La valorisation d’un site par son inscription dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est bénéfique pour toutes les activités qu’engendrent une telle reconnaissance. Le Canal du Midi et le Val de Loire ont été inscrits et font donc partie de ces paysages à préserver et à mettre en valeur par diverses actions. L’objet de ce mémoire est de présenter les impacts de l’inscription de ces deux sites tant au niveau de leurs similitudes que de leurs différences. La comparaison de ces patrimoines s’est appuyée sur des paramètres similaires et connus tels que la date de l’inscription, les justificatifs d’inscription, les activités générées, la protection de l’environnement et enfin la gestion par les acteurs concernés. Dans un premier temps, nous étudierons les raisons justifiant les inscriptions en tant que patrimoine du Canal du Midi et du Val de Loire. Puis, nous verrons la mobilisation des acteurs concernés et leurs attentes avant l’inscription. Enfin, nous nous intéresserons à la capacité d’appropriation du site par les gestionnaires, les collectivités, les riverains. Cette dernière partie est primordiale pour la compréhension des résultats obtenus et de là, des orientations qui pourraient être suivies. Nous finirons par énoncer les principaux résultats ainsi que les propositions pouvant être applicables aux deux sites.
HISTORIQUE DU CANAL DU MIDI ET DU VAL DE LOIRE
L’inscription UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) consiste en l’inscription dans une liste appelée « Patrimoine Mondial de l’UNESCO ». Il s’agit d’une sélection effectuée par l’UNESCO (après les investigations de l’ICOMOS, le Conseil International des Monuments et des Sites) au titre de la qualité du patrimoine. Il est distinct du classement national au titre des sites, qui a un sens réglementaire en France. Il n’induit aucune aide financière particulière.
Le Canal du Midi : une prouesse technique mais aussi une œuvre d’art conçue par Pierre Paul Riquet en 1667
L’idée de relier la Garonne à la Méditerranée par un canal remonte à l’Antiquité sous l’empereur Auguste et a été reprise par Charlemagne, François 1er puis Henri IV. L’objectif initial était de réaliser un canal maritime, afin de faciliter le transit des marchandises en reliant l’Océan Atlantique à la mer Méditerranée , sans avoir à contourner l’Espagne en empruntant le détroit de Gibraltar qui représentait un périple de plus de 3000 kilomètres. Le but n’était pas seulement économique, il était aussi militaire et politique.
L’invention de l’écluse datant du 16ème siècle, il fallait un homme qui serait à même d’utiliser ce moyen technique pour exécuter l’idée. Cet homme, ce fut Pierre Paul Riquet (1609-1680) . L’alimentation en eau du canal est une difficulté importante dans le projet de Riquet, il va alors trouver la solution dans les rigoles de la Montagne Noire, au sud du Massif Central, qu’il connaît bien .
La construction du Canal du Midi ordonnée par l’Edit de Saint-Germain-en-Laye du 5 octobre 1666 sous le règne de Louis XIV a duré 20 ans, de 1661 à 1681, depuis son étude jusqu’à son inauguration. Sa construction est évaluée à 17 000 000 de livres (soit environ 2 600 000 euros) dont une participation personnelle de Riquet de 4000000 livres (soit 610 000 euros). C’est le plus ancien canal d’Europe encore en fonctionnement. Le Canal du Midi court sur 240 kilomètres entre l’étang de Thau, près de Sète et Toulouse (Cf. figures n°2 et 3). 328 ouvrages d’art tels que : épanchoirs, écluses, aqueducs, ponts, déversoirs, tunnels… se démarquent de ce paysage. Plusieurs de ces ouvrages sont originaux comme le tunnel de Malpas (premier souterrain-canal), l’aqueduc de Répudre (le plus ancien pont-canal du monde), l’escalier d’eau de Fonsérannes (dénivellation de 21,5m), l’écluse ronde d’Agde.
La vocation première du Canal du Midi était surtout le transport de marchandises, également de personnes (les bateaux de poste acceptaient des voyageurs). Pendant trois siècles, le Canal a vu passer, des barques d’abord, des péniches (transportant sel, blé, vin, bois) (Cf. Annexe 2) halées par des chevaux ensuite, et enfin, des péniches automotrices modernes de 150 tonnes qui sont devenues non rentables. Parallèlement avec le déclin du trafic de marchandises, deux nouvelles vocations se sont fait jour : le transport d’eau pour l’usage agricole pour l’irrigation des terres et le tourisme fluvial.
Le Canal du Midi est l’un des canaux les plus attractifs d’Europe pour la beauté, la richesse et la variété des régions et des villes traversées : ainsi, Carcassonne et ses remparts, Toulouse (la ville « rose »), Castelnaudary (capitale du cassoulet), Béziers, Sète (« Venise languedocienne », cité des peintres et des poètes). Le Canal du Midi est donc un témoignage prestigieux de l’architecture du passé, qui appartient à la mémoire collective du Grand Sud ; c’est aussi un marché porteur où les investisseurs étrangers présentent des projets d’aménagements.
