les dépôts, les banques peuvent réaliser des profits positifs. Caprio et Klingebiel (1996), Niimi (2000), et Gruben, Roo et Moore (2003), quant à eux, ils ont conclu que les banques ont plus de chance de générer des pertes dans un régime libéralisé que sous la répression financière.
Dans ce qui précède, nous avons pu présenter la controverse qui oppose l’école de la répression financière à l’école neo-structuraliste concernant le bien-fondé de la libéralisation financière en tant que facteur générateur de la croissance économique.
Dans ce qui suit, nous exposons les différentes formes de la libéralisation financière.
Les formes de la libéralisation financière
Un système financier libéralisé s‘explique par un triple mouvement de dérégulation du secteur financier domestique, de libéralisation des marches financiers et d’ouverture du compte de capital.
i. la libéralisation du secteur financier interne (LSFI): c‘est la dérégulation des taux d’intérêt, des crédits et l‘abandon des réserves obligatoires et les mesures destinées à renforcer la concurrence bancaire.
* La libéralisation des taux d’intérêt: comprend l’élimination du contrôle, de la fixation et du plafonnement des taux d’intérêts débiteurs et créditeurs.
* La libéralisation des crédits: c‘est la suppression du contrôle, de l’orientation vers les secteurs prioritaires, du plafonnement des crédits pour d’autres secteurs et la réduction ou la suppression des réserves obligatoires.
* La libéralisation de la concurrence bancaire: correspond à l’élimination des limites à l’installation et à la participation des banques domestiques et étrangères, des restrictions liées à la spécialisation des banques et à l’établissement des banques dites universelles.
ii. la libéralisation des marches financières (LMF): elle signifie la suppression des restrictions sur les titres pour les résidents et les étrangers, le rapatriement du capital, des intérêts et des dividendes.
iii. l’ouverture du compte de capital (LCC): elle représente l’abondant du contrôle sur les emprunts étrangers, les flux de capitaux étrangers et les opérations de change.
Etat actuel de l’analyse empirique
La littérature excessive sur ces questions ne nous permet pas de concevoir uninventaire exhaustif qui dépasserait largement l‘ambition de ce mémoire. Toutefois, on s‘est attaché à relever une vingtaine d‘études empiriques afin d‘évaluer l‘état de la réflexion (Annexe 1). Le nombre de travaux identifiant un effet positif significatif de la libéralisation sur la croissance sont à l‘ordre de neuf travaux, ce nombre est légèrement inférieur à celui des travaux dont les résultats sont mitigés et non significatifs, on trouve douze. Pour le nombre des études établissant une relation négative est nettement moins importante, on en a retenu que deux.
Ce premier constat quantitatif amplement biaisé semble néanmoins inspiré une certaine méfiance quant à l‘efficacité de la libéralisation tant le nombre d‘études ne parvenant pas à établir une relation positive puissante est important, d‘autant que parmi elles ont en trouve de nombreuses conduites par des auteurs plutôt favorables à la libéralisation. Pour dépasser ce premier constat, nous allons nous intéresser aux canaux de transmission à travers lesquels les améliorations sont censées se réaliser.
Les motifs usuels sont l‘accroissement de l‘épargne et par conséquent le niveau de l‘investissement par la baisse du coût du capital grâce à la libéralisation du compte de capital (Quinn [1997]) ou le marché des titres (Bekaert et alii [2001a]). Le développement du marché des titres doit faciliter le recours au marché par les entrepreneurs, en réduisant les coûts d‘intermédiation bancaire tout en permettant une amélioration de la rémunération de l‘épargne (Fuchs-Schundeln et Funke [2001]).
Le perfectionnement de l‘efficience, pour une augmentation de la diversification des risques permettant une meilleure mobilisation (Edison et alii [2002b], McLean et Shrestha [2002], et allocation de l‘épargne (Areta et alii [2001]). L‘accroissement du rôle du système bancaire dans la fourniture de crédit à l‘économie joue également un rôle déterminant dans l‘accès à l‘épargne (Tornell et alii [2003]). Enfin, l‘ouverture du compte de capital en autorisant plus aisément les IDE doit favoriser les transferts technologiques (McLean et Shrestha [2002]).
Sur ces canaux de transmission viennent s‘ajouter des conditions supplémentaires qui permettent d‘augmenter les effets avantageux de la libéralisation des divers secteurs du système financier. Elles composent même dans les études qui ne parviennent pas à établir un effet positif une condition nécessaire pour qu‘apparaissent les effets souhaités de la libéralisation sur l‘accumulation du capital. On peut définir trois groupes principaux d‘arguments, (i) le niveau de développement et de stabilité économique, (ii) la qualité des institutions encadrant la libéralisation, et (iii) les facteurs de nature politique : le niveau des libertés publiques et « l‘homogénéité éthique » (Chanda [2001]).
La libéralisation financière à l’épreuve des faits
Dès le milieu des années soixante-dix et plus encore dans les années quatre-vingt, on a assisté à un mouvement mondial de dérégulation des marches financiers. Cette tendance s’est traduite par une libéralisation des systèmes bancaires et financiers, par une privatisation des institutions financières et des banques et par l’élimination graduelle des contrôles des changes sur les mouvements des capitaux. Ainsi, un nombre croissant de pays émergents s’est impliqué dans ce processus de dérèglementation étant donné qu’ils sont caractérisés par des marchés financiers sous-développés, une obscurité accrue au sein de systèmes bancaires fragiles, un volume important de créances douteuses et litigieuses et parfois par un environnement légal, institutionnel et règlementaire inadapté. Ainsi, avec le déclenchement du mouvement de dérèglementation financière à partir de la fin des années soixante-dix, on a assisté à un accroissement du nombre de crises bancaires dans les pays émergents. On peut citer la crise mexicaine de 1981-1991, les crises argentines de 1980-1982, 1989-1990 et 2001-2002 ainsi que les crises asiatiques de1997-2003.
En Amérique Latine (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Mexique et Venezuela), depuis le début des années 1970, ont entamé de processus de libéralisation financière. Il s’est traduit par une hausse excessive des taux d’intérêt réel, des entrées spéculatives de capitaux et finalement, il a été suivi par l’apparition de graves crises bancaires, généralement systémiques, vers la fin de la décennie et au cours des années 1980. A titre d‘exemple, la libéralisation financière en Chili a été manifestée par une dérégulation des taux d‘intérêt suivie d‘une privatisation des banques publiques, d‘une élimination complète des contrôles à l‘entrée dans le secteur financier et plus généralement de l‘abolition de toute forme de surveillance de l‘activité bancaire. Sur le plan externe, tous les obstacles à l‘entrée et a la sortie furent abolis. Les résultats de cette ouverture financière furent catastrophiques, les faillites bancaires se multiplient et ne se limitent pas à un seul secteur bancaire.
Toutefois, les premières expériences, en Corée de Sud et Taiwan, ont été un succès.
En effet, ces deux pays ont choisi, au début des années 1980, une libéralisation partielle: ils ont privilégie la libéralisation financière intérieure en interdisant les entrées de capitaux étrangers. Cette libéralisation financière a généré une forte augmentation des dépôts bancaires et elle a stimule la croissance économique. Par contre, cette croissance a été exprimée par un accroissement de la part des actifs improductifs dans les portefeuilles des agents. Ceci montre que la dérèglementation financière n‘accroit pas nécessairement l‘efficacité allocative des ressources car elle ne permet pas l‘élimination des distorsions du marché.
Dans les pays d’Afrique et Moyen-Orient (Afrique du Sud, Egypte, Maroc, Tunisie, Turquie et Zimbabwe) la libéralisation financière était plus faible et plus tardive.
Ceci n’a, cependant, pas entrave l’avènement des crises bancaires qui sont moins sévères et moins nombreuses. Ainsi, pour le cas des pays de Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), ils ont préparé un programme de réformes du secteur financier avant de mettre en place un processus de libéralisation financière. En Algérie et en Tunisie, la libération du taux d‘intérêt a été entreprise en parallèle avec le renforcement de la structure des organisations financières, la mise en oeuvre des règles prudentielles et l‘accroissement de la supervision bancaire. Alors que, la libéralisation totale du compte de capital est envisagée à la dernière étape après la consolidation de la stabilité financière.
D’une manière générale, les résultats des politiques de libéralisation financière ne plaident pas en faveur de la libéralisation financière. En effet, la prolifération des crises financières et bancaires, en particulier dans les pays émergents, a remis en cause les objectifs de cette libéralisation financière. En d‘autres termes, les échecs de ces politiques de déréglementation du secteur financier ont été attribues a l‘absence des conditions préalables nécessaires a leurs succès. Ces conditions préalables se traduisent essentiellement par un environnement macroéconomique stable et une surveillance adéquate du secteur bancaire.
La réglementation prudentielle comme indicateur d’anticipation des crises
Un système financier performant permet de promouvoir la croissance en influant positivement sur le taux d‘accumulation et l‘efficacité de l‘allocation du capital. Cela suppose un dispositif permettant de mobiliser l‘épargne, de la transformer et de l‘affecter au bénéfice de la croissance de l‘économie. Au Maroc, ce sont les banques qui, pour l‘essentiel, jouent ce rôle, la finance intermédiée étant de loin plus développée que la finance directe, cette dernière ne constitue pas encore au Maroc un véritable outil alternatif au financement bancaire, car elle ne joue pas un rôle signifiant dans le financement des investissements. Le sous-développement de la finance directe (en particulier de la bourse des valeurs) est manifestement une faiblesse du système financier marocain, en ce qu‘elle limite les possibilités d‘échanger, de mutualiser et de diversifier les risques encourus par les investisseurs, possibilités qui sont des éléments cruciaux dans la décision d‘affectation de l‘épargne.
Par ailleurs, le développement de la finance directe permet de contrebalancer la domination des banques sur la répartition de l‘épargne. Ce peut être très positif quand celles-ci ont des comportements de marge ou optent pour une prise de risque minimale, ce qui est le cas au Maroc.
Cette situation est fréquente dans les pays en développement où l‘importance de la dette publique et le recours fréquent des Etats au financement interne permettent aux banques de se constituer un portefeuille d‘actifs, certes d‘un rendement souvent faible, mais peu risqué, en évinçant les entrepreneurs individuels, les PME et beaucoup d‘acteurs dont le dynamisme de l‘économie dépend, mais dont les projets sont affectés d‘un coefficient de risque plus élevé.
Enfin, dans une économie en décollage, soutenue par une gestion macroéconomique bien régulée, les investissements étrangers en portefeuille sont un élément d‘accumulation du capital important.
Cela suppose une plus grande soumission de la gestion macroéconomique aux anticipations sur le taux de change et contraint la politique monétaire. En privilégiant un contrôle strict des mouvements de capitaux, et un ancrage du taux de change, le Maroc a choisi l‘option permettant d‘éviter une contrainte extérieure trop forte sur sa gestion macroéconomique et les crises de balance des paiements. Cependant, cette stratégie pèse sur l‘essor des marchés financiers domestiques et donc sur la croissance et conduit fréquemment à des appréciations du taux de change réel qui handicapent la compétitivité. Il est donc inévitable qu‘à terme, le pays devra accroître la convertibilité du compte externe et probablement adopter un système de taux de change plus flexible.
Pour concrétiser ces objectifs stratégiques, en terme de gestion de risque, les banques sont obligées de respecter un certain nombre de ratios prudentiels dont le principal est le ratio de solvabilité. Ce ratio exige de la part des établissements de crédit le respect d‘un rapport minimum entre les fonds propres et le total des engagements. A la différence du ratio Cooke, le ratio Mc donough, intègre à côté du risque du crédit, les risques opérationnel et de marché.
De même, le comité de Bâle II, a également prévu des méthodes internes. L‘objectif de l‘évaluation interne des risques étant de rendre les banques responsables du calcul du niveau de risque et des besoins en fonds propres qui en découlent. De plus, le comité Bâle II a défini deux autres piliers de la réglementation prudentielle. Il s‘agit du processus de surveillance prudentielle et de l‘instauration d‘une discipline de marché.
La démarche prudentielle est centrée sur la définition des ratios prudentiels. Ces derniers se divisent en quatre catégories, en l‘occurrence le ratio de liquidité : Actif liquide/Passif exigible, les règles de division des risques, le ratio de transformation, les règles d‘adéquation des fonds propres.
Le même arsenal se trouve appliqué par le secteur bancaire marocain. Les autorités monétaires ont prévu cinq mesures principales en vue de couvrir les risques encourus par les établissements de crédit. Il s‘agit du coefficient de solvabilité, du coefficient de division des risques, des coefficients de limitation des risques de change, du coefficient de liquidité, ainsi que des provisionnements des créances en souffrance.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE : Aperçu général et mise en perspective
Problématique du sujet
Architecture et méthodologie du travail
PARTIE I : Libéralisation du compte de capital : Définitions, revue de la littérature et état de la recherche
CHAPITRE I : Définitions et mesures de l’ouverture du compte de capitale
I. Définitions et généralités
II. Mesure de l’ouverture financière et construction des indicateurs
II.1. Indicateurs de la libéralisation financière
II.2. Indicateurs des crises bancaires
CHAPITRE II : Revue de la littérature et état actuel de la recherche
I. Les fondements théoriques de la libéralisation du compte de capital
I.1. Les approches de la libéralisation financière
I.2. Les formes de la libéralisation financière
II. Etat actuel de l’analyse empirique
III. La libéralisation financière à l’épreuve des faits
PARTIE II : Libéralisation du compte de capital au Maroc, opportunité de croissance et risque de l’occurrence des crises bancaires : Essai de modélisation économétrique
CHAPITRE I : Libéralisation financière et évolution du système bancaire, diagnostique du contexte Marocain
Section I : La réglementation prudentielle comme indicateur d’anticipation des crises
I. Le ratio de solvabilité ou ratio MacDonough
II. Les coefficients de limitation des risques de change
III. Le coefficient minimum de liquidité
VI. Les règles de provisionnement des créances en souffrance
V. Le contrôle interne
Section II : Solidité et stabilité du système bancaire marocain face à la crise
I. Analyse de la structure du bilan bancaire
II. Les indicateurs de liquidité et de sécurité
III. Les indicateurs de rentabilité : Vecteur de la solidité financière
IV. La marge de progression du taux de bancarisation
V. Le risque du taux
VI. Les sociétés de financement
VII. Une bourse des valeurs trop peu développée aux évolutions erratiques
IIX. Conclusion
CHAPITRE II : Libéralisation du compte de capital et croissance économique, analyse et
essaie de validation empirique pour le Maroc
Section I : Analyse des évolutions du système financier marocain et leurs imputations
sur l’économie réelle
I. Un système financier archaïque avant les réformes
II. Impact de la politique restrictive sur l’investissement et l’épargne au Maroc
III. Les réformes engagées durant les années
Section II : Libéralisation financière et croissance au Maroc : Une analyse empirique
I.Quelques Analyses empiriques du degré de développement financier et croissance
II. Les déterminants de la croissance au Maroc
III. Le comportement de l’épargne et l’investissement au Maroc sur la période 1970-
2008
IV. Le comportent de la croissance économique au Maroc sur la période 1970-2008
Section III : Implication de la libéralisation du compte capital à la croissance
économique : Validation économétrique
I. Le modèle
II. Les données et période d’étude
III. Méthodologie d’estimation
IV. Les choix des variables financières et résultats empiriques
V. Test de causalité de Granger : les liens entre les variables de la libéralisation et les variables de l’économie réelle
VI. Etude de la stationnarité des séries et de la Cointégration des variables prises deux à deux
VII. Résultats de la simulation du modèle à correction d’erreur et du test de causalité de Granger
IIX. Interprétation des résultats et conclusion
CONCLUSION GENERALE
Références bibliographiques
Liste des abréviations
Liste des tableaux
Liste des graphiques
Annexes
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