Le combat, carte mémoire active de la réactualisation de la vie quotidienne 

LA RUPTURE DES HIÉRARCHIES

L’émancipation culturelle comme moyen de rupture hiérarchique

L’objectif de ma recherche sur la rupture des hiérarchies consiste à la fois de mêler le genre majeur, à savoir des thèmes relativement importants et fondateurs de nos comportements actuels au genre mineur, qui peut être symbolisé par mon style de dessin qui se veut pas dans les normes imposées par la culture. La brisure effectuée dans mes dessins aide à avoir un nouveau regard sur l’art et sa manière de classifier les genres. Le plus important est d’offrir un nouveau regard critique au spectateur. Il ne doit pas se forger une idée immuable sur les ordres établies par des gens appartenant à la sphère de l’art. Il faudrait éviter le conditionnement de l’individu à l’aide de l’art.
La rupture des hiérarchies serait une étape pour que cet endoctrinement imposé par les institutions soit brisé. « la hiérarchie entre les arts est directement liée à la hiérarchie sociale et culturelle».
L’art majeur prouve la domination culturelle dans le milieu de l’art. ll démontre ainsi qu’une hiérarchie qui s’impose comme indicateur de statut culturel et social. L’art évolue grâce au déclin de l’apprentissage des techniques conventionnelles issues des institutions. Les bouleversements sont permanents., étant donné qu’il existerait « un parallèle entre la hiérarchie des genres et la hiérarchie sociale (…) dans la mesure où certains genres sont dominants à une époque donnée, il se produit des luttes, avec la volonté de faire cesser le genre dominant et d’en établir un autre ». C’est en 11 usant de « techniques de formes contrastées et dissonantes, inhabituelles dans la nature » que l’art évolue. L’inconvénient de l’art actuel est qu’elle sous l’influence de la culture qui est par ailleurs soumise à la technique. Sans un savoir certain, la culture n’existerait pas. Bourdieu souligne également que « la sacralisation de la culture et de l’art (…) remplit une fonction vitale en contribuant à la consécration de l’ordre social ». Ainsi, c’est en donnant de l’importance à la 13 culture et à l’art que les hiérarchies se stabilisent.
Le monde de l’art est dominé par des personnes cultivées qui imposent des normes. Ce sont eux qui ont un « discours critique. ». Celles-ci sont les causes du jugement de valeur des œuvres.
En fait, « l’essence de l’art est novation, à quoi un professeur sera d’autant moins propose qu’il aura plus longtemps sucé le lait des œuvres du passé » . L’art offre de la nouveauté, nous n’avons pas besoin de la culture. L’enseignement des conventions assassine la création.« Si, au lieu de mettre en tête des gens du commun que les mises en forme culturelles usuelles sont les seules admissibles pour la création d’art, on leur suggérait d’inventer eux-mêmes des mises en forme inédites et convenant à ce qu’ils désirent faire, (…) , on verrait, je crois, grand nombre de gens s’adonner à la création. »
Le but de la création est de s’échapper des normes. Le but est s’extirper de la culture pour créer. Dubuffet soutient l’idée que : « C’est le propre de la culture de ne pouvoir supporter les papillons qui volent. Elle n’a de cesse qu’elle les ait immobilisés et étiquetés ». La culture réduit 23 les possibilités de créer. Selon lui, la culture est « en quête de norme, est en quête d’adhésion collective, pourchasse l’anormal ». Elle nous conditionne à produire un art qui s’intègre dans les 24 tendances. Il faudrait produire un art créatif plutôt qu’un art culturel. Par conséquent, nous remarquons également que « par le biais de l’éducation, la culture conditionne et la société assujettit : « L’art brut, c’est l’art des individus qui ont échappé au conditionnement culturel et au conformisme social ». L’individu est donc soumis par l’éducation et la culture. Le fait de réaliser 25 des travaux extérieures à ces domaines est un échappatoire à ce conditionnement contagieux.
Inspirons nous des qualités des auteurs d’art brut pour créer. L’artiste insiste ainsi sur le fait que « la création à l’opposé, vise à l’exceptionnel, à l’unique ». L’objectif d’une œuvre, en partie par son  pouvoir créatif est de remettre en question la culture. Il s’attaque dans ce cas aux œuvres « qui ne met pas gravement la culture en procès, qui n’en suggère pas avec force l’inanité, l’insanité, ne nous est d’aucun secours ». Nous avons par conséquent besoin « d’individu sans formation artistique,  donc dépourvu de connaissances artistiques objectives, peint n’importe quoi, le résultat n’est jamais faux semblant. » La création serait authentique sans avoir recours à un savoir existant qui révélerait également qu’une personne lambda sera « un exemple de l’action de la force intérieure qui n’est influencée que par la connaissance générale du monde pratique et de ses fins ». En faisant appel à  ces personnes qui n’ont pas été influencées par les institutions, il existerait encore un moyen de rompre les hiérarchies installées.

Déclin de la hiérarchie en art par le mélange de l’art mineur et l’art majeur

« Il me semble en effet que l’on peut interpréter les œuvres des peintres d’avant-garde à succès comme effort pour défendre le pouvoir culturel et l’importance de la peinture contre les prétentions affichées par les journaux illustrés en matière de valeurs culturelles, défense qui prit la forme d’une reconstitution de la hiérarchie au moyen d’une recherche de différenciation. »
La distinction des genres d’arts causée par les instituions déclenche une catégorisation des valeurs à l’origine de la hiérarchie des arts. L’art est un monde manichéen, dans un monde où les super-héros existent, il n’y a que deux alternatives, le bon et le mauvais, ici, nous parlerons de majeur et mineur qui sont acteurs des hiérarchies. Il est à prendre en compte que « certains historiens ont actuellement tendance à envisager le champ de la culture visuelle selon une bipolarité entre art dit “noble“ ou beaux-arts, et “culturelle populaire“ ». Nul intermédiaire entre ces deux 30 catégories puisse prendre place. En dépit de cette rigide distinction, « en introduisant des sujets “bas“ dans l’art “majeur“, ces artistes (les impressionnistes) ont contribué aux bouleversements qui caractérisent la modernité ». Le déclin de la hiérarchie en art s’est faite grâce 31 à l’apparition de la modernité. Le majeur puise sur le mineur pour produire. « Une chose que je suis le seul à considérer comme une œuvre d’art n’a pas l’existence publique d’une œuvre d’art — quoi qu’en pensent ceux qui définissent l’œuvre d’art en termes d’intention subjective. (…) Il n’existe pas de hiérarchie intrinsèque entre œuvres d’art, mais il existe des différences d’appréciations critiques et de répercussion sociale. »
Selon notre goût pour l’art, nous avons la capacité à juger de la légitimité de l’œuvre d’art. Il est à prendre en compte que « lorsqu’il est question d’art, il semble aller de soi que, du moins dans la culture occidentale des Temps modernes, c’est la valeur esthétique – la beauté – qui est la plus pertinente pour juger de l’objet en question. Plus précisément, l’application à cet objet de cette “valeur principe“ qu’est la beauté permet de faire de cet objet une « valeur », au sens de bien, en tant que le “jugement de valeur“ ainsi produit affecte à cet objet une “valeur“, au sens de “grandeur“ ou “qualité“ ». Qu’importe le statut d’une œuvre, le bouleversement des hiérarchies s’effectuera. Il proposera un regard renouvelé constant sur l’ordre établi. Bien que la hiérarchisation des œuvres produit une catégorisation de jugements qui classe la valeur d’un travail, notamment par cette « frénésie des nombres dans notre monde occidental, une fièvre d’appliquer les nombrements à tout ». Toutefois, même si classification il y a la valeur d’une œuvre qui se fait par la tendance  actuelle. C’est « son rapport ( de contestation) avec la culture du moment » qui produit la force d’un travail. Donc, « les productions artistiques ne peuvent être suffisants pour juger du degré de civilisation d’un peuple ». ce qui est par conséquent révélateur de la hiérarchie des arts dans une  société et ne joue pas le rôle d’un indicateur du niveau de développement d’une pays. Ainsi, les sujets dits « mineurs », qui sont issus de la culture populaire et ne s’intègrent pas dans la culture élitiste ont un traitement qui échappe à leur contexte d’origine. Ils sont mêlés au genre majeur. Ce mélange entre mineur et majeur blondit et assombrit les deux notions. J’espère au final acquérir un art qui rompt les l’art majeur et l’art mineur.

L’art issu de l’enfance, une solution vers cette rupture hiérarchique

« Il existe un processus ancien permettant de subvertir la hiérarchies des genres : la parodie, celle ci étant définie par Du Marsais comme le fait d’imiter un sujet sérieux pour le transformer en un autre moins sérieux. »
La parodie est un outil qui rend le sérieux dérisoire en diminuant l’aspect engagé d’une production artistique. Ajoutons à ce constat que la « parodie prend acte d’une hiérarchie, qu’elle accuse, (…), elle met en question, certes, mais en même temps elle l’accentue ». La parodie remet en question les hiérarchies mises en place tout en tentant de fonder de nouvelles normes de hiérarchisation. En partie par ces déductions, je me demanderai si mon art serait parodique ? Étant donné que la « parodie a été si souvent utilisée au début de la modernité : c’est qu’elle contient cet élément de critique et d’autoréflexion ». Il est vrai que la peinture d’histoire ou la peinture mythologique représentait en quelque sorte des événements époustouflants mêlant sensation et effroi, et peut être légitimement intégrée dans le genre majeur. Toutefois, j’estime que depuis la modernité et avec l’apparition des sujets de notre quotidien dans le domaine de l’art, mes dessins peuvent s’infiltrer à la fois dans le genre majeur mais aussi mineur. J’essaie de parvenir à mélanger l’importance et l’insolence d’une action. À la fois pris au sérieux et en dérision, l’action est un élément capital pris en compte dans mes dessins.

LA COULEUR KITSCH, VULGARISATEUR DES MYTHES

L’influence kitsch dans la couleur

« Contrairement aux Occidentaux qui s’efforcent d’éliminer radicalement tout ce qui ressemble à une souillure, les Extrême-Orientaux la conservent précieusement, et telle quelle, pour en faire un ingrédient du beau. C’est une défaite, me diriez-vous, et je vous l’accorde, mais il n’en est pas moins vrai que nous aimons les couleurs et le lustre d’un objet souillé par la crasse, ( …) , ou parmi les ustensiles qui possèdent cette qualité-là, curieusement nous apaise le cœur et nous calme les nerfs. »
Les couleurs vieilles ou lumineuses, possédant des éclats parfois agressifs ou des tons adoucissants sont sources d’intérêts et de répulsions. Nous aimons ou nous détestons. Nous nous intéressons ou nous fuyons. Il y a toujours une couleur ayant été affectée par kitsch – ou par le temps – qui se manifeste dans notre quotidien. Elle brise la monotonie chromatique de notre style vestimentaire, de notre habitat ou encore de nos outils que nous exploitions quotidiennement. « Quand je n’ai plus de Bleu, je mets du Rouge ! »
Se limiter à une palette chromatique réduite ne peut que diminuer l’expression et la force d’une couleur. Chaque couleur dispose des mêmes priorités selon les événements. Bien que la couleur est vue comme une fonction, le kitsch a cette capacité de réduire et d’assombrir l’éclat d’une couleur. Pour Abraham Moles, le kitsch « est l’art acceptable, ce qui ne choque pas notre esprit par une transcendance hors de la vie quotidienne, par un effort qui nous dépasse – surtout s’il doit nous dépasser nous-même. Le Kitsch est à la mesure de l’Homme (…) le Kitsch dilue l’originalité à un degré suffisant pour la faire accepter par tous ». Elle rend commun tout ce qu’elle envahit. L’incommensurable devient mesure égale à l’Homme.

La palette chromatique kitsch, des couleurs qui parlent au peuple

Associé au démodé – à cette chose qui n’entre plus dans les tendances – le kitsch ne cesse de se manifester dans notre quotidien et devient un protagoniste actif à la fondation de nos mythes actuels. Mal vu mais aimé malgré lui. Des objets inutiles mis au placard au vêtement qui n’entre plus dans les tendances de la Fashion Week, le kitsch est partout. Nous sommes impuissants face à ce phénomène, nous portons le kitsch en nous. Sans désir vivifiant nous habitons le kitsch. « Sommes-nous sous l’influence des couleurs, alors que nous imagines que nous les influençons par nos choix et nos goûts ? »
Les couleurs ont une influence sur le choix que nous effectuons. L’expérience de notre vie supposerait notre attirance sur certaines couleurs. La couleur est un échappatoire, une clé qui oserait prétendre être la solution d’une issue. Jean-Gabriel Causse le signale en écrivant que « dans la couleur, on cherche toujours ce que l’on n’a pas ! ». Il renforce son propos en soulignant que « les gens veulent des couleurs qui les sortent de la crise ». La couleur apporte une saveur particulière  dans la réalité sans rêve. Elle serait un médicament qui soulagerait les peines des individus. C’est alors que le kitsch intervient dans la couleur. Moles constate que « le Kitsch reste essentiellement un système de communication de masse ». Le kitsch est un instrument qui dialogue avec le groupe. Il devient un outil de communication de masse et moyen de contagion sans adversaire.

LE COMBAT, PRINCIPALE ÉTAPE À LA FONDATION DE MYHTES

Omniprésence du combat dans l’action

Apparemment, ce serait les guerres qui auraient été la conséquence d’une marge de progression impressionnante dans divers domaines. En se confrontant avec autrui, l’individu se découvre et apprend. Je laisse une place importante aux confrontations – physiques ou mentales – dans mes dessins. Ils produisent en quelque sorte les mythes récents.
J’admets qu’il est difficile de trouver une trace de lutte lorsque nous allons chez le coiffeur.
Or, si nous pensons aux actions qui nous poussent à y aller, alors la notion de combat surgit. N’estce pas un combat de marcher pour aller chez le coiffeur ? N’avez-vous pas pensé à l’affrontement qui s’opère entre la tondeuse et les cheveux ? Ne regrettons-nous pas la somme d’argent déversée dans une coupe de cheveux qui ne nous convient pas ? Tous ces mouvements qui sont banalisés et font l’objet d’une absence de réflexion presque évidente chez l’individu sont des interrogations qui me captivent et deviennent le foyer de mes créations. Ces actions devenues sans-intérêt deviennent des choses qui ne se voient plus. Ils sont des des non-vus, ces événements invisibles qui ne sont plus pris à leur juste considération. En banalisant toutes nos actions quotidiennes, nous menons donc une vie banale. Il faudrait songer constamment à nous questionner sur nos actes afin de les rendre plus intéressants. Étudier l’action comme un affrontement. Chaque morceau de notre vie devient un sujet d’étude. C’est pour cela que le non-vu doit redevenir visible. Il participe ainsi à Démonstration de l’ippon kumite lors de la fêté au CFP (Cercle Féminin Parisien), Photo prise par un anonyme le 9 Juin. ajouter un aspect fantastique et épique dans la réalisation de nos actions. Partant de cette idée, aller chez le coiffeur devient plus intéressant et devient une aventure extraordinaire.
« Tout combat, qu’il se situe à l’intérieur ou à l’extérieur de nous, est toujours combat contre nousmême. »
Que l’on soit confronté à un ennemi ou que nous réalisions un geste, nous effectuons un combat. Qu’importe le mouvement, nous menons une lutte sans merci contre nous-même.
Deshimaru ajoute à ce propos que « les grandes découvertes dépassent les principes et techniques.
(…) De l’idée à l’action, on doit obtenir la vraie liberté. (…) Les grandes œuvres d’art sont créées par-delà la technique ». Par de-là la maîtrise de la technique, le plus déterminé le remporte. C’est  par les confrontations et les échanges que le progrès intervient. Les combats entraînent le progrès et donc une incessante réactualisation des mythes de notre quotidien. En constatant ce fait, nous pouvons nous pouvons nous questionner sur les facteurs qui produisent cette lutte contre soi même.
La plantine nous oriente par cette problématique qui est la suivante : « comment le pas, le peu, le moins, non pas exactement le rien, (…) entre en relation – ou plutôt en résonance -, mais aussi en conflit, avec le plus et le trop ? ». Les notions d’abondance et de crise s’affrontent et communiquent. Le plein luttant contre le vide. Des combats d’opposition qui démontrent la dépendance réciproque de ces deux protagonistes. Dans le vide, le plein agit. Le plein est une manifestation du vide. Dans mes productions plastiques, je constate que l’effet de saturation provoque un vide qui ne demande qu’à être résolu. Il pose problème par son apparition involontaire.
Le vide dans mes dessins étant ce qui semble se situer hors de la saturation. Les formes qui sortent du support laissent entendre qu’elles existent au-delà des limites du papier sur lequel je les ai enfermé.

Réinterprétation de la gestuelle vers une trivialité du mouvement

« Tout dans le kabuki est dépense et ostentation, exagération : combats acrobatiques, effets d’optique, trappes permettant de faire apparaître et disparaître des personnages, techniques sophistiquées de cordes invisible qui les soulèvent puis les font voler dans les airs, luxe des costumes, (…) ,déclamation surjouée des acteurs. »
Le kabuki a été une influence importante dans la façon de mettre en scène mes personnages dans mes dessins. Ce spectacle dans lequel le fantastique occupe une place importante.
L’imagination est représentée. Ces fragments de rêve qui cohabitent pour plonger le spectateur dans un univers inhabituel. Laplantine considère que « le kabuki est un art de l’illusion. (…) un art de l’amplification qui met en scène les passions excessives à l’aide de postures appuyées, de maquillages exagérés ».Les postures étranges qui sont adoptées par mes personnages sont sous  l’autorité du kabuki. Ce sont des poses qui ont été également inspirée des positions que nous retrouvons dans les katas du Karaté. Nous pouvons établir un lien avec les propos de Pernoud dans son livre : L’invention du dessin d’enfant en France, à l’aube des avant-gardes, que « l’arabesque propage une notion idéale de la grâce qui s’élève au-dessus des mouvements ordinaires, frappés de violence et de déchet d’énergie, et des physiques triviaux, empreints d’assymétrie ». Mon expérience de pratiquant a aussi eu un impact sur la façon dont mes personnages sont mis en mouvement dans mes scènes. À la fois posture de combat mais aussi expression d’un sentiment, la position sert de moyen de communication.
La fonction de l’action a été remplacée par le geste. Le geste devient le responsable de l’action. L’impulsion est la réflexion de nos gestes. J’estime que le moment le plus intéressant dans une bataille, n’est pas cet instant où le coup arrive violemment sur l’adversaire. Il est passionnant à s’attarder sur le moment où le mouvement va se répercuter sur le sujet. Dans L’art de la guerre, Sun Tzu explique que « la guerre n’était pas pour lui synonyme de massacre et de destruction ; prendre tout intact, le plus intact possible, était l’objectif véritable de la stratégie ». C’est ainsi que mes 87 dessins se comportent comme des documents représentants « le moment » où l’action va avoir une incidence. Des passages où les dégâts n’ont pas encore eu lieu. Dans mes compositions, il n’y pas de réels contacts avec l’adversaire. Mes personnages ne se frottent pas directement face à l’ennemi. Ils sont réalisés sur un mouvement qui pourrait inciter sur quelque chose. Nous pouvons mettre en lien le kitsch pour son côté trompeur et la guerre pour son aspect dupeur. La duperie se manifeste de temps à autre dans mes dessins. Le stratège chinois expose l’idée : « Tout l’art de la guerre est basé sur la duperie ». Elle est là pour montrer que tous les moyens sont bons pour parvenir à un résultat  satisfaisant. La duperie est la partie cachée des lettres de noblesse de la guerre. « Ceux qui sont experts dans l’art de se défendre se dissimulent sous la terre aux neuf replis : ceux qui sont habiles dans l’art d’attaquer se déplacent comme s’ils fondaient du neuvième ciel. Ainsi, ils sont capables à la fois de se protéger et de s’assurer une victoire totale. »
La façon dont est organisée ma petite armée dans mes dessins se rattache dans une certaine mesure à la manière dont les troupes se développent dans un champ de bataille. Les divers états émotionnels reflètent souvent un aspect qui servirait à détourner l’attention de l’ennemi. Sun Tzu interprète cette idée en démontrant que « la confusion apparente résulte de l’ordre, la lâcheté apparente du courage, la faiblesse apparente de la force ». Les masques présents sur la figure de  mes personnages n’est qu’un trompe-œil qui dissimule leurs réelles ambitions. Selon les divers événements dans lesquels mes personnages se trouvent, l’état émotionnel varie. La guerre est exécutée par des idiots. Erasme l’écrit dans son Éloge de la folie que « la noble guerre est faite par des parasites, (…), des imbéciles, (…), en somme par le rebut de la société, et nullement par des philosophes veillant sous la lampe ». Elle regroupe un nombre d’individus assez important qui usent de la force et de la violence pour résoudre leur soucis. Il a raison. Il existe des façons moins radicales pour résoudre des soucis. Toutefois, dans mon cas, je considère que dans mes dessins, l’usage de la guerre produirait le développement. Grâce aux agissements des personnages, les problèmes posées peuvent être résolues et posent ainsi de nouvelles normes. Dans le conflit, les hommes ne sont que de minuscules grains de sable dans un vaste désert. Erasme le prouve par : « Si vous pouviez regarder de la Lune, (…), vous penseriez voir une foule de mouches ou de moucherons qui se battent entre eux, (…), naissent, tombent et meurent ; et l’on peut croire quels troubles, quelles tragédies, produit un si minime animalcule destiné à sitôt périr ». Leur vie est éphémère. En fait, l’usage d’une multitude de personnages dans mes dessins cause ce principe. Mes personnages ne sont qu’une composante rythmique à l’harmonisation de mes mises en scène.
Lutter sans cesse pour créer. Se battre pour façonner, le non-vu est souvent ce qui crée les événements. C’est alors que surgit les normes. En se battant on crée. La bataille est source de création. Sans une activité guerrière, la création cesserait d’exister. Les innovations s’éteindront et l’art mourra.

Le combat, carte mémoire active de la réactualisation de la vie quotidienne

« N’étant pas des leçons de morale, ces récits exemplaires, n’ont rien à démontrer. Leur but est autre : provoquer des questions qui n’ont que la pratique pour réponse. »
Le combat provoque de nouvelles questions. L’objectif d’un affrontement n’étant pas de gagner ou de perdre. Les échanges de coups ne sont là que pour servir à faire réfléchir le combattant. Un des buts principaux dans le combat est de remettre perpétuellement sa pratique en en question. J’ai compris ma pratique des arts martiaux que ma réalité peut s’approfondir. Il s’agirait d’un moyen de transcender la réalité pour vivre ce que nous désirons. Prenons en compte que « les Arts traditionnels débouchent sur une Voie qui permet à l’homme, au prix d’un apprentissage long et difficile, d’approfondir son expérience de la Réalité et de lui-même. (…) Il apprend que la qualité de ses œuvres dépend de ce qu’il peut maîtriser lui-même, de ce qu’il est.
Son travail extérieur devient le support d’une métamorphose intérieure ». Le vécu, trace de notre expérience visible sur terre est propice à la métamorphose de soi. La pratique est considérée comme une réactualisation incessante de notre monde.

 

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Table des matières
INTRODUCTION
I . LA RUPTURE DES HIÉRARCHIES 
A/. L’émancipation culturelle comme moyen de rupture hiérarchique
B/. Déclin de la hiérarchie en art par le mélange de l’art mineur et l’art majeur
C/. L’art issu de l’enfance, une solution vers cette rupture hiérarchique
D/. Les matériaux communs, le langage du peuple
II/. LA COULEUR KITSCH, VULGARISATEUR DES MYTHES 
A/. L’influence kitsch dans la couleur
B/. La couleur kitsch, entre adoucissement, répulsion et transcendance
C/. La palette chromatique kitsch, des couleurs qui parlent au peuple
III/. LE COMBAT, PRINCIPALE ÉTAPE À LA FONDATION DE MYHTES 
A/. Omniprésence du combat dans l’action
B/. Réinterprétation de la gestuelle vers une trivialité du mouvement
C/. Le combat, carte mémoire active de la réactualisation de la vie quotidienne
IV/. L’OBJET, AMI ET COLLABORATEUR DE NOTRE ACTUEL MONDE 
A/. Entre fonction et décoration, voici l’objet d’aujourd’hui
B/. L’actuel objet, l’homogénéisateur des individus
C/. L’objet, la prothèse physique de l’Homme
V/. LA FOULE, LE NOUVEL HÉROS DE LA MODERNITÉ 
A/. Le « Gang des Couche-Culottes », représentation fictive de la foule
B/. La foule, support technique pour la composition
C/. Une armée inconsciemment active
D/. La foule, le nouvel homme
E/. La foule qui façonne les normes de la vie quotidienne
VI/. LES MYTHES, RÉACTUALISATION DES NORMES DU MONDE 
A/. Enchantement de la vie quotidienne par le caractère fantastique de ses actions
B/. L’Enchantement, déclencheur malgré lui de la banalité et du confort
C/. La vision carnivalesque, solution à la suppression de la banalité
VII/. LE DESSIN MOYEN D’ÉVASION À LA RÉALITÉ 
A/. Le dessinateur « isolé »
B/. Le manga, l’ukiyo-e, le monde de l’enfance, images en réactualisation permanente
C/. La bande-dessinée, langage facile de communication
D/. Le dessin, le livre qui sauvegarde et réinterprète les actions de la vie quotidienne
CONCLUSION 
ANNEXE 
LES NAÏVES ET MYTHIQUES AVENTURES DU « GANG DES COUCHE-CULOTTES ».
ÉPISODE V, « LES NUAGES POISONS, CHIRURGIENS BÉNÉVOLES DE LA DIFFORMITÉ »
ÉPISODE VIII, LA COIFFURE, C’EST TRÈS COUTEUX 
ÉPISODE XI, LA BATAILLE DE LA MUETTE 
ÉPOPÉES NAÏVES 
DESSINS MURAUX 
LEPORELLOS 
TABLE DES ILLUSTRATIONS 
INDEX DES NOTIONS 
INDEX D’ARTISTES 
BIBLIOGRAPHIE

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