Le Parc National d’El Kala est situé dans la partie extrême nord d’Algérie, s’étend sur une superficie de 78000 ha soit 26% de la surface de la wilaya d’El-Tarf. Hautement boisé avec plus de 69% de son territoire, il s’étend sur une bande côtière de 40Km (Samraoui et de Belair, 1997).
Ses écosystèmes très variés, le classe parmi les sites mondialement protégés. Il renferme des espèces endémiques dont quelques-unes sont en voie de disparition. Nous pouvons citer à titre d’exemple le Cerf de Barbarie, la Hyène rayée, le Chacal doré, la Châtaigne d’eau, etc. L’étude écologique de ces écosystèmes a été amorcée par des inventaires floristiques, entomologiques, ornithologiques, qui ont progressivement montrés l’originalité de ces milieux et classées certains en site RAMSAR (Samraoui et de Belair, 1998). Cependant, la richesse de ces habitats intéresse d’autres domaines, tels que la bryologie, l’aranéologie, lichénologie, alors que les données sur la mycologie restent rares. Cette méconnaissance tient au fait que les champignons se manifestent surtout à l’automne, au profit d’une vie souterraine durant laquelle ils passent totalement inaperçus. Mais cette discrétion n’empêche nullement qu’ils participent à tous les niveaux au cycle de développement des peuplements arborés, arbustives et herbacés. A la différence des végétaux supérieurs contenant de la chlorophylle et qui peuvent se nourrir de manière autonome à partir des éléments minéraux disponibles dans leur environnement (ces organismes sont dits autotrophes), les champignons sont hétérotrophes dépendant étroitement d’autres êtres vivants pour leur subsistance (F.A.O., 1995) C’est cette particularité qui crée des relations entre les champignons et l’écosystème forestier dont ils sont tributaires. Elle les conduit à adopter, selon le mode de vie propre à chaque groupe d’espèces fongiques un comportement de symbiose avec les racines des arbres en formant des mycorhizes, parasites de blessures sur les troncs ou encore en saprophyte aux dépens de souches, de débris ligneux ou encore de la litière (Favre, 1948).
Présentation du Parc National d’El Kala et des stations d’étude
Cadre de l’étude
La présente étude a été réalisée au niveau du Parc National d’El Kala (PNEK), vu qu’il constitue un patrimoine naturel important par la richesse biologique de ses habitats. D’une superficie de presque 78.000 ha, il est composé d’une mosaïque particulière d’écosystèmes, caractérisée par des zones humides dont l’ensemble constitue un complexe considéré comme unique dans le bassin méditerranéen (Benyacoub, 1993) .
Situation géographique et administrative
Le Parc National d’El Kala est situé à l’extrême Nord-Est algérien, il est intégralement inclus dans la Wilaya d’El Tarf, correspondant presque au tiers de la superficie globale de cette dernière (Fig. 01).
Le territoire du parc a été créé par décret n° 83-462 relatif à la protection de l’environnement fixant le statut type des parcs nationaux et l’arrêté ministériel n°005 CAR.M/129 BCCR/87, fixant le zonage du Parc. C’est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. Le Parc National d’El Kala est limité :
● Au Nord, par la mer Méditerranéenne.
● Au Sud, par les contreforts des monts de la Medjerda.
● A l’Est, par la frontière Algéro-tunisienne.
● A l’Ouest, par l’extrémité de la plaine alluviale d’Annaba.
Ses coordonnées géographiques sont : 36°52 latitudes Nord et 8°27 longitudes au niveau de la ville d’El Kala (Benyacoub, 1993).
Description du Parc National d’El Kala
La diversité géomorphologique, pédologique et hydraulique fait du Parc National d’El-Kala une mosaïque de milieux naturels originaux.
Le relief
Le relief du Parc National d’El Kala se compose d’une juxtaposition de dépressions dont certaines sont occupées par des formations lacustres ou palustres et des hautes collines de formes variées. Ainsi, nous distinguons, du littoral vers le sud,
– Des formations collinaires basses (dunaires ou non) de 30 à 310m de haut (Djebel Koursi) avec une moyenne de 100m de haut, se longent sur 15km vers le sud et s’interrompent au niveau de la vallée de Oued El Kébir.
– De grandes dépressions inter-collinaires hébergent dans cet ensemble les principaux lacs Tonga, Oubeïra et Mellah.
– Au Sud le relief passe en moins de 40Km de 0 à 1200m d’altitude (Djebel Ghorra).
En effet, le relief se caractérise par un pendage important : 09% de pentes faibles, 11% moyennes et 80% fortes à très fortes, ce qui constitue exceptionnellement un paysage montagneux fortement disséqué par un réseau hydrographique dense (De Belair, 1990).
Les sols
Les sols sont intimement liés à la nature du substrat géologique et au climat d’une part. D’autre part, à la présence ou à l’absence d’une hydromorphie, qu’elle soit permanente ou temporaire. En fonction de ces critères, nous distinguons du Nord au Sud :
Les sols dunaires :
– Sur la partie littorale, le profil est très comparable à un régosol avec un pH élevé et une teneur en matière organique faible.
– Sous cocciférales, le pH est faible, dû au lessivage des ions calcium et une faible teneur en matière organique avec apparition d’une litière, correspondant aux sols peu évolués et lessivés.
– Sur les dépressions et les parties inondées (hydromorphes), le profil présente un pH faible et une faible incorporation de la matière organique, ce qui donne une litière épaisse, ce qui donne la formation des tourbières de plusieurs mètres de profondeur.
Les sols inter-collinaires
Le profil présente un horizon B, cendreux et très lessivé, qui peut atteindre quelques mètres dans certains endroits, avec un pH acide.
Les sols des milieux forestiers
Sous bonne couverture végétale, Chêne liège et Chêne zen, sur des terrains en pente et sur un matériel géologique homogène (grès et argile de Numidie), le profil présente un pH largement acide, une bonne humification des horizons supérieurs, avec une litière de type Mull ou Moder. Il présente les caractéristiques des sols bruns forestiers (Benyacoub, 1993).
Géologie et géomorphologie
La chronologie de la région relève des terrains géologiques d’âges différents, allant du secondaire au quaternaire récent (Fig. 02).
– Le secondaire : il afflue en plusieurs endroits surtout dans la forêt d’El Ghorra, le Cap Rosa, sur les rives Ouest du lac Tonga au lieu-dit Daia Zitouna et El Ayoune au lieu-dit Oued Djenane. Cet étage est caractérisé par des formations schisteuses plus ou moins argileuses de couleur bleue ardoise avec des passages calcaires et une microfaune d’âge Sénonien supérieur.
– Le tertiaire : il est caractérisé par des formations argileuses du type numidien, où on les rencontres dans la zone basse des versants des Monts de la Cheffia au Sud de Bouteldja, dans les Monts de Béni Amar à Oum Tboul, dans le Cap Rosa et à Bougous. Au-dessus de ces argiles reposent les grès numidiens caractérisés par une granulométrie hétérométrique avec la présence de grains de quartz très consolidés, la couleur du grès varie du gris au jaune.
– Le quaternaire : les alluvions du quaternaire affluent en éboulis de pente, qui ne sont d’autre que le résultat des phénomènes successifs d’érosion, d’altération, de transport et de dépôt. Ce sont des éboules à bloc de grès numidiens de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres de dimension. Les alluvions des vallées sont étroitement liées au cours d’eau, d’où la distinction des alluvions des terrasses de Oued El Kébir, localisées dans la plaine d’El Tarf et de Bouteldja. Les alluvions de la haute terrasse, localisée principalement sur les hauteurs d’El Tarf, montrent des cailloux roulés, des blocs de grès numidiens, le tout enrobé dans une fraction fine de sable très riche en argile, qui semble provenir des massifs argilo gréseux du numidien. Les alluvions de la moyenne terrasse se localise à El Tarf, Ain Assel, Oued El Hout, Oum Tboul et Bouteldja ; elles sont essentiellement constituées de cailloux roulés de sable fin et de limon recouvrant entièrement la surface. Les alluvions de la basse terrasse, se prolongent le long des rives de Oued El Kébir au niveau de la localité de Ain Assel, d’El Tarf et de Bouteldja, ainsi qu’au niveau de la plaine marécageuse d’Oum Tboul et de Oued El Hout (Benyacoub et al., 1998).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : Présentation du Parc National d’El Kala et des stations d’étude
I- Cadre de l’étude
II- Situation géographique et administrative
III- Description du Parc National d’El Kala
III-1- Relief
III-2- Les sols
III-3- Géologie et géomorphologie
III-4- Le réseau hydrographique
III-5- Cadre Climat
III-5-1- La température
III-5-2- Les précipitations
III-5-3- L’hygrométrie
III-5-4- Le vent
III-5-5- Synthèse climatique
III-5-5-1- Le diagramme ombrothermique de Gaussen et Bagnouls (1953)
III-5-5-2- Le climagramme d’EMBERGER (1955)
III-6- Les unités écologiques
III-7- Biodiversité
III-7-1- La Faune
III-7-2- La flore
VI- Choix des sites d’étude
SECONDE PARTIE : Le choix d’un protocole (Taxinomie, Myco-écologie et Méthodes d’étude)
Chapitre I : Taxinomie des champignons
I- Systématique des champignons et cadre taxinomique de l’étude
I-1- Les classifications systématiques des champignons
I-1-1- Classification morphologique
I-1-2- Classification morpho-anatomique
I-1-3- Classification phylogénétique actuelle
I-2- Les classifications pratiques des champignons : « Macromycètes » et « Micromycètes »
I-3- Choix des groupes étudiés : les champignons supérieurs
II- Ecologie et sociologie des champignons
II-1- Aspects et limites de l’étude écologique des champignons
II-2- Les études myco-écologiques
II-3- Choix d’une orientation d’étude
Chapitre II : Méthodologie de travail : Choix d’un protocole d’échantillonnage
I- Choix des sites d’étude
II- Choix du protocole d’échantillonnage
III- Caractérisation des placettes
III-1- Végétation
III-2- Caractérisation pédologique
III-3- Caractérisation du niveau hydrique
IV- Relevés mycologiques
IV-1- Fréquence des visites
IV-2- Prélèvement et détermination des carpophores
IV-3- Interprétation de l’abondance des carpophores
IV-3-1- Indice d’abondance
IV-3-2- Indice de Shannon
TROISIEME PARTIE : Résultats et Interprétation
Chapitre I : Analyse globale de l’inventaire mycologique
I- Analyse méthodologique des prospections mycologiques : Nombre d’espèces et nombre de prospection
II- Diversité fongique des espèces recensées
III- Analyse phénologique
IV- Statut trophique des communautés fongiques (ou « mode de vie »)
V- Analyse fonctionnelle : spectre biologique
VI- Valeur patrimoniale des espèces recensées
Chapitre II : Ecologie des champignons
I- Analyse des données myco-écologiques
I-1- Analyse des variables descriptives
I-1-1- Choix des variables descriptives
I-1-2- Description des placettes par les variables retenues
I-1-2-1- Description placettes – variables biogéographiques (altitude)
I-1-2-2- Description placettes – variables environnementales (Acidité du sol)
I-1-2-3- Description placettes – variables environnementales (Matière organique du sol : carbone total)
CONCLUSION GENERALE