Le chevreuil et l’homme : menaces et protection
Le chevreuil à travers l’histoire
En effectuant des recherches bibliographiques sur le chevreuil dans les temps anciens, une évidence apparaît clairement : ce petit cervidé n’a jamais vraiment intéressé l’homme qui lui a toujours préféré, de loin, le sanglier ou le cerf. Au Paléolithique il semble délaissé ou totalement ignoré car il n’a laissé que peu de vestiges. Tout d’abord il n’existe à ce jour aucune représentation de cet animal dans l’art rupestre et il est présenté dans l’art mobilier par seulement deux figurations, l’une sur fragment d’os provenant de Lortet (Piette, 1907) et l’autre sur plaquette venant de La Marche (Pales, 1989). D’autre part le peu d’ossements de cette espèce trouvés sur les sites témoigne d’une faible consommation de ce gibier, peut être à cause de sa méfiance et de la difficulté à le piéger avec les méthodes de l’époque. Parmi les rares trouvailles, il a été retrouvé, chez les Néandertaliens de la grotte de Choukoutien, des incisives de cerf et de chevreuil percées ayant servi d’objets de parure. [19] Au Mésolithique, l’alimentation se diversifie et la chasse représente l’activité principale. On retrouve donc sur de nombreuses fouilles des ossements d’espèces actuellement présentes dont le chevreuil, et ceci aussi bien en Europe qu’en Asie. C’est au Néolithique que les restes de chevreuil sont les plus nombreux, traduisant un essor de sa capture. Après cette période celle-ci diminua de nouveau. Pour l’époque historique, on retrouve des preuves d’utilisation des bois de chevreuil à Pompéi (79 ap. J.-C.) qui mettent en évidence la présence, en ces temps là, de ces animaux dans le Sud de l’actuelle Italie, dans les montagnes de la zone vésuvienne. Les bois étaient alors de simples trophées de chasse ou bien entraient dans la composition de différents objets. [5] À l’époque mérovingienne Charlemagne met un frein à la chasse libre en autorisant l’abbé et les moines de Saint-Bertin à faire chasser leurs hommes dans leurs propres bois, alors qu’il s’approprie ce droit dans les forêts. Ceci est repris dans un capitulaire de 802 qui interdit, sous peine de ban, de poursuivre le gibier dans les forêts de l’empereur. Plus tard la chasse perdra de ses privilèges et deviendra l’occupation favorite des seigneurs. [77] Au XIVe siècle, le roi Modus distingue 5 bêtes noires (sanglier, laie, loup, renard et loutre) et 5 bêtes fauves (cerf, biche, daim, chevreuil et lièvre). Cependant il est difficile d’établir l’importance du chevreuil dans le rang des gibiers à cette époque. Les écrits sont en effets contradictoires à ce sujet. Pour certains le chevreuil permettrait une chasse agréable toute l’année, sa fuite étant plus longue que celle des cerfs. Pour d’autres le désintérêt du chevreuil est manifeste notamment dans la chartre de Cassignoles (Hérault) où le seigneur de Poilfort de Ventajoux accorde aux habitants du village le droit de chasser perdrix, lapins et chevreuils sans avoir à en demander l’autorisation. En dehors des grands domaines seigneuriaux, les roturiers libres peuvent alors chasser jusqu’à ce que l’ordonnance du 10 janvier 1397 supprime ce droit. La chasse est alors interdite à toute personne non noble exception faite des hommes d’église et des bourgeois vivant de leurs rentes. À cette époque Gaston Phoebus (Comte de Foix et Prince de Béarn) écrit un Livre de chasse où il montre son engouement pour la chasse au chevreuil en précisant que « c’est une très bonne petite bête et agréable à chasser pour ceux qui savent le faire » ou encore que « s’il était aussi belle bête et aussi royal que le cerf, je tends à penser que ce serait plus belle chasse que celle du cerf ». De plus Phoebus donne mille détails concernant les stratégies de chasse et la venaison pour cet animal, ainsi qu’une foultitude d’explications sur la conduite des chiens, les réactions de la bête, cela sans oublier les anecdotes de terrain
Littérature
Le premier auteur à citer l’espèce est Horace au Ier siècle av. J.-C. qui écrit dans Les Odes que « les chevreuils s’uniront aux loups de l’Apulie avant que Pholoé ait des faiblesses pour un amant mal fait », selon les désirs de « Vénus qui se plaît, par un jeu cruel, à envoyer sous le joug d’airain des corps, des coeurs mal appariés ». Virgile, contemporain d’Horace, mentionne spécifiquement le chevreuil dans Les Bucoliques où il parle de deux faons recueillis et élevés sous une brebis. [79] Un siècle plus tard, Pline l’ancien mentionne l’espèce dans ses écrits et l’évoque à plusieurs reprises dans Le Roman de Tristan. Au XIVe siècle Ronsard cite brièvement « le cerf solitaire » et « les chevreuils légers » dans L’Ode à la Forêt de Gastine. Ensuite il est le premier auteur, dans Les amours de Cassandre à composer un sonnet entièrement dédié à l’espèce (cf page 10). Dans un autre registre Buffon se démarque de ses confrères naturalistes du XVIIIe par son Histoire naturelle en 36 volumes, dans laquelle il décrit le chevreuil dans son environnement naturel avec beaucoup de réalisme, et non comme un seul objet de dissection. La biologie de l’animal est largement traitée, le régime alimentaire juste, la territorialité mise en évidence ainsi que de nombreux comportements sociaux. À la même époque, les frères Grimm écrivent des contes dont Frérot et Soeurette dans lequel le chevreuil est un acteur principal. [33] Dans la littérature du XXe siècle on retrouve trace du chevreuil de manière très peu appuyée, par exemple dans Crépuscule sous bois de Paul Fort, dans Les amis inconnus de Jules Supervielle ou encore dans La dernière harde de Maurice Genevois. Mais il faut bien se rendre à l’évidence la littérature française n’accorde que très peu de place au chevreuil, incontestablement oublié au profit du cerf et de la biche.
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PARTIE I : Capreolus capreolus L. un cervidé commun en Europe
CHAPITRE 1 : Le chevreuil et l’imaginaire
1) Le chevreuil à travers l’histoire
2) Le chevreuil à travers les arts
2.1) Littérature
2.2) Artisanat & arts graphiques
3) Nommer le chevreuil
3.1) Etymologie
3.2) Dénominations
3.2.1) Etrangères
3.2.2) Selon l’âge et le sexe
CHAPITRE 2 : Place du chevreuil dans le monde animal
1) Systématique
1.1) Deux systèmes différents
1.1.1) Principes
1.1.2) Classification phylogénétique
1.1.3) Classification classique
1.2) Espèces proches
2) Sous espèces et répartition
2.1) Distribution géographique
2.2) Formes géographiques
3) Paléontologie et phylogénie
CHAPITRE 3 : Biologie et comportement
1) Description générale de l’animal et de ses mœurs
1.1) Morphologie
1.2) Pelage
1.2.1) Evolution au cours du temps
1.2.2) La robe
1.2.3) Anomalies de la couleur
1.3) Dimorphisme sexuel
1.3.1) Les bois
1.3.2) La robe
1.3.2) Le pelage
1.3.3) Squelette
1.4) Reconnaissance de l’âge et longévité
1.4.1) Longévité
1.4.2) Critères de reconnaissance à distance
1.4.2.1) Pelage
1.4.2.2) Bois
1.4.3) Critères de reconnaissance après manipulation
1.4.3.1) Dentition
1.4.3.2) Examen des os
1.4.3.3) Analyses de laboratoire
1.5) Indices de présence
1.5.1) Empreintes et voie
1.5.2) Moquettes
1.5.3) Marques d’abroutissement et d’écorçage
1.5.4) Frottis et grattis
1.5.5) Cri du chevreuil
1.6) Habitat
2) Structures anatomiques particulières
2.1) Les bois
2.1.1) Anatomie et vocabulaire
2.1.2) Cycle de développement
2.1.3) Mécanismes hormonaux
2.1.3.1) La mélatonine détermine la saisonnalité
2.1.3.2) Les hormones gonadotropes et testiculaires assurent la croissance
2.1.4) Evolution des bois selon l’âge
2.1.5) Malformations
2.2) Glandes tégumentaires
2.2.1) Larmiers ou glandes préorbitaires
2.2.2) Larmiers ou glandes intercornales ou frontales
2.2.3) Glandes pédieuses
2.2.4) Glandes métatarsiennes
3) Habitudes alimentaires
3.1.1) Nutrition
3.1.2) Régime alimentaire
4) Caractéristiques de la reproduction
4.1) Aspects comportementaux
4.1.1) Evolution annuelle des moeurs
4.1.2) Territorialité
4.1.2.1) Variations annuelles
4.1.2.2) Déroulement des combats
4.1.3) Accouplement
4.1.4) Gestation-Parturition
4.1) Particularités physiologiques de la gestation
CHAPITRE 4 : Le chevreuil et l’homme : menaces et protection
1) Population actuelle
1.1) Effectifs
3.2.1) Méthodes d’estimation
3.2.2) Estimations
1.2) Un animal en expansion
1.3) Réintroductions
2) Utilisation humaine
2.1) La chasse
2.1.1) Différents types de chasse
2.1.1.1) L’affût
2.1.1.2) L’approche
2.1.1.3) La battue
2.1.1.4) La chasse à courre (vénerie
2.1.1.5) La chasse aux chiens courants
2.1.2) Le plan de chasse
2.2) Le braconnage
2.3) L’élevage
3) Chevreuils et aménagements du territoire
3.1) Des voies de communications meurtrières
3.2) Aménagements
3.2.1) Du réseau routier et ferroviaire
3.2.1) Des canaux
PARTIE II : Matériels et méthodes
CHAPITRE 1 : Animaux utilisés
CHAPITRE 2 : Méthodes de contention d’un chevreuil vivant
1) Contention physique
2) Contention chimique
1.1) Téléanesthésie
1.2) Anesthésiques recommandés
CHAPITRE 3 : Techniques radiographiques
1) Matériel et constantes radiographiques
1.1) Matériel utilisé
1.2) Constantes radiographiques
1.2.1) Origine et signification des constantes
1.2.2) Constantes utilisées
2) Positions et critères de qualité radiographiques
1.1) Décubitus latéral
1.2) Décubitus sternal
1.3) Décubitus dorsal
3) Radioprotection
CHAPITRE 4 : Préparation du squelette
1) Protocole à partir d’un individu entier
2) Protocole spécifique à l’os hyoïde
PARTIE III : Atlas radiographique et ostéologique
CHAPITRE 1 : Généralités
CHAPITRE 2 : Squelette axial
1) Squelette céphalique
1.1) Os du crâne et de la face (Ossa cranii et faciei)
1.2) Mandibule (Mandibula)
1.3) Hyoïde (Os hyoideum
2) Colonne vertébrale (Columna vertebralis
2.1) Généralités
2.2) Vertèbres cervicales (Vertebrae cervicales)
2.3) Vertèbres thoraciques (Vertebrae thoracicae
2.4) Vertèbres lombaires (Vertebrae lumbales)
2.5) Sacrum (Os sacrum
2.6) Vertèbres coccygiennes (Vertebrae coccygeae)
3) Squelette thoracique (Thorax
3.1) Sternum (Sternum
3.2) Côtes (Costae)
CHAPITRE 3 : Squelette appendiculaire
1) Structure des membres
2) Squelette du membre thoracique (Ossa membri thoracici)
2.1) Ceinture thoracique : scapula (Cingulum membri thoracici : Scapula
2.2) Squelette du bras ou stylopode : humérus (Skeleton brachii : Humerus)
2.3) Squelette de l’avant-bras ou zeugopode : radius et ulna (Skeleton antebrachii : Radius et Ulna)
2.3.1) Radius (Radius
2.3.2) Ulna (Ulna)
2.4) Squelette de la main (Skeleton manus)
2.4.1) Os du carpe (Ossa carpi)
2.4.2) Os du métacarpe (Ossa metacarpalia)
2.4.3) Os des doigts de la main (Ossa digitorum manus)
3) Squelette du membre pelvien (Ossa membri pelvini
3.1) Ceinture pelvienne : os coxal (Cingulum membri pelvini : Os coxae
3.2) Squelette de la cuisse : fémur (Skeleton femoris : Os femoris
3.3) Squelette de la jambe : patelle, tibia et fibula (Skeleton cruris : Patella, Tibia et Fibula)
3.3.1) Patelle (Patella)
3.3.2) Tibia (Tibia) et fibula (Fibula
3.4) Squelette du pied (Skeleton pedis
3.4.1) Os du tarse (Ossa tarsi
3.4.2) Os du métatarse (Ossa metatarsalia)
3.4.3) Os des doigts du pied (Ossa digitorum pedis
CONCLUSION
BIBLIOGRAHIE
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