Le cancer broncho-pulmonaire
En France, le cancer broncho-pulmonaire est actuellement le 4รจme cancer le plus frรฉquent avec 45 222 nouveaux cas estimรฉs en 2015 (30 401 hommes et 14 821 femmes). Il se place au 2รจme rang des cancers chez l’homme et au 3รจme rang chez la femme. Son taux de survie standardisรฉ sur l’รขge ร 5 ans est รฉvaluรฉ ร 17% et ร 10% ร 10 ans. Il a รฉtรฉ responsable en 2015, de 30 555 dรฉcรจs. Il reprรฉsente la premiรจre cause de dรฉcรจs par cancer (20,4 %) en Franceย . Dans le monde, en 2012, ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs 1.8 millions de nouveaux cas de cancers broncho-pulmonaires. Il est la premiรจre cause mondiale de dรฉcรจs par cancer chez l’homme et la seconde chez la femme aprรจs le cancer du seinย . Le tabac reste le principal facteur de risque รฉvitableย . Son dรฉpistage par scanner thoracique ร faible dose de rayons X, chez les patients ร risque, est en cours d’รฉvaluation dans certains pays mais non encore gรฉnรฉralisรฉ en Franceย .
Les cancers broncho-pulmonaires sont une entitรฉ regroupant de nombreux sous types histologiques. Les cancers broncho-pulmonaires ร petites cellules reprรฉsentent environ 15 % des cancers broncho-pulmonaires. Les cancers broncho-pulmonaires non ร petites cellules (CBNPC) reprรฉsentent prรจs de 85 % des cancers broncho pulmonaires. Les formes les plus frรฉquentes sont: lโadรฉnocarcinome ; le carcinome รฉpidermoรฏde ; le carcinome ร grandes cellules.
Le systรจme de stadification du cancer broncho-pulmonaire le plus utilisรฉ est la classification TNM (Tumor, Node, metatase).
Environ 16% ร 20% des patients prรฉsentent, au diagnostic, un cancer localisรฉ . Il existe toutefois une incertitude concernant la dรฉfinition prรฉcise des tumeurs localisรฉes. Les dรฉfinitions actuelles diffรจrent entre les grands groupes de recommandations internationaux. LโASTRO (american society for radiation oncology) parle de tumeurs T1 T2 N0. LโESTRO (european society radiation oncology) emploie le terme de tumeur localisรฉe pรฉriphรฉrique sans autre prรฉcision, alors que le groupe europรฉen dโoncologie mรฉdical (european society for medical oncology – ESMO) dรฉcrit des tumeurs localisรฉes pรฉriphรฉriques de stade I. Enfin, le Cancer care ontario’s program evidence based considรจre que les tumeurs localisรฉes comprennent les stades I et II, infรฉrieures ร 5 cm et sans invasion ganglionnaire .
Prise en charge thรฉrapeutique des cancers broncho-pulmonaires non ร petites cellules localisรฉs, sans envahissement ganglionnaire, de stade prรฉcoce
Place de la chirurgieย
La prise en charge thรฉrapeutique standard recommandรฉe des stades localisรฉs est la chirurgie dโexรฉrรจse complรจte anatomique. Les caractรฉristiques du curage ganglionnaire qui y est associรฉ dรฉpendent de la localisation de la tumeur initialeย . Le curage ganglionnaire mรฉdiastinal systรฉmatique est recommandรฉ chez les malades ร risque opรฉratoire standardย . L’ESMO (european society for medical oncology) a รฉmis en aoรปt 2017 des recommandations de prise en charge des cancers broncho pulmonaires localisรฉs ou localement avancรฉs, confirmant lโindication chirurgicale de premiรจre intentionย .
