Définition de quelques concepts
Pour une meilleure compréhension de notre travail, nous proposons ici, quelques définitions liées à la langue, à la notion, au concept du bilinguisme et autres explications qui ont été avancées par des chercheurs et des linguistes. Si nous les retenons c’est parce que nous partageons leur point de vue.
-Le concept de langue : Les linguistes ont des approches différentes sur le concept de langue. Par exemple, le linguiste fonctionnaliste André Martinet définit la langue comme « un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse différemment dans chaque communauté, en unité douées d’un contenu sémantique et d’une expression phonique, les phonèmes, cette expression phonique s’articule en son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes en nombres déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d’une langue à une ». (Martinet, 1970, p.20). Quant à Ferdinand de Saussure, pour l’école de Prague et les tenants du structuralisme américain, ils pensent que « la langue est un système de relation ou, plus précisément un ensemble de systèmes reliés les uns des autres, dont les éléments (sons, mots etc.) n’ont aucune valeur indépendamment des relations d’équivalence et d’opposition qui les relient » (J. Dubois et al, p, 276). On retiendra donc de tout ceci, que la langue est un système, c’est-à-dire un ensemble d’éléments organisés entre eux dans le but de servir à la communication entre les êtres humains. On reconnait l’existence d’une la pluralité de langue dès que l’on parle de langue français, anglais etc. Ce terme entre en concurrence avec les autres mots (dialectes, parlers, patois) qui désignent aussi des systèmes de communication linguistique. La notion de langue est une notion pratique introduite bien avant que la linguistique se constitue, le terme a été employé avec des valeurs si diverses par les linguistes et non spécialistes que personne n’est d’accord sur une définition qui serait pourtant essentielle d’établir avec précision.
-Le concept de langue maternelle : La langue maternelle peut être considérer comme la langue acquise par l’individu dès l’enfance comme premier système linguistique. Waly Coly Faye , dans son cours de linguistique appliquée qu’il dispensait aux étudiants du certificat de spécialisation en 2007, fait noter que « langue maternelle chez l’enfant est la langue avec laquelle celui-ci découvre le monde. C’est le tout premier instrument qu’il a acquis une fois née ». Donc, on peut considérer que la langue maternelle est la langue qui est acquis dès la prime enfance et grâce à laquelle l’enfant découvre le monde qui l’entoure.
-Le concept de langue seconde : Pour ce concept nous pouvons retenir la définition proposée par Faye (2007) lorsqu’il dit que « la langue seconde est une langue apprise après l’acquisition de la langue maternelle chez l’enfant. Elle est une ouverture vers un nouveau monde. » Dès lors on pense que la langue seconde est une langue en plus de la langue maternelle chez l’enfant, est suffisamment présent dans son paysage linguistique surtout en situation d’apprentissage. La langue seconde est une langue à laquelle l’individu est confronté dans des situations sociales de différentes sortes. Elle est souvent considérée comme celle qui n’est pas la langue première, c’est-à-dire la langue maternelle. Elle peut avoir plusieurs fonctions dans la société (par exemple l’enseignement, ou la langue véhiculaire) qui la sépare de la langue étrangère.
-Le concept de langue étrangère : Nous faisons notre la définition de Faye (2007) selon laquelle « est langue étrangère la langue qui ne serait pas perçue comme faisant partie historiquement et géographiquement du patrimoine culturel du pays de l’apprenant. » La langue étrangère est donc une langue qui est insérée dans un paysage linguistique d’un espace géographique donné comme langue de communication vivante. Cette langue est souvent acquise par le biais de l’éducation, ou par les moyens de communication, des médias.
Les formes du bilinguisme
Il s’agit ici de rapporter quelques types fondamentaux du bilinguisme, d’en souligner les point litigieux, en même temps de poser les jalons pour une réflexion sur les enjeux liés à ce concept.