Le Val de Loire : un paysage culturel exceptionnel (villes historiques, monuments nationaux, châteaux…)
Le Rhin, le Danube, le Rhône ont connu des transformations considérables pour satisfaire aux besoins de la navigation commerciale : ces grands fleuves, chenalisés pour permettre le transit d’énormes convois, sont ainsi devenus des voies d’eau ayant perdu une grande partie de leur caractère naturel. Parmi les grands fleuves européens, la Loire est le seul dont l’intégralité du bassin versant se trouve dans un seul pays : cette situation garantit ainsi l’homogénéité des moyens mis en œuvre pour valoriser sa vallée. « Le site du Val de Loire n’est pas un paysage culturel figé dans un passé artificiellement entretenu ou reconstitué mais bien un paysage culturel vivant engagé dans un processus de développement durable garant de son authenticité. » (d’après http://www.loirefrance.com/unesco/paysage-culturel.htm) La vallée de la Loire entre Sully-sur-Loire et la Maine a été, à la Renaissance, une aire culturelle majeure de rencontres et d’influences entre la Méditerranée italienne, la douce France et les Flandres. Cette aire culturelle a vu l’émergence d’une civilisation paysagère, française en premier lieu, puis européenne, qui a élaboré certains des modèles les plus achevés des paysages de la modernité.
Aux 12e et 13e siècles, la dynastie angevine, puis anglaise des Plantagenêt, organise la colonisation systématique de la vallée selon le principe « hortus-ager-saltus » : le jardin proche des maisons, les champs dans la vallée et la forêt au-delà des coteaux. Une utilisation sophistiquée de l’espace permet, entre autres innovations, la culture de la vigne sur les versants bien exposés des coteaux et le travail du vin dans les anciennes carrières d’où l’on tirait la pierre de taille. Un évènement majeur pour la Loire arriva avec la dynastie des Plantagenêt qui imposent aux campagnes riveraines, qui profitaient jusque là de la fertilisation alluviale, la création de « levées », digues destinées à contenir les plus hautes crues de la Loire mais surtout à la rendre navigable. Des travaux grandioses sont entrepris, remaniés, renforcés de mille manières sur une longueur de plus de 500 kilomètres pendant près de six siècles pour favoriser l’agriculture intensive et le commerce fluvial. La Loire finit pourtant par l’emporter quand les inondations catastrophiques de 1846, 1856 et 1866 font condamner le principe des digues insubmersibles.
L’apparition du chemin de fer au milieu du 19e siècle et le développement de la route
ont condamné le commerce fluvial ligérien au déclin puis à la disparition totale, en moins de cent ans. Alors, ressentie comme un conservatoire de vestiges du passé, la Loire a été méprisée : l’entretien de son infrastructure de navigation a été abandonné, l’urbanisation s’en est détournée et n’a pas tenu compte des leçons de son histoire en colonisant ses zones inondables, l’industrie a puisé dans son lit des réserves apparemment inépuisables de matériaux et polluée son eau. L’environnement a été fortement dégradé : l’assèchement de nombreux bras du fleuve a fait disparaître les frayères de poissons et le développement des arbres entre les digues accroît les risques des grandes crues. Paradoxalement, l’installation de centrales nucléaires sur les bords de la Loire a suscité un regain d’intérêt pour ce fleuve qui n’existait plus dans la mémoire collective nationale que pour sa longueur et ses châteaux de la Renaissance. Craignant de la voir perdue, les habitants du Val de Loire, et au-delà, l’ensemble des Français, se sont mobilisés et ont alors entrepris un long travail de réappropriation du fleuve sous tous ses aspects dont le site proposé à l’inscription dans le patrimoine mondial veut être le symbole et l’exemple.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. HISTORIQUE DU CANAL DU MIDI ET DU VAL DE LOIRE, DES PATRIMOINES JUSTIFIANTS UNE INSCRIPTION UNESCO ?
1) Le Canal du Midi : une prouesse technique mais aussi une œuvre d’art conçue par Pierre Paul Riquet en 1667
2) Le Val de Loire : un paysage culturel exceptionnel (villes historiques, monuments nationaux, châteaux…)
3) Critères et justification d’inscription
a- Le Canal du Midi
b- Le Val de Loire
II. ATTENTES ET ROLES DES ACTEURS DANS L’INSCRIPTION
1) Acteurs impliqués dans cette inscription
a- Pour le Canal du Midi
b- Pour le Val de Loire
2) Différentes attentes pour deux sites comparables
a- Pour le Canal du Midi
b- Pour le Val de Loire
III. CAPACITE DIFFERENTE D’APPROPRIATION DU PATRIMOINE SUR CES DEUX SITES
1) Structures différentes pour deux sites différents
a- Pour le Canal du Midi, une gestion superposée voire fragmentée
b- Pour le Val de Loire, un dispositif de gestion et de valorisation Gestion tripartite :
– Conférence territoriale (organisme décisionnel)
– Comité de Développement (organisme consultatif avec l’ensemble des acteurs concernés)
– Mission Val de Loire (organisme exécutif)
2) Projets sur le Canal du Midi
a- Le Programme européen TERRA/VEV
b- Le Contrat de Plan Etat-Région en Midi-Pyrénées
c- Le Tourisme en augmentation sur le Canal du Midi, à améliorer par une meilleure communication
d- Le Schéma de Développement : un document de référence pour l’avenir du Canal du Midi
3) Actions actuellement en cours autour du Val de Loire
a- Nouvelle convivialité avec la Loire
b- Le tourisme durable, avenir de la Loire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE DES ANNEXES
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