Le bilan dโopรฉrabilitรฉ comprend une รฉvaluation cardio vasculaire et des investigations fonctionnelles respiratoires. Lโรฉvaluation de la fonction respiratoire repose sur une estimation du VEMS (volume Expiratoire Maximum par seconde) post-opรฉratoire, de la capacitรฉ de diffusion libre du monoxyde de carbone (DLCO) post-opรฉratoire et รฉventuellement de la mesure de la consommation maximum en oxygรจne ร lโeffort physiqueย . Suite au bilan prรฉopรฉratoire, les patients peuvent รชtre classรฉs en 3 catรฉgories :
– Patients ร risque opรฉratoire standard, gรฉnรฉralement traitรฉs par lobectomie
– Patients ร risque opรฉratoire รฉlevรฉ, gรฉnรฉralement traitรฉs par rรฉsection sub-lobaire
– Patients mรฉdicalement non opรฉrables.
Environ 20% des patients qui prรฉsentent un cancer pulmonaire non ร petites cellules de stade localisรฉ, sont considรฉrรฉs non opรฉrables ร la suite du bilan prรฉ chirurgicalย . Les comorbiditรฉs rรฉguliรจrement retrouvรฉes sont pulmonaires (emphysรจme, insuffisance respiratoire, BPCO – Broncho-pneumopathie chronique obstructive) ou cardiaques. Lโรขge peut รฉgalement รชtre un facteur limitant la chirurgie. Notre รฉtude sโintรฉresse donc ร une population de patients fragiles. En effet, les donnรฉes รฉpidรฉmiologiques montrent que, mรชme sans cancer, la survie globale mรฉdiane ร 5 ans des patients atteints d’une maladie pulmonaire obstructive chronique sรฉvรจre nโest que d’environ 40% .
Cโest dans ce contexte que le taux de survie globale ร 3 ans aprรจs chirurgie de type rรฉsection sub-lobaire varie de 60 ร 90% selon les รฉtudesย . La chirurgie moins invasive telle que la lobectomie par vidรฉo-thoracoscopie permet une survie globale ร 3 ans de 86,1%ย . Lโรฉtude de la toxicitรฉ de la chirurgie thoracique ouverte montre, dans une analyse europรฉenne de 2006 qui a analysรฉ plus de 6 000 patients ayant subi une lobectomie, bi lobectomie ou pneumonectomie, que le taux de mortalitรฉ dans les 30 jours post opรฉratoire est de 4,2%. Cette รฉtude a รฉgalement montrรฉ que lโรขge, le sexe, lโรฉtendue de la rรฉsection et lโhistologie รฉtaient des facteurs de risque indรฉpendants de mortalitรฉ post-opรฉratoireย . Chez les patients de 70 ans ou plus, le taux de mortalitรฉ post opรฉratoire est plus important, variant de 5,2 ร 7,4%ย . La mortalitรฉ post-opรฉratoire augmente avec lโimportance de lโexรฉrรจse. Dans une cohorte de 10 991 patients, celle-ci a รฉtรฉ calculรฉe ร 2,1% en cas de wedges rรฉsections et segmentectomies, 2,3% en cas de lobectomies et 7% en cas de pneumonectomiesย . Actuellement se dรฉveloppent des chirurgies moins invasives vidรฉo-assistรฉes. Le taux de mortalitรฉ dans les 30 jours post opรฉratoire a รฉtรฉ calculรฉ ร 2,7% avec cette technique . Une รฉtude a mรชme retrouvรฉ un taux de mortalitรฉ post opรฉratoire ร 0,8% aprรจs chirurgie thoracoscopique vidรฉo-assistรฉe (VATS) .
Place de la radiothรฉrapieย
Radiothรฉrapie conformationnelle en 3 dimensions (RC3D)
Si lโรฉtat gรฉnรฉral du patient ne permet pas la chirurgie, ou que le patient refuse la chirurgie, l’option thรฉrapeutique jusquโร rรฉcemment รฉtait la radiothรฉrapie externe conventionnelle dรฉlivrant gรฉnรฉralement une dose comprise entre 60 et 70 Grays (Gy) (1,8 ร 2Gy par fraction), associรฉe ou non ร une chimiothรฉrapie. Il sโagit dโun traitement ambulatoire. Cette stratรฉgie thรฉrapeutique permettait dโobtenir des taux de contrรดle local de 40 ร 50%ย et des taux de survie globale ร 2-3 ans de lโordre de 20-35%ย . Des auteurs estiment que 55% ร 70% des patients prรฉsenteront une rรฉcidive locale aprรจs ce type de radiothรฉrapie .