-bilinguisme individuel, social, étatique : Les trois premiers adjectifs correspondent à l’échelle à laquelle on se réfère. Le bilinguisme étatique (ou institutionnel) est le bilinguisme officiel assumé par un Etat, souvent le cas dans des pays anciennement colonisés. Le bilinguisme social correspond à une communauté qui utilise deux langue à l’intérieur d’un ensemble plus vaste qui n’en utilise qu’une (exemple les Basques, les Bretons, les Alsacien). Le bilinguisme peut être étudié également comme un phénomène individuel. En effet au niveau individuel, une personne bilingue dans le sens le plus large de la définition, est celle qui peut communiquer en plus d’une langue, que ce soit actif (la parole et l’écrit) ou le passif (par l’écoute et la lecture). Une personne bilingue peut étroitement être définie comme capable de s’exprimer « parfaitement » dans deux langue. Par contre, celui-ci peut également être définit comme capable de communiquer avec erreurs, dans une des deux langues. Les individus bilingues compétents ont acquis et maintenu au moins une première langue pendant l’enfance, la première langue (L1). Les premières langues (parfois également désigner sous le nom de langue maternelles) sont acquises sans enseignement conventionnel par des processus fortement contesté. Il est possible que les enfant aient et maintiennent plus une première langue. Mais dans la conception du bilinguisme individuel, nous pouvons détailler plusieurs autres types de bilinguismes classés sous plusieurs critères définitoires. Le bilinguisme « précoce » : on entend avant tout par bilinguisme précoce, l’apprentissage bilingue ou plurilingue pendant la période antérieure à l’école secondaire (donc, au- dessous de 10-11ans) si la deuxième langue est apprise après la première, nous avons « un bilinguisme consécutif », qui peut poser plus ou moins de problèmes en raison de l’écart entre les deux apprentissages. Si la deuxième langue a été apprise simultanément avec la première, dès la première année de vie, nous avons un « bilinguisme simultané », qui présente des caractéristiques différentes du premier, et de sérieux avantages du point de vue de la perfection de l’usage de la langue second. Par ailleurs, le bilinguisme « coordonné » et le bilinguisme « composé » doivent être vus comme deux pôles distincts du bilinguisme précoce. Le bilinguisme est dit « composé » ou « mixte » lorsque les deux langues sont utilisées de manière indifférenciée ou lorsqu’il y a code-switching. Le bilingue a deux système pour une même réalité, la langue première est dominante. Pour le bilinguisme composé, l’enfant n’a qu’un seul signifié pour deux signifiants, de sorte qu’il n’est pas capable de détecter les différences conceptuelles qui existent entre les deux langues. C’est le cas de l’enfant dont les deux parents sont bilingues et s’adressent à lui indifféremment dans une langue ou dans l’autre. Bien qu’il parle sans effort et sans accent les deux langues, il ne maîtrisera aucune des deux langues dans leur subtilité. Autrement dit, il n’aura pas à proprement parler de langue maternelle. Le bilinguisme est dit « coordonné » lorsque les deux langues sont utilisées de façon systématique et fonctionnelle selon la situation de communication. Autrement dit, les deux langues coexistent en restant séparées l’une de l’autre. Le bilingue coordonné se comporte comme un locuteur natif dans chacune des deux langues. En ce qui concerne le bilinguisme coordonné, l’enfant développe deux systèmes linguistiques parallèles, c’est-à-dire que pour un mot, il dispose de deux signifiants et de deux signifiés. Dans chacune des langues, les signifiés ne seront pratiquement jamais identiques, ne recouvriront pas entièrement les mêmes concepts, les mêmes acceptions, car empreints de références environnementales et de valeurs liées à la culture d’origine. Le bilinguisme coordonné se développe par exemple lorsque chacun des parents ne parle qu’une seule langue à l’enfant, ce qui permet à celui-ci de construire deux systèmes distincts qu’il manipule avec aisance, la langue de maman et la langue de papa. C’est aussi le cas des enfants adoptés en bas âge mais qui maîtrisent déjà une langue maternelle et restent en contact avec celle-ci. La distinction entre les deux langues est claire pour l’enfant. Le bilinguisme « additif » : on le définit comme la perception positive de la première langue et de la deuxième langue, ce qui favorise l’apprentissage des deux langues (Grosjean, 1993). Etre capable d’exprimer la même pensée en plusieurs langues permet à l’enfant de percevoir sa langue comme un système parmi d’autres, d’en percevoir les manifestations comme des phénomènes de catégories plus générale, ce qui l’amènera à développer une conscience plus grande des opérations linguistiques (Vygotsky, 1962) Le bilinguisme « soustractif » : il apparait quant à lui lorsqu’un individu se sent obligé d’apprendre une deuxième langue alors que sa langue n’est pas valorisée par la société (c’est souvent le cas pour les enfants de minorités ethnolinguistiques). L’enfant, va par le biais de la scolarisation acquérir une seconde langue fortement valorisée au dépend de sa langue maternelle. Le degré de bilingualité une étape de soustraction entre la langue et la culture maternelle et la langue seconde, et le remplacement de la langue maternelle parfois par la langue seconde : il s’agit de situation ou la langue maternelle de l’individu est minoritaire par rapport à sa langue seconde qui est celle utilisée dans les milieux de travail et de l’école ou dans les grandes activités économiques, en dehors de la communauté du locuteur (Morcos, 1989). Ces deux dernières définitions mettent l’accent sur la manière dont l’usage des langues ou le sentiment de loyauté, de fidélité ou d’adhésion aux différentes langues est vécue par les locuteurs bilingues. (Voire sur http://developpement-langagier.fpfcb.bc/fr/bilinguisme types-de-bilinguisme )
