LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LE DÉVELOPPEMENT

LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LE DÉVELOPPEMENT

Pertinence

Le problème de pauvreté que vivent des millions de personnes dans le monde est un sujet très connu. Par exemple, nous savons qu’au moins 1,1 milliard de personnes vivent sur la planète avec moins de 1 dollar par jours. Nous savons aussi que la répartition des richesses dans le monde est très inégale: 40 % de la population mondiale est très pauvre, 2,5 milliards de personnes perçoivent seulement 5% des richesses tandis que les 10% les plus riches perçoivent 54%6. Mais, cette pauvreté et cette inégalité frappent surtout les paysans. Bien que dans les pays du Sud existe « des bidonvilles » entourant les villes, c’est dans le milieu rural que la plus grande partie de la population vit avec des revenus très bas. Finalement, cette pauvreté paysanne, avec l’expansion de l’agriculture d’exportation et l’expansion de l’exploitation intensive de ressources naturelles non renouvelables, provoque la destruction d’une des régions naturelles vierges les plus importantes de toute la planète: l’Amazonie. Dans le cadre de la coopération internationale, il existe depuis plus de 30 années un commerce dit « équitable ».

Ce phénomène est apparu dans le secteur privé, tant dans les pays du Nord que dans ceux du Sud. Il s’agit d’une forme d’échange commercial basé sur la solidarité des consommateurs envers les producteurs. Cette forme de coopération est présentée par ses promoteurs « comme un élément d’action et de réflexion face à la situation de pauvreté vécue par des millions de petits agriculteurs dans le Tiers Monde» 7. Ce mouvement dénonce aussi le système international du commerce en vigueur en le qualifiant d’inéquitable. Face à ces lignes directrices nous devons nous interroger sur les résultats obtenus par ce phénomène jusqu’à ce jour. Il devient impératif de se demander si le « commerce équitable » constitue véritablement une alternative viable et adéquate pour alléger la pauvreté des agriculteurs du Sud et si celui-ci peut déclencher des processus de transformation économique et sociale dans les communautés rurales du Tiers Monde.

Du point de vue théorique, ce travail vise à confronter les principes du commerce équitable aux règles qui gouvernent le commerce international et à la réalité concrète d’un pays sous-développé. Nous prendrons comme sujets d’étude le cas du Pérou et d’une coopérative pratiquant le commerce équitable. L’étude de ce cas particulier pourra servir à mieux comprendre la problématique générale de la pauvreté rurale et du sousdéveloppement dans le Tiers Monde. De plus, cette analyse devra tenir compte des considérations historiques, géographiques, sociales, politiques et économiques différentes. Du point de vue pratique, il est important d’étudier une coopérative profitant du commerce équitable, de connaître les résultats les plus remarquables de cette coopération et ainsi, de dépasser le discours des promoteurs de ce mouvement. Il devient important de connaître l’opinion des directeurs des coopératives productrices de café et des paysans favorisés par le commerce équitable. Sur le plan personnel, comme nous avons suivi une formation en agronomie et avons travaillé plus de sept ans en agriculture d’exportation et comme nous pouvons bénéficier d’une nouvelle formation en développement régional, notre travail se veut une synthèse d’expériences académiques et professionnelles et un effort de compréhension entre le Nord et le Sud.

État de la situation

Le mouvement du « commerce équitable» part de l’affirmation que les bénéfices du commerce international des matières premières présentent une distribution asymétrique. La plus grande partie de la valeur créée par le commerce des matières premières demeure dans les pays développés. Les grandes compagnies transnationales commercialisant les matières premières sont accusées de monopoliser les bénéfices du commerce, au désavantage des paysans des pays pauvres. Les réseaux de commerce local dans les pays sous-développés seraient aussi responsables de cette misère rurale en payant des prix très bas pour les produits agricoles et en formant avec les compagnies multinationales une seule chaîne d’exploitation8. Face à cette situation, le mouvement équitable fait un appel à la conscience et à l’éthique des consommateurs des pays riches, en promouvant l’achat sélectif de produits identifiés « commerce équitable ». Cette sélectivité (dans l’hypothèse qu’elle parvient à s’étendre) aiderait à provoquer un changement dans la distribution mondiale de la richesse du moins au niveau des bénéfices du commerce des matières premières. On pourrait ainsi réduire la misère des agriculteurs du Tiers Monde et ainsi créer des conditions meilleures pour le développement des pays du Sud. Le mouvement encourage aussi le groupement démocratique des producteurs, l’investissement dans des oeuvres de développement local et la préservation de l’environnement.

Le premier produit commercialisé sous le label « commerce équitable» fut le café et actuellement ce produit demeure le plus important. Le mouvement du commerce équitable tire sa force de la noblesse de ses objectifs et du déséquilibre évident du commerce international. Il dépend aussi de la richesse des consommateurs du Nord parce qu’il s’agit généralement de produits plus chers que les produits communs. Ce phénomène commercial et solidaire coïncide également avec les mouvements de contestation de la globalisation économique. Le commerce équitable a pris de l’importance durant les dernières années à cause  de la crise de prix du café (1997-2003). En 2002, cette crise a généré le plus bas prix jamais atteint en quatre décennies. Au regard de l’inflation dont a souffert la monnaie américaine, nous pouvons dire que cette crise fut la pire du siècle. La crise s’est produite à cause de l’ajustement du marché. Avant 1989, le marché du café était réglé par des quotas d’exportation fixés par l’Organisation Mondiale du Café (ICO selon son sigle en anglais). À partir de cette date, il est devenu un produit commercialisé selon les lois du libre marché, où le jeu spéculatif du marché international de capitaux tient un rôle très important. Le café est la seconde matière première en importance après le pétrole. La catastrophe provoquée par les bas prix du café pendant les dernières années a augmenté la pauvreté des producteurs partout dans le monde; beaucoup d’agriculteurs ont abandonné transitoirement ou de façon permanente leurs terres ou ont remplacé le café par d’autres cultures, parfois illégales. Les organisations qui gèrent le commerce équitable comme Oxfam International ou Max Havelaar ont alors lancé de vastes campagnes durant la crise afin d’aider les producteurs. Il est important de dire qu’en 2005 le prix du café a repris au moins 80% de sa valeur par rapport à l’an 20029 .

Pour le Pérou, le café demeure le principal produit d’exportation agricole, le café étant l’une des quatre cultures les plus importantes au niveau national. Le Pérou est considéré comme l’un des huit plus grands pays producteurs du monde. On y trouve plus de 150 000 producteurs, tant sur la côte pacifique qu’en Amazonie, la majorité étant des petits agriculteurs. On estime que plus d’un million de personnes dépendent de la culture du café à travers de toute la chaîne de production. Pour mieux comprendre le problème des producteurs du café, il faut analyser le rôle que joue l’État. Il faut ainsi tenir compte de la mutation radicale provoquée par la réforme économique néo-libérale du gouvernement de Fujimori à partir de 1990. En effet, avec cette reforme, l’État s’est retiré de l’économie et a laissé les forces du marché se transformer en principaux promoteurs du développement national. Les petits producteurs agricoles souffrent aujourd’hui encore plus du manque de marchés pour leurs produits, de manque de financement et du manque de rentabilité pour leurs récoltes. Même les conditions climatiques ont été défavorables (2005 fut l’année de la plus grande sécheresse de toute l’histoire de l’Amazonie). Le dernier aspect de la problématique à souligner, c’est que certaines régions forestières productrices de café au Pérou ont été la cible de mafias liées au trafic de drogues et également la cible du groupe marxiste connu sous le nom de « Sentier lumineux ».

Le sous-développement

Le sous-développement est difficile à définir, mais facile à identifier. On l’associe à un retard, à un manque d’industrialisation, à une dépendance économique et technologique, maIS on l’associe surtout à « la pauvreté existante dans un pays». Certains pays sont définis comme sous-développés parce que la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et souffre du manque de services tels l’éducation, la santé, et dans certains cas, on retrouve même le manque de nourriture. Selon P. Guillaumont (1985) 21 « le sous-développement est la situation involontaire où les nécessités des êtres humains ne peuvent pas être satisfaites» Le terme sous-développé est généralement employé comme synonyme de Tiers Monde englobant des pays vivant des réalités différentes, tels que les pays exportateurs de pétrole, les géants mondiaux comme la Chine ou l’Inde, les pays dits émergents comme le Brésil ou le Mexique, les pays pauvres et les autres extrêmement pauvres. Le sous-développement est estimé selon le revenu moyen des habitants d’un pays, par l’Indice de Développement Humain (IDH) et l’Indice de Pauvreté Humaine (IPH) élaborés par les Nations Unies.

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Table des matières

Remerciements
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des graphiques
Liste des sigles
Introduction
Chapitre 1 PERTINENCE ET SPÉCIFICATION DE L’OBJET D’ÉTUDE
1.1APertinence
1.2 Prob lématique
1.3l État de la situation
1.2.1 Spécification de l’objet d ‘étude
1.3.1 Objectifs
1.3. 1.1 Objectif principal
1.3. 1.2 Objectif particu lier
1.3.2 Hypothèse guide Méthodologie
IA.I Type de recherche 1
IA.2 Méthodologie privilégiée et instruments de recherche
Chapitre 2 LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LE DÉVELOPPEMENT
2.1 Définition du développement
2.2 Le sous-développement
2.3 Théories sur le commerce international
2.4 La théorie de la dépendance
2.5 Théorie de l’échange inégal
2.6 Quelques études faites au Pérou
2.7 Les avantages compétitifs des nations
2.8 Le commerce équitable
2.8.1 Le prix juste
2.8.2 La doctrine du prix juste
2.8.3 Le commerce équitable du point de vue de l’ économie
2.9 L ‘ agriculture dans les pays développés et sous-développés
2.9. 1 L’agriculture dans les pays sous-déve loppés
2.9.2 L’agriculture dans les pays développés
2.9.3 Les subventions et les accords de libre-échange
Chapitre 3 LE PÉROU
3.1 Présentation générale
3.2 De l’ histoire récente du pays à la problématique actuelle
3.3 Indicateurs sociaux
3.4 Information économique
3.5 L’agriculture et la politique agrico le de l’ État
3.6 Le traité de libre-échange des Amériques
3.7 La culture de la coca et le trafic de drogues
Chapitre 4 LE CAFÉ
4.1 Information générale
4.2 Le commerce du café et la crise internationale
4.3 Le café au Pérou
Chapitre 5 LE COMMERCE ÉQUITABLE
5.1 Définition et principes du commerce équitable
5.2 Origines et institutions du commerce équitable
5.3 Le commerce équitable en 2005
5.4 Le café « commerce équitable »
5.5 Quelques expériences du commerce équitable
5.5.1 L ‘expérience d’ UCIRI au Mexique
5.5.2 Le cas de l’ Union Majomut au Chiapas, Mexique
5.5.3 Les producteurs de café dans les « Yungas » de la Bolivie
5.6 La consommation équitable conçue comme un outil
pour le développement
Chapitre 6 LE COMMERCE ÉQUITABLE AU PÉROU
6.1 La région de Cuzco
6.26.1.1 La province de La Convencion
6.3 La production de café
6.4 Caractérisation du producteur de café de La Convencion
6.5 Le rôle de l’État
6.6 Le problème écologique
6.2.1 Le commerce équitable au Pérou
6.5.1 Le cas de COCLA
6.5.2 COCLA : production et exportation du café
6.5.3 COCLA et le commerce équitable
Les producteurs
Chapitre 7 LE COMMERCE ÉQUITABLE ET LE DÉVELOPPEMENT
7. 1 Les résu1tats
7.2 Le commerce équitabl e dan s le contexte national
7 .3 Le commerce du café, le transfert de la valeur et le mouvement équitable
7.4 Critiques adressées au mouvement équitabl e
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SITES INTERNET CITÉS

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