Les théories du commerce international
Avantage comparatif et spécialisation
L’avantage comparatif, une théorie traditionnelle du commerce international explique l’échange international par des différences de prix. Celle-ci est essentiellement composée par des modèles classiques, tels que : la « théorie des avantages absolus» d’Adam SMITH, la « théorie des avantages comparatifs » de David RICARDO, et le modèle Hecksher-OhlinSamuelson.
Le gain à l’échange : l’avantage comparatif
La loi des avantages absolus d’Adam SMITH (1776)
Selon Adam SMITH, l’ouverture des marchés permet de se procurer des biens que le pays est incapable de produire chez lui à cause d’une manque de ressources par exemple. Mais aussi elle permet à ce qu’on appelle une division internationale du travail (DIT) permettant une augmentation des productions tant au niveau national qu’au niveau mondial. En élargissant sa théorie de la spécialisation des tâches au niveau mondial, Smith a constaté que plus large est le marché, c’est-à dire avec la participation de tous les pays du monde aux échanges internationaux, minime sera la division du travail. Afin de démontrer cela, prenons l’exemple de deux pays (la France et Madagascar) qui disposent chacun 400 heures de travail, à utiliser pour la production du vin traditionnel de la France et du lamba landy de Madagascar.
La loi des avantages comparatifs de David RICARDO (1817)
Les hypothèses de Ricardo :
x Un seul facteur de production : le travail
x Parfaite mobilité des biens et des facteurs de production à l’intérieur de chaque pays.
x Parfaite mobilité des biens au niveau international.
x Immobilité des facteurs au niveau international.
x Théorie de la valeur travail.
x Rendements d’échelle constants i.e. si pour produire 1 drap il faut 100 heures de travail, pour produire 9 draps il faudra donc 900 heures de travail.
L’explication de la spécialisation :
Supposons une situation où l’Angleterre possède une supériorité absolue dans 2 produits : le vin et le drap.
Le Portugal a des coûts (absolus) plus élevés pour les deux produits. Selon la théorie de l’avantage absolu de Smith, il ne peut y avoir un échange entre les deux pays. Mais Ricardo a montré que même dans ce cas le commerce international est possible et bénéfique. L’Angleterre devra se spécialiser dans la production où sa supériorité est la plus forte et le Portugal dans celle où son infériorité est la moins grande. Afin de déterminer le sens de la spécialisation, il faut donc comparer non pas les niveaux absolus des coûts de production mais leurs niveaux relatifs dans chacun des pays. En Angleterre, le coût comparatif du vin par rapport au drap est de 100/100 = 1, au Portugal, il est de 120/200 = 0.6. Le coût comparatif du vin étant moins élevé au Portugal (0,6) qu’en Angleterre (1), le Portugal trouvera alors avantage à se spécialiser dans la production de vin et l’Angleterre dans celle de drap. La spécialisation s’explique ici par les différences internationales des coûts comparatifs, précisément dans les différences de productivité. Du point de vue de Ricardo, elles résultent des différences au niveau de l’environnement par le climat et les avantages naturels (terres fertiles ou non, ressources naturelles abondantes ou non), de perfectionnement technique, ainsi que de la qualité des mains d’œuvre du pays. L’avantage comparatif est donc la faculté pour un pays de produire un bien dont le coût de production, comparativement aux autres biens, est moins élevé qu’à l’étranger. Et cette théorie de l’avantage comparatif est jugée valable entre pays.
Quelques limites de la théorie de Ricardo :
❖ Ricardo considère les rendements décroissants dans son analyse de la rente et de la croissance ; or dans le modèle du commerce international, les rendements sont constants.
❖ Ricardo parle ainsi d’échanges entre pays, d’échanges « internationaux », alors que les échanges se font en réalité entre producteurs et consommateurs de différents pays. Ceci veut dire que ce n’est pas l’Angleterre qui exporte mais telle ou telle entreprise qui se trouve en Angleterre, ignorant la dimension humaine et subjective de l’échange.
❖ Ricardo n’a pas pris en compte le commerce intra-branche en établissant la norme de la division du monde entre pays complètement spécialisés, or le commerce de produits manufacturés contient une grande part d’échanges croisés entre branche à l’intérieur, qu’à l’extérieur du pays. Ce commerce interbranche met en concurrence tout le monde, contrairement au commerce ricardien, qui s’avère non concurrentiel, mais complémentaire, et peut bloquer l’innovation et le progrès économique.
Le rôle de la dotation factorielle : le modèle HOS
Le terme HOS vient de 3 auteurs : Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson. Le modèle est relatif à la théorie néoclassique du commerce international, dont il va prolonger la réflexion du modèle classique de David Ricardo.
