Suivi télémétrique
Entre avril 2004 et mars 2006, 25 femelles adultes ont été capturées au lance-filet à partir d’un hélicoptère (Potvin et Breton 1988) et munies de colliers émetteurs GPS (Global Positioning System) (Lotek® modèles 2200L et 3300L). Quatre de ces femelles sont mortes au cours de la première année, deux n’ont pu être repérées et quatre autres portaient des colliers défectueux, ce qui porte à 15 femelles adultes le nombre de caribous suivis sur une base annuelle. En effet, seuls les individus présentant des localisations durant au moins une année complète ont été considérés lors des analyses. Huit de ces caribous ont été suivis sur l’ ensemble des deux années tandis que les sept autres ont été suivis sur une seule année (i.e. cinq caribous entre avril 2004 et mars 2005 et deux caribous entre mars 2005 et mars 2006). Les colliers de modèle 2200L et 3300L permettaient respectivement l’enregistrement de 12 et 24 localisations par jour. Nous avons conservé toutes les localisations 2D et 3D dont la valeur de dilution de précision (PD OP) était inférieure à 10 afin d’obtenir une précision de repérage supérieure à 20 m (Dussault et al. 2001). Le nombre moyen de repérage par individu était de 4594 [± 2083 (SD)] localisations.
Catégories d’habitat
L’ évaluation de la sélection de l’habitat du caribou forestier a été réalisée à l’aide de cartes écoforestières numérisées du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (secteur Forêt Québec). Les polygones forestiers ont été regroupés en 10 catégories d’ habitat (dont sept exclusivement forestières) représentatives du territoire forestier à l’étude et en tenant compte de la précision des cartes écoforestières (tableau 1). Les sept catégories d’habitat forestier ont été établies en fonction de l’âge des peuplements et en considérant les besoins COJU1US du caribou. Deux catégories de coupes forestières ont d’abord été ciblées, soit les coupes récentes (Coupes 0-5 ans) et les coupes plus ancieJU1es (Coupes 6-20 ans) afin de mieux percevoir l’effet à court et moyen terme de la perte de couveli forestier mature. La catégorie Forêt en régénération regroupait tous les peuplements identifiés 30 ans d’âge sur les cartes écoforestières (i.e 20 à 40 ans d’âge réel), issus ou non d’une perturbation naturelle ou anthropique.
La forêt mature a été divisée en deux catégories : la Forêt 50-70 ans (i.e 40 à 80 ans d’âge réel) et la Forêt 90-120 (i.e > 80 ans d’âge réel). Cette subdivision de la forêt fermée avait pour but de considérer l’âge de maturité commerciale de la pessière fixé à 90 ans. Malgré une disponibilité peu importante à l’échelle de l’aire d’étude, les Dénudés secs (i.e peuplement d’épinettes noires de densité inférieure à 25 % présentant un couvert de lichens au sol de plus de 40 %) et les Dénudés humides (i.e tourbi ères) formaient chacun une catégorie d’habitat puisqu’ils ont déjà été identifiés comme étant des habitats préférentiels des caribous (McLoughlin et al. 2005). L’Eau et les Routes étant bien représentées dans le territoire à l’étude, elles formaient deux catégories distinctes d ‘habitats non forestiers. Enfin, l’ensemble des autres peuplements forestiers (e.g. aulnaies, jeunes brûlis) ou non forestiers (e.g. gravière, ligne de transport d’énergie) faiblement représentés dans l’aire d’étude ont été regroupés dans la catégorie Autres.
Les sept catégories d’habitat forestier ont fait l’objet d’inventaires à l’été 2005 afin de valider la classification de l’ensemble des peuplements forestiers dans les catégories d’habitat préalablement identifiées et de complémenter l’information fournie par la cartographie forestière relativement à la composition et à la structure végétale du sous-étage des peuplements. Nous avons procédé à un inventaire systématique de l’ensemble des tiges ligneuses dans une parcelle circulaire à rayon variable afin de calculer la densité moyenne de tiges ainsi que la surface terrière. Le décompte des arbres dont le diamètre à hauteur de poitrine (DHP) était supérieur à 9 cm s’ est effectué dans une parcelle de Il ,28 m de rayon (400 m2 ) , le décompte des arbustes (de DHP entre 1 et 9 cm) a été réalisé dans une parcelle de 5,28 m de rayon (100 m2 ) tandis que les tiges ligneuses inférieures à 1 cm de diamètre à la souche (DHS) ont été inventoriées dans un parcelle de 2,82 m de rayon (25 m2 ). La hauteur moyenne des strates arborescente et arbustive a été évaluée au clinomètre à partir de 10 tiges représentatives de chacune des strates. L’âge des peuplements tel qu’identifié sur la carte écoforestière a été utilisé.
L’abondance relative des strates herbacée et muscinale de même que des lichens terrestres a été estimée en proportion de recouvrement au sol (en classes de 10%) dans un quadrat de 1 m2 disposé au centre de la parcelle circulaire ainsi qu’à une distance de 15 m dans l’axe de chacun des points cardinaux . La densité du couvert vertical a été évaluée en estimant la proportion de couverture (en classes de 10 %) de la canopée dans un cadre de 0,25 m2 (50 x 50 cm) tenu parallèlement à 2 m du sol à 10 points équidistants de 3 m (adaptation de Vales et Bmmell 1988). La densité du couvert latéral a été estimée selon la méthode de Nudds (1977) qui consiste à évaluer le recouvrement par la végétation (en classes de 10 %) d’une planche à pro fi 1 de 2 m de hauteur. Cette mesure a été réalisée à chacun des points cardinaux, à une distance de 15 m du centre de la parcelle.22 Pour chacune des variables jugées les plus pertinentes pour décrire les catégories d’habitat retenues, une ANOVA réalisée selon l’approche de Conover suivi d’un test de comparaisons multiples de Tukey ont été réalisés a posteriori de manière à mieux cibler les différences entre les catégories d’habitat. L’ensemble de ces analyses ont été effectuées à l’aide du logiciel SYSTAT 11.0 (SYSTAT Software Inc. 2004).
Sélection de l’habitat
L’aire d’étude a été définie en utilisant la méthode du polygone convexe minimum (MCP 100 %; Mohr 1947) calculé pour l’ensemble des repérages provenant des 15 individus à l’étude. Cette même méthode a été utilisée pour déterminer la taille des domaines vitaux. Le MCP a été préféré à la méthode du kemel en raison de l’important biais que cette dernière méthode génère lors de l’estimation d’un domaine vital issu d’un nombre élevé de localisations, tel qu’obtenu par la télémétrie GPS (Hemson et al. 2005). Ces auteurs ont montré que ce biais est d’autant plus important lorsque l’animal présente une fidélité à certaines parties de son domaine vital. Par ailleurs, le calcul d’un MCP 100 % a été préconisé plutôt qu’un MCP 95 % en raison de la grande précision des repérages issue de la télémétrie GPS, d’autant plus que les localisations présentant un PDOP supérieur à 10 ont préalablement été supprimées. Pour les huit individus suivis sur deux années complètes, nous avons préconisé le calcul d’un domaine vital mutliannuel considérant un chevauchement non négligeable entre les domaines vitaux annuels d’un même individu (i. e. > 50 % de chevauchement) ainsi que l’absence d’un effet significatif de l’anl1ée sur la sélection de l’habitat. En effet, une analyse de variance multivariée (MANOV A) préliminaire effectuée sur les huit individus suivis sur une période continue de deux ans n’a révélé aucun effet de l’année aux deux échelles spatiales étudiées, i. e. à l’échelle de l’aire d’étude (F = 3,25; P = 0,082) et à l’échelle du domaine vital (F = 0,84; P = 0,592).
Puisque l’ individu constitue l’unité d ‘échantillonnage, cette méthode nous permet de contrôler la pseudoréplication temporelle dans les analyses de sélection. Les MCPs ont été calculés à l’aide de l’extention Hawth’s Analysis Tools du logiciel ArcGIS 9.0 (ESRI Inc. 2004). La sélection de l ‘habitat du caribou forestier a été étudiée à deux échelles spatiales. À l’échelle de l’aire d’étude [i. e. 2e ordre de sélection selon Johnson (1980) J, la proportion de chacune des catégories d’habitat à l’intérieur du domaine vital a été comparée à la proportion de ces catégories à l’intérieur des limites de l’aire d’étude. À la seconde échelle, qui vise à détecter une sélection à l’intérieur du domaine vital [i.e. 3e ordre de sélection selon Johnson (1980)J , la proportion de localisations par catégorie d ‘ habitat a été comparée à la proportion de ces habitats à l’ intérieur du domaine vital. L’évaluation de la sélection de l’ habitat à l’échelle du domaine vital a été effectuée selon cinq périodes préalablement définies: mise bas (15 mai – 14 juin), été (15 juin – 14 septembre), rut (15 septembre – 14 novembre), hiver (15 novembre – 14 avril) et printemps (15 avril – 14 mai). Pour déterminer la période de mise bas, nous avons utilisé la moyenne des dates de mise bas d’une population voisine (Charlevoix, Québec, ~ 150 km au sud-ouest de la popul ation à l’étude) enregistrées entre 2004 et 2006 (MRNF, données non publiées). Les périodes hivernale et printanière sont basées sur les conditions de neige et les températures moyelmes journalières issues de relevés météorologiques de la région entre 2004 et 2006 (Université du Québec à Chicoutimi, données non publiées).
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Table des matières
REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEA UX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
CHAPITRE 1 INTRODUCTION GÉNÉRALE
Références
CHAPITRE II SÉLECTION DE L’HABITAT PAR LE CARIBOU FORESTIER EN FORÊT BORÉALE EXPLOITÉE DE L’EST DU CANADA
Résumé
Introduction
Méthodologie
Site d’étude
Suivi télémétrique
Catégories d ‘habitat
Sélection de l’habitat
Résultats
Caractérisation du milieu
Sélection de l’ habitat
Discussion
Sélection de l’ habitat
Implications pour la gestion
Références
CHAPITRE III CONCLUSION GÉNÉRALE
Références
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