La notion de non coïncidence du dire
En Afrique le paysage sociolinguistique est caractérisé par le fait que tout locuteur en plus de sa langue maternelle est confronté à la différence deux ou plus de deux systèmes linguistique, soit à l’école soit dans l’environnement social immédiat ; ce qui fait qu’il est amené très tôt à réfléchir sur le dire contextuel. De ce fait le comment du dire devient très vite une problématique pour le jeune écolier. Plus tard cette conscience linguistique (LISE GAUVIN) dirait « surconscience linguistique » sera décisive dans l’écriture, notamment quotidienne mais aussi littéraire, se manifestant à travers des stratégies d’écritures parfois déroutante pour un récepteur qui n’est pas imprégné de l’hétérolinguisme. Parlant du texte littéraire, Rainier Grutman souligne qu’il […] est rarement uniforme au point de vue de la langue. Plus souvent qu’on ne le croirait, il est entrelardé d’éléments hétérogènes. En plus d’intégrer plusieurs niveaux et diverses strates historiques de son idiome principal, il fait une place plus ou moins large à d’autres langues : cela peut aller du simple emprunt lexical au dialogue en parlers imaginaires, en passant par les citations d’auteurs étrangers. Une telle présence d’idiomes est désignée par le terme d’hétérolinguisme… (1997 : 11) L’hétérolinguisme est donc caractérisé, dans l’écriture unilingue d’un bilingue par la présence d’une autre (d’autres) langue(s) dans la langue. Cette notion de « non-coïncidence du dire » théorisée par AUTHIER REVUZ (1995), même si elle est étudiée dans une situation « unilinguisme » éclaire le paratexte de Kourouma qui met l’accent sur le problème de catégorisation de l’écriture unilingue d’un bilingue Ce dernier distingue plusieurs « non coïncidences » dans l’analyse du discours méta-énonciatif – la non-coïncidence du discours à lui-même : Il est souvent identifié dès l’instant que le discours en situation se réfère à d’autre discours. Exemple « comme dit un tel ; dans le sens de tel… » ; -la non-coïncidence du mot par rapport la chose : C’est lorsque le mot en question ne peut pas décrire la réalité du locuteur, le locuteur manque de mot exacte pour extérioriser sa pensée. Exemple : « mieux vaut dire…, je ne trouve pas le mot » -la non-coïncidence du mot par rapport lui-même : Ce sont des faits de polysémie, d’homonymie, par exemple : « au sens propre, pas au sens…mais. » -la non-coïncidence interlocutive, entre énonciateur et destinataire : exemple « si vous voulez ; comme vous dites » Le contexte sociolinguistique Africain étant caractérisé par son hétérolinguisme, le français écrit et parler est différent de celle de l’hexagone car la langue n’étant pas indépendante de la culture qui l’a engendrée. Le contexte est en soit un lieu de non-coïncidence que la linguistique obligée d’intégrer dans son analyse. La non-coïncidence est liée à toute prise de parole, (AUTHIER REVUZ s’inspire de l’étude de la notion de « manque » chez LACAN), il faut dire qu’il est accentué dans une situation hétérolingue. Dans cette expression de non-coïncidence « le mot me manque… », On peut toujours soupçonner l’existence de ce mot dans une situation intralinguistique alors que dans une situation hétérolinguistique le mot n’existe pas forcement, car il ne correspond pas à la réalité envisagée, et il faut trouver des subterfuges pour rendre la communication maximal.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET
I.1 Le contexte du sujet
I.2 justification du sujet
I.3 Les hypothèses et objectifs de recherches
I.4 Les objectifs de recherche
II. Méthodologie de recherche et de collecte des données
II.1 La recherche documentaire
II.2 Etude quantitative
II.2.1 Etude qualitative
II.3 L’enquête
II.4 Les difficultés liées à l’enquête
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
A) Présentation théorique de l’éducation bilingue
1. Définition de quelques concepts
-Le concept de langue
-Le concept de langue maternelle
-Le concept de langue seconde
-Le concept de langue étrangère
1-2) -Le concept de sociolinguistique
1-3) Le bilinguisme et ses formes
1.4. Les formes du bilinguisme
1.5. La notion d’insécurité linguistique
1.6 .La notion de non coïncidence du dire
B) Les causes du bilinguisme
2-1) Les causes politiques et éducatives
2-2) Les causes économiques et commerciales
2-3) Les causes médiatiques et religieuses
DEUXIEME PARTIE : POLITIQUE ET PLANIFICATION LINGUISTIQUE DU SENEGAL . PROBLEMATIQUE DE L’EDUCATION BILINGUE
C) La politique linguistique du senegal et la promotion des langues nationales
3. Le plurilinguisme dans le contexte sénégalais et l’enseignement des langues
3.1 L’enseignement des langues étrangères
3.2 L’engagement étatique et l’enjeu de l’enseignement des langues nationales
a. Engagement étatique
b. L’enjeu
3.3 Les difficultés de l’enseignement des langues Nationales
4. Bilinguisme et diglossie
4-1) Avantages et Inconvénient de l’éducation bilingue
4-2) Les dimensions sociologiques, socio-psychologiques et psycho professionnelle de l’insertion socioprofessionnelle
4.3 La dimension sociologique
4.4 La dimension socio psychologique
4.5 La dimension psycho professionnelle
CONCLUSION
BIBILIOGRAPHIE
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