LOCALISATION, ET ORGANISATION DE L’ESPACE
LOCALISATION
Situé dans la Basse Casamance ou Casamance maritime, le département de Bignona est l’un des trois départements (Oussouye, Bignona et Ziguinchor) de la région de Ziguinchor, la plus méridionale du Sénégal couvrant une superficie de 7301km2, soit 3,74% du territoire national.
Le département de Bignona s’étend sur 5266km2, soit 72,12% de la superficie de la région de Ziguinchor . Il est limité par :
● Le Soungrougrou à l’Est;
● L’océan Atlantique à l’Ouest.
● La République de la Gambie au nord ;
● Le département de Ziguinchor au Sud-est et le département d’Oussouye au Sud-ouest (carte ci-dessus);
Ce département est constitué de trois communes Thionck – essyl, Bignona et Diouloulou récemment érigée en commune depuis Octobre Novembre 2008 ; quatre arrondissements que sont : Sindian, Tendouk, Tenghory et Kataba I; et seize communautés rurales, (Kataba I, Djinaky Kafountine, Djibidione, Oulampane, Sindian, Suelle, Balingore, Diégoune, Kartiack, Mangagoulak, Mlomp-B, Coubalan, Niamone, Ouonk, Tendouck). Dans le département de Bignona l’état de la voirie demeure un problème fondamental. C’est une question préoccupante dans une zone à forte pluviométrie comme Bignona (1000 à 2000 mm par an). En réalité la résolution de ce problème très récurent dépasse largement la compétence des responsables locaux au budget très limité. Le réseau comprend trois catégories d’axes de circulation :
– les routes,
– les avenues bitumées et
– l’ensemble des grandes artères et rues non bitumées
L’ORGANISATION DE L’ESPACE
Le département de Bignona présente un cadre physique qui est favorable aux activités (agriculture, pêche, élevage,…) avec une abondance des précipitations, un réseau hydrographique dense, une faune ainsi qu’une flore riches et diversifiées et aussi des sols très fertiles. Dans ce département, plus de la moitié de la population vit de l’agriculture qui par conséquent se présente comme la principale activité paysanne.
Ce département offre également un paysage où alternent les mangroves, les zones inondables propices à la culture du riz, les forêts sèches de hauteurs moyennes, les savanes arborées et les sols humides. La riziculture est la principale activité des diola et à côté de laquelle se développent d’autres activités telles que : l’élevage, le tourisme, la pêche, l’artisanat et le commerce. Les conditions naturelles favorables et le développement des activités humaines ont permis la mise en valeur de ce territoire. Il existe un seul pôle urbain dans le département de Bignona, c’est la commune de Bignona et le reste est dominé par les paysages ruraux.
L’ESPACE URBAIN
Bignona est érigée en commune de plein exercice par l’arrêté n° 79-88 du 02 Décembre 1957 trois ans avant l’indépendance du Sénégal. La population de la commune de Bignona est estimée à 44783 habitants en 1999 avec un taux de croissance de 3,7%. Bignona est le chef lieu de la commune en même temps chef lieu du département. Sa commune couvre une superficie de 1040,75ha tandis que l’espace urbanisé est de 600,56ha soit 57,6%( voir tableau ci-dessous) de l’espace communal. L’habitat urbain est relativement aéré et les édifices n’ont qu’un, deux ou trois étages Cette commune comprend sept quartiers avec un maillage urbain inachevé du fait surtout de l’état des rues (crevassées, impasses, absence de canalisation) ce qui pose des difficultés de circulation des véhicules pendant la saison pluvieuse. Dans le département de Bignona, la ville bénéficie plus de la présence du réseau électrique et de celui de la distribution d’eau potable par rapport à la campagne. Mais elle reste mal éclairée et mal desservie en eau potable du fait de la non extension des réseaux. Située presque au centre de la région de Ziguinchor, la commune de Bignona reste un pôle d’attraction qui ne profite que de la richesse économique du département. En effet, les liaisons entre ses arrondissements et ses communautés rurales restent très difficiles, faute de bonnes voies de communications ; ainsi le commerce reste inorganisé et les productions se perdent avant la commercialisation. Sur le plan éducatif, le taux de scolarisation est élevé notamment celui des filles et les résultats scolaires sont parmi les meilleurs du Sénégal. Cette ville comprend un lycée d’enseignement général, un lycée agricole, quatre collèges, douze écoles primaires, une dizaine d’écoles coraniques et trois écoles maternelles. L’espérance de vie dans ce département tourne autour de 49 ans, avec un taux de mortalité infantile très élevé qui a principalement pour cause le paludisme. Cette commune a connu une extension spatiale rapide depuis plusieurs décennies. Cela est dû, en partie, à sa position géographique lui permettant de polariser l’ensemble du département et d’attirer une bonne partie de cette population à la recherche d’un environnement social conforme aux modes et conditions de vie.
Les caractéristiques géographiques de la ville de Bignona sont favorables aux diverses activités économiques notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce et l’artisanat. Les populations de Bignona pratiquent une agriculture de subsistance. C’est une agriculture diversifiée. Le riz, le mil et l’arachide constituent les spéculations dominantes. Le mil est cultivé sur le plateau à proximité des habitations, tandis que le riz occupe les bas fonds et est réservé aux femmes souvent aidées par les jeunes garçons. Les hommes interviennent rarement dans cette activité, ils ont l’exclusivité des cultures de plateau et de l’arboriculture. Les produits commercialisés sont en grande partie issus de l’arboriculture et du maraîchage, pratiqués par les femmes.
Le cheptel est composé essentiellement de petits ruminants (ovins, caprins), élevés en grand nombre par les musulmans tandis que les porcs sont élevés par les catholiques et les animistes. La volaille existe également. Aussi, il faudra noter l’existence d’un abattoir qui sans exclusivité reçoit des bovins, des ovins et des caprins. Le commerce des produits agricoles est l’activité économique la plus pratiquée à Bignona. Cette importance effective a contribué à la mise en place du nouveau marché de la gare routière au sud de Médina Plateau avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD). Les produits vendus dans les marchés sont à majorité locaux, constitués essentiellement d’espèces arboricoles (mangues, oranges, …), maraîchères (aubergine, gombo, oseille, …). A cette gamme de variétés, s’associent les poissons, les produits de cueillette (huile et noix de palme, pain de singe, ditakh) ainsi que le bois d’œuvre et de chauffe. Dans cette zone, l’artisanat est fortement dominé par la menuiserie et la couture. Pratiquée par des jeunes actifs, la menuiserie est l’un des sous secteurs les plus productifs dans l’économie populaire à Bignona. Quant à la couture, elle est une activité économique très pratiquée par les jeunes filles qui n’ont pas réussi leurs études, et quelquefois par les hommes. C’est ainsi qu’on note aujourd’hui dans cette commune, le développement de nombreux ateliers et centres de coutures dans les marchés et quartiers.
L’ESPACE RURAL
En dehors du centre urbain que constitue la commune de Bignona, le reste du département de Bignona est rural. Cette partie regroupant les quatre arrondissements (Kataba I, Sindian, Tendouck et Tenghory) est formée d’un ensemble de villages dispersés dans le département.
En effet, l’espace rural est densément plus peuplé que l’espace urbain avec une population de 197246hbts soit 84,8 %, contre 35391hbts soit 15,2% de la population du département. La concentration de l’habitat le long des axes fluviaux ou à proximité des bas fonds inondables est à mettre en relation avec l’importance de la riziculture chez les populations de la Casamance . La couverture végétale est très représentative et est marquée par sa diversité : forêt, savane, mangrove. Par suite des défrichements, cette forêt a considérablement reculé. Les sites protégés tels les forêts sacrées donnent une idée de sa grandeur passée. Par ailleurs, certaines espèces ont été systématiquement protégées, tels les palmiers, dont la sève est transformée en vin de palme et les palmistes en huile.
Le relief est plat et les principaux sols sont :
▪ Les sols hydro morphes (vallées)
▪ Les sols acidifiés
▪ Les sols ferrugineux .
Du point de vue économique le secteur primaire prédomine avec comme activité principale la riziculture qui en symbolise l’originalité et la raison de vivre du paysan Diola. A côté de celle-ci on peut énumérer l’élevage qui joue un rôle extraordinaire chez les éleveurs (commerce, prestige, nourriture), comme chez les paysans (traction, transport, engrais organique). Cette activité permet de compléter les déficits que présente l’agriculture. Le cheptel départemental, malgré un environnement favorable lié à la présence continue d’aliments, subit fortement les conséquences de l’insécurité (vols, feux de brousse).
La pêche est pratiquée sur l’océan atlantique (à Kafountine par exemple), sur le fleuve Casamance, les marigots et les bolongs. La récolte d’huîtres occupe une place importante dans l’économie de la région. Le secteur touristique, malgré les ressources naturelles importantes et la richesse du patrimoine culturel et historique est confronté au contexte d’insécurité qui sévit dans la région surtout dans l’espace rural notamment dans les arrondissements de Sindian et de Kataba I. L’artisanat et le commerce sont confrontés aux contraintes découlant de l’insécurité et au manque de dynamisme de l’économie régionale en général. L’enclavement, l’insécurité et la dégradation de la voirie posent des problèmes d’approvisionnement en denrées manufacturées de base mais également d’écoulement de la production locale. L’espace rural souffre dans presque tous les secteurs malgré ses potentialités physiques et humaines.
LE CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
Le département de Bignona bénéficie des aspects physiques et humains favorables à son développement. Le relief de la Casamance est simple et est dominé par d’immenses plateaux de grés du continental terminal. Le relief est généralement plat avec des altitudes basses et inférieures à 40m. Cellesci diminuent progressivement du Sud-est depuis les contreforts de Fouta Jalon, jusqu’à l’Ouest pour atteindre le niveau de la mer. La conjugaison de l’importance de la pluviométrie, la richesse du sol ainsi que l’ensoleillement permanent exhortent les paysans à la mise en valeur de ces ressources naturelles.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I-PROBLEMATIQUE
I-1- OBJECTIFS
I-1-1- OBJECTIF GENERAL
I-1-2- OBJECTIF SPECIFIQUE
I- 2- HYPOTHESE
II- METHODOLOGIE
II-1-COLLECTES DE DONNEES
II-1-1-LA REVUE DOCUMENTAIRE
II-1-2-ENTRETIEN SUR LE TERRAIN
II-1-3-LES ENQUETES PAYSANNES
II-1-4-CARTHOGRAPHIE ET PHOTOGRAPHIE
II-1-5-TECHNIQUE D’ECHANTILLONNAGE
II-2-TRAITEMENT DE DONNEES
II-3-DIFFICULTES
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE VIE, LE PEUPLEMENT ET LES TRAITS DE L’AGRICULTURE « TRADITIONNELLE » DIOLA
CHAPITRE I : LOCALISATION ET ORGANISATION DE L’ESPACE DU DEPARTEMENT DE BIGNONA
I- LOCALISATION
II- L’ORGANISATION DE L’ESPACE
II-1 – L’EPACE URBAIN
II-2 – L’ESPACE RURAL
CHAPITRE II : LE CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
I- LE CADRE PHYSIQUE
I-1 – LE CLIMAT
I-1-1 – LA TEMPERATURE LA ET PLUVIOMETRIE
I-1-2 – LE VENT
I-2 – LA VEGETATION
I-3 – L’HYDROGRAPHIE
II- LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
II-1 – UNE SOCIETE « ANARCHIQUE »
II-2 – UNE CIVILISATION DU RIZ
II-3 – LA REPARTITION DE LA POPULATION
II-3-1 – population, superficie et densité
II-3-2 – structure par âge et situation matrimoniale
II-3-2-1 – répartition des paysans selon l’âge
II-3-2-1 – répartition des paysans selon la situation matrimoniale
II-3-3 – les paysans dans les activités agro-économiques
II-4 – LES MOUVEMENTS DE LA POPULATION
II-4-1 – le croit naturel
II-4-2 – l’exode rural
CHAPITRE III : LES ASPECTS GENERAUX DE L’AGRICULTURE « TRADITIONNELLE » DIOLA
I- LES SYSTEMES AGRAIRES
I-1 – UNE RIZICULTURE AUTHENTIQUEMENT DIOLA
I-2 – L’AMENAGEMENT DES RIZIERES
I-3 – L’HABITAT
I-4 – LA FAMILLE TRADITIONNELLE DIOLA OU LE « HANK »
I-5 – LE VILLAGE
I-6 – LA MAISON
II- LES SYSTEMES DE PRODUCTION
II-1 – LES CULTURES VIVRIERES ET COMMERCIALES
II-1-1 – LES CULTURES VIVRIERES
II-1-2 – LES CULTURES COMMERCIALES
II-2 – MODE D’ACQUISITION D’ESPACE CULTIVABLE
II-3 – LES PRINCIPALES SPECULATIONS
II-4 – L’OUTILLAGE
III- L’ELEVAGE
III-1 – LES ASPECTS GENERAUX DE L’ELEVAGE
III-2 – LE ROLE DE L’ELEVAGE DANS L’AGRICULTURE
III-3 – L’ELEVAGE DENS L’ECONOMIE RURALE
IV- LES RESSOURCES NATURELLES FORESTIERES
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : LES FACTEURS DE MUTATIONS DE LA SOCIETE DIOLA
CHAPITRE I : LES FACTEURS NATURELS
I-1 – LA DIMINUTION DE LA PLUVIOMETRIE
I-2 – LA SECHERESSE
I-3 – LA DEGRADATION DES SOLS
I-4 – LES CONTRAINTES VSGETALES
CHAPITRE II : LES FACTEURS ANTHROPIQUES
I – L’INFLUENCE MANDING
II – L’ACCROISSEMENT DEMOGRAPHIQUE
III – LES MUTATIONS PROFESSIONNELLES
CHAPITRE III : LES FACTEURS ECONOMIQUES
III-1 – L’ECONOMIE MONETAIRE ET LA MIGRATION DE SURVIE
III-2 – LES CULTURES COMMERCIALES ET L’OUVERTURE DES VOIES DE COMMUNICATION
III-3 – LA DEPRECIATION DES RECOLTES ET LA CHERTE DU COUT DE LA VIE
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : LES MUTATIONS DE LA PAYSANNERIE DIOLA ET LEURS CONSEQUENCES
CHAPITRE I : LES MUTATION DE LA PAYSANNERIE
I- LES MUTATIONS SOCIO CULTURELLES
II- LES MUTATIONS ECONOMIQUES
III- LES TRANSFORMATIONS DU PAYSAGE AGRAIRE
IV- LES CHANGEMENTS DANS LE SYSTEME DE PRODUCTION
CHAPITRE II : L’ECONOMIE D’UNE AGRICULTURE MARCHANDE EN PAYS DIOLA
I – LES PRODUITS AGRICOLES ET LES STRATEGIES DE
DEVELOPPEMENT LOCAL
II-2 – LA POLITIQUE AGRICOLE AU SENEGAL
CHAPITRE III : LES CONSEQUENCES SUR LES MUTATIONS
I – AU NIVEAU SOCIAL
I -1 – LES ORGANISATIONS DE SOLIDARITE VILLAGEOISE »KAFOO »
I – 2 – LA CONQUETE DE NOUVELLES TERRES
I – 3 – LA MIGRATION DE TRAVAIL
II – AU NIVEAU CULTUREL
II-1 – LA CEREMONIE DU « FOUTAMP » OU « BOUCOUTE»
II-2 – LE BRASSAGE ETHNIQUE
II-3 – LES DANSES TRADITIONNELLES
III – AU NIVEAU ECONOMIQUE
III-1 : LES CULTURES DE RENTE ET L’OUTILLAGE…
III-1-1 : LES CULTURES COMMERCIALES
III-1-2 : LES OUTILS AGRICOLS
IV – LES FLUX HUMAINS
V – SUR L’ENVIRONNEMENT
V-1 – LES RESSOURCES NATURELLES
V-1-1 – Au niveau des ressources hydriques
V-1-2 : Au niveau des sols
V-1-3 : Au niveau de la végétation
CONCLUSION GENERALE