Le bruit en milieu urbain, première source de plainte en France

 LE BRUIT EN MILIEU URBAIN, PREMIERE SOURCE DE PLAINTE EN FRANCE

Reconnu comme le premier vecteur de nuisances pour l’homme par 54% des personnes vivant dans les villes de plus de 50 000 habitants (source : DDT37, PPBE Juillet 2014), le bruit est en revanche une préoccupation gouvernementale plutôt récente. Il faudra attendre 1992 en France avant que la première loi n° 92-1444 «Royal » ou loi-cadre sur le bruit fixe certaines bases en faveur de la lutte contre les nuisances sonores dans l’environnement. Cette considération légale plutôt tardive se traduit essentiellement par l’identification des sources de bruit, de la mise en place de mesures d’ordre punitif, comme des sanctions, amendes ou bien par le biais de règlementations, de normes en aménagement du territoire.

Physiciens, acousticiens, sociologues, médecins se sont longtemps penchés sur la question du bruit pour l’identifier, le définir, en trouver les caractéristiques, ses causes, ses conséquences. Et, au même titre que les découvertes et recherches sur le bruit, l’arsenal législatif mis en place pour lutter contre cette nuisance a fortement évolué.

Entre cette nuisance a fortement évolué. Le principal écueil d’abord rencontré par les experts est le caractère subjectif du bruit relevant du domaine perceptif qui témoigne de la complexité à le caractériser, le quantifier. Le son est une onde qui se propage sur quatre dimensions, qui évolue selon trois plans (harmonique, mélodique, dynamique) [J – G. Migneron et Al., 1980] et ne saurait être uniquement caractérisé par le paramètre d’intensité sonore en décibels [B.Weninger]. L’oreille humaine est sensible à d’autres paramètres comme le timbre et ne perçoit pas les fréquences de la même façon (« acoustic parameters such as frequency and timbre are perceived and understood differently from person to person » [Buziek, 2003]). En plus de cela, les sons ne sont pas perçus similairement d’un âge à l’autre, d’une culture à une autre. Avec le vieillissement de l’organisme et du système auditif, on assiste à plusieurs phénomènes comme la presbyacousie, la perte de l’ouïe pour les hautes fréquences au fil du temps (cf. annexe 1). D’autre part, d’un lieu à un autre, certains individus sont quotidiennement exposés aux mêmes sources de bruit et développent une accoutumance à certaines fréquences voire une perte partielle de l’audition, ce qui diminue potentiellement leur sensibilité auditive à cet égard.

Face à la difficulté de concilier l’ensemble de ces paramètres (intensité, fréquence, timbre, émergence, etc…) pour lutter contre le bruit, et compte de tenu de la haute variabilité des ressentis sonores, acousticiens, décideurs, acteurs de la santé ou de l’aménagement se sont finalement penchés sur la règlementation d’un des paramètres principaux du son : le niveau sonore (ou intensité) exprimé en décibels dB. Il a été jugé que « La connaissance des niveaux sonores permet d’appliquer ou rechercher et mettre au point, […] soit encore du point de vue aménagement du territoire, le mode de protection convenable » [Ternisien, 1968]. Plus particulièrement, une échelle logarithmique de mesure de l’intensité sonore a été établie pour rendre compte de la sensibilité de l’oreille humaine à certaines fréquences : le décibel pondéré A ou dB(A). Cette unité est physiologiquement plus adaptée car la sensibilité est généralement moins importante pour les basses fréquences et davantage pour les aigues (cf. Annexe 2). Suite à la directive européenne 2002/49/CE relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement du 25 Juin 2002, la connaissance de ce niveau sonore en dB(A) est devenue fondamentale pour connaître l’exposition des populations au bruit et agir en conséquence. Au total, ces 20 dernières années, environ « cinquante textes de lois » [V. Rozec et Al., 2003] ont été rédigés sur de nombreux domaines pour identifier, réduire les nuisances sonores. Mais malgré cet important arsenal législatif, on assiste à une augmentation inexorable des plaintes contre le bruit en France. Des difficultés d’application subsistent parfois, « faute de moyens alloués », pour cause de « mauvaise sensibilisation » des citoyens [V. Rozec et Al., 2003]. En ce sens, l’établissement de cartes de bruit pourrait constituer une forme de sensibilisation, une source d’information vers la mise en place de mesures préventives ou curatives.

LA CARTOGRAPHIE, UN MOYEN DE LUTTER CONTRE LES NUISANCES SONORES?

Si la considération du bruit est plutôt tardive, la mise en place de cartes de bruit légales l’est davantage. Les premiers prototypes apparaîtront dans les années 1960 1970 et l’établissement de normes cartographiques sur le bruit devront attendre les années 1990-2000, notamment 1997 avec la norme française NF S 31-130 sur la Cartographie du bruit en milieu extérieur – Elaboration des cartes et représentation graphique. Ces prototypes avant-gardistes ne proviennent pas de France. On notera par exemple les premières cartes de bruit de fond produites en Allemagne à Dortmund en 1962, ou bien les cartes de bruit de fond de la ville de Montréal au Québec produites en 1971 (cf. Annexe 3). Dans cette dernière, la méthode de cartographie adoptée est la représentation en 5 classes du bruit délimitées par des courbes isosoniques (ici, des courbes de même niveau de bruit de fond) allant du rouge sombre au jaune désaturé. 8640 mesures ont été effectuées par un véhicule équipé d’un récepteur le long de certains axes routiers de Montréal. Autour de ces points de mesure, la décroissance du niveau de bruit de fond a été déterminée par un algorithme d’interpolation linéaire « SYMAP » [J-G. Migneron et Al., 1980]. Ces premiers prototypes novateurs ont en partie inspiré les cartes de bruit stratégiques d’aujourd’hui et certains principes de ce type de cartographie sont encore respectés.

Désormais, avec l’entrée en vigueur de la directive européenne 2002/49/CE, c’est uniquement le niveau sonore en dB(A) qui est cartographié. Celle-ci fixe le cadre réglementaire pour l’établissement des cartes stratégiques de bruit. Elles ont pour finalités :
– De fournir à la Commission des données sur l’exposition des populations
– D’informer le public
– Plus largement, ces cartes stratégiques de bruit seraient donc indirectement un moyen de lutter contre les nuisances sonores avec l’établissement « de plans d’actions ». (source : CERTU, Comment réaliser des cartes de bruit stratégiques en agglomération – Mettre en œuvre la directive 2002/49/CE)

Cependant, ces cartes stratégiques ne sont imposables qu’aux agglomérations de plus de 100 000 habitants, avec un fort trafic routier, ferroviaire ou aérien, et l’information véhiculée est bien spécifique : En effet, le niveau sonore en dB(A) calculé dans ces cartes est noté de différentes façons. Il est noté Ld, Le, Ln, Lden suivant si l’intensité moyenne est évaluée sur la journée (de 6h à 18h), la soirée (de 18h à 22h), la nuit (22h à 6h) ou sur 24 heures (day, evening and night).

VERS UNE CARTOGRAPHIE EFFICACE DU BRUIT EN MILIEU URBAIN 

Cependant, l’efficacité de ces cartes stratégiques règlementaires est limitée par plusieurs paramètres.

D’une part, c’est uniquement le niveau sonore L en dB(A) qui est représenté, un des nombreux paramètres composant le bruit. C’est une variable quantitative qui est bien souvent difficile à en imaginer le ressenti. Si l’Organisation Mondiale de la Santé estime que l’individu est mis en danger au-delà de 65 dB(A) pendant la journée ou de 55dB(A) pendant la nuit (source : OMS, 2009), une majorité d’individus serait incapable de se représenter la sensation occasionnée par un son d’une intensité équivalente. En dehors des seuils et règlementations fixés pour le niveau sonore, les études et recherches menées jusqu’à aujourd’hui tendent à s’accorder sur le fait que l’incompréhension demeure sur ce paramètre quantitatif en dB(A), et ce pour une majorité de citoyens (« Experiences and user interviews show that an understanding of the absolute sound pressure level value is quite difficult »[B.Weninger]). En fait, la cartographie de cet unique paramètre prédestine la carte à un certain type d’utilisateur plus expérimenté. L’usage de la carte stratégique est donc limité et devient alors inexploitable pour une majorité d’individu. D’après B.Weninger, la volonté d’utiliser ces cartes est plutôt faible. Ceci est principalement dû à l’incompréhension en plus d’une implication personnelle quasi inexistante (« the motivation to use these maps is quite low. The main reason for this, besides lacking individual concernment, is a lack of understanding”).

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Table des matières

Introduction
1. Le bruit en milieu urbain, première source de plainte en France
2. La cartographie, un moyen de lutter contre les nuisances sonores?
3. Vers une cartographie efficace du bruit en milieu urbain
Présentation de l’objet d’étude
1. Le périmètre d’étude
2. Les prototypes cartographiques
Présentation du protocole opératoire
1. L’enquête par questionnaire en temps réel
2. Composition du questionnaire
3. Objectifs visés par le questionnaire
4. L’échantillon enquêté
Résultats de l’enquête et Discussions
Résultats relatifs aux cartes d’ensemble
Compréhension générale
Perception des cartes
Choix retenus
Résultats portant sur la carte détail
Perception des symboles
Choix retenus
Conclusion et Perspectives
Bibliographie
Annexes

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