LE CAPITAL HUMAIN ET LE CAPITAL SOCIAL

LE CAPITAL HUMAIN ET LE CAPITAL SOCIAL

LE RÔLE DE LA CONFIANCE DANS LES COLLABORATIONS INTERNATIONALES

Définition de la confiance
De nombreux chercheurs se sont intéressés au concept de confiance et ont tenté d’étudier son importance dans l’interaction entre acteurs économiques (Zucker, 1986 ; Willliamson, 1993 ; Das et Teng, 1998). Le regard porté à ce champ d’études diverge selon les auteurs, et a amené de nombreuses définitions. Skander (2010) met en relief diverses visions du concept de confiance dans la littérature et montre qu’aucun consensus quant à sa définition, ses caractéristiques et son utilité n’a pour le moment été atteint.
D’ailleurs, Williamson (1993) est très critique vis-à-vis de la notion de confiance en économie. Pour lui, c’est un concept « inutile» et « superflu» (Karpik, 1998). Elle s’efface pour laisser place à la notion d’intérêt individuel (Mangematin, 1999). La confiance est simplement basée sur le calcul du risque d’opportunisme et c’est l’évaluation coûts/bénéfices qui compte quant à la décision de faire confiance ou non. Seule la confiance interpersonnelle (<< personal trust ») existe, celle qui ne se
construit pas, mais est inhérente à la personne et ne s’applique qu’avec les proches: famille, amis, parents (Williamson, 1993).
Toutefois, pour Mangematin (1999), l’approche de la confiance par Williamson comporte des ambiguïtés. Il relève trois principaux écueils: la rationalité supposée, la prise en compte de la sélection adverse et la nature indirecte de sa gestion. Les acteurs ont une information limitée et ne peuvent donc pas connaître « tous les états du monde»: ils ne choisissent que l’option qu’ils estiment la plus satisfaisante. De même, la vision de confiance retenue par Williamson se limite à une relation de principal-agent, ne prenant pas en compte le fait qu’un agent n’est pas toujours opportuniste. De plus, la défaillance peut aussi être accidentelle ou non volontaire à cause par exemple d’un manque de compétences ou d’évènement externes (Mangematin, 1999).
Pour Zucker (1986) au contraire, la confiance est au cœur des fondements sociaux. C’est une série d’attentes sociales partagées par les personnes impliquées dans un échange économique (Skander, 2010). Elle a ainsi distingué trois types de confiance: personnelle, relationnelle et institutionnelle.

Typologie de la con~ance

La confiance personnelle repose sur les caractéristiques propres à l’individu comme l’appartenance à une famille ou à une communauté. La confiance relationnelle se construit par les interactions entre les acteurs. Elle se base sur les expériences passées dés parties, et se renforce par la régularité et l’honnêteté de leur relation. La première est donc une confiance a priori (on fait confiance à ceux qui ont les mêmes caractéristiques) alors que la deuxième se construit, et est donc une confiance a posteriori (St-Pierre et al., 2013). Enfin, la confiance institutionnelle est la confiance accordée à une institution ou à une structure formelle. Elle est exogène à la relation et à son contexte, mais influence directement ou indirectement la confiance relationnelle (Skander, 2010). Pour Zucker (1986), c’est peut-être le principal déterminant de la confiance dans la société. Les systèmes légaux, politiques, sociaux qui surveillent et sanctionnent le comportement social n’étant pas tous équivalents, la confiance diffère selon les pays.

Importance de la confiance dans les collaborations internationales

Malgré les divergences existantes entre ces auteurs concernant l’importance accordée à la notion de confiance en économie, tous lient étroitement le facteur risque à la confiance (Skander, 2010). La collaboration ayant par nature une dimension relationnelle, elle crée une situation d’incertitude en raison de l’interdépendance entre les firmes, de l’asymétrie d’information, de la difficulté de
vérifier les réelles capacités du collaborateur. Les partenaires peuvent choisir de baser leur relation sur un contrat formel. Cependant, la relation d’agence montre les dangers de se reposer seulement sur celui-ci: il est très peu probable qu’il soit parfaitement complet et sans ambiguïtés. De plus, l’environnement concurrentiel peut changer, et le contrat devenir obsolète. Ainsi, un des principaux risques inhérents à la collaboration est l’opportunisme des partenaires (Doz, Hamel et Pralahad, 1989). Le comportement opportuniste est d’ailleurs une des causes les plus citées dans la littérature pour expliquer le taux élevé d’échec de ces stratégies (Fink et Kraus, 2007 ; Pansiri, 2008). Les contrats conclus sur le marché domestique sont donc assez difficiles à gérer. Ceux faisant intervenir des partenaires internationaux sont encore plus compliqués; aux problèmes cités précédemment se rajoutent ceux d’incompréhension et de législation (Blomqvist, Hurmelinna-Laukkanen, Nummela, Saarenketo, 2008). Les remèdes légaux ne peuvent donc être la seule solution pour réguler l’alliance (Parkhe, 1998).
Un nIveau de confiance minimum est requis pour toute transaction commerciale (Arrow, 1972), mais il doit être élevé dans les alliances (Steensma, et al., 2000) car les firmes s’appuient sur la performance de leur partenaire et sont vulnérables à leurs actions (Vangen et Huxman, 2003). Cela suppose que la poursuite des intérêts communs doit être privilégiée à l’acte opportuniste. Bien sûr, le niveau de confiance exigé peut être différent selon le type d’alliances, la propension à prendre des risques, le type de connaissances impliquées ainsi que les ressources engagées. Mais selon Morgan et Hunt (1994) ainsi que Johanson et VahIne (2009), la confiance est un prérequis pour l’engagement des parties. Vu que les alliances nécessitent un degré généralement plus important
d’engagement que les stratégies d’exportation ou d’importation, plus ponctuelles et moins étalées dans le temps, leur succès repose sur un haut niveau de confiance entre les partenaires (Steensma et al., 2000 ; Parkhe, 1998). Alors qu’elle est nécessaire et utile dans les collaborations nationales car la relation ne peut se reposer seulement sur des contrats formels, tel que dit plus haut, la confiance devient primordiale dans le cas d’une collaboration internationale, pour trois raisons (Parkhe, 1998). Premièrement, l’incertitude est beaucoup plus forte dans un contexte d’internationalisation. Or d’après Parkhe (1998), plus l’incertitude est élevée, plus le besoin en confiance augmente. La .collaboration internationale demande aussi un engagement plus élevé des partenaires, ce qui augmente les conséquences négatives d’un comportement opportuniste et les rendent vulnérables.
Or, plus un partenaire est vulnérable, plus la confiance est nécessaire. Enfm, la distance géographique permet difficilement la mise en place de mécanismes de contrôle et de surveillance efficaces (Fink et Kraus, 2007). Un niveau de confiance élevé est donc nécessaire entre partenaires étrangers.
Les chercheurs’ reconnaissent largement les divers bénéfices de la confiance dont l’abaissement des coûts de transactions, la réduction de l’étendue des contrats formels, la résolution efficace des conflits et le développement des comportements désirables (Steensma et al., 2000). Johanson et VahIne (2009) ajoutent que la confiance permet de convaincre les gens de partager l’information et de promouvoir le développement d’attentes et d’objectifs communs.
Cependant, cette confiance n’est pas intuitive. La confiance personnelle notamment est dépendante des caractéristiques des individus (Zucker, 1986). Pour Parkhe (1998), plus les cultures des partenaires se ressemblent, plus un partenaire aura les connaissances et une familiarité avec les modes de penser et d’agir de l’autre partenaire, plus le temps d’apprentissage nécessaire sera réduit pour collaborer efficacement. De fortes différences culturelles peuvent donc constituer un obstacle à la confiance pour les PME qui n’ont pas l’envie ou les moyens de s’adapter à leur partenaire. C’est ce coût et ce temps à investir dans la collaboration qui empêchent
certaines PME de se lancer dans ce type de stratégie. C’est aussi l’incertitude quant aux réelles capacités du collaborateur, ainsi qu’à ses véritables intentions stratégiques (incertitude amplifiée par les différences culturelles), qui peut bloquer la réalisation de la collaboration.
Pourtant, on observe que de nombreuses PME réussissent à surmonter ces différences et réalisent, avec succès, ce type de stratégie à l’international. Blanchot (2007) explique que les différences flagrantes encouragent certaines entreprises à la tolérance, au respect et à l’effort d’adaptation mutuelle. Cependant, cette explication est valable pour les PME déjà engagées dans des collaborations internationales. Pour Luo (2002), c’est initialement que la confiance est difficile à développer entre des partenaires de différentes cultures. Son étude a montré que le processus de création de la confiance était perturbé à la base de la relation, mais qu’une fois la confiance établie entre les partenaires, ceux-ci sont capables de collaborer avec succès, indépendamment de leurs différences culturelles.

 Capital humain, capital social et confiance

La confiance ex ante est indispensable dans une collaboration internationale, mais elle peut être perturbée par les différences culturelles existantes entre partenaires étrangers. La question est donc: comment est créée cette confiance ex ante que semblent vouloir perturber les différences culturelles? Pourquoi certaines entreprises décident de faire confiance à un partenaire étranger et adoptent plus largem~nt que d’autres des stratégies de collaboration à l’international?
La théorie des ressources et des compétences (Barney, 1991) peut permettre d’apporter une réponse à ces interrogations. Cette théorie montre qu’une distribution hétérogène des ressources importantes et valorisables parmi les firmes explique les différences de performance entre celles-ci. Ces ressources ont plusieurs caractéristiques: elles sont rares, difficilement imitables, et non substituables tel que noté par Barney (1991, p. 116). La Figure 1 ci -dessous représente son cadre
conceptuel.

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Table des matières

SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
REMERCIEMENTS
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
CHAPITRE II: LES COLLABORATIONS INTERNATIONALES
2.1. LES MODÈLES D’INTERNATIONALISATION
2.2. LA COLLABORATION INTERNATIONALE CHEZ LES PME
2.2.1. Les collaborations internationales: motivations et performance
2.2.2. Effets des différences culturelles sur les alliances internationales
2.3. LE RÔLE DE LA CONFIANCE DANS LES COLLABORATIONS INTERNATIONALES
2.3.1. Définition de la confiance
2.3.2. Typologie de la confiance
2.3.3. Importance de la confiance dans les collaborations internationales
2.3.4. Capital humain, capital social et confiance
CHAPITRE III : LE CAPITAL HUMAIN ET LE CAPITAL SOCIAL
3.1. LE CAPITAL HUMAIN
3.1.1. Définition et théorie du capital humain
3.1.2. Atouts du capital humain pour la PME
3.1.3. Capital humain et internationalisation
3.2. LE CAPITAL SOCIAL
3.2.1. Définition et théorie du capital social
3.2.2. Atouts du capital social pour la PME
3.2.3. Capital social et internationalisation
CHAPITRE IV : CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODOLOGIE
4.1. CADRE CONCEPTUEL
4.2. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
4.3. POSITION DE RECHERCHE
4.4. LA BASE DE DONNÉES SOURCE
4.4.1. Provenance des données
4.4.2. Description de la base de données
4.5. DESCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON
4.5.l. Les collaborations nationales et internationales
4.5.2. Profil général des PME et de leurs dirigeants
4.6. DÉFINITION DES VARIABLES DU MODÈLE DE RECHERCHE
4.6.1. La variable dépendante: l’implication dans des collaborations internationales .
4.6.2. Les variables indépendantes : le capital humain et le capital social
4.7. MÉTHODES D’ ANALYSE
4.7.1. L’analyse de variance
4.7.2. La régression logistique
CHAPITRE V : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS
5.1. LA VARIABLE DÉPENDANTE
5.1.1. Domaines de collaborations
5.1 .2. Motivations à former des collaborations internationales
5.2. RÉALISATION DES TESTS STATISTIQUES
5.2.l. Le capital humain et les collaborations internationales
5.2.2. Le capital social et les collaborations internationales
CHAPITRE VI : CONCLUSION
6.1. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS
6.2. APPORTS DE LA RECHERCHE
6.3. LIMITES
6.4. PISTES DE RECHERCHE
RÉFÉRENCES

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