Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué et la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes [1]. La scintigraphie osseuse corps entier est indiquée dans le bilan d’extension de l’adénocarcinome prostatique à risque intermédiaire ou élevé selon la classification de d’Amico. La scintigraphie osseuse corps entier est l’examen de référence pour la recherche de métastases osseuses secondaires et l’une des modalités d’imagerie recommandée en première intention dans le bilan d’extension et le suivi d’un adénocarcinome prostatique à risque élevé [1], [2].
Cependant, l’interprétation des scintigraphies osseuses, basée sur une analyse visuelle, n’est pas toujours une tâche facile pour le médecin nucléaire car elle nécessite une bonne expertise. Les patients atteints d’une maladie non néoplasique peuvent également présenter des anomalies visibles à la scintigraphie osseuse [3].
Le médecin nucléaire doit lire attentivement les images scintigraphiques et éviter les erreurs d’interprétation qui pourraient conduire à de mauvaises décisions thérapeutiques. Une méthode pour minimiser le risque de mauvaise interprétation est l’analyse quantitative des images de scintigraphie osseuse permettant de déterminer la présence de lésions métastatiques et, si oui, à quelles localisations est se situent-elles ? Des systèmes de diagnostic assisté par ordinateur ont été conçu pour réduire le risque d’erreurs diagnostiques [4], [5].
Habituellement, les systèmes de diagnostic assisté par ordinateur sont inclus dans les protocoles d’interprétation en médecine nucléaire dans de nombreux hôpitaux aux États-Unis et en Europe [5], [6]. Il a été démontré que ces systèmes améliorent considérablement la performance diagnostic du médecin nucléaire dans la recherche des localisations osseuses secondaires [13-15]. Le principe est d’aider au diagnostic en combinant les compétences et les connaissances du médecin nucléaire avec la capacité de l’ordinateur à détecter une lésion sur une image médicale [11]. Parfois, les systèmes de diagnostic assisté par ordinateur présentent des limites. A titre d’exemple, le schéma d’hyperfixations physiologiques chez certaines femmes est différent de celui des hommes en scintigraphie osseuse (hyperfixations des os du crâne chez les femmes ménopausées) [13-15].
En pratique, les systèmes de diagnostic assisté par ordinateur sont des logiciels «propriétaires », incorporés dans la console d’acquisition et de traitement d’image de la gamma-camera. Ceci constitue un véritable inconvénient qui en plus des couts d’achat très élevés des gamma-camera, le fournisseur oblige l’utilisateur à débourser plus d’argent pour acquérir un système CAD de traitement d’image [12]. Néanmoins, la nécessité de quantifier l’image en médecine nucléaire demeure et s’avère être une tâche indispensable. Globalement, Paycha F. [14] a décrit 2 approches de quantification de l’infiltration ostéo-médullaire en scintigraphie osseuse planaire :
-une approche semi-quantitative ;
-une approche quantitative.
Le cancer prostatique à risque élevé (ou haut risque)
Le risque de cancer de la prostate a été stratifier en trois (3) groupes comportant le risque faible, le risque intermédiaire et le risque élevé sur la base du score de Gleason, du taux de PSA et du stade clinique (TNM) [16].
Stratification du risque : Classification de d’Amico
Le stade clinique (TNM), le score de Gleason et le taux du PSA permettent de classer le cancer de la prostate en 3 groupes au moment du diagnostic :
– un cancer de la prostate à faible risque avec un taux de PSA < 10 ng/ml ou un score de Gleason ≤ 6 ou un stade clinique T1c ou T2a ;
– un cancer de la prostate à risque intermédiaire avec un taux de PSA entre 10 et 20 ng/ml ou un score de Gleason égal à 7 ou un stade T2b ;
– un cancer de la prostate à risque élevé avec un taux de PSA > 20 ng/ml ou un score de Gleason ≥ 8 ou un stade clinique T2c ou plus.
La scintigraphie osseuse est recommandée dans le cancer de la prostate à risque intermédiaire et à risque élevé [16], [21] .
Facteurs de risque du cancer de la prostate
Il existe plusieurs facteurs de risque parmi lesquels nous pouvons citer l’âge, l’hérédité, le régime alimentaire, le statut hormonal, l’obésité et le tabagisme.
– l’âge : il constitue un des principaux facteurs de risque du cancer de la prostate. Un diagnostic de cancer de la prostate est très peu probable chez un patient de moins de 50 ans. Le taux d’incidence le plus élevé se situe entre 65 et 80 ans [17].
– l’hérédité : elle est également un facteur de risque du cancer de la prostate. Les patients dont les parents présentent des antécédents de cancer de la prostate sont à haut risque de contracter un cancer prostatique [18] ;
– l’ethnicité : elle a été identifié aux États-Unis et explique le fait que le cancer de la prostate soit plus fréquent chez les afro-américains avec un taux de mortalité plus élevé [19] ;
– le régime alimentaire : il est fait à base de viande, de fromage, d’œufs et de lait et procure un risque plus élevé de cancer de la prostate [20] ;
– les hormones peuvent avoir une action déclencheur de la maladie [20] ;
– l’obésité est un déterminant connu des maladies cardiovasculaire et du diabète, mais également un facteur de risque de décès de cancer de la prostate. [22] ;
– Quant au tabagisme, il augmente de 1,9 fois le risque relatif (RR) de cancer chez les homme qui fument un paquet de cigarettes par jour [23], [24] .
Le Grade histologique de Gleason
En 1974, le Dr Donald F. Gleason a publié des résultats faisant référence aux changements qu’une cellule de la prostate subit lorsqu’elle est touchée par le cancer.
Aujourd’hui, ces résultats sont encore considérés comme un facteur clé dans le pronostic de la maladie. Le grade ou score de Gleason est basé sur les changements que la tumeur cancéreuse a développé par rapport à la structure normale prostatique. Le pathologiste identifie les caractéristiques prédominantes et attribue un score aux deux modèles les plus répandus. Ainsi, le numéro un (1) fait référence aux tumeurs présentant le risque le plus faible et le score cinq (5) indique les variétés les plus agressives de la tumeur. L’échelle de Gleason combinée se définit par la somme des deux modèles histologiques prédominants et peut varier dans une plage de 2 (1 + 1) à 10 (5 + 5). Actuellement, les cancers de la prostate de type Gleason 1 et 2 ne sont presque jamais observés sur la biopsie. Le score de Gleason 3 est de loin le plus courant. Ainsi, un score de Gleason 6 (3+3) est un cancer à considérer comme le plus bas grade en pratique et est généralement de bon pronostic. La forme histologique la plus fréquente est l’adénocarcinome (exceptionnellement on peut retrouver un cancer neuroendocrine ou un sarcome) [41] .
Le PSA et le PSMA
La détermination du taux de PSA est recommandée chez les patients nouvellement diagnostiqués avant toute intervention thérapeutique et le résultat est considéré en association avec le stade clinique et le score de Gleason pour prédire le risque. Le PSA est actuellement utilisé comme marqueur tumoral chez les patients suspectés ou diagnostiqués d’un cancer de la prostate. Le PSA présente deux caractéristiques majeures exclusives :
– il a une spécificité absolue pour un seul type de tissu, c’est-à-dire l’épithélium glandulaire de la prostate; le PSA est donc le marqueur idéal spécifique d’organe ;
– puis il est exprimé et libéré par la majorité des cancers de la prostate [79]. Cette protéine est spécifique de la prostate mais pas du cancer de la prostate puisque d’autres pathologies comme l’hyperplasie bénigne de la prostate, l’inflammation ou l’infection peuvent modifier le taux sérique. La valeur normale du taux sérique du PSA est inférieure à 4 ng/mL pour l’ensemble de la population tout âge confondu. Dans la mesure où le PSA est lié au volume de la proste et donc à l’âge. Une classification plus fine consiste à normaliser ce taux pour des valeurs inférieures à 3 ng/mL pour les hommes de 50 à 60 ans et inférieures à 4 ng/mL pour les hommes ayant un âge entre 60 à 70 ans. Dans la littérature [79], [80] nous avons rencontré des valeurs de PSA supérieures à 5 ng/mL au-delà de 70 ans et considérées comme normales. Inversement, lorsqu’un patient est diagnostiqué d’un cancer de la prostate et qu’il bénéficie d’un traitement (prostatectomie radicale ou radiothérapie) bien conduit, alors la reprise évolutive du taux de PSA devient spécifique au cancer ou à une récidive d’un cancer prostatique [80]. L’antigène membranaire spécifique de la prostate (PSMA) est retrouvé spécifiquement à la surface des cellules de la prostate. C’est une protéine transmembranaire qui a une surexpression considérable sur la plupart des cellules cancéreuses prostatiques. Il est la nouvelle cible thérapeutique en radio-immunothérapie [79], [80].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
REVUE DE LA LITTERATURE
I. Le cancer prostatique à risque élevé (ou haut risque)
II. Physiopathologie des métastases osseuses
III. La scintigraphie osseuse au 99mTc-HMDP
IV. La visualisation en imagerie nucléaire
V. Techniques de segmentation d’images
VI. Difficultés diagnostic et besoin de quantification en scintigraphie
VII. Qualité d’interprétation en Scintigraphie Osseuse planaire
VIII. L’approche semi-quantitative en scintigraphie osseuse au 99mTc-HMDP
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
PATIENTS ET MÉTHODES
OBJECTIFS
I.1. Objectif General
I.2. Objectifs spécifiques
MATERIEL ET METHODES
II. Matériel
II.1. Cadre d’étude
II.2 Type et période d’étude
II.3. Patients
II.4. L’instrumentation et le protocole de la scintigraphie osseuse
II.5. Le logiciel Image-J
II.6. Collectes et Analyse des données
III. Méthode de Segmentation et de Quantification avec Image-J
III.1. Méthode de Segmentation
III.2. Méthode de Quantification avec Image-J
IV. Classification de Soloway, modèle de distribution et comparaison
IV.1. Classification de la dissémination des métastases osseuses
IV.2. Modèles de distribution des métastases osseuses
IV.3. Concordance entre la métrique visuelle et l’analyse semi-quantitative
RESULTATS
I. Caractéristiques des patients
II. Analyse comparative semi-quantitative des patients
II.1. Patient #1 Gleason 10 (5 +5)
II.2. Patient #2 Gleason 9 (5 +4)
II.3. Patient #3 Gleason 9 (5 +4)
II.4. Patient #4 Gleason 9 (5 +4)
II.5. Patient #5 Gleason 9 (4 +5)
II.6. Patient #6 Gleason 9 (4 +5)
II.7. Patient #7 Gleason 9 (4 +5)
II.8. Patient #8 Gleason 9 (5 +4)
II.9. Patient #9 Gleason 9 (4 +5)
DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
PERSPECTIVES
REFERENCES
ANNEXES