Le modèle HOS a été progressivement formulé de 1941 à 1955 et comprend quatre théorèmes mais nous n’allons présenter que deux qui vise à expliquer la spécialisation.
Le théorème Heckscher-Ohlin : la loi des proportions de facteurs
Cette loi des proportions de facteurs a été proposée par deux économistes suédois, E. Heckscher (1919) et B. Ohlin (1933), sous forme d’exposés littéraires visant à expliquer l’origine de l’avantage comparatif. Elle analyse la spécialisation de chaque pays par la quantité de facteurs de production dont il dispose. Cette quantité de chaque facteur est désormais donnée et définit ce qu’on appelle la dotation factorielle d’une nation, c’est l’ensemble des ressources (le capital, le travail, les ressources naturelles) dont dispose un pays avant de se lancer dans les échanges extérieurs. La loi peut être formalisée à partir du modèle 2.2.2 (« Townes») signifiant 2 pays, 2 biens, et 2 facteurs. Pour rendre l’explication lucide, prenons l’exemple de 2 pays (Etats-Unis et Mexique), 2 biens (voiture et textile) et 2 facteurs de production (capital K et travail L). On va nommer par w le salaire réel et par r le prix du capital. Les 2 pays étant identiques mais se différencient en terme de dotations factorielles. Le raisonnement se déroule en trois étapes :
1- Les Etats-Unis sont supposés être relativement abondants en facteur capital et le Mexique relativement abondant en facteur travail : soit K/L > K*/L* (L/K < L*/K*)
2- Une relation inverse établit entre l’abondance factorielle et le coût des facteurs : les facteurs rares ont un coût élevé et les facteurs abondants un coût faible : soit K/L > K*/L* => w/r > w*/r* (r/w<r*/w*)
3- Le coût relatif des facteurs influence le prix relatif des biens. Les voitures nécessitant plus de capital que le textile, quel que soit le lieu de production, le prix relatif des biens va être différent entre les deux pays.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LE COMMERCE INTERNATIONAL
Chapitre 1 : Les théories du Commerce International
Section 1 : Avantage comparatif et spécialisation
1.1 Le gain à l’échange : l’avantage comparatif
a) La loi des avantages absolus d’Adam SMITH (1776)
b) La loi des avantages comparatifs de David RICARDO (1817)
b1. Les hypothèses de Ricardo
b2. L’explication de la spécialisation
1.2 Le rôle de la dotation factorielle : le modèle HOS
a) Le théorème Heckscher-Ohlin : la loi des proportions de facteurs
b) Les autres théorèmes du modèle HOS
1.3 La dynamique des spécialisations: le théorème de Rybczynski (1955)
1.4 L’Avantage Comparatif de la Chine et sa performance dans l’exportation
Section 2 : la politique du libre-échange
2.1 Le libre-échange
a) La théorie moderne du libre-échange
b) Les mérites du libre-échange
2.2 Les limites du libre échange
a) Pour les pays développés
b) Pour les pays en développements
Chapitre 2 : La place de la Chine dans le commerce international
Section 1 : Le régime du taux de change de la Chine
1.1 Le régime des taux de change de la Chine : La réforme de 2005
1.2 La sous-évaluation du yuan et la performance en Chine
Section 2 : Investissement direct étranger (IDE) en Chine et ses impacts sur l’économie chinoise
2.1. L’expansion de l’entrée des IDE en Chine
2.2 Influences des IDE sur le commerce extérieur de la Chine
PARTIE II : CAS DE MADAGASCAR DANS LA RELATION COMMERCIALE SINOAFRICAIN
Chapitre 1 : La relation économique entre la Chine et Madagascar
Section 1 : La stratégie de la Chine dans sa coopération avec les pays de ‘Afrique dont Madagascar
1.1 La stratégie de financement: une stratégie de financement de la Chine en Afrique
1.2 La stratégie d’aide de financement de Madagascar par la Chine
1.2.1 Les formes de l’aide de la Chine
1.2.2 Les projets financés par la Chine : une forme d’aide
Section 2 : Les Investissements Directs Etrangers à Madagascar : caractéristiques et évolutions
2.1 Les caractéristiques des IDE chinois à Madagascar
2.2 Les branches d’activités d’IDE chinois à Madagascar
2.3 Le commerce extérieur avec la Chine et l’IDE chinois
Chapitre 2 : Les échanges commerciaux de Madagascar avec la Chine
Section 1 : Le commerce extérieur malgache
1.1 Evolution du commerce extérieur de Madagascar avec la Chine
1.2 Les exportations et les importations de Madagascar avec la Chine
a) Les exportations de Madagascar vers la Chine
b) Les importations de Madagascar venant de la Chine
Section 2 : La Chine à Madagascar : une menace ou une opportunité commerciale?
CONCLUSION