Devant ces taux de contrรดle et de survie globale, la recherche dโune stratรฉgie thรฉrapeutique avec intention curative sโest dรฉveloppรฉe. Cela a รฉtรฉ rendu possible grรขce aux avancรฉes technologiques du matรฉriel de radiothรฉrapie disponible sur les plateaux techniques.
Radiothรฉrapie hypofractionnรฉe en conditions stรฉrรฉotaxiques (stereotactic body radiation therapy SBRT)
La radiothรฉrapie en conditions stรฉrรฉotaxiques (SBRT) est une technique d’irradiation rรฉcente et en plein essor. Elle diffรจre de la radiothรฉrapie fractionnรฉe conventionnelle qui dรฉlivre des fractions de 1,8 ร 2Gy, 5 jours par semaine, pendant plusieurs semaines. La SBRT consiste en la dรฉlivrance prรฉcise de fortes doses de rayonnements par sรฉance au niveau tumoral, tout en prรฉservant les organes ร risque de proximitรฉ grรขce ร un important gradient de dose. Le nombre total de fraction varie gรฉnรฉralement de 1 ร 10.
Cette technique permet รฉgalement de rรฉduire de faรงon importante les volumes sains irradiรฉs. Pour cela, sont utilisรฉes de multiples faisceaux concourants, hautement collimatรฉs, dรฉlivrant une irradiation avec des photons de haute รฉnergie. Une telle conformation extrรชme autour de la cible implique de connaitre et de contrรดler prรฉcisรฉment sa position avant chaque sรฉance de traitement et parfois au cours de chaque sรฉance.
Ainsi, diffรฉrents types dโimageries en deux ou trois dimensions sont embarquรฉs dans la machine de traitement permettant la rรฉalisation dโune imagerie de recalage ร tout moment : il sโagit de la radiothรฉrapie guidรฉe par lโimagerie (IGRT : image guided radiotherapy). Diffรฉrents moyens dโIGRT existent, tels que le CBCT (Cone Beam Computed tomography), le MVCT (megavoltage computed tomography โ Figure 4) ou lโimplant de fiduciaire dรฉtectable par images Kv (Kilo volt) orthogonales.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
1- Le cancer broncho-pulmonaire
2- Prise en charge thรฉrapeutique des cancers broncho-pulmonaires non ร petites cellules
localisรฉs, sans envahissement ganglionnaire, de stade prรฉcoce
Place de la chirurgie
Place de la radiothรฉrapie
Place de la radiothรฉrapie hypofractionnรฉe en conditions stรฉrรฉotaxiques chez les patients opรฉrables
Place de la radiofrรฉquence
3- Prise en charge thรฉrapeutique des mรฉtastases pulmonaires chez les patients oligomรฉtastatiques
4- Problรฉmatique de la dรฉfinition de la rรฉcidive locale post thรฉrapeutique
Evaluation radiologique de la rรฉponse tumorale aprรจs SBRT
Dรฉfinition de la rรฉcidive locale
5-Imagerie fonctionnelle par tomographie par รฉmission de positrons (TEP) scanner et cancer
broncho-pulmonaire
6- Prise en charge de la rรฉcidive locale aprรจs SBRT
Chirurgie
Rรฉirradiation en conditions stรฉrรฉotaxiques
Radiofrรฉquence
MATERIEL ET METHODE
Radiothรฉrapie en conditions stรฉrรฉotaxiques pulmonaire
TEP-FDG: rรฉalisation et paramรจtres
Surveillance scannographique aprรจs radiothรฉrapie hypofractionnรฉe en conditions stรฉrรฉotaxiques
Dรฉfinition de la rรฉcidive locale
Analyses statistiques
RESULTATS
Caractรฉristiques de la population
Donnรฉes de survie
Donnรฉes de toxicitรฉ
Analyses univarรฉes et crรฉation du